You have the Right to remain silent…

Cet article, vous vous en rendrez sans doute compte est le résultat de la rencontre de Morlock Bob et moi, autour d’un même jeu que nous envisagions tous deux de chroniquer au même moment. J’ai donc rassemblé nos impressions, en essayant de créer un découpage fluide et cohérent.

You ain’t no right

La dernière édition du Game Market de Tokyo, qui, je vous le rappelle, s’est déroulée au début du mois de mai 2015, n’était pas forcément la meilleure en termes de découvertes ludiques. Alors bien sûr, les habitués du salon étaient bien là, les dents sorties en attendant qu’un éditeur étranger s’approche… mais vraiment, rien de bien exceptionnel. Parmi ces éternels habitués, dont le nom résonne désormais dans nos contrées, Hisashi Hayashi a présenté Go Da Cheese, un jeu assez raté dont je reparlerai bientôt, Minerva, meilleur mais Ô combien frustrant dans sa réalisation matérielle, Seiji Kanai était présent avec, 3 ans après sa première apparition sous forme prototypale, 8 Epics, et, last but not least, la sortie du nouveau jeu Oink Games, dont l’auteur est cette fois aussi Jun Sasaki.

La boîte très sobre.

La boîte très sobre.

 

J’ai laissé entendre dans mon article sur le jeu de taureau, que Jun avait décidé de s’en remettre à BGG maintenant pour la sortie de ses jeux vers l’international. Une autre chose que j’ai remarquée récemment, c’est qu’il travaillait maintenant en interne. Yabu no Naka, Dungeon of Mandom, étaient des jeux venus d’auteurs tiers. Deep See Adventure, Troll et Rights sont des jeux dont il est l’auteur (en partie pour le deuxième), seul ou en famille avec son fils pour le premier cité.

La première fois que j’ai entendu parler de Rights, le jeu s’appelait Rights of the Dots. Jun est venu vers moi pour me demander comment renommer son jeu de manière à ce que le public américain ne se sente pas épris d’un sentiment awkward. Du coup, je lui ai demandé quelques jours pour y réfléchir avec des amis anglophones au fait de ses jeux et de la règle, que j’avais déjà dans sa version japonaise. À mon grand regret, Jun n’a pas attendu ma réponse et a décidé de donner pour titre Rights. Un peu vexé, je dois l’avouer, d’autant plus que la demande venait de lui, j’en ai parlé à des amis anglophones qui n’avaient jamais entendu parler du jeu… Tous, sans exception, m’ont demandé si le thème concernant les Droits de l’Homme, ou autre variations sur thème. Et bien non, le jeu parle des motifs employés dans l’industrie vestimentaire. 

Oui, oui, vous avez bien lu. On a donc des points noirs, des lignes verticales rouges, des losanges verts, des carreaux oranges, un quadrillage bleu, des lignes horizontales mauves un peu grassouillettes, avec des valeurs allant de 5 à 10. Chaque carte a autant d’exemplaires que sa valeur : la carte de valeur 5 est donc présente en 5 exemplaires et ainsi de suite. A déjà-vu. 

 

Right(s) of the people

Le jeu se joue de 3 à 5 joueurs, à partir de 9 ans pour des parties de 20 minutes environ. En début de partie, les joueurs reçoivent chacun 3 cartes, ainsi que 6 pièces de 1 et 2 pièces de 2, pour un total de 10 pièces. Bon, le hasard, vous le comprenez bien sera de la partie. A son tour de jeu, le joueur actif pioche une carte de la pile posée au centre de la table et commune à tous les joueurs. Ensuite, il a le choix entre deux actions : poser une carte devant lui ou faire circuler une carte autour de la table, après y avoir posé 1 pièce. Cette deuxième action intervient après quelques tours de table en général. La carte circulera jusqu’à ce qu’un joueur la prenne et la pose devant lui. Il récupère les pièces qui sont posées dessus. Parce que oui, chaque joueur qui refusera la carte la passera à son voisin en prenant soin d’y ajouter une pièce. Évidemment, à un moment donné, l’argent récolté peut s’avérer plus intéressant que l’argent que le joueur acceptant la carte perdra en paiement de droits d’exploitation. Autre avantage de prendre la carte, une fois que celle-ci ne représente plus une perte financière, vous devenez le premier joueur ! 

Ne vous inquiétez pas, je reviens là-dessus dans quelques lignes ! Et vous comprendrez ! Si, si. 

La première action est assez explicite pour ne pas avoir à en parler plus avant. Vous aurez compris que le mécanisme central est du set collection. Mais il y a un twist, que vous avez probablement commencé à deviner à la lecture de la deuxième action.

Si vous êtes majoritaire dans l’une des couleurs posées devant vous, vous recevrez de la part des autres joueurs, 2 pièces par carte de ce motif posée devant eux. Petit exemple :

Exemple de calcul du score final.

Exemple de calcul du score final.

 

Dès qu’un joueur parvient à poser 10, 8 ou 7 cartes (selon que vous jouez à 3, 4 ou 5 personnes), devant lui, la partie s’arrête immédiatement et on calcule le score.

Prenons comme exemple la situation ci-dessus. Le joueur 2, en bas sur la photo, a la majorité avec les cartes de valeurs 9 et 8. Il est seul sur la valeur 5, et à égalité avec le joueur 1, en haut donc…, sur la valeur 7. Quand vous êtes seul sur une valeur, vous ne gagnez rien. Thématiquement, cela revient à dire que le motif que vous avez proposé autour de vous, dans la pétillante industrie vestimentaire dans laquelle vous vivotez, n’a pas vraiment convaincu. Par contre, la valeur 9 a été exploitée deux fois par le joueur 1. Le joueur 2 recevra en paiement de droits d’exploitation, oui ça fait rêver dit comme ça, 2 pièces par carte présente chez les adversaires. Ici, 4 pièces. 

En cas d’égalité, personne ne reçoit rien. Il faut donc absolument parvenir à obtenir des majorités et à placer des cartes représentant ces majorités chez les adversaires. Sans toutefois se faire dépasser à un moment de la partie, ou se retrouver à égalité avec un autre joueur sur la majorité. Après tout, n’oublions pas que les joueurs ont toujours trois cartes en main et il est difficile de savoir ce qu’elles sont exactement, surtout dans les valeurs les plus représentées. 

Autre exemple : 

Improbable mais c'est un exemple !!

Improbable mais c’est un exemple !!

 

Ici, deux joueurs sont majoritaires avec les cartes de valeur 9 et deux joueurs n’en ont qu’une. Comme il y a égalité sur la majorité, personne ne doit rien à personne. Dommage. 

A ce sujet, il y a d’ailleurs eu un autre couac, s’ajoutant à l’anecdote du titre, avec le jeu de Jun. Sa traduction anglaise, allez savoir pourquoi puisque cette ligne est imprimée en rouge (genre, avec 17 points d’exclamation) dans la règle japonaise, fait l’impasse sur un point de règle qui change totalement le jeu : les cartes qu’il vous reste en main à la fin de la partie sont ajoutées à votre tableau (prononcer à l’américaine, ça fait chic). 

Le joueur qui collecte le plus d’argent remporte la partie. Voilà, c’est tout. Ça s’explique en moins de 3 minutes et les parties sont très courtes. Moins de 20 minutes, c’est sûr si vous ne jouez qu’une manche.

 

Right, or wrong?

Il est temps de parler des choses qui fâchent. Je laisserai à présent la parole à MorlockBob avant de réagir ou d’apporter mes impressions sur ce qu’il a écrit. 

MorlockBob, sur le matériel

Cette fois encore le design est soigné, même si on l’oubliera plus vite que celui de Troll ou Kobayakawa (en fr). Très sobre, voire austère, il n’offre que lignes et motifs abstraits aux yeux du joueur. On se croirait dans les pages d’un catalogue pour chaussettes Burlington… Le jeu aurait pu s’appeler Socks & Cie, ça aurait été plus amusant.

La boîte, malgré sa petite taille, contient jetons en bois et cartes : pour moi le point faible de ce jeu. Je parle ici des cartes minuscules, peu confortables à manipuler… On a vraiment l’impression de jouer à la dînette. Autant le dire, le packaging ne m’a pas vraiment attiré. 

Izo

C’est en effet un choix étonnant mais qui reste dans la ligne éditoriale de Oink Games. Ce besoin de garder des boîtes toutes petites (bien que le prix soit élevé pour la taille des jeux), par choix esthétique, devient une priorité qui dépasse parfois la dimension pratique de l’objet. Cette politique très rigide de Jun l’a sans doute poussé à vouloir passer par BGG pour proposer ses jeux à l’international plutôt que de laisser des éditeurs étrangers les retravailler avec en tête l’envie de les adapter aux différents marchés.

Les cartes sont horriblement petites, circulent beaucoup et s’endommageront rapidement au-delà de l’acceptable. Dommage pour ceux qui voudraient conserver longtemps leurs jeux dans un bon état. Les couleurs, pour une fois, sont très fades : du gris et du noir pour les pièces, des motifs sur les cartes aussi moches que les polos de votre vieil oncle désargenté.

MorlockBob, tes impressions ?

Le jeu est bon… du moins, c’est un bon jeu de pli, que je rapprocherais en terme de plaisir, de Ugo, par exemple. Un jeu simple, facile à mettre en place et à proposer, et plus malin (dans une certaine limite) qu’on pourrait le croire après une première manche.

