Virus, la pièce de théâtre par Kaedama

Virus.

Un truc qu’on a trop entendu cette année. Et pourtant, pas que. C’est aussi une pièce de théâtre ludico-participative. Un truc d’avant la COVID et qui, pourtant, résonne fort, évidemment. Le tout designé par Théo Rivière et Corentin Lebrat de Kaedama,sur un concept de Yan Duyvendak, fondé sur des modèles d’épidémiologies montés par le Dr. Philippe Cano.

Il s’agit d’une pièce de théâtre dans laquelle les spectateurs sont acteurs et joueurs, endossant le rôle d’un peuple durant une épidémie. Chacun est classé par fonction. Êtes-vous du peuple, de la recherche, de la presse, des organismes de communication gouvernementale ? Votre couleur de dossard indiquera dans quelle équipe vous êtes.

Virus se joue en trois actes, trois étapes clé de la progression d’une épidémie : le début, le juste-après, et la phase terminale. À la fin de chaque acte, en fonction des choix et des performances des joueurs, un embranchement est sélectionné. Deux représentations de Virus ne se ressembleront donc pas. L’épidémie peut prendre une tournure dramatique dès le début, et avoir des répercussions très fortes sur la société.

 

 

Que fera-t-on, au cours des trois étapes ? Sans tout vous gâcher, je peux vous dire que chaque pôle a un gameplay à lui, une tâche à accomplir, se mêlant aux autres. Souvent, il s’agira d’allouer ou de dépenser des ressources, qu’il s’agisse d’argent (des moyens pour la recherche, par exemple) ou de protections (distribuez masques et nourriture au peuple et aux métiers essentiels). Comment vous répartissez ces ressources importera, et, surtout, aura des répercussions sur les avancées de la contamination. Des événements imprévus viennent saupoudrer l’ensemble d’incertitude.

 

virus-la-pièce-JOUEURLa coordination s’avère plus complexe que prévue : les informations sont changeantes, partielles, fausses (merci la presse qui relaie et déforme certains propos, malgré du débunkage de fake news bien senti !), ou simplement trop profuses. Il faut en faire sens rapidement, débattre et prendre des décisions pour provoquer un entraînement positif de toutes les factions.

On essaie de s’en sortir ensemble, mais on se retrouve vite à tenter de rationaliser. La communication gouvernementale relaie mal les communiqués scientifiques à la presse ? Vous la zappez mais lui faites perdre en crédibilité. Vous êtes à sec ? Allez emprunter des sous aux finances pour financer des campagnes de prévention. Vous êtes travailleur essentiel ? Vous faites tourner l’économie du pays… 

Mais la maladie frappe. Les joueurs peuvent eux-mêmes tomber malades et être placés en quarantaine, avec des effets dramatiques sur le cours de la pièce-partie. La fin de la partie explique les conséquences des choix, explique les modèles et les solutions qui semblent les plus éprouvées par la science.

Le résultat est à la fois glaçant, lucide, et nous pousse à interroger ce que l’on pense savoir sur la gestion des épidémies.

 

« Après les événements récents, nous n’aurons plus jamais l’impression d’une dystopie »

 

La pièce a été pensée et créée avant la COVID, mais semble très actuelle – Théo Rivière et Corentin Lebrat nous ont indiqué que les parties de test d’avant le confinement ne ressemblaient pas du tout à celles d’après !

« Bien sûr, nous avons été frappé.e.s par la façon dont la réalité a pris le dessus en plein milieu de la création de ce projet. Depuis le moment où Wuhan a imposé la quarantaine, en décembre 2019, toutes les choses que nous avions apprises en théorie sont devenues réelles.

Après avoir passé par un moment de questionnements profonds, pendant lequel nous pensions que le jeu avait perdu son sens et devait être abandonné, nous avons parcouru à nouveau la matière, encore et encore, pour voir comment elle « fonctionne ».

Lors des trois premiers « crash-tests » publics qui se sont déroulés avant l’arrivée du COVID-19, les joueur.euse.s considéraient la probabilité d’une pandémie mondiale trop faible pour être prise vraiment au sérieux, la dimension ludique prenait le dessus sur la réalité. Après les événements récents, nous n’aurons plus jamais l’impression d’une dystopie. » raconte Yan Duyvendak à l’origine du concept. 

 

Une tournée aura lieu sur toute la fin d’année 2020 et jusqu’à mai 2021… avec des masques de protection transparents et du gel hydro-alcoolique au menu, bien entendu. 

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4 Commentaires

  1. jeremie (dje03) 09/10/2020
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    Très intérréssé par ce principe. J’espère que kaedama vont continuer à le développer et à le proposer d’une manière ou d’une autre pour y avoir accés.

  2. nemo1984 09/10/2020
    Répondre

    merci pour l’info. ca a l’air très interessant.

    pour celles/ceux qui veulent : les dates et lieux de tournée sont là : https://duyvendak.com/works/single/virus

  3. Corentin Lebrat 10/10/2020
    Répondre

    La pièce est portée par la compagnie Duyvendak. Il y a plusieurs dates à Lyon en novembre et la pièce est destiné à continuer à tourner.

  4. nemo1984 15/10/2020
    Répondre

    couvre-feu : 1 – culture : 0.

    Dommage.

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