Andor Junior, troll des familles

Andor c’est un peu le jeu de tous les superlatifs. Énormément d’extensions, pas mal de beaux prix ludiques, un auteur, Michael Menzel, qui est aussi l’illustrateur de milliards de jeux… Pour Andor Junior on retrouve encore Michael Menzel uniquement aux pinceaux cette fois, l’adaptation du jeu étant laissée aux mains expertes d’Inka et Markus Brand, auteurs prolifiques qui, si on leur retire les 26 boites d’Exit et les quelques extensions de Descendance, ont encore à leur crédit une centaine de jeux (et n’oublions pas que leurs enfants aussi sont auteurs – Mito –) !

 

Andor du coopératif venu d’Allemagne

Une archère, un nain, un mago et une guerrière (nous incarnons au choix une héroïne ou un héros), ça ne bouscule pas trop nos codes de base en matière de med-fan. Mais il faut bien que nos enfants commencent un jour à entendre parler la langue des nains n’est-ce pas ! Le jeu s’adresse aux plus de 7 ans, et même si l’enfant n’a pas besoin d’être lecteur pour pouvoir jouer, l’âge est justifié par les quelques règles à assimiler.

Pour être bien en terrain connu il nous manque le dragon, le terrible dragon qui s’approche du château. S’il y parvient, nous avons perdu. Mais nous, ce qu’on veut, c’est sauver les trois louveteaux égarés dans la mine des nains qui se trouvent de l’autre côté du pont…

 

Andor Junior – perso

 

Avant de franchir le pont

Mart, le gardien du pont ne nous laissera passer et accéder à la mine où se sont perdus nos petits louveteaux qu’une fois certaines missions accomplies. Avant cette quête principale des louveteaux qui revient à chaque partie, les aventuriers que nous incarnons vont utiliser leurs compétences (devinez ce que fait la guerrière), et parcourir les cases du territoire pour explorer le brouillard.

Nous jouons à tour de rôle durant le jour, dépensons les jetons Soleil que possède notre personnage afin de nous déplacer, et devons retourner le jeton Brouillard une fois le déplacement terminé. Derrière le brouillard, des ressources qui nous permettront de nous équiper pour la suite de l’aventure, mais aussi des infatigables Gors. Ce monstre-là apparaît sur une zone de montagne ou de forêt numérotée et va progresser chaque nuit pour se rapprocher du château.

le gondra

le gondra

 

Une fois nos héros et héroïnes bien fatigués par leur journée (on n’a plus de soleil quoi !), la nuit tombe laissant l’opportunité aux Gors et au dragon de se rapprocher du château.

 

Y a pas de dés dans ce JdR ?

Le dragon avance vers le château faisant peser le risque de défaite et mettant la pression sur les joueurs. Mais les Gors sont une menace contre laquelle nous allons lutter durant toute la partie. Le Gors repeuple le territoire chaque nuit de façon certaine, et plus le dragon sera proche du château plus il y aura de nouveaux Gors qui apparaîtront chaque nuit. Et si par malheur un Gors atteint le château, le dragon avancera de deux cases supplémentaires, cercle vicieux en vue ! Donc pas le choix, il faut en permanence massacrer du Gors.

Cela dit, le système est astucieux, pour lutter contre l’ennemi, une fois arrivé sur sa case, le héros lance ses dés et doit pour mettre à terre le gros tas, faire un tirage avec 2 dés (en forêt) ou 3 dés (en montagne) symbolisant des épées. Nos héros n’ont pas le même nombre de dés ni la même occurrence d’épées sur leurs dés. S’il n’y parvient pas à ce tour, pas trop de frustration, il pourra relancer les dés restants en dépensant un soleil au prochain tour, ou se faire aider par un autre aventurier. 

 

 

Tout en pourfendant du Gors, il faudra également s’occuper du royaume. Il y a 10 missions dans une boîte d’Andor junior. Lors de la première partie, les héros devront accomplir les missions 1 et 2, puis à la suivante les 3 et 4. Après ces tours de chauffe, il y aura 3 missions simultanées, 5, 6 et 7 puis 8, 9 et 10. Les missions ne doivent pas vous effrayer, elles sont gérables en même temps que l’on collecte de quoi tenir face aux Gors (des épées trouvées dans le brouillard), de quoi éclairer la mine quand il sera temps d’y aller (des pièces pour acheter des torches).

 

Andor Junior – Missions accomplies

 

Une fois remplies les missions choisies pour la partie, le gardien du pont vous laissera passer vers la mine. Ce sont d’autres compétences qui seront utiles alors pour retrouver les louveteaux égarés. Pour y voir clair dans la mine, il faut de la lumière. Logique. Il faudra tirer un symbole torche sur l’un des dés pour regarder ce qui se cache sous la tuile de l’une des 10 cases de la mine. Hormis les louveteaux à sauver, il y a le gros Kraken qui nous fait fuir, toujours le dragon (qui avance vers le château), mais aussi un faucon (qui nous aide un peu, ha quand même !). Un peu de veine sera nécessaire pour tomber sur les bons jetons, mais on peut augmenter nos chances en envoyant des perso bien préparés. Des petites actions parallèles peuvent faire reculer le dragon, comme allumer un rondin (trouvé dans le brouillard) à la tour de garde.

