La Isla, Le familial vu par Feld

premiereDécidément, je vais finir par croire que Feld est le diminutif de Fédération-Enorme-LuDique ! Voilà qu’il nous sort maintenant un deuxième jeu en même temps qu’Aquasphere cette année ! 

Faut quand même se rendre compte du travail que ça donne. Bon, d’accord, ce n’est pas la même éditeur ! Et il doit être bien aidé, mais quand même ! 
 
Alors monsieur Feld, y a quoi dans ton île ? Le crabe aux pinces d’or ? La loutre de Tazmanie orientale ? Le dodo doudou didon ? Qu’est-ce qu’on y fait ? On les attrape ?
 
Et bien oui, c’est exactement ça ! 
 
Alors autant le dire de suite, si Aquasphere est pour joueur aguerri, La Isla ira très bien pour la famille. Tout en n’étant pas dénué d’intérêt pour les joueurs amateurs de cubes et de mécanique bien huilée !
 
A dire vrai, j’avais entendu de mauvais échos sur La Isla (trop familial, trop de hasard) et c’est le 17ème et dernier jeu que j’ai choppé à Essen cette année, à la dernière minute. Parce que comme je disais, je suis un Feldien. Et j’ai décidé de lui faire confiance.
 
Bien m’en a pris ! Il a parfaitement sa place dans ma ludothèque !
 
Donc, ce just played est réalisé après 2 parties, une à 2 joueurs avec ma mie et une autre à 3 avec ma mie et son amie (Annick). 
 
Aucun animal en voie d’extinction n’a été blessé durant cette partie ! 
 
 
Chapitre Zero : intro
 
 
la_islaLa Isla est un jeu de Stefen Feld, distribué par Alea, la filiale plutôt typée « gros jeux » de chez Ravensburger et un éditeur plutôt bien habitué à Feld (Bora bora, Château de Bourgogne, L’année du drragon, etc…). Il a été illustré par Alexander Jung, qui avait notamment travaillé sur Bora bora ou Strasbourg. 
 
Il s’agit d’un jeu pour 2 à 4 joueurs à partir de 10 ans et pour une durée d’environ 1H. Je dois dire que pour une fois, cette durée est respectée et l’âge me semble correct.
 
On est sur un vrai jeu familial. Oui oui, vous avez bien vu, il n’y a pas de « + » derrière. Même si je dois avouer que le jeu demande de la réflexion. Et si vous jouez avec vos core players, ils arriveront bien à vous le triturer dans tous les sens ^^
 
Toutefois, je peux comprendre les mauvais échos que j’ai entendu. Parce que ce jeu n’est pas un Feld au sens où on l’entend quand on parle de Feld. Ce n’est pas une usine à PV, il y a du hasard non contrôlable, il n’y a pas de contrainte sur le jeu, pas de pression, etc…
 
C’est du familial. Et si vous l’attaquez avec une autre idée en tête alors oui, vous serez déçus. Ne vous attendez pas à un Bora bora, ni même à un Notre-Dame qui est plus tendu encore que La Isla. 
 
Mais La isla a néanmoins beaucoup d’atouts pour lui. Ça reste du Feld et il donne une parfaite introduction à la mécanique des combos, à la gestion de ressources, à la programmation et au placement. Oui, rien que ça. Et se faisant, je le trouve très bien (voire idéal) pour en faire un jeu « Gateway ». 
 
