Charterstone – la pierre angulaire ou anguleuse ?

Charterstone est un jeu Legacy par le papa de Scythe et Viticulture (c’est important). En cette fin 2017, Charterstone débarque avec sa bonne bouille toute mignonne et son pas bonhomme.  

Legacy est un terme désignant une catégorie de jeux dont la typologie évolue au cours des parties : vous avez donc une certaine persistance qui s’installe petit à petit, et les règles, le plateau s’altèrent, selon vos choix. Mais après la gestion coopérative de Pandémie, le 4X de Seafall, la baston de Risk, la gestion de peuple et de groupe d’aventuriers de Gloomhaven et Kindom Death: Monster, voici de la pose d’ouvriers à la Agricola, avec de la transformation de ressources. Je vais gentiment divulguer certains éléments, mais il n’y a pas de spoiler insoutenable ; vous pouvez lire tout ça en totale sécurité.

Point bonus pour le jeu de l’ami Jamey : il est complètement jouable après la fin de la campagne.

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Take my money! Les pièces de Charterstone, lourdes et agréables.

 

Garden party à Greengully

Chaque joueur incarne le chef d’un quartier d’une ville que le Roi Éternel vous demande de construire autour d’un monument à sa gloire, la Charterstone. Cela va se traduire par de la pose d’ouvriers et à de la transformation de ressources : à son tour, on a une action disponible parmi deux :

  • Allouer un ouvrier de sa réserve à un emplacement du plateau.
  • Remettre tous ses ouvriers placés sur le plateau dans sa réserve.

 

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À gauche, le coût d’activation du bâtiment, et à droite, l’effet obtenu.

 

Vous vous apercevez très vite que les ouvriers sont en nombre limité (2 au début) et que les emplacement du plateau sont peu nombreux, 13 au début, mais avec certains emplacement clef. Ah, et si vous voulez employer un emplacement occupé, vous n’êtes pas bloqué.e : seulement, vous renvoyez l’ouvrier adverse dans la réserve de son propriétaire, lui donnant un tempo différent du vôtre.

 

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Satisfaction devant le rangement de boîte : over 9 000.

 

On accumulera des points de victoire en accomplissant des tas d’actions bizarres sur lesquelles je reviendrai. Parce qu’en fait, il faut que je vous parle de l’éléphant dans le magasin de porcelaine.

 

C’est quoi qu’on altère dans Charterstone ?

Dans Charterstone, en premier lieu, on altère le plateau : six emplacements par quartier sont disponibles en début de campagne, et j’imagine fort bien que les bâtiments vont en se complexifiant [NDLR : l’article est écrit après 4 parties].

Au début, les quartiers n’ont pas tellement d’importance : ils sont là pour donner un point d’ancrage à chaque joueur. Mais qui sait ?

On révèle aussi du nouveau contenu via les caisses. Les bâtiments, une fois construits et décollés de leur carte, deviennent des caisses à ouvrir (car le Roi Eternel est sympa, il glisse des paquets-cadeau dans ses préfabriqués).

 

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Un bâtiment à gauche, une caisse à droite. La différence ? Pas de bâtiment à droite !

 

Ces caisses contiennent du nouveau contenu : bâtiments à construire, et même… outillage pour que votre avatar acquière un métier et des assistants. Quoi, des gens dans des caisses ? Ce roi est un peu fou. C’est comme ceci qu’on fait avancer le jeu.

Mais le plateau, les règles, les caisses, ce n’est pas tout : quand on gagne, on griffonne sur son coffre personnel. On noircit les coupes, augmente ses statistiques de base.

 

Des lauriers pour vous tresser une couronne

Pour gagner une partie de Charterstone, il faudra certainement gagner le plus de points de victoire. Pas d’une originalité folle, certes, mais ce n’est pas si aisé qu’il y paraît. En ouvrant des caisses, construisant des bâtiments, envoyant des ressources au Roi Éternel, et on va également pouvoir accroître sa réputation. Plutôt plein d’options, mais mais mais ! Il y a un petit twist à la chose. Pour réaliser ces actions, il faudra utiliser des jetons d’influence. Ces jetons sont en nombre limité et il faudra prendre garde à les utiliser parcimonieusement car lorsqu’on n’en a plus, on n’a plus grand-chose à faire de sa partie.

 

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Pour chaque quota envoyé, on placera un pion influence sur nos douze…

 

Et en fin de partie, en fonction des réalisations des uns et des autres, on améliorera son leader. Plus de sous, de ressources, de capacités… Les choix sont larges et parfois un peu obscurs. Mais on s’en remettra : les mécanismes débarquent petit à petit dans le jeu pour vous indiquer ce qu’il est pertinent de choisir à un instant I.

 

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Deux coffres après quelques parties.

 

Le Roi Éternel s’appelle Jacques

Ce système serait un peu binaire sans une alternative à tout ça. Toutes les parties ou peu s’en faut, le Roi Éternel vous donne un ordre. Pas bouger ! Jacques a dit envoie-moi des sous ! Touche ton nez ! Et cet ordre, si vous le respectez, vous allez pouvoir en tirer parti. Mais vous pouvez très bien mécontenter le roi ! Des alternatives vous sont proposées et ceci vous donne… des gros bonus de scoring. Vous avez donc une autre façon de résoudre la course aux points de victoire. Et ce sentiment d’accomplissement peut s’avérer teinté de surprise. Obéir ou désobéir au Roi a des effets que nul ne saurait soupçonner. Parfois injuste, ce scoring additionnel a au moins le mérite de créer de nouvelles façons de jouer et de diversifier les manières de concourir pour la plus grande… gloire.

