Illustré par Pascal Quidault
Edité par Space Cowboys
Distribué par Asmodee
Langue et traductions : Allemand
Date de sortie : 2014-00-00
De 2 à 4 joueurs
A partir de 10 ans
Durée moyenne d'une partie : 30 minutes
Thèmes : Commerce, Renaissance
Mécanismes : Blocage, Combinaisons, Gestion de ressources
Types de jeu : Jeu de cartes
Complexité du jeu : Familial
Splendor, le premier né de la famille des Space Cowboys. La première fois que je l’ai vu, c’était sur une petite table à Essen 2013, il était un peu perdu à la périphérie du stand Ystari. Il a fait un beau chemin depuis !
Je vous propose d’aller voir le « just played » écrit sur le sujet où j’y décris la découverte du jeu et des règles (avec quand même un Über logigramme de la muerte !).
Ici nous allons réaliser le test de ce jeu, histoire de voir ce qu’il a dans le ventre de manière objective et subjective (oui oui, les deux sont possibles ! ^_^).
Splendor était attendu au tournant. La réputation des Space Cowboys les précédant, beaucoup de monde voulait voir ce qu'ils avaient dans le ventre ! Au sens figuré bien sûr ! Quoique.... :)
J'ai voulu faire les choses bien alors j'ai testé et trituré la bête dans tous les sens :
- J'y ai joué avec des core gamers (ma table habituel, furieux des gros jeux à l'allemande à la sauce madeira), des party gamers (plutôt orientés big idea, taggle, etc...), des ameritrashers (amateurs de chaos dans le vieux monde, zombicide ou encore W40K), des novices (qui ne connaissaient que le scrabble ! :p).
- je l'ai testé à 2 (5 parties), à 3 (5 parties), à 4 (4 parties) et même une partie ou j'ai joué tout seul pour le découvrir !
- Enfin, j'y ai joué avec des adultes, des enfants, le lundi, le dimanche, par temps de pluie, et ou par grand vent !!! Tout y est passé :)
Rien que ce testing plan est déjà une information. Peu de jeux peuvent être joués par autant de profils différents...(J'aurais pas pu le faire avec un Bora Bora par exemple !).
Mais rentrons dans le vif du sujet...
ACCESSIBILITE DES REGLES 18
3 pages de règles, elles sont simples, claires et bien mises en pages, avec des exemples aux points délicats.
Ayant joué avec plusieurs néophytes, une petite aide de jeu manque néanmoins. 4 petites cartes, ce n'est pas grand chose, mais durant les premières parties, les nouveaux joueurs se posent quelques questions principalement sur les modalités de prises de jetons.
La qualité de la règle est néanmoins excellente.
QUALITE DU MATERIEL 18
La qualité de la boite et du matériel est exemplaire, aussi bien sur la manipulation que sur les matériaux. Mention spéciale pour les jetons qui sont justes parfaits. Imposants, lourds, très agréables à manipuler.
J'ai deux remarques, une toute petite et une plus importante :
- la petite : l'espace pour le rangement des cartes de niveau 1 est un poil de cheveu trop petit selon moi. Avec le temps, les cartes prennent fatalement un peu d'humidité et si elles rentrent toujours dans la boite, elles accrochent un tout petit peu et à la longue elles pourraient peut-être s'abîmer un peu. Absolument pas gênant pour le jeu, ça pourrait déranger les puristes ou les collectionneurs.
- celle plus importante : j'en parlais déjà un peu sur le "just played", mais je regrette vraiment que l'aspect "pratique" des cartes ait pris une telle ascendance sur la qualité des illustrations. J'imagine bien qu'il devait être difficile de faire autrement, mais à aucun moment on ne regarde les illustrations pourtant très jolies. On ne regarde que la couleur du joyau, le nombre de points de prestige, et ce qu'il faut pour acheter la carte. Je trouve ça vraiment dommage car lorsqu'on prend le temps de les regarder, le travail fournit est très bon ! Mais on en profite pas et ça nuit au thème du jeu.
THEME 9
Nous voilà sur le point faible de Splendor. Le thème est inexistant. Nous sommes des riches marchands de la Renaissance, on acquiert des ressources qui permettent de transformer les pierres brutes en bijoux et quand on en a assez on peut parfois recevoir la visite d'un noble, ce qui nous donne un bonus de points de prestige.
Soyons clair, le thème est ici plaqué et on pourrait parler de fourmi rouge ou bleu que ce serait pareil. Il s'agit juste d'un petit pitch qui n'a aucune importance dans l'appréciation du jeu.
Les mécaniques du jeu ne reprennent pas le thème et on se sent bien plus dans la tête d'un comptable que dans celle d'un marchand.
Splendor n'est pas un jeu dans lequel nous allons vivre une aventure, ni nous projeter dans une période de l'histoire ou dans un univers original.
Et c'est là que je regrette les illustrations cachées par les chiffres. On ne sent rien de l'univers de la Renaissance si ce n'est un peu avec les nobles. Et ça ne nuit en aucun cas à la mécanique du jeu, mais la côte d'amour ne décolle pas vraiment non plus...
DUREE DE VIE 13,5
La durée de vie est franchement correcte. Il est à noter que le jeu est particulièrement facile à sortir, je n'ai eu aucun problème quelque soit la configuration. Il se met rapidement en place, s'explique très vite et sans difficulté à tous types de joueurs, et pourtant il conserve une profondeur dans la réflexion impressionnante dans sa catégorie.
Cela dit, les sorties aléatoires des nobles et des joyaux ne renouvellent pas les sensations de jeu et la diversité se fera plus avec les profils des joueurs autour de la table plutôt que par les éléments du jeu.
MECANISMES 15,5
Voilà un véritable point fort de Splendor. La mécanique du jeu est "aux petits oignons" ! A chaque tour, il n'y a qu'un choix à faire, et relativement rapide. Les tours s'enchaînent avec une parfaite fluidité.
L'interaction est uniquement indirecte, mais le fait de pouvoir réserver une carte peut vraiment être intéressant dans une optique de contre.
Ce n'est pas vraiment un jeu avec une grande profondeur stratégique, mais ce n'est pas ce qu'on lui demande. Ceci dit, il ne faut pas oublier de regarder les besoins des nobles et jouer en fonction d'eux ou des cartes de niveau 3 qui peuvent être intéressantes. J'ai rarement vu une partie gagnée sans noble (une seule), mais c'est faisable dans certaines circonstances.
Il est à noter également qu'une partie à 2 ou 3 ne se jouent pas de la même façon qu'à 4. La course aux nobles est plus ou moins corsée et il faut regarder de plus près les cartes de niveau 3 (voire 2).
On peut avoir une idée de sa stratégie, mais les sorties des cartes et les actions des autres joueurs vous obligeront à avoir l'esprit ouvert pour changer d'optique le cas échéant. Voilà pourquoi je dirai qu'on est clairement plus dans un jeu d'opportuniste où la stratégie n'est pas établie à l'avance mais se dessine après plusieurs tours, en milieu, voire en fin de partie.
Efficace, Splendor est incