Troll, ou comment envoyer vos amis dans la gueule du loup

Rhooooo, c'est juste trop beau.

Rhooooo, c’est juste trop beau.

 

Les sorties Oink Games se ressemblent, c’est vrai, mais comme vous avez pu le voir dans la vidéo qui a été mise en ligne sur Ludovox, Jun Sasaki, éditeur et auteur, aime certaines mécaniques ludiques et les décline à l’envie, pour notre plus grand plaisir. Alors que Welcome to the Dungeon vient de sortir sur les étals français, et bientôt sur ceux des côtes américaines, Troll, le nouveau jeu de mon éditeur japonais préféré, est sorti avec une certaine discrétion lors du Game Market d’Osaka qui a eu lieu en mars.

Je vous renvoie, pour ceux qui voudraient en savoir plus, aux articles écrits ici même sur le sujet (reportage), ou sur le dernier épisode du podcast Proxi-Jeux.

Comme d’habitude, le graphisme donne au jeu une aura esthétique inévitablement envoûtante. Le matériel est toujours aussi beau et le format identique à celui des dernières sorties. A ce sujet, Jun Sasaki a décidé il y a quelques temps de ressortir l’un de ses premiers jeux de manière à rendre cohérent – en terme de format et de tarif – une collection désormais assez impressionnante. Seuls Dib Dib et Stray Thieves semblent avoir été laissés pour compte, puisqu’ils ne seront probablement plus jamais réédités. Dommage pour les joueurs comme moi qui auraient aimé les voir ressortir dans une nouvelle version.

Troll, donc, était le nouveau jeu sorti pour l’événement. Sa date de sortie officielle est fixée au Game Market de Tokyo qui aura lieu en mai prochain. Une autre sortie est d’ailleurs annoncée, Rights, et je vous en ferai une preview dans les jours ou semaines à venir, le temps pour moi, de parcourir les règles. Avant de vous expliquer rapidement comment le jeu fonctionne, sachez d’abord que Troll n’est pas tout à fait un jeu original.

En effet, le jeu a été créé par Drosselmeyer en 2012 et publié sous le titre Dragon Teeth Washer.

Le stand du magasin, devenu éditeur, Drosselmeyer, avec Dragon Teeth Washer au centre.

Le stand du magasin, devenu éditeur, Drosselmeyer, avec Dragon Teeth Washer au centre.

Comment ça marche ?

Le jeu a une mécanique très simple. Mélange de mécanique à la Alex Randolf (j’ai l’impression de citer ce nom une fois par article sur un jeu japonais), les joueurs vont avoir en main des petits jetons avec des valeurs allant de 0 à 5. Chaque joueur incarne un voleur, suffisamment fou à lier pour aller s’encanailler dans la cave d’un troll en quête des pierres précieuses de ce dernier. Les cartes Troll ont elles aussi des valeurs différentes, toutes impaires : 3, 5, 7, 9, 11, 13, 15. Je pense que vous commencez déjà à entrevoir là où mène le jeu.

Dans Troll, les joueurs joueront leurs jetons valeur selon deux modes opératoires : face visible ou face cachée. Et oui, le courage est une denrée qui tend à disparaître même chez les aventuriers les plus fous. A chaque round, les joueurs essaieront de voler le plus possible de pierres précieuses, mais plus on est gourmand, plus on prend de risques. D’abord, le premier jour du tour n’aura d’autre choix que de poser son jeton valeur face visible. Avant de s’exécuter, il devra regarder la carte Troll choisie par hasard pour le tour.

Le jeton valeur qu’il posera sur la table indique en fait le nombre de pierres précieuses qu’il entend subtiliser à la chose hideuse qui hante la cave. A partir du deuxième joueur, le jeu prend tout son sel. Les différents joueurs participant à la partie auront deux choix : le premier consiste à regarder la carte Troll, comme le premier joueur, et à poser un jeton valeur face visible, le second, clairement plus rentable mais aussi beaucoup plus dangereux, invite le joueur à jouer un jeton valeur sans ne rien savoir précisément sur la valeur de la carte Troll mise en jeu.

Si le joueur décide de tenter à l’aveugle, il posera au-dessus de son jeton un X2, indiquant qu’il pourra doubler son butin, ou bien, perdre d’autant plus de pierres précieuses dans le cas où il se retrouverait piégé face au Troll.

Les cartes troll, les jetons valeurs et les jetons multiplicateur.

Les cartes troll, les jetons valeurs et les jetons multiplicateur.

 

Une fois que tous les joueurs ont effectué leur action, tentant bon an mal an de décoder le bluff des autres, de deviner la valeur de la carte Troll ou de les piéger, on résout ! La carte Troll est révélée avant d’aligner en commençant par la valeur de jeton la plus faible les jetons joués par les différents joueurs. Les valeurs des jetons choisis sont ajoutées les unes aux autres.