Mais auparavant, il aura fallu modifier les règles… de pas grand chose, mais cela fait la différence : nous jouons avec une manche par joueur (et non pas comme indiqué dans la règle originale) et , surtout, nous avons poussé la limite pour activer le signal de fin à 9 cartes plutôt que 8, dans une partie à 3 ou 4 joueurs. Cela laisse un peu plus de temps aux joueurs d’installer leur collection et de réagir,  et permet, puisque tout le paquet peut y passer (à 4) d’être un peu plus calculatoire. Et, une fois, une majorité assurée, de pourrir les autres en leur passant des cartes de ce numéro…. Bien sûr, un bon tirage de début (plusieurs cartes du même numéro) peuvent aider, mais cela ne fait pas tout, et la prise de risque devra intervenir à un moment ou l’autre (parier sur un numéro, ou simplement accepter de perdre des points, juste pour pouvoir tirer une carte de la pioche).

Comme nous l’avons tous les deux souligné, les cartes sont peu attirantes. J’ai donc choisi l’option de redessiner le jeu (voir illustration plus bas). 

Vous me direz ça fait beaucoup pour un jeu : redessiner les cartes et modifier les règles. (Nous avons aussi créé une version avec des « effets », qui pimentent le jeu, mais là on s’éloigne de la base).

C’est vrai, ce Rights a un potentiel qu’il aurait été dommage de laisser passer. Et c’était ça ou le laisser dormir dans un placard… Nous en profitons beaucoup plus ainsi, et les parties terminent souvent une soirée.

De là  à s’enflammer, il ne faut pas exagérer,  je ne l’ imagine pas réellement se  frayer un chemin vers une traduction française (ce qu’Izo a confirmé plus haut). Il est agréable, mais n’innove pas non plus. Et n’est pas empreint de défauts. Si le fait de pouvoir passer une carte en payant (et en contrepartie, de passer votre tour) est une bonne idée, elle atteint vite ses limites : une carte négative posée devant soi coûte 2 points, quand vous recevez une telle carte avec 2 jetons, il est plus pénalisant de la passer que de la garder . Vous gagnez 2 et perdrez 2, mais vous ne passez pas votre tour et pouvez piocher. Ce score nul limite donc le principe de « faites tourner ». L’auteur aurait peut être pu creuser et pallier ce petit défaut.

Mais n’allons pas plus loin, le jeu est sympathique et remplit son rôle de jeu de pli.

Izo

Même ressenti, je trouve les parties beaucoup trop courtes quand on respecte les règles originales. Nous avons nous-mêmes pris le parti d’augmenter le nombre de cartes à poser dans son tableau pour mettre un terme à la partie. Et ici et là, de nombreux commentaires de ce type fleurissent. Autre souci, moins il y a de joueurs, plus la chance prend une part importante dans la victoire. A 3 joueurs, dans les 5 parties que nous avons faites, le tirage des cartes a eu une influence vraiment importante sur la partie.

Ca reste un jeu léger et rapide mais… c’est vrai qu’on est loin de l’impression que m’avait laissée Dungeon of Mandom, ou Troll. Je commence même à aimer plus MasKmen en regard des dernières sorties Oink Games.

Quant à une sortie française, en effet, je pense qu’il est préférable de ne pas l’attendre. Au pire, prenez donc la version disponible sur BGG. Vous paierez peut-être moins cher qu’en l’important du Japon.

Morlock Bob sur des modifications apportées au jeu

Un des points positifs de ce jeu, est, vu qu’il n’a pas de thème, la possibilité de le mettre à sa sauce… Agrandir les cartes, et , surtout, choisir un thème plus attrayant. Ici ce sont des chasseurs de fantômes qui essaient de capturer le plus d’ectoplasmes… Un thème qui en vaut un autre mais qui a le mérite d’attirer plus facilement le joueur.

MorlockBob a donc tiré les images des chasseurs de The Phantom Society, illustré par Naïade.

 

Right, right, left, and another uppercut!

MorlockBob sur les jeux Oink Games

Par contre, après 3 sorties en demi-teinte, je me pose des questions sur l’éditeur… Si ses jeux ne sont pas mauvais, ils se distinguent plus à présent de par leur aspect visuel que par l’intelligence de leur mécanisme. Et au prix des jeux en VO, je me poserai la question d’acquérir le suivant ou pas.

Izo

En fait, ça a toujours été le cas pour moi. Yabu no Naka (Hattari), et Dungeon of Mandom, ayant à mes yeux toujours représenté la crème des jeux Oink Games. Kobayakawa figure aussi en bonne place dans le trio de tête mais ce dernier laisse tellement de gens froids… Ce qui me chagrine profondément, d’ailleurs. 