 

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La piste de progrès gouverne la fin de partie et avance sous réserve de construction / d’ouverture de caisse / de réalisation d’objectif.

 

Le système de jeu fonctionne indéniablement bien, avec des soucis de rythme sur la première et deuxième partie : le jeu est poussif tant qu’on n’a pas débloqué de nouvelles actions.

Dès qu’on a un petit peu plus de bâtiments, il y a un effet de sélection plus agréable : on est alors à même de développer une stratégie convenable et moins poussive que le répétitif “Je prends un potiron. Je prends un charbon. Je reprends mes ouvriers” qu’on reproduira monotonement comme une lancinante litanie. Fort heureusement, tout ceci change, donc, et la transformation se fait plus intéressante, car on va viser certains axes. Objectifs de partie, demandes du roi, livraisons à la capitale du Roi Éternel, petit bonus à droite à gauche… On découvre même des façons de jouer avec le tempo de la partie en dépensant plus de jetons influence que nécessaire (lorsqu’on n’en a plus, la fin de partie s’approche très, très vite). Ainsi, l’interaction se fait dans cette gestion du temps de l’adversaire : où en est-il ? Puis-je le forcer à me donner une action ou à attendre ?

 

L’histoire, elle, ne brille ni par son originalité, ni par sa qualité : elle fait le job sans parvenir à souffler qui que ce soit et, convenue, trace sa route un peu trop commune.

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Les objectifs à court terme de Charterstone. Variables, renouvelables.

Après quatre parties, je peux dire de Charterstone qu’il n’est pas un mauvais jeu, très loin de là. La finesse des ajustements nécessaires est toujours agréable et on ne peut omettre les autres joueurs dans ses propres calculs. Il est fort appréciable, alors, de se plonger dans ce petit monde douillet, si l’on n’est pas à la recherche de sensations démentes. Pour la tension, on préférera Pandémie, pour de l’aventure, Gloomhaven. En fait, c’est presque en tant que Legacy que Charterstone se distingue le moins ; on dirait simplement qu’on débloque petit à petit tout le potentiel du jeu et qu’il aurait été préférable de débloquer les bâtiments et les règles par salves plutôt que par à-coups microscopiques. Cependant, je me réserve une opinion finale pour quand j’aurai suffisamment avancé dans la campagne : là, je n’ai pas encore tout débloqué, loin de là ! Il me reste quatre petites boîtes qui patientent sagement…

 

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Votre roi vous ordonne : Grattez ! Et si mon roi s’appelle Jacques, alors Jacques a dit…

 

 

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12 Commentaires

  1. FX 19/12/2017
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    Merci pour ce JP. Ca sentait bon le familial, mais vu la conclusion, on va rester sur ce qu’on connaît déjà. 🙂

  2. morlockbob 19/12/2017
    Répondre

    Hésitant, à deux doigt d’être conquis et finalement je crois que je vais laisser tomber. Pas convaincu après lecture.

    • Umberling 20/12/2017
      Répondre

      Vraiment, là où j’en suis, j’entrevois les prémices d’un très bon jeu, hein. 🙂

  3. -Nem- 19/12/2017
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    Ouais pareil je vais passer mon chemin je crois… Après je veux bien un avis après la fin de la campagne 🙂

  4. foxharvey 19/12/2017
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    pareil je vais passer mon tour, trop hésitant et trop d’autres bons jeux en cours (azul, legendary buffy, photosynthesis, kingsburg, …)

  5. Phenyx 19/12/2017
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    Ici nous en sommes à 6 parties, et si il est vrai que les 2/3 premières sont assez « molles » en termes d’options de jeu, elles ont le mérite de ne pas bloquer les stratégies et d’essayer d’autres options à chaque nouvelle partie, ce qui ne serait pas possible si les options arrivaient plus vite. Par contre à partir de la 5ème partie on a commencé à voir s’installer des stratégies et les tours deviennent de plus en plus réfléchis (Les jetons d’influences deviennent chers).
    A chaque partie mes joueurs veulent en faire une deuxième immédiatement, c’est plutôt bon signe 😀

    • Umberling 20/12/2017
      Répondre

      Ouais, j’ai commencé à me rendre compte que l’influence valait très cher (surtout avec les bâtiments qui coûtent de l’influ pour des VP et des ressources) et qu’on pouvait considérablement écourter la partie en l’utilisant.

  6. Astien 19/12/2017
    Répondre

    Il attend sagement dans son emballage pour le moment, j’attend des retour après fin de campagne pour savoir si je le sors plutôt avec mes joueurs ou avec ma famille (qui sont joueurs eux aussi mais moins hardcore).

  7. Julie 27/12/2017
    Répondre

    Il attend patiemment sur mon étagère, hâte de commencer !

    J’avais entendu que les premières parties étaient très tranquilles, les joueurs sont prévenus, on prendra donc le jeu comme il vient sans trop en attendre tout de suite

  8. Axel 03/01/2018
    Répondre

    2 parties à mon actif avec les collègues au bureau et on est conquis ! Le fait de pouvoir nommer les quartiers, des personnages ou autres bonhommes permet de s’attribuer pleinement le jeu. Juste pour le délire, voici quelques noms de quartiers :

    – Peyredragon

    – ZI Dunkerque

    – Biocop

    – Le Bourbier

    – Brokeback Mountain

    Et je ne vous raconte pas les noms des bonhommes, tous plus foireux ou moqueurs les uns des autres ! 😀

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