Ainsi, imaginons que Yan a joué un jeton de valeur 2, Takako un jeton de valeur 4, Lana, un de valeur 0 et Pierre un jeton de valeur 3. La somme totale est de 9. Or, la carte Troll indique une valeur de 7. Oups, quelqu’un est allé trop loin et a réveillé le Troll. Celui-ci semblait pourtant dormir à poings fermés… Le jeton le plus faible est de 0. Lana survit sans problème mais revient bredouille. Quelle idée d’aller chatouiller du Troll pour revenir les poches vides. Yan, avec son jeton de 2 et Pierre avec son jeton de 3, repartent tous les deux avec quelques pierres précieuses. Yan a eu la bonne idée de jouer à l’aveugle et ses deux pierres précieuses sont ainsi doublées. 4 pierres précieuses pour ce premier plongeon dans le boudoir obscur du Troll, c’est plutôt une bonne pêche !

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Takako, pour sa part, a été trop gourmande et lorsqu’on ajoute son 4 aux trois précédents jetons joués (0, 2 et 3, pour un total de 5), on s’aperçoit qu’elle a dépassé la valeur totale du Troll. Oui… vous l’aurez deviné, la pauvre a fini en brochette surprise pour appétit nocturne féroce. Et je peux vous dire qu’un Troll au réveil n’est jamais de bonne humeur, surtout sur Youtube, soit dit entre nous. Takako, non seulement désormais incomplète physiquement parlant, perd 2 points. Oui, vous me direz que c’est le moindre de ses soucis.

Une fois la résolution terminée, les jetons joués sont placés au milieu de la table. Les joueurs ne pourront plus les jouer de nouveau et devront employer une autre valeur non utilisée. Les joueurs continuent à jouer un certain nombre de tour et à la fin de la partie, le joueur qui est parvenu à voler le plus de pierres précieuses est le vainqueur.

Des pierres précieuses, miam miam. Euh... jetez les enfants de moins de 3 ans dans une pièce loin du jeu.

Des pierres précieuses, miam miam. Euh… jetez les enfants de moins de 3 ans dans une pièce loin du jeu.

Oui, et ?

Troll est ce que j’appellerais un jeu Oink. Rien de plus, rien de moins. Ne voyez pas dans cette dernière phrase un quelconque jugement négatif. J’aime beaucoup le jeu, bien plus à vrai dire que les deux précédentes sorties MasKmen et Deep Sea Adventure. Pour les amateurs de l’éditeur, cependant, il me semble important de noter que le jeu est très représentatif de cette collection.

Les parties sont courtes, amusantes et comme souvent, l’ambiance autour de la table est bon enfant mais saupoudrée d’une once de méchanceté ludique, la meilleure qui soit dans ce bas monde ! Troll est un excellent filler et j’adore ces petits jeux qu’on sort entre deux jeux plus gros. Les graphismes et le matériel sont évidemment superbes et on n’en attend pas moins de l’éditeur. On s’habitue aux belles choses ! Par contre, ne vous attendez pas à une mécanique très originale.

C’est du déjà vu mais le label suffit pour moi à en faire un jeu nécessaire dans ma ludothèque. À 5 joueurs, le jeu devient vraiment très amusant et sous ses airs de jeu push your luck, il y a une vraie dimension stratégique dans le choix effectué par les joueurs lorsqu’ils posent leur jeton valeur. Regarder la carte et essayer d’obtenir le plus d’informations possibles ou prendre tous les risques et espérer avoir un coup de bol, au butin doublé !

A vous de voir comment vous compter mener vos périlleuses aventures de voleurs de Troll. 

> La fiche de jeu

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5 Commentaires

  1. fouilloux 16/04/2015
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    J’aime bien le format des jeux de cet éditeur. J’ai découvert qu’ils faisaient d’excellent jeux pour non-joueurs. Mais c’est vrai qu’ils se ressemblent tous un peu j’ai l’impression.

  2. Izobretenik 16/04/2015
    Répondre

    Oui, c’est vrai que les jeux commencent à montrer des rapprochements mécaniques de plus en plus évidents. Comme Jun l’indique dans l’interview que j’ai faite de lui, il y a un certain nombre de mécaniques qu’il apprécie tout particulièrement et les jeux qu’il édite s’en rapprochent beaucoup. Peut-être décidera-t-il de se diversifier dans les années à venir. On verra avec sa nouvelle sortie prévue pour mai, Rights. Je reviendrai dessus. Je suis en pleine lecture des règles, très courtes, comme souvent.

  3. morlockbob 20/04/2015
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    cherchant qq infos sur ce jeu, je venais de me dire « y sont forts » chez Ludovox, ils ont déjà un article…Puis je vois qui le signe. Evidemment. Parfait, il m’a lair bien sympathique celui là, plus que « deep sea.. » qui m a laissé un peu dubitatif. AU plaisir de vous lire à nouveau mr izo

  4. Izobretenik 23/04/2015
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    🙂

    Je confirme que Troll est meilleur que Deep Sea et que MasKmen qui l’a précédé. Ce n’est que mon point de vue évidemment mais je considère ce nouveau jeu comme étant l’un des meilleurs de chez Oink Games. Reste à voir que ce que vaudra Rights qui sort dans deux semaines.

     

  5. morlockbob 09/06/2015
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    Trolls est beau mais finalement assez gentil, Rights est sobre, voire un peu triste, ces cartes sont petites (trop) mais il est plus intéressant (pour moi) et il n y a pas une soirée sans une partie (on joue une manche par joueur et on pousse à 9 cartes plutôt que 8). Du niveau de Parade par exemple…

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