Paper Tales : Ecrivez l’histoire de votre royaume

Paper Tales est une création de Masato Uesugi, l’auteur de l’excellent Twelves Heroes et dans un autre genre Welcome to the Dungeon. Il est sorti en 2010 sous le nom de Vorpals et va connaître une seconde vie avec l’édition de Catch Up Games, l’éditeur lyonnais qui grimpe depuis Sapiens. L’équipe Catch Up a fait appel à Christine Alcouffe, une illustratrice lyonnaise qui donne au jeu une certaine fraîcheur.

Côté mécanique, c’est un jeu de draft mâtiné de gestion qui se joue à partir de 2 et jusqu’à 5 joueurs en simultané.

J’ai eu la chance d’y jouer trois fois, à des moments différents, et si le jeu n’a pas bougé mécaniquement, son ergonomie, elle, s’est grandement améliorée.

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Contes de papier

Dans Paper Tales, nous écrivons le futur d’un royaume sur 200 ans en seulement 4 tours qui représentent des générations.
Le but du jeu est d’avoir le plus de points de victoire (PV) à la fin. On peut les gagner de différentes façons : soit avec des combos de cartes, soit en construisant des bâtiments, soit en allant guerroyer contre nos voisins directs (c’est pas joli joli, ça !). Le mécanisme principal ? Un bon vieux draft façon 7 Wonders.

On met les mains dans le cambouis ?

Chaque tour se joue en 6 phases :

  1. Recrutement
  2. Déploiement
  3. Guerre
  4. Revenus
  5. Constructions
  6. Age

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Chaque joueur commence aussi avec 3 pièces.

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On débute par une phase de recrutement : un  draft classique, où l’on distribue à chaque joueur 5 cartes personnages. À la fin de cette phase, les joueurs ont tous 5 cartes en main. Ensuite on les dispose face cachée sur deux lignes devant soi (2 sur la ligne de front et 2 sur la ligne arrière), en prenant garde de bien pouvoir payer nos personnages avec nos pièces. On n’est pas obligé de jouer toutes ses cartes, cependant on ne pourra en garder qu’une seule pour le tour suivant ; le reste sera défaussé.

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Puis on révèle en même temps toutes les cartes devant soi c’est le déploiement et on résout les effets de pose s’il y en a. Les personnages donnent des ressources (minerai, bois ou viande) et ou des points de victoire ou des pièces.

On passe ensuite à la phase de guerre, en regardant qui a le plus en force, mais cela ne concerne que les personnages la ligne de front, et pas ceux situés à l’arrière. Bien entendu il y a des exceptions, comme l’archer qui, si placé à l’arrière lors de son déploiement, sera comptabilisé pour la guerre. Comme dans 7 Wonders, on ne fait la guerre qu’avec nos voisins directs, donc dans cette phase on peut gagner 6 PV au maximum, sauf si on combotte avec des personnages que l’on vient de déployer, ou encore des bâtiments comme la caserne.

En phase de revenu, on prend 2 pièces, et plus si l’on a des héros ou des bâtiments qui nous en octroient.

Pendant chaque phase de construction, on peut ériger un bâtiments ou améliorer un de ceux de niveau 1. Les bâtiments nous donnent des ressources permanentes une fois construite, des pièces, ou des points de victoire. Bref, ils nous permettent de choisir un axe stratégique.

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Grâce à la Taverne de niveau 1 en phase de revenus, désormais, on pourra gagner 1 pièce par ressource viande dans son royaume. Et en l’améliorant, elle nous octroie aussi 1 PV par ressource viande (à gagner en phase de guerre). Les deux se cumulent. Évidemment, cela va quelque peu diriger notre jeu : il ne convient pas choisir ses constructions à la légère.

Mais au lieu de construire une taverne, on aurait pu construire une Caserne, une Mine ou une Ville. On pourrait être tenté d’en construire plusieurs, mais le coût en pièces de chaque bâtiment augmente – le coût du terrain, la crise de l’immobilier, tout ça. On sera donc vite limité.

De plus, une fois que l’on a amélioré un bâtiment nous avons le droit de placer une 5e carte pendant notre déploiement, ce qui nous offrira un plus grand choix dans nos stratégies. Si toutefois on est capable de payer le déploiement, bien entendu.

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A la phase d’âge, les unités qui ont un ou plusieurs jetons vieillissement passent de vie à trépas, et nos autres personnages vieillissent, c’est-à-dire que l’on place sur chacun d’eux un jeton vieillissement.

Les jetons vieillissement sont un peu l’originalité du jeu. À moins que l’on ait recruté le “mystique” qui permet d’ignorer un jeton sur un personnage, au prochain tour, les vieux ne survivront pas !

