3 questions aux gagnants des As d’Or (Matt Leacock & Rob Daviau, Fred Vuagnat, Oleksandr Nevskiy & Oleg Sidorenko)

Nous avons posé trois petites questions aux auteurs victorieux des As d’or ! Les américains Matt Leacock & Rob Daviau (pour Pandemic Legacy), le lyonnais Fred Vuagnat (de Maître Renard), et les auteurs ukrainiens de Mysterium à savoir Oleksandr Nevskiy et Oleg Sidorenko, tout ce beau monde a joué le jeu pour une interview express et exclusive à 5 voix. L’As d’or, ça fait quel effet ? Apparemment, ça donne des ailes…

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Vous devez être au courant que votre jeu a gagné un As d’Or en France, que cela représente-t-il pour vous ? 

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Matt Leacock
: « Je suis aux anges ! »

Rob Daviau : « Ému, touché, heureux. Je ne m’attendais pas à faire un jeu qui gagnerait cette récompense. »

 

pic2601683_sqOleg Sidorenko : « C’est un moment très important de notre vie d’auteurs. Nous n’avons pas encore pris la pleine mesure de son importance, d’ailleurs. C’est ce dont on rêve au début, mais quand ça vous arrive, c’est dur à croire. Être dans la sélection était déjà génial. »

Oleksandr Nevskiy : « Je me disais que si on ne gagnait pas, ce ne serait pas un drame pour moi, parce que les compétiteurs sont de qualité. Ils méritent aussi le prix et, plus important, nous avons reçu la reconnaissance des joueurs. Voilà la véritable épreuve. Je me pose encore la question, mais on nous dit encore que les gens jouent à notre jeu, et qu’ils veulent partager leur opinion de cette expérience.

Bien entendu, on voulait vraiment gagner, et on l’espérait un peu. En gros, on a aimé gagner l’As d’Or et ça ne me dérangerait pas de le gagner à nouveau. 😉 »

 

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Fred Vuagnat
: « Un ENORME plaisir, vraiment. Nous n’y croyons tellement pas mon éditeur et moi-même. Rien que la nomination était un cadeau formidable, alors l’As d’or, quelle récompense ! Et remporter le prix pour mon premier jeu édité, c’est tellement improbable, que je n’ai toujours pas encore tout à fait réalisé.

Ce qui me satisfait le plus dans ce prix, ce sont finalement les retours des gens qui m’entourent. Joueurs, auteurs et éditeurs sont tellement heureux pour moi et pour ce jeu qu’ils aiment aussi, qu’ils partagent avec moi ce bonheur de la récompense.

Avoir été nominé à l’As d’Or, à côté d’auteurs et d’éditeurs que j’adore, est très impressionnant pour un jeune auteur comme moi, qui ne suis dans le milieu que depuis 3 ans. »

 

Que représente ce jeu-là à vos yeux, que retiendrez-vous de sa naissance, de son développement ? 

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Rob : « Matt m’a contacté pour faire une version Legacy de Pandémie, qui se baserait sur son Pandémie et mon Risk Legacy. Travailler sur ce projet a été génial, et son succès fait beaucoup de bien pour quelqu’un comme moi, qui commence à travailler comme auteur indépendant. »

Matt : « Rob et moi avons développé le jeu ensemble. De tous les projets sur lesquels j’ai travaillé, c’était un des plus complexes et satisfaisants. J’ai été surpris et content de voir le succès du jeu, et j’aime beaucoup voir les différentes histoires qui émergent quand les gens jouent. »

 

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Oleg : « La création de ce jeu, ainsi que son développement, ont été particuliers. C’est unique, ça ne ressemble à rien. C’était un peu comme jouer à un jeu interactif où l’on crée son univers. Les mécanismes sont venus très vite. Après les premiers tests, on a tout de suite compris le potentiel de cette idée. Mais la création du monde dans lequel on invite les joueurs fut très spéciale. Il ne fallait pas seulement créer un décor, mais reproduire un vieux manoir, son espace, sa temporalité, son destin. Chaque nouvelle illustration était une pièce du puzzle qu’il nous fallait assembler. Quand tout a été prêt, on s’est juste retirés pour laisser les joueurs combler l’histoire, créer son contenu. C’est très intéressant. »

Oleksandr : « Oui, c’est ce que j’aime dans les jeux où la créativité est impliquée. En plus, quand Libellud a décidé de refaire les illustrations, on a vécu une deuxième expérience intéressante. [NDLR : En effet Mysterium est une ré-édition revue et améliorée de Tajemnicze Domostwo sorti chez Portal en 2013]. C’est comme si le monde portait un deuxième manoir Mysterium, mais ailleurs. Et il y a beaucoup de choses nouvelles à tester pour nous aussi.

