LES PETITS JOUEURS #31 : Arkade – Cache cache Loustic – fish’n shark – Les musiciens de Brême

Chaque mois, notre chronique Petits joueurs vous propose plusieurs jeux pour différents âges de l’enfance. Joués entre parents chroniqueurs et enfants. 

Sim’Meeple est un petit joueur de 7 ans. Il ne joue pas (encore) à Agricola, mais il est tombé dans le chaudron ludique depuis ses 2 ans (bien aidé par son papa). Sortir une boîte de jeu est un vrai plaisir pour lui. Ne pas faire un jeu au retour de l’école ? Impensable. Par contre, si comprendre des règles ne lui pose pas de difficultés, ne pas gagner est encore difficile à accepter.

Maxiloutre : 7 ans, nourri aux cubes en bois par son papa voxien & auteur de jeu, Maxiloutre a commencé à baigner dans les jeux de société dès 2 ans. Jouant principalement à deux avec papa ou maman, il refuse rarement une partie.

Roxy : 3 ans. Trop petite pour jouer à la majorité des jeux, mais saute sur les genoux de ses parents dès qu’un jeu est sur la table. Alors, toujours partante pour les jeux de son âge.

Tutur : 7  ans qui a joué avec son papa. Biberonné aux jeux, ses deux parents sont fanas, il les voit jouer depuis la maternité. Il a toujours très envie de jouer aux jeux de grands, d’avoir ses cartes, et de manipuler le matériel. Bon public, il aime à peu près tout.

 

Arkade

Arkade est la dernière sortie de Auzou, spécialisé dans les jeux pour enfants, ils lorgnent de plus en plus vers le format familial, avec récemment Premier de Cordée (on en parlait ici), et maintenant Arkade, dans lequel on retrouve les mêmes codes : un jeu à 2 joueurs, d’affrontement, avec un ADN de jeu abstrait, mais un thème fort ; à savoir ici les jeux d’arcades des années 80, avec comme modèle Space Invaders.

Il faut reconnaître que cette couverture est très réussie, et annonce clairement la couleur : on va faire des piou piou avec notre vaisseau sur des Aliens colonisateurs, et chaque camp sera joué par l’un des joueurs. Pour en savoir plus sur le fonctionnement, je vous redirige vers le ludochrono.

Petit bémol avant même de commencer le jeu, l’installation est un peu longue. Il faut trier les jetons pouvoir, compter le nombre que l’on attribue à chaque joueur, compter et attribuer les bonus du défenseur, et enfin placer correctement les soucoupes (de l’attaquant, de loin le pire). On est obligé de se référer à la règle du jeu pour savoir comment placer les soucoupes, ce qui est un peu laborieux. Mais c’est un passage nécessaire, car j’ai essayé de jouer avec une installation au hasard, et le joueur attaquant (Alien) en est clairement défavorisé, tant cela devient difficile de profiter des bonus.

Coté gameplay, la séquence de jeu est simple et fluide. Les tours s’enchaînent très bien.

Pour le défenseur (vaisseau) on essaye d’éliminer les soucoupes les plus dangereuses tours après tours. Les trois relances de dés sont les bienvenues, car permettent une fois qu’on a la bonne couleur, de tenter une relance pour aller vers la bonne colonne (et inversement). Les jetons bonus sont TRÈS bienvenus, car permettent de pallier aux mauvais jets de dés. Cependant l’enfant ne verra peut-être pas son intérêt tout de suite, et préférera relancer jusqu’à essayer d’avoir le bon jet, qui pourra rater, plutôt que de se satisfaire d’un jet vers une colonne adjacente et d’utiliser un bonus pour se déplacer au bon endroit. C’est le rôle le plus intéressant à jouer, car chaque explosion de soucoupe est satisfaisante.

À l’inverse, jouer les Aliens peut être un peu démoralisant : on recherche l’invasion, mais chaque tour se solde par une frustration de voir ses pions disparaître petit à petit. Les bonus sont là pour aider, mais il est régulier que nos soucoupes soient éliminées avant même d’y arriver.

Les camps sont tout de même équilibrés, car les Aliens peuvent faire quelques coups d’éclats avec les bonus, qui s’ils s’enchaînent avec de mauvais lancers de dés du défenseur, permettent d’accéder à la victoire.

Le jeu est indiqué à partir de 7 ans, mais attention, la prise en main reste un peu difficile. On est sur un jeu asymétrique, donc deux mécaniques de jeu différentes à expliquer à l’enfant, mais également énormément de pouvoirs de jetons bonus. C’est bien d’avoir des effets différents pour la rejouabilité et la surprise, mais cela noie un peu l’enfant dans la somme d’icônes et d’effets à retenir. De ce fait, je trouve que c’est un jeu clairement calibré enfant/parent, et non pas enfant/enfant.

