Zenith : un jeu brillant ?

J’ai entendu parler de Zenith pendant le festival des Jeux de Cannes, où il a fait grand bruit.
À sa sortie il apparaît dans le top des ventes, et siège dans la vidéo des Tops du mois de Mars de la rédaction de Ludovox. De quoi attirer mon attention et me donner l’envie de plonger dans ce jeu pour 2 ou 4 joueurs.
Le principe : attirer dans son camp des jetons Planète répartis sur 5 colonnes différentes, 5 tirs à la corde simultanés, en jouant des cartes.
Le coup de génie qui fait la différence : chaque carte a trois façons très différentes, mais toutes aussi utiles, d’être jouées.

 

 

Une équipe au Firmament

Les auteurs de Zenith sont Gregory Grard et Mathieu Roussel, deux auteurs qui ont déjà collaboré sur Château Combo. M Grard est également l’un des papas de Sur les traces de Darwin. Deux jeux éblouissants de simplicité. Aux illustrations nous retrouvons Naïade, l’un des grands noms d’illustrateurs de jeux français au style coloré et pêchu. Le tout est édité par PlayPunk à qui l’on doit déjà Captain Flip (nommé au Spiel des Jahres et As d’or). Autant dire que mes attentes étaient hautes. 

 

Un système à cinq planètes

Dans le futur, cinq planètes de notre système solaire sont devenues habitables. Trois peuples y cohabitent : les Humains, les Robots et les Animods, trois famille de cartes différentes.
Notre objectif : récupérer des jetons planètes par un système de tir à la corde. La façon de les récupérer ? En jouant des cartes.

 

Cinq planètes à séduire.

Chaque carte possède une couleur (qui correspond à une planète), une faction, un coût en crédits et quantité d’effets.

À notre tour nous allons jouer une carte pour réaliser une des trois actions suivantes :

  • La poser sur notre plateau dans la colonne de sa couleur : Paf, le jeton planète bouge vers moi et j’active tous les effets de la carte. Et des effets, il y en a une flopée. Nos agents ne travaillent pas pour rien, il faut payer les crédits indiqués sur la carte. Heureusement, dans le monde de demain, la vie en collectivité est devenue un bienfait grâce à la loi de 2153 qui rend obligatoire 1h de jeu de société tous les jours. Notre agent sera donc heureux de voir du monde sur sa planète, ainsi pour chaque carte déjà présente, le coût sera réduit de 1.
  • En défaussant une carte, je peux monter sur la piste Technologie de son peuple. Chaque niveau me coûte plus cher en Zenithium, l’une des ressources du jeu. J’active le niveau que j’atteins et tous les niveaux précédents. Autant dire qu’en fin de partie, atteindre le rang 5 d’une technologie peut faire basculer la partie. Les pistes sont recto verso pour plus de rejouabilité.

  • Je peux également défausser une carte afin de récupérer le jeton Leader et des petits gains en fonction du peuple de la carte défaussée. Cette action étant gratuite en termes de ressources, je ne suis donc jamais coincé dans le jeu. Besoin de crédits ? Je défausse un humain. Besoin de Zenithium ? Je défausse un robot, une bonne idée qui permet une grande adaptation.

Mathieu vous explique tout cela dans ce Ludochrono.

 

Les pistes Technologies apportent des bonus de plus en plus impactants, et surtout, on redéclenche ceux des niveaux inférieurs.

 

Ce jeton Leader augmente ma capacité de cartes en main (elle passe de 4 à 5, puis 6). De quoi générer un peu plus de pioche au moment de la récupération du jeton. Mais si mon rival décide de s’accaparer le jeton Leader, il me le prend. Ce jeton fait donc des va-et-vient. À ne pas négliger.

Questions que je me pose en début de partie : vais-je jouer plutôt sur les technologies, est-ce que je préfère avoir plein d’agents pour payer moins cher mes cartes ? Chaque tour, le choix de la carte que je vais jouer et ce que je vais en faire demande de l’adaptation, c’est un des aspects du jeu que j’ai le plus apprécié. Je peux gagner par victoire absolue (avoir 3 disques Influence de même couleur) ou démocratique (en avoir 4 strictement différentes), ou encore Victoire populaire (5 disques Influence de n’importe quelle couleur).

 

Un design que j’ai apprécié mais qui n’a pas fait l’unanimité dans mon cercle de joueurs.

 

Houston, nous avons un problème

Palpatine vous le confirmera : tout n’est pas toujours rose dans l’univers des sénats spatiaux. Que d’icônes différents !! Alors certes, elles ne sont pas superflues, car c’est cette variété des effets des cartes qui fait tout le sel du jeu. Heureusement une aide de jeu (recto verso) explicite l’iconographie qui, une fois assimilée, est globalement cohérente. Je dis globalement, car il y a tout de même de subtiles différences qui peuvent induire en erreur. Entre le symbole pour indiquer des jetons planète adjacente, celui pour des jetons dans la zone adverse ou encore un jeton se trouvant sur la ligne centrale, il faudra être attentif à la position et la taille des traits pour ne pas se louper. D’ailleurs 2 icônes manquent à l’appel dans les règles (mais nous avons pu déduire facilement leurs effets).

 

Aide de jeu avec beaucoup de pictogrammes différents.