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Cette mécanique de jeu propose des combos un peu à contre-courant, par exemple grâce au “maître du temps” je peux rajouter des jetons vieillissements sur un personnage : quel intérêt, me demanderez-vous ? Et bien cela dépend des cartes, mais certaines vont me permettre de gagner des ressources selon le nombre de jetons vieillissement, d’autres des points de victoire, d’autres encore d’éviter de faire perdre ces précieux points. C’est original : le fait que les personnages vieillissent oblige à modifier son moteur de jeu car celui-ci se désagrège de lui-même.

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Lorsqu’il arrive, le colosse n’a qu’un point de force. Par conséquent, il va falloir attendre le tour prochain pour qu’il déploie toute sa puissance, mais mes adversaires avisés vont certainement se renforcer eux aussi. Sauf si je le combine avec la maîtresse du temps et que dès son premier tour je place un jeton vieillissement. Voilà un exemple de combos un peu à contre-courant que le jeu propose, mais bien sûr il y en a beaucoup d’autres.

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Comme la Chiromancienne qui va nous rapporter des points de victoire pour chaque unité qui meurt, aussi pour bien optimiser son effet on va être tenté de faire passer de vie à trépas nos personnages. L’autre versant de la pièce, c’est qu’il faudra refaire tout son royaume.

 

Ce que j’en pense ?

Le mécanisme de base est connu et éprouvé ; on peut faire un parallèle avec 7 Wonders, d’abord par le draft, mais aussi dans la gestion de ressources présentes sur nos cartes, ou bien encore dans les phases de guerre.

Le petit plus étant cette phase de déploiement qui oblige à des choix un peu osés. Par exemple, le chasseur n’a que 2 points de force, mais placé sur la ligne de front de mon royaume, il produit de la viande ; le colosse que l’on a vu tout à l’heure n’est pas très fort s’il n’a pas vieilli, etc.

Comme dans tout draft, on va choisir les cartes que l’on veut garder et/ou celles que l’on ne veut pas laisser aux autres, mais aussi celles qui se combinent avec notre jeu, en espérant miser juste. Souvent, au début de la partie on garde une carte sous le coude pour le final, mais on ne la joue pas, soit car on a changé de stratégie en cours de route et que la carte n’est plus si efficace, soit parce que l’on n’a plus assez de ressources. Paper Tales propose beaucoup de combos et surtout des combos à contre-courant, en jouant avec ces mécanismes d’âge, et puis comme son moteur de jeu se délite petit à petit, il faut le reconstruire, le maintenir.

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En parlant de construction, les bâtiments soutiennent le moteur du jeu (gain de ressources, de pièces, de points à chaque tour de jeu). Leur sélection est cruciale et oriente beaucoup nos choix. Bonne nouvelle, l’éditeur en propose cinq et il est impossible de tous les ériger.
L’argent est aussi le nerf de la guerre, avec des cartes plus fortes et donc plus chères, mais n’est pas une fin en soi : il ne donne pas de points de victoire.

Un petit bémol : l’interaction est indirecte et ne réside que dans la phase de draft et de guerre. Cela ne m’a pas empêché de m’amuser par trois fois, mais comme certains à la table l’ont ressenti, c’est un défaut que je pointe.

Cela mis à part, je n’ai rien à redire : c’est un vrai petit coup de cœur pour moi. Je l’ai trouvé bien pensé, ce Paper Tales. Il m’aura fait dire que décidément, le draft est une mécanique élégante que j’adore, et les combos proposées par le jeu me semblent nombreuses. Les parties sont fluides grâce au jeu en simultané.

Pour ne rien gâcher, les illustrations typées papier découpé de Christine Alcouffe sont très fraîches ! I l y a quelque chose de Miyazaki dedans, je trouve. Si vous aimez le draft, c’est à surveiller, cela devrait sortir pour mi septembre pour un prix avoisinant les 30-35 €.

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4 Commentaires

  1. fouilloux 05/07/2017
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    Moi aussi, j’ai trouvé que c’était une très bonne surprise que ce Paper Tales. Et je trouve aussi le parti pris graphique original. Mais bon, je suis peut être pas objectif 🙂

  2. TheGoodTheBadAndTheMeeple 05/07/2017
    Répondre

    Je le garde en tete, faut tester. Le principe des jetons vieillesse rappelle beaucoup Magic.

  3. morlockbob 05/07/2017
    Répondre

    décidément Septembre va coûter cher, j ‘avais déjà 13 jours, maintenant celui là….comment je vais payer mes impôts ? 🙂

    Mais on va l’essayer avant quand même.

  4. Umberling 05/07/2017
    Répondre

    J’ai vraiment, vraiment beaucoup aimé. Le jeu est profond de chez profond, et il me tarde d’avoir une boîte finale !

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