Great Western Trail : Pfister mène grand train
Alors que nous vous parlions déjà de lui à travers cette interview il y a quelques mois, l’auteur Alexander Pfister a depuis continué à accumuler une pluie de récompenses ludiques : second Kennerspiel, IGA, Deutscher SpielePreis, Spiel Portugais, et même Vin d’Jeu d’l’année 2016 sont ainsi tombés ces dernières semaines dans son escarcelle.
La sortie de sa prochaine production, Great Western Trail, annoncée pour l’imminent Essen 2016, bénéficie de cet élan et donc d’une certaine exposition. On pourrait même s’autoriser à penser qu’elle serait plutôt attendue au tournant. Dépoussiérez les Stetsons, affutez les éperons et préparez les lassos : rendez-vous à la grande époque des cowboys, quelque part entre le Texas et le Kansas du 19e siècle.
Rassemblons le troupeau
Années 1860. Alors que l’immigration croissante et l’urbanisation des États-Unis conduisent au développement du marché de la viande bovine, les grands abattoirs de l’Est (Cincinnati, Chicago) ont besoin de matières premières. Le Texas peut répondre à cette demande, mais l’acheminement des bêtes reste problématique.
Tel est le contexte historique sur lequel se greffe le jeu : en tant que propriétaires de ranchs, les joueurs entreprennent de mener périodiquement leurs troupeaux jusqu’à Kansas City, d’où le bétail est ensuite acheminé par voie ferroviaire.
Les bovins sont représentés par des cartes : chaque espèce (nommée s’il vous plait) est associée à une couleur et une valeur d’élevage précise, allant de 1 à 5.
Le bétail de base, présent en 3 à 5 exemplaires dans le deck de départ
Le haut de gamme, à acquérir au marché
D’un point de vue mécanique maintenant, il s’agit d’un jeu de déplacement – et non de placement – où chacun dispose d’un unique ouvrier, j’ai nommé le pion bouvier (dénomination clairement sous-utilisée dans les jeux de société). Intervient par ailleurs une composante de deckbuilding, rapport aux cartes susmentionnées.
Le tour de jeu se décompose ainsi en 3 phases :
A) Avancer son bouvier vers un nouveau lieu le long de la route | B) Effectuer une(des) action(s) en fonction du lieu d’arrivée | C) Piocher jusqu’à atteindre sa limite de cartes en main |
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C) Piocher
Cette phase est purement mécanique : si d’aventure on a moins de cartes en main que la limite autorisée, on complète autant que nécessaire depuis sa pioche personnelle. Le cas se produit soit lorsque les actions réalisées en B ont amené à défausser ou jouer une ou plusieurs cartes, soit suite à une arrivée à Kansas City, qui conduit à vider entièrement sa main (voir Quand on arrive en ville).
Lorsque la pioche personnelle est épuisée, on re-mélange sa défausse, conformément au béaba du deckbuilding.
La limite de main est de 4 cartes, qui peut être augmenté à 5 puis 6 lorsqu’on a la possibilité de retirer un disque de son plateau, et moyennant un cout additionnel de 5 Dollars. Particularité qui semble d’ailleurs révélatrice de la puissance potentielle de cet avantage.
Quand on arrive en ville
Nous y voilà. Kansas City. Cinq fois qu’on en parle sans expliquer ce qu’il s’y passe de si bien. Alors ?
Une première sous-phase de manutention impose au joueur qui vient d’arriver en ville de mettre en jeu 3 nouvelles petites tuiles, choisies à chaque fois parmi deux possibles. Il peut s’agir soit de tuiles Danger / Tipi qui viennent rallonger le parcours sur un des embranchements leur correspondant, soit de tuiles Employés qui alimenteront le marché du travail.
C’est tout sauf anecdotique, car le marché du travail est ce qui rythme la partie : lorsque son dernier emplacement est provisionné, le dernier tour commence.
Ceci étant réglé, il est temps de faire enfin fructifier le bétail que vous avez pris la peine de mener jusque-là, c’est à dire vos cartes en main. On révèle sa main et on additionne les valeurs d’élevage de tous les types de bétail représentés au moins une fois. Autrement dit, les doublons ne comptent qu’une fois.