 

La partie met un peu de temps à se mettre en route. Si, dès le début, les choix sont déjà présents (vais-je tout de suite placer un agent, est- ce que je démarre une montée sur une piste technologique…), le début de partie peut ressembler à un « tu me pousses, je te pousse » avec des pions qui peinent à choisir leur camp. La tension va monter avec l’avancée sur les pistes Technologie qui apportent des bonus de plus en plus puissants et les réductions sur les planètes qui permettent de jouer des cartes de plus en plus coûteuses (et donc aux effets de plus en plus dévastateurs). 

Osons un parallèle avec Gizmos. Dans ce dernier vous allez choisir dans une rivière de cartes celle qui vous intéresse, et essayer ainsi de créer des combos percutants. Si toutefois vous décidez de piocher une carte en aveugle, elle peut très bien ne pas être jouable et ne pas rentrer dans votre stratégie. À l’opposé dans Zenith vous piochez toujours en aveugle. Il est donc possible de ne pas avoir le type de cartes recherché (mince je ne peux pas monter sur la piste technologie des droïdes, je n’en ai pas en main), par contre chaque carte sera toujours jouable (au moins pour récupérer le jeton Leader et le bonus qui va avec).

Zenith pousse sur l’opportunisme avec brio dans la multitude des choix qu’il offre, et tel le spationaute sur la Lune, il faut savoir rebondir.
Se spécialiser ouvre la voie a des actions très puissantes, se diversifier nous permettra de gagner des bonus intéressants tel que des montées de jeton Planète.
Attention toutefois, la pioche peut être frustrante quand nous ne réussissons pas à avoir LA couleur ou LA faction désirée dont nous avions besoin. Il faut savoir passer outre et se rabattre sur une autre opportunité.

 

Saturn ou Space X

il faut reconnaître qu’en ce moment, nous sentons que les éditeurs font preuve d’ingéniosité pour proposer des jeux de qualité à des budgets abordables. Zenith fait parti de ces jeux : la qualité des jetons a été particulièrement appréciée par tous les joueurs avec qui j’ai pu m’essayer à ce jeu. Le design a moins fait l’unanimité. Personnellement, j’aime cette sobriété avec beaucoup de blanc qui apporte clarté et lisibilité.

La mise en place est rapide : le plateau en trois parties qui s’emboîtent très facilement. Le tirage au sort des aides de jeux permet de définir qui est premier joueur, car les éléments de démarrage sont rappelés sur chacune d’entre elles (premier joueur sur l’une, une avancée plane sur l’autre). Une excellente idée qui facilite la mise en place.

 

À quatre on va deux fois plus vite

Zenith propose une version 4 joueurs que je voyais comme une alternative potentielle. Après y avoir goûtée, je trouve qu’au contraire c’est la meilleure configuration. Pourquoi me demanderez-vous ? 

Affronter quelqu’un c’est bien, coopérer c’est mieux, affronter quelqu’un en collaborant, c’est génial ^^.  J’adore ce côté discussion, ce moment où l’on se sent en phase avec notre partenaire pour monter un plan encore plus machiavélique que seul. D’autant que dans Zenith, à leur tour les deux partenaires vont jouer à tour de rôle et dans l’ordre de leur choix. Autant dire qu’une bonne discussion est un grand pas vers la victoire. Dans la version classique on joue sur chaque piste, dans la version en équipe on se partage les planètes : un des joueurs va influer sur les deux planètes de droite, l’autre sur les deux planètes de gauche. Les deux peuvent influer sur la Terre qui est au milieu.

 

En 2 vs 2, un joueur peut jouer sur les 2 planètes de gauche, un autre les 2 de droite, et la Terre, centrale, est jouable pour les 2.

 

Mais, me direz-vous, dans ce cas je suis encore plus dépendant de la pioche ?

Et bien non, car d’une part les cartes qui ne sont pas de ma couleur peuvent toujours être utilisées pour faire avancer les technologies ou récupérer le jeton Leader. D’autre part, l’action de récupérer le jeton leader est renforcée car elle permet de donner jusqu’à deux cartes de ma main à mon partenaire. Oui vous avez bien lu ! Du coup il faut voir qui joue quoi et à quel moment on transmet ses cartes. Alors, là, autant dire que, dès le début la partie devient palpitante. Gommé le démarrage poussif ! Et le hasard de la pioche s’en trouve amoindri. Sachant qu’en plus les pièces et le Zénithium sont communs aux deux joueurs, il va falloir bien discutailler (sans que toutefois cela ne devienne trop long). 

 

Le jeton leader permet de piocher plus de cartes. Un avantage à ne pas négliger.

 

Brillant comme un soleil ?

Zenith c’est entre autre une nomination au Spiel des Jahres 2025 (et au trophée FLIP éditeurs 2025 !). Avec trois actions différentes il offre tout un panel de possibilités. Tendu sans être bloquant, il est simple à prendre en main (bon il y a tout de même une grosse tablette d’icones à avaler) tout en gardant une bonne profondeur. Toutefois, il lui manque ce petit truc en plus que je vais retrouver dans d’autres jeux à deux joueurs, et dans cette configuration, il ne m’a pas complètement convaincu.

Il est en revanche bien taillé pour le jeu en équipe. Bien qu’il soit généralement présenté comme un jeu à deux, ne voyez pas que l’aspect duel de Zénith, essayez le jeu en équipe. Dans cette configuration Zenith gagne en profondeur stratégique, avec cette touche de collaboration, sans rallonger le temps de parties.

 

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2 Commentaires

  1. morlockbob il y a 14 jours
    Répondre

    Tout à fait d’accord sur le 4 joueurs et non deux

  2. Salmanazar il y a 11 jours
    Répondre

    Zenith est incroyable. De la tension à chaque partie !

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