De plus, le mode « arkade », qui permet de jouer en rapidité+simultané est clairement un mode très intéressant, mais presque impossible à jouer avec un enfant, tant il stressant, requiert de la motricité fine, et demande de maintenir un rythme soutenu pendant plusieurs minutes.

Au final mon enfant a aimé l’expérience sans non plus être complètement convaincu. Difficulté un peu élevée, rôle du joueur attaquant assez démoralisant. Pourtant il s’agit d’une belle édition, et la mécanique proposée colle très bien au thème du jeu.

Un jeu de Joan DufourLucas Dufour
Illustré par Mario Koichi Gushiken
Edité par Auzou
À partir de 7 ans

Ludochrono

 

Cache Cache Loustic

Cache Cache Loustic est un jeu qui boxe dans une catégorie souvent délaissée, les jeux pour enfants très très jeunes, c’est à dire 2-3 ans. Il faut dire que ce n’est pas facile de proposer quelque chose à cet âge, encore moins quelque chose de neuf, même si Morris le dodo et sa récente nomination à l’As d’Or a montré que ce n’était pas impossible. L’éditeur Loki s’était déjà aventuré sur ce terrain là, mais les jeux proposés tenaient plus de l’« activité » que du jeu.

Cache Cache Loustic est donc un jeu de … cache cache. On installe tout d’abord le plateau de jeu qui est en réalité la boite, dans laquelle on va mettre des éléments de « décor » : arbre, buisson, toboggan. Chaque joueur aura deux personnages. À chaque manche, un joueur incarnera le loup : il lance les dés et place les deux « masques » de loup sur les emplacements correspondants. Les autres joueurs vont alors placer leurs personnages sur le plateau, en essayant de les mettre à des endroits les soustrayant à la vue du loup. Quand c’est fait, le loup essaye de les voir à travers les trous dans les masques. Il gagne des points s’il les voit, et les autres joueurs en gagnent s’ils restent invisibles ! 

Les jeux de cache-cache ont la cote en ce moment : on pourra citer pas vu pas pris, 1-2-3 faufile toi et File Filou. Pourtant, c’est Cache Cache Loustic qui se rapproche le plus du « vrai » jeu de cache puisqu’on essaye vraiment de se cacher. Nous avons ici un matériel très sympa, bien pensé car les cachettes ont des trous par lesquels on pourra voir les personnages se cachant derrière. Il y a trop de jetons bonbons (qui servent à compter les points) pour que le jeu soit facile à ranger, mais sinon rien à redire niveau édition. Le jeu touche parfaitement sa cible, les enfants ont envie d’y jouer et rejouer, même si, quand on a trouvé l’astuce de ce mettre juste sous le nez du loup, on a très envie de l’utiliser à chaque fois. La surprise, c’est que, comme je l’avais dit sur les débriefs de Cannes, on s’est déjà amusés entre adultes (sans faire 20 parties non plus hein), mais Tutur, largement plus âgé que la cible, a quand même envie de jouer avec sa sœur dès qu’il peut.

Un jeu original, qui cible parfaitement son public et qui plaira aux plus grands. C’est une chouette réussite.

Un jeu de Bertrand Roux
Illustré par Alena Tkach
Edité par Loki
À partir de 3 ans

Ludochrono

Les musiciens de Brême

Les musiciens de Brême est un jeu qui s’inspire d’un conte, pour moi inconnu, dans lequel des animaux se montent les uns sur les autres pour paraître plus grands et effrayer des brigands. Ici, on va avoir une ronde d’animaux de différentes tailles, et à chaque tour on en choisi un parmi les quatre suivants dans la ronde. Le but est de faire une pile avec ces animaux, et que cette pile soit plus haute que celle formée par les deux brigands au centre de la table. Parmi ceux qui y parviennent, c’est celui qui a la plus petite (pour changer) qui gagne. Il faut donc essayer d’être juste plus grand, mais pas trop ! Pour plus de détails, le Ludochrono.

On retrouve ici un principe de jeu qui se base sur l’estimation de taille, comme on l’avait vu dans Animètre. Ce dernier avait été apprécié par notre chroniqueur, mais je dois admettre qu’il m’avait assez peu convaincu car assez difficile pour les enfants. Ici, même si l’objectif est le même, il est un peu plus simple car il demande un peu moins de précision : on s’arrête quand on veut et qu’on pense avoir la bonne taille, et on regarde à la fin qui a été le plus proche. Plus simple mais aussi, ainsi présenté, un peu plus ennuyeux.