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Une fois l’expédition conclue, les cartes sont toutes défaussées, et le bouvier est retourné à son point de départ pour une nouvelle tournée.
Faut-il monter à bord ?
Ce n’est pas la première Preview que j’écris, et il me faut bien avouer que ce Great Western Trail n’a pas été un cadeau. Difficile de donner un aperçu explicite de la bête sans entrer dans tous les détails dont la règle fourmille. Sachez que certaines des multiples imbrications de mécanismes n’ont été volontairement que survolées, et que des subtilités supplémentaires viendront s’ajouter à cet aperçu avancé.
Le fait que cette présentation déjà conséquente se veuille une synthèse devrait donc mettre la puce à l’oreille : non, Great Western Trail n’est ni un jeu familial, ni un jeu épuré. Le plateau bien chargé n’est pas trompeur de ce point de vue.
La durée officiellement annoncée, autour de 2h, le destine de toutes manières aux pratiquants un minimum expérimentés. L’auteur n’en est plus à son coup d’essai, puisqu’avec Mombasa, il a déjà prouvé que son talent ne s’arrêtait pas à la frontière des jeux légers. Une similarité est d’ailleurs la présence d’une couche deckbuilding venant se fondre dans un jeu d’optimisation, sans en être pour autant le mécanisme exclusif ou même principal.
L’interaction s’annonce plutôt présente, en tous cas à l’échelle des jeux de gestion. L’ensemble des éléments à acquérir est soumis à la concurrence, sans parler de la course pour les tuiles Chef de gare et du système de péage induisant des dilemmes de parcours. Le placement a priori innocent d’une simple tuile Bâtiment ou Danger supplémentaire au bon/mauvais endroit semble être à même remettre en cause bien des plans adverses.
Malgré la tentative effectuée pour vaguement s’inscrire dans un cadre historico-géographique, malgré les efforts de mise en ambiance au travers d’illustrations de qualité, le thème parait relativement interchangeable. Comprenez que la symbiose thème-mécanismes est toute relative. Plutôt habituel pour le genre.
A noter également que l’ensemble a une bonne tête de salade de points, avec pas moins de 11 rubriques à additionner lors du décompte final. Bâtiments construits, cartes Bétail achetées, Objectifs remplis (ou pas), tuiles Chef de Gare, livraisons effectuées, tuiles Danger écartées, employés collectionnés, améliorations… tout fait des points ou presque.
Finalement, les amateurs d’eurogames bien denses se seront très certainement reconnus à la lecture de ces principales caractéristiques attendues. Eux seuls semblent avoir tous les feux au vert pour noter Great Western Trail en police 40 sur leurs tablettes, si ce n’était pas encore fait. D’ailleurs, le jeu est dans le viseur de Mr Eolean, et ce n’est pas pour rien.
Great Western Trail Un jeu de Alexander Pfister Illustré par Andreas Resch Edité par eggertspiele, Pegasus Spiele et Stronghold Games en Anglais/Allemand Pays d’origine : Autriche De 2 à 4 joueurs A partir de 12 ans 75 à 150 min Sortie VO : Essen 2016 |
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atom 06/10/2016
Chouette préview comme d’hab Mr Grovast. Il est évident qu’il est tentant, malgré ce coté très chargé. Je crois a une sortie française et je vais poncer un peu Mombasa d’ici la. (choisir c’est renoncer c’est mon mantra ^^).
SwatSh 06/10/2016
Sympa l’article 😉
Bon, je change ma police de caractères à 50 🙂
Grovast 06/10/2016
La mise en page a un petit souci, mais une demande de rectif est en cours 😉
eolean 06/10/2016
Merci pour la preview, on y voit un peu plus clair ! On est bien sur de l’expert, pas de doute là-dessus ! Je préssens que le thème + le format + l’auteur à succès = Gros carton à essen !
Il a l’air bien touffu. J’espère que les moult aller-retour à kansas city ne donneront pas une sensation de répétition, mais je ne crois pas. La piste de la loco est là pour le côté développement sur la partie et permettra d’éviter cet écueil je pense. En tout cas, celui-ci, je n’y couperai pas :p
Grovast 06/10/2016
Je suis assez confiant sur le côté non-répétitif et montée en puissance. Il y a des allers-retour, sauf que le contenu de la route s’étoffe au fur et à mesure, ce qui fait que les dilemmes peuvent changer à chaque trajet. Même si grosso-modo, tu vas privilégier les embranchements où tu as mis tes bâtiments, c’est quand même le but…
A voir s’il est intéressant de blinder un même embranchement (à mon avis non, les autres vont juste l’éviter) ou plutôt de s’incruster un peu partout pour toper si possible du péage.
Je n’ai pas osé l’écrire dans l’article tellement ça aurait fait mauvais genre, mais il y a quand même une inspiration Monopoly. A des années lumières plus profond et maitrisable, mais dans l’idée, il y a un peu de ça sur cette histoire de parcours.
Teuf 08/10/2016
Monopoly !? Je te défie de poser la question à Pfister si tu en as l’occasion 😉
Pierre Lefebvre 24/10/2016
Inspiré du monopoly??!? J’espère que c’est un troll. Ou je ne prendrai plus jamais au sérieux un seul post de Grovast.
Grovast 24/10/2016
C’était moitié provoc mais aussi moitié sérieux.
Le jeu n’a évidemment globalement rien à voir. N’empêche que ton pion réalise plusieurs fois dans la partie le même parcours, sur les cases duquel les joueurs ajoutent des bâtiments, modifiant par la même ce qui se produit quand on y passe ou s’y arrête. Notamment, cela fait payer les adversaires. La « comparaison » s’arrête là, mais moi, désolé, ça me rappelle quelque chose.
C’est totalement non vérifié bien entendu 🙂 Et franchement, si c’était vrai, je ne vois pas où serait le problème, au contraire. Prendre une bouse intersidérale et en faire un jeu de gestion aussi réussi, c’est la classe.
morlockbob 06/10/2016
Après lecture, j ai envie de dire » oh la vache ! «
Grovast 06/10/2016
C’était un de mes titres possibles, mais recalé ^^
Sthorm 06/10/2016
Moi, ça me fait un effet bœuf ! 🙂
fredm 06/10/2016
Ca va être sur toutes les tables ! (juste pour continuer)
Grovast 06/10/2016
Oui ça devrait se boire comme du petit lait 🙂
V-Mazuka 06/10/2016
Très chouette preview.
C’est clair, complet, agréable à lire, et ça me donne encore plus envie d’essayer le jeu.
Bravo !
6gale 06/10/2016
Encore une préview intéressante, après l’oracle de Delphes. Merci Grovast… La prochaine fois, je veux Lorenzo Il Magnifico…C’est possible 😉
Dr. Jacoby 06/10/2016
Comme je le disais dans je ne sais plus quel autre sujet, j’attends toujours impatiemment le moment où j’aurais enfin le coup de coeur avec cet auteur, et là sur l’écran ça sent plutôt bon … en tout cas Grovast, pour le coup t’es un as du teasing !
D’ailleurs je pensais gagner une boîte sur le contest BGG avec autant d’indices finalement j’ai eu 1/5 bonne réponse
Cormyr 06/10/2016
Ben moi c’est le contraire. Ta preview très bien faite me dit que je vais probablement passer sur celui là même si je l’essaierai à l’occasion : salade de points et de (trop) nombreuses possibilités d’actions ne sont plus ce que je recherche actuellement. Cela me donne l’impression d’un écran de fumée et je cherche des jeux au thème bien ancré et épuré sur les mécanismes.
Bon je m’en vais lire les règles de Railroad Révolution pour voir si il et du niveau d’un nippon que j’adore et pourtant mal reconnu.
Grovast 07/10/2016
Apparemment il est annoncé un peu plus light que les WYG? habituels, d’ailleurs la durée semble le confirmer (45-90m?). Quelques fans stressés s’en « inquiètent » sur BGG d’ailleurs.
Mais bon, le poids ne veut pas dire grand chose, ça peut être du Medium fade comme du Medium très très bon… Je suis comme toi la règle est dans ma pile de lectures.
Zuton 07/10/2016
Difficile de rester insensible devant la présentation du jeu sans compter l’article et sa mise en page excellente qui donne
le laitl’eau à la bouche ! Je dois aimer les salades ludiques… et les variétés ne manquent pas.Dans le même style je guette le prochain WYG, Railroad Revolution … j’espère que les 2 jeux se démarquent car j’ai tendance à les confondre en croyant voir les 2 mêmes jeux ! Fausse impression ?