Jun n’a jamais caché sa fascination pour des jeux aux mécanismes très semblables : le bluff, le stop ou encore, des choses que l’on a vu des dizaines et des dizaines de fois. Ce qui distingue ses créations des autres jeux du même genre, c’est finalement leur esthétique très marquée. Mais on est en droit de penser que les gens se lassent. Depuis Deep Sea Adventure, ses jeux sont vite produits, très vite ! Un nouveau jeu tous les six mois. Et pour suivre Jun depuis des années, je pense que je peux dire sans me tromper qu’il commence à réfléchir à un nouveau jeu une fois que le précédent est sorti et lancé.

Pour moi qui suis habitué à payer les jeux cher (à mon grand désarroi), les 20 à 25 euros que représentent ses créations ne me choquent pas. Mais si vous me demandiez d’ajouter 15 à 20 euros de frais de port, sachez-le, je laisserais tomber. Je ne pense sincèrement pas que les jeux Oink Games, ou les jeux japonais qui n’ont pas été publiés hors de leurs frontières, méritent que l’on se saigne pour les acquérir. Soyons sérieux une seconde… à part quelques perles que les éditeurs étrangers auraient tous raté (ce qui est peu probable), les bons jeux japonais arrivent en Europe ou aux États-Unis. Entre le réseau Japon Brand, les éditeurs étrangers qui se déplacent aux GM, les mailles du filet sont très serrées. 

Et sur les jeux japonais en général, MorlockBob ?

Sans partir sur un débat qui pourrait durer et dont ce n’est pas le but de cet article, je me demande si le vent de fraîcheur ludique amené par le jeu japonais ne commence pas à faiblir. Bien sûr, je croise 5 ou 10% de la production, mais  j’ai l’impression, ces derniers temps, de me voir proposer des copies de jeux européens ou de l’auto recyclage de jeux existants plutôt que des créations originales…

Les éditeurs japonais s’étant fait remarquer hors de leur frontière ont ils peur de proposer autre chose sous peine d’être refusé par les éditeurs occidentaux, eux mêmes frileux de changer une formule qui marche (minimalisme, déduction, mignon), cherchant le nouveau Love letter ?

(Je crois que je suis le seul à être désenchanté, puisque le Traders of Carthage de 2008, est réédité  sous le nom de Traders of Osaka par exemple).

Certes, le manque d’originalité est un peu la tendance générale que ce soit en Europe ou aux États-Unis, mais l’impression d’avoir fait le tour du « japon ludique» en deux années seulement me semble prétentieux et restrictif. Il doit bien y avoir quelques trésors cachés… 

Rights n’en fait pas partie, mais peut vous distraire en attendant de tomber sur la perle rare.

Izo 

Je vais essayer d’être aussi franc que possible. Je pense que le sentiment d’exotisme disparaît très vite. Et ces épanchements délirants sur le minimalisme et le jeu japonais en général s’estompent ou s’estomperont pour ne laisser que le meilleur. La situation des auteurs, de la fabrication, et du monde de l’édition japonaise sont compliquées, certes, mais les bons jeux finissent toujours par être repérés. 5 ou 10% de bons jeux, je trouve ça déjà très bien ! 

Pour ma part, j’aimerais que les bons jeux japonais, tout comme leurs équivalents italiens, espagnols, français, coréens, polonais… soient édités, sans que les mots « japonais, minimalisme, amateur » n’apparaissent à chaque ligne de chaque chronique.

Et cette situation est de plus en plus réalisée. Onitama sera bientôt publié, Ninja Taisen aussi, d’autres encore, de bons jeux qui apportent quelque chose de nouveau ou un design solide et plaisant. 
 

Right?

De la chronique croisée du jeu de Jun Sasaki, nous en sommes arrivés à refaire le monde ludique. Discussion de comptoir ou vrai débat, ça reste à définir. Rights est un petit jeu sympathique mais c’est tout ce qu’il est. Oui. Un jeu moyen pour lâcher les mots qui piquent. Moyen mécaniquement, moyen au niveau du matériel. Et ne parlons pas du thème. Ca n’empêchera pas ceux qui collectionnent les jeux Oink ou les jeux japonais faciles à trouver de l’acheter, et grand bien vous en fasse. Pour les autres, je vous conseille de passer votre chemin et d’attendre le suivant.

Izo & MorlockBob

 

Fiche de Rights

Un jeu de Jun Sasaki
Edité par Oink Games
Pays d’origine : Japon
Langue et traductions : Anglais, Japonais
Date de sortie : 2015
De 3 à 5 joueurs
A partir de 9 ans
Durée moyenne d’une partie : 20 minutes

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2 Commentaires

  1. SleuthGames 30/06/2015
    Répondre

    Chronique fraîche, argumentée, avec des vrais morceaux d’avis et de réflexion dedans. Bravo !

  2. Anotsu 02/07/2015
    Répondre

    Excellent article à deux mains. Merci!

    Fidèle du blog Japanboardgames d’Izobretenik, je vais continuer à le suivre ici. 🙂

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