 
Chapitre un : le matos
 
 
Il s’agit d’une boite de taille moyenne qui coûte une vingtaine d’euros. C’est pas énorme et pourtant je trouve qu’il y a beaucoup de matériel dans la boite :
 
open_the_box
 
  • 11 morceaux d’île qui forme un plateau central modulable
  • 180 cartes
  • 32 explorateurs (8 par couleur de joueur)
  • 4 étuis
  • 5 grandes tuiles « Animal » (1 par type d’animal)
  • 40 petites tuiles « Animal » (8 par type d’animal)
  • 60 ressources (12 de chaque type de 5 couleurs)
  • 1 carte « 1er joueur »
  • 5 marqueurs violets
  • 2 fiches « Résumé »
  • 1 règle du jeu
 
Je trouve honnêtement que pour le prix, vous en avez pour votre argent. Quand je vois certaines boites à plus de 30 euros avec dedans quelques tuiles et quelques cartes qui se battent en duel…No comment.
 setup
 
Le matériel est de bonne qualité dans l’ensemble, même si les explorateurs sont en plastique mou un peu fragile. Mais rien de bien méchant. Je regrette également le choix des étuis qui a été fait pour être plus « familial » je pense mais qui risquent de s’abîmer à long terme.
 
M’enfin soyons clair, l’édition est réussie, je n’ai jamais été gêné par la qualité du matériel en jouant. De plus, je trouve le jeu coloré et agréable à manipuler. Un bon point pour Alea. 
 
 
Chapitre Deux : ze Rules
 
plateau de reference et scoreDans La Isla, le but va être de placer vos explorateurs sur le plateau de telle façon qu’ils vont entourer des petits jetons animaux. Quand vous y arrivez, vous récupérez le jeton et vous marquer quelques points. A noter qu’on démarre tous avec un gros jeton compte double d’une des espèces d’animaux.
 
Il y a également un plateau de référence pour les animaux qui donne en quelque sorte la « côte » de l’animal. Plus cette côte est haute, plus le jeton de l’animal correspondant amènera de PV en fin de partie (l’addition des 5 côtes définis également la fin de partie).
 
Par exemple, j’ai 5 jetons marmotte, la marmotte vaut 3 PV. En fin de partie, je scorerai 15 points sur les marmottes. 
 
Il y a 5 animaux différents : la marmotte blanche indienne orientale, le dodo de l’île de paradis perdu, le crapaud buffle poilu, la loutre musqué ouzbek et le moustique tchin-tchin Affreulou (les surnoms présents dans cet article sont de pure invention, mais il s’agit pour sûr d’espèces très rares ! :p).
 
A chaque tour, le jeu se déroule en 3 temps : pioche, programmation, actions.
 
Pioche : chaque joueur pioche 3 cartes.
 
Programmation : on va tous répartir nos cartes sur les 3 emplacements (A, B, D) de notre plateau individuel.
 
Actions : dans l’ordre du tour, chaque joueur va jouer la carte qu’il a placé en A, puis chaque joueur va jouer la carte en B, puis chaque joueur va placer un explorateur sur le plateau (ou pas), puis chaque joueur va jouer la carte en D.
 
carte

le bonus en haut, quand on joue une carte avec un cube gris en phase B on gagne un cube gris en plus.

 
Pour mieux comprendre, il faut que je vous décrive ce qu’on a sur une carte. En effet, celle-ci est divisée en 3 parties :
 
1) En haut de la carte, il y a un bonus.
 
Ce bonus peut être de payer moins cher ses explorateurs, d’augmenter la côte d’un animal sur le plateau de référence, de gagner des PV sous certaines conditions, des ressources, etc… etc…
Sur votre plateau individuel vous avez 3 emplacements pour mettre ces cartes. En phase A, vous DEVEZ placer la carte en A sur un des 3 emplacements. Ce qui vous donnera le bonus qui est en haut de la carte. Sur les 3 premiers tours ça va. Mais à partir du quatrième, vous serez obligé de placer votre carte par-dessus l’une des cartes présentes. Se faisant, vous aurez le nouveau bonus, mais vous n’aurez plus celui de la carte que vous venez de recouvrir ! 
 
C’est principalement sur cette partie que se concentrent les reproches que j’ai pu voir sur le jeu. Parce que c’est là que se font et se défont certaines combo ! Et en fonction des 3 cartes que vous tirez, certaines seront intéressantes et d’autres non. De fait, le tirage des cartes a une influence certaine sur la partie. 
 