En fait, le développement n’a pas été facile. J’ai plusieurs fois été tenté d’arrêter. Par exemple, le jeu aurait dû être prêt un an plus tôt ; le premier illustrateur a été forcé d’arrêter son travail sur le jeu. Nous avons mis très longtemps à en retrouver un. Et les mécanismes qu’on a ne se testent pas sans les dessins finaux. D’habitude, on n’a pas cette limite. Il a aussi fallu refaire des illustrations un certain nombre de fois.

Pendant le travail, on a même trouvé un schéma pour concentrer l’identification et l’attention. C’est arrivé dans la phase de test. C’est un peu comme une expérience de psychologie, mais appliquée au jeu de société. Car cette information, on ne la trouvera nulle part ailleurs

Pour être honnête, c’était un projet très important pour nous. Car de son succès dépendait notre avenir d’auteurs. À cause de ça, on a un rapport très particulier avec le jeu.

Maintenant, c’est aussi notre défi en tant qu’auteur : peut-on faire au moins aussi bien à l’avenir ? Si on se fie à nos collègues, le défi est réel, on va donc beaucoup travailler. »

Oleg : « Mysterium, le jeu, met ses créateurs à l’épreuve, et nous ne pouvons pas refuser ce challenge. Nous sommes très reconnaissants envers le projet, car il nous a beaucoup appris. »

 

pic2436692_sqFred : « Maître Renard c’est un pari. Le pari de faire un jeu avec lequel on pourrait jouer à égalité autour de la table, quel que soit son âge, et quel que soit son handicap. L’idée originelle du jeu était de pouvoir jouer avec des personnes malvoyantes, car très peu de jeux le permettaient. Le challenge a été d’en faire un jeu également intéressant entre personne « sans handicap », et entre adultes et enfants. Car je ne fais que des jeux que je prends moi-même plaisir à jouer.

J’ai eu la chance de rapidement trouver un éditeur qui a cru en ce projet, et qui a rendu le jeu éditable (pas évident vu le coût de fabrication qu’il représentait), et qui en a fait un très beau produit, dont je suis très fier.

Depuis sa sortie, j’ai eu le plaisir de jouer avec des grands parents, avec des enfants, mais aussi avec des personnes aveugles, ou encore avec des personnes malentendantes (sacré challenge). De voir leur plaisir à jouer avec un jeu qui n’a pas besoin d’être adapté à leur handicap était pour moi une véritable récompense. Peut-être juste l’impression d’avoir été utile, et d’avoir apporté quelque chose qui manquait. »

 

Sur quoi travaillez-vous pour la suite ?

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Rob : « Pandemic Legacy : Saison 2 ! Cette année, je sors Seafall, un jeu Legacy qui ne se base sur aucune licence préexistante. Je travaille aussi sur un jeu appelé Chronicles, qui laisse les gens réécrire leur version de l’histoire occidentale. Il y a aussi quelques projets qui ne sont pas encore publics… » 

Matt : « J’ai un jeu social qui sort ce mois-ci chez Z-Man games, Knit Wit. Dans Knit Wit, 2 à 8 joueurs vont faire des figures avec du fil de laine, des bobines et des pinces à linge auxquelles on accroche des étiquettes. Les joueurs devront trouver des réponses qui combinent tous les mots qui se recoupent, le tout sous la contrainte du temps. 

Comme l’a dit Rob, je travaille avec lui sur Pandemic Legacy : Saison 2. J’ai moi aussi quelques projets pas encore annoncés ! »

 

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Oleksandr : « On vient de finir un jeu très intéressant (à notre avis) et très facile. On est très content de voir plein de jeux minimalistes paraître. Ces jeux sont souvent profonds et créent des dilemmes intéressants. C’est très courant dans les jeux de cartes classiques. Aujourd’hui, ce minimalisme est à la mode. Nous avons décidé de nous y essayer.