Sauf qu’il y a un élément dont je ne vous ai pas parlé : les pouvoirs des animaux ! En effet, ceux-ci sont presque tous dotés d’un effet qui va changer pas mal de choses. Si certains sont « sages » comme l’oie qui nous permet de prendre celui qui nous intéresse à notre prochain tour et pas un parmi les quatre suivants, d’autres sont beaucoup plus chaotiques. Citons par exemple les lapins qui vont nous permettre de récupérer tous les autres lapins chez les autres joueurs, ou la poule qui force à passer l’animal au bas de notre pile à notre voisin. Combinez-le avec les chats et chiens qui se font mutuellement fuir, et vous voyez qu’on se retrouve vite avec un joyeux bazar. D’un côté c’est un plus car cela rajoute du fun sur un jeu qui serait un peu plan plan sinon. De l’autre il y a malheureusement pour moi trop de pouvoirs différents, et il est difficile de tous se les rappeler, surtout pour les enfants. D’autant que certains animaux sont parfois en un seul exemplaire. En tout cas, c’est ce qu’il s’est passé chez nous, alors que Tutur a l’habitude, et qu’il est un peu âgé que la cible.

Le jeu n’a donc pas convaincu ici aussi : la proposition de base étant assez vite lassante et la multiplication des pouvoirs rendant le jeu un peu trop difficile d’accès.

Un jeu de Michał Gołąb Gołębiowski
Illustré par Maciej Szymanowicz
Edité par Granna
À partir de 5 ans

Ludochrono

 

Fish‘n Shark 

 

Papa requin rôde dans le coin. Papa requin a faim. Papa requin veut manger. Et il mange quoi, Papa requin ? Des cubes en bois, bien évidemment !

 Dans Cube n’ Shar… euh… Fish’n shark , vous endossez le rôle des petits de Papa requin, dans l’objectif de vous gaver de poissons, représentés par des cubes en bois. Beaucoup de cubes en bois de différentes couleurs.

Chaque joueur a son plateau personnel de 3×3 cases (plateaux asymétriques entre les joueurs, c’est Sim’Meeple qui me l’a fait remarquer). Nous allons remplir les cases de notre plateau avec les cubes poissons de couleur. Pour cela, à son tour, nous allons piocher 4 cubes au hasard dans un sac (qui s’effiloche rapidement, dommage…), et les placer sur son plateau, dans la ligne ou colonne où est situé son pion requin.

Il y aura généralement une contrainte amenant à se délaisser de certains des cubes piochés dans le ventre de Papa requin (qui adore les cubes en bois, rappelons-le). Si une ligne de poissons (et pas une ligne de cases, nuance difficile à comprendre pour Sim’Meeple) est complète, on pourra tirer un dé spécial pour récupérer (voler, comme indiqué dans la règle) des cubes du ventre de Papa requin et les placer sans contrainte.

Au terme de 7 tours de jeu où notre pion requin aura parcouru toutes les lignes et colonnes, on comptera les points à raison de 1 point par case complètement complétée, et 2 points par ligne de cases (et pas ligne de poissons) entièrement complétée.

Il est difficile de catégoriser Fish’n shark . De par son design très enfantin, représentatif des jeux Djeco, on a tendance à penser que nous avons affaire à un jeu pour les tout petits meeples. Or il n’en est rien. Il s’adresse à des meeples qui ont déjà la tête à la réflexion un peu poussée. Avec un design plus mature, il pourrait jouer dans la cour supérieure. Donné pour 7 ans et plus, c’est le bon âge pour commencer à y jouer, et Sim’Meeple a très vite compris son mécanisme. Seule la nuance de 2 lignes de poissons sur une même case l’a perturbé sur le comptage des points, il aurait bien compté 2 points par ligne de poissons.

Le jeu s’avère assez tactique, avec une forte consonance “jeu abstrait”, malgré le hasard assez fort, que cela soit par le tirage des cubes ou le lancer de dé. Heureusement, la grosse tuile “Papa Requin” permet de remettre un peu de fun : “Et alllleezzzz, encore des cubes pour Papa requin”. 

Les cubes, justement, qui devraient représenter les poissons, et … c’est assez froid. J’aurais préféré des vrais jetons de poissons. Même remarque pour notre meeple requin représenté par un pion très impersonnel. C’est dommage, car cela enlève un peu d’âme à ce jeu.

Fish’n shark est donc un titre que j’ai du mal à positionner, mixant une accessibilité annoncée pour tout petit meeple de part ses illustrations, un axe de réflexion pour petit meeple déjà avec un peu d’expérience ludique, mais avec un peu trop de hasard pour en faire un vrai jeu tactique. N’en demeure qu’on passe un bon moment à chasser du poisson, même si Papa requin en chipe un peu.

Un jeu de Flavien Dauphin
Illustré par Christian Montenegro
Edité par Djeco
À partir de 6 ans

 

 

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