Et c’est là que je vous rappelle que c’est un jeu « familial ». Vous ne pourrez pas tout maîtriser. Et la chance jouera un rôle  sur le cours de la partie. Moi ça ne m’a pas dérangé parce que je prends le jeu pour ce qu’il est. Mais pour les habitués de Feld, le manque de contrôle sur la part aléatoire du jeu est une nouveauté qui peut être tout à fait dérangeante, alors pensez-y avant de l’acheter ! 
 
2) En bas à gauche, il y a un cube de couleur.
 
 Lors de la phase B, vous récupérerez dans votre stock un cubes correspondants à celui qui est en bas à gauche de la carte que vous avez placé en B.
 
3) En bas à droite, il y a un animal.
 
 En phase D, vous augmenterez de 1 la côte de l’animal qui est sur la carte que vous avez placé en D.
 
placemeny

une fois qu’un jeton est entouré par vos explorateurs, vous le récupérez. A noter qu’on peut en récupérer plusieurs d’un coup !

Enfin, entre la phase B et la phase D, il y a la… phase C ! Oui c’est bien vous suivez ! :p Donc, en phase C, il faut dépenser 2 ressources d’une couleur et on place un explorateur sur n’importe quelle case de la couleur correspondant à la ressource dépensée. Si on ne peut/veut pas, alors on ne place pas d’explorateur et on reçoit une ressource de son choix. 

 
Donc, comme je disais, on retrouve de la programmation, du combotage, de la gestion de ressources et du placement. 
 
Tout ceci est light et complet. 
 
Les tours sont fluides et s’enchaînent de manière tout à fait agréable. Je prends beaucoup de plaisir avec cette petite mécanique simple, complète et qui permet néanmoins de bien se creuser la tête si on en a envie. C’est à mon sens ce qui en fait un jeu parfait pour amener vos amis ou vos enfants à des jeux un peu plus complexes. Ce jeu est une très bonne passerelle. Peut-être le meilleur Gateway de ma ludothèque à l’heure où j’écris ces lignes.
 
Autre petite chose intéressante, le placement dans ce jeu est capital. Je me suis surpris une ou deux fois à éprouver les mêmes sensations que sur certains jeux abstrait. A deux joueurs, il tourne très bien de ce point de vue ! 
 
 
Chapitre Three : la partie 
 
partie_3Fort de notre petite partie à 2, mzelle Fran et moi étions plutôt confiants à l’idée de cette partie à 3 joueurs. Je démarre une fois de plus avec les moustiques, à croire qu’ils me collent à la peau ! Annick a le crapaud-buffle et Fran la marmotte. 
 
Le jeu démarre plutôt bien pour votre serviteur, j’arrive en effet à combotter assez bien sur certaines parties du jeu. Je me place à un endroit avec quelques moustiques autour de moi, mais Fran décide que mon coin il est pas mal et elle vient marcher un peu sur mes plates-bandes. Quant à Annick, elle vit tranquillou de l’autre côté du plateau à côté de quelques crapauds à la bulbe sympathique.
 
Côté carte, Fran mise sur des bonus de ressources et d’explorateurs en plus tandis qu’Annick arrive à choper un quatrième emplacement pour ses cartes qui est fort intéressant parce que lui permettant d’élargir son panel de combo possible. 
 
En milieu de partie je me sens toujours bien, j’ai dû changer mes combos pour attaquer le plateau de référence avec du moustique parce que je n’arrivai pas à le faire décoller. Mais c’est Annick qui prend clairement un avantage en trustant quasiment tous les crapauds du jeu ! Aïe ! On ne l’a pas vu venir ! Et cette diablesse enchaîne assez bien en faisant grimper la côte du crapaud plus haut que le cran d’Escalles ! (oui oui vous connaissez pas,  c’est d’m’in coin !). Fran choisit de se diversifier sur les animaux pour scorer un peu partout. Elle a du mal à mettre en place une nouvelle combo de cartes intéressantes. 
 