 

Tuer est jouer (proverbe troll)

Le premier jour, on part à l’aventure vers la mine, pressés de porter secours aux petits louveteaux attendrissants. Dès le deuxième jour, la menace Gors a progressé et on comprend que la balade va être plus longue que prévue. Bon, allez, on s’équipe, on tape un peu sur l’ennemi, et on s’organise pour économiser nos soleils (point d’action / déplacement). Profitez bien des premières missions lors desquelles les puits sont disponibles pour remplir la gourde, nous permettant ainsi de reprendre trois soleils, il n’en sera pas toujours de même !

La découverte du royaume, l’idée des quêtes, la recherche de ressources et d’équipements nous plonge assez habilement dans cet univers fantasy classique. La carte du royaume est grande, le matériel soigné, il manquerait presque des vraies figurines pour s’extraire du côté années ‘80. Cela dit, ça a son charme et avec 18 figurines au lieu des silhouettes en carton, le prix de la boite s’en serait bien ressentie.  

Les missions sont relativement faciles à appréhender et à relever. Si elles sont ce qui rend l’aventure un peu différente d’une partie à l’autre, le bouillon qui nous fait mijoter toute la partie, c’est le Gors qui revient sans cesse. On a beau les tuer, y a toujours des cousins pour venir se venger. Toute la troupe n’ira pas dans la mine, c’est juste pas imaginable de ne pas laisser des forces de frappe aux abords des zones à Gors. Heureusement les plus jeunes aventuriers et aventurières trouveront du plaisir à taper encore et encore sur les Gors.

Au royaume d’Andor, on reste dans un schéma de métier très classique : la guerrière reste à l’extérieur de la mine car elle a évidemment plus d’arguments à opposer aux Gors, alors que le nain sera un parfait éclaireur dans la mine. C’est un vrai premier jeu avec des personnages asymétriques et un rôle clair pour chacun, mais on pourra regretter après quelques parties de ne pouvoir bouleverser l’ordre établi et d’être un peu cantonné à certaines actions. 

S’il s’agit d’un jeu à vraie dimension familiale, à savoir que parents et enfants y trouveront ensemble un moment de plaisir partagé, il faut voir dans ces parties l’opportunité pour les enfants de se confronter à des choix d’optimisation, et de composer avec l’aléa des dés. Les parents devront résister à l’envie de guider l’expédition, sinon c’est effet leader assuré.

Que les parents soient rassurés, ils retrouveront les éléments d’Andor, les fiches héros/héroïnes, le plateau, le puits, les herbes médicinales, jusqu’au redoutable Gors, bien sûr. Mais ce qu’on aime, c’est que dans cette version junior, la relation aux Gors est inversée : dans Andor, tuer un Gors faisant avancer le narrateur, ce qui signifiait que tuer était quelque part punitif pour les joueurs. Dans la version Junior, au contraire, on soulage les joueurs de cette pression arbitraire, nettoyer le plateau permet de relâcher la pression du dragon. C’est d’une part plus logique thématiquement, et moins anxiogène !

 

Toi tu retournes dans ta boite!

 

Bref, une belle découverte que ce premier jeu d’aventures coopératives avec ses petits louveteaux. Un game design proprement conçu par le couple Brandt. Mais si les missions sont là pour scénariser légèrement les parties, il est à craindre que l’organisation se fasse rapidement au sein de la famille afin de pourfendre du Gors en continu, chaque héros ayant un rôle prédéterminé à respecter pour sortir de la partie victorieux. Pas d’autres choix choix face à l’implacable dragon ! Il est à souligner qu’il est possible, une fois vos héros bien rodés, de corser et d’adapter le défi en tirant au hasard plus ou moins de cartes missions. Certaines combinaisons seront plus difficiles, mais c’est le jeu ma pauv’ Lucette !  

 

Andor Junior

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2 Commentaires

  1. Tasmat 20/06/2021
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    Après une vingtaine de parties, je confirme tout ça : un très bon jeu narratif et surtout coopératif pour introduire ce genre auprès des jeunes joueurs (7 ans semble le bon âge pour commencer et pouvoir réfléchir sans aide aux bonnes stratégies à mettre en place).

    Je confirme aussi la routine qui s’installe après la découverte des premières parties : mage et guerrier pour chasser le gor pendant que archer et nain s’occupe de la mine. Les missions n’y changent pas grand chose, même si certaines présentent quelques idées intéressantes.

    Malgré tout les enfants en redemandent, et c’est l’essentiel 🙂

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