Nous nous sommes donnés un but : créer un jeu avec très peu de composants, mais un jeu relativement profond. Tout devait être très élégant. On ne voulait pas que le jeu ait des jetons, il a fallu gérer. J’espère que nous avons créé un jeu qui répond à ces attentes.

Il y a 9 types de cartes. Au nombre maximum de joueurs, le jeu comporte 82 cartes et c’est tout. Pour jouer, il suffit de mélanger le paquet et de garder la carte « fin du jeu » à portée. Cette carte est aussi le début de la défausse. Le jeu s’appelle Behind the Throne (« Derrière le Trône »). Nous avons déjà trouvé un éditeur en France. Si ce genre de jeu vous plaît, essayez-le !

Oleg : « On vient aussi de finir quelque chose : l’extension de Mysterium. J’espère qu’elle sera bientôt disponible pour tous [NDLR : mai 2016]. Je trouve qu’elle étend bien le monde du jeu.

On travaille sur le monde de Mysterium. On a des idées pour le développer d’une façon très intéressante, mais je vais garder ça secret pour l’instant.

On aimerait aussi finir une extension pour notre jeu Pirates of the 7 Seas, qui est sorti il n’y a pas très longtemps. Cela donnera plus de profondeur au jeu et ajoutera des aventures et des défis pour pimenter la vie des pirates ! J’espère qu’on aura le temps de revenir à certains projets et que les idées nous suivront, et que cette extension paraîtra cette année. »

 

pic2436692_sqFred : « J’ai un premier jeu familial à sortir printemps 2017, chez l’éditeur allemand Kosmos (pas de nom définitif pour le moment, ni de nom du possible distributeur Français). Ce sera mon deuxième jeu édité, toujours orienté familial et accessible.

À côté de ça, j’ai pas mal de projets en cours, près d’une dizaine en fait : Soit des jeux en discussion chez des éditeurs, soit des prototypes en cours de réalisation qui ont encore besoin d’un peu de travail, dont certains en co-auteur avec Christian Martinez (auteur de Fourberies et Inis). Quelques jeux pour enfants, mais également familiaux et même quelques jeux un peu plus pointus. Donc j’espère pouvoir vous annoncer encore plein de belles nouvelles dans les mois et années à venir. »

 

 

Matt Leacock & Rob Daviau : Pandemie Legacy – As d’or Expert
Oleksandr Nevskiy et Oleg Sidorenko : Mysterium – As d’or Famille
Fred Vuagnat : Maître Renard – As d’or Enfant

 

 

 

 

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8 Commentaires

  1. ReiXou 14/03/2016
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    Bonne idée cette interview croisée.

  2. fouilloux 15/03/2016
    Répondre

    Yep, super intéressant. J’aurais aimé en savoir plus sur le fait que les auteurs de mysterium avait leur carrière en jeu, mais un peu de mystère ne fait pas de mal je crois.

    (Et je confirme Fred on est tous content pour toi 😉 )

    • Umberling 15/03/2016
      Répondre

      Le système de Pirates of the 7 seas a été repris dans Rattle, Battle & Grab the loot d’Ignacy Trewiszek, si tu veux te faire une idée.

  3. Sgt Pépère 15/03/2016
    Répondre

    Je tique toujours quand je lis que Mysterium est sorti chez Portal en premier. Il n’est pas sorti chez IGames, l’éditeur ukrainien ?

  4. Sgt Pépère 15/03/2016
    Répondre

    Je n’arrive pas à me faire à la présentation de BGG (aller voir s’il n’y a pas une deuxième page). Du coup, c’est bon, j’ai vu. Et je ne tiquerai pas la prochaine fois. 🙂

    • Sha-Man 15/03/2016
      Répondre

      C’est parce que tu ne travailles pas assez avec Excel dans ton travail de tous les jours 😉

  5. Sgt Pépère 15/03/2016
    Répondre

    ^^ Tout à fait: une page de tableur me sert amplement pour gérer ma classe. 🙂

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