La fin de partie sera marquée par la dominance de notre amie sur les crapauds et une combo très efficace qu’elle arrive à activer plusieurs fois. J’arrive à remonter un peu en faisant scorer mes moustiques, mais ça ne suffira pas et Fran et moi nous retrouvons bien loin derrière Annick sur le décompte final ! 
 
partie_2

on voit le joueur du bas qui a récupéré pleiiiins de crapauds !

 
Quand tu arrives à faire main basse sur une espèce et que tu montes la côte, ça rapporte ! La prochaine fois on se laissera pas  faire et on se placera un peu mieux pour faire fonctionner la loi anti-trust sur les crapoïdes ! Didiou ! 
 
Deux fois que je joue à ce jeu, deux fois que je perds avec le sourire. Je suis impatient d’y faire jouer les mômes 🙂
 
 
Chapitre Quatre : ze conclusion 
sur_le_plateau
Parmi tous ces jeux qui flirtent avec plus ou moins de goûts sur le format des 60 minutes, La Isla en ressort la tête haute. Pourtant il est méconnu ou décrié par rapport à la ligne de son auteur. A mon sens, le jeu a beaucoup de qualités et mérite d’être évalué pour ce qu’il est. Un bon jeu familial et un formidable gateway. 
 
Il n’est pour autant par exempt de défauts et le plus flagrant étant la part importante de hasard et le manque de contrôle sur celui-ci. D’ailleurs, je me demande bien l’accueil qu’aurait reçu le jeu s’il avait été d’un autre auteur et sorti chez Gigamic par exemple (qui mis-à-part un jeu par an, a plutôt une ligne éditorial basée sur le petit jeu rapide et familial). 
 
Donc, en conclusion, ne prenez pas La Isla pour un gros jeu (familial +, ou expert), vous seriez fort déçu. Prenez le pour un bon jeu familial à l’instar d’un Medieval academy ou encore d’un Jamaïca par exemple. 
 
Allez, une petite citation de circonstance pour finir, 5 PV pour celui qui trouve d’où elle vient :
 
‘Des serpents, fallait que ce soit des serpents !’
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8 Commentaires

  1. Wraith75 29/11/2014
    Répondre

    Indiana Jones !

  2. Shanouillette 29/11/2014
    Répondre

    Le dodo de la bannière a l’air tellement triste… Viennent-ils de perdre leur dernière femelle ?

    • eolean 01/12/2014
      Répondre

      C’est vrai qu’il est triste ! Ca doit être parce qu’il a perdu 🙂

  3. TheGoodTheBadAndTheMeeple 01/12/2014
    Répondre

    Trop de matos pour un familial

    Trop de règles pour un familial

    Trop de scoring pour un familial

    Trop d’ennui pour un familial

    Un hasard qui bloque la partie d’un joueur, pas fun.

    voilà mon avis 🙂

    • eolean 01/12/2014
      Répondre

      Comme y disaient dans Arnold et Willy, faut de tout pour faire un monde tu sais 🙂

      Chez moi il est très bien passé avec mes mômes ^_^

      • TheGoodTheBadAndTheMeeple 03/12/2014
        Répondre

        Complétement, mais pour moi, ça n’est pas passé du tout.

        Je doute quand même du public cible perso. Joueurs et leur petite famille ? J’espère qu’il le trouvera, mais je m’interroge.

  4. Wraith75 13/12/2014
    Répondre

    Malgré que ce soit un Feld, il n’était pas dans ma liste d’achats obligatoires à Essen, mais j’avais craqué le dimanche sur place car, même sans l’avoir essayé, un Feld à 20€ (les derniers 20€ de mon portefeuille), ça ne se refuse pas 😉

    J’ai joué deux fois depuis et je ne regrette pas du tout mon achat ! On sent bien la patte de Monsieur Feld. Oui il y a beaucoup de hasard, mais c’est pas si grave dans un jeu court (45′ par partie) et il y a de belles possibilités de combos. Et on s’amuse bien, c’est le principal.

    Un bon « petit Feld »

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