Railroad Revolution : ton prochain article type Preview ?
Grovast 07/10/2016
J’aurais encore bien 4 ou 5 Preview qui me titillent : Yokohama, Lorenzo Il Magnifico, Morpheus, A feast for Odin… et pourquoi pas Railroad Revolution oui.
Mais Essen c’est dans 6jours, et il me faut plus que ça pour faire le moindre article 🙁 sans compter le délai de publication incompressible
TheGoodTheBadAndTheMeeple 07/10/2016
Bel article qui confirme. Mais franchement, faudra jouer pour se faire une idée ! En tout cas c’est joli pour une salade de points 😀
Meeple_Cam 07/10/2016
Je suis sur qu’il va être « Rosenberg approved », celui là 🙂
Nik 08/10/2016
Petite question sur le retour à kansas city et le déplacement du bouvier en général : on se déplace par combien de cases ? J’ai lu que c’était évolutif, quelle est donc la latitude de ces déplacements ? Pour Kansas city, on y revient donc en suivant le même parcours, qui est une voie unique d’accès en haut à gauche du plateau ?
Petite question finale : les PV sont de quel ordre en fin de partie ? Quelques dizaines ?
MErci pour l’article comme toujours un travail de chef !
et vivement les autres cités, même après Essen 😀
Grovast 08/10/2016
1) Déplacement : cela dépend du nombre de joueurs, c’est pour ça que je n’ai pas donné de valeurs.
à 2 joueurs : 3 cases de base, upgrade à 4 puis 5 (partie gauche sur cette image)
à 3 joueurs : 3 cases de base, upgrade à 5 puis 6
à 4 joueurs : 4 cases de base, upgrade à 6 puis 7
Ce chiffre est bien un maximum, tu peux ne faire que 1 et t’arrêter sur la case suivante si ça te chante (si c’est un bâtiment à toi par exemple)
2) Kansas City est bien tout en haut à gauche, une fois rendu là bas tu te re-téléportes au point de départ en bas à droite. En avant dernière case, il y a encore deux alternatives différentes possibles, du moins si des bâtiments sont construits (je ne sais pas si je réponds)
3) Pour le score final j’avoue que je ne sais pas vraiment, mais vraisemblablement cela doit approcher la petite centaine. Les plus gros bâtiments font une dizaine de points, le meilleur bœuf fait 7Pv, chaque objectif peut valoir 5, donc ça monte assez vite.
Grovast 08/10/2016
L’image que je donne est à 2joueurs. Donc je reprends :
2J : 3 cases upgrade à 4 puis 5
3J : 3 cases upgrade à 5 puis 6
4J : 4 cases upgrade à 6 puis 7
elniamor 08/10/2016
Aaaarhh je suis tout mou-bourré ! L’aspect salade de points de repousse, mais le design m’attire et je n’ai pas de jeu de ce format dans ma ludo…
Je note que dans la règle anglaise, on considère des joueuSES et ça c’est un bon point.
Je sens bien que je vais craquer, qu’on me retienne !
Teuf 08/10/2016
Perso, la lecture des règles m’a vraiment emballé même si le décompte en 11 points fait plutôt peur.
Je l’ai préco (pas d’Essen pour moi cette année, je me fais livrer :)).
Belle synthèse des règles en tout cas, je vais piocher dedans pour me faire une aide de jeu (la règle est trop descriptive je trouve).
Shanouillette 21/10/2016
Gigamic s’occupe de la VF pour début 2017!
atom 21/10/2016
ça j’aime.
Dhjaz 23/10/2016
Owiii
TheGoodTheBadAndTheMeeple 24/10/2016
good 🙂 mais bon ca reste de regle a traduire. Le jeu me fait de l’oeil.
Pierre Lefebvre 24/10/2016
Me première partie 3 joueurs hier. Et bien c’est de la grosse bombe! Une explication longue car plein de petits mécanismes dans tous les sens, mais une fois la partie lancée les tours de jeu sont super rapides et fluides, et quasiment aucune question de règles grâce à l’iconographie bien fichue. On ne voit pas le temps passer et on sent qu’on a fait qu’effleurer toutes les possibilités de ce jeu très ouvert. Gros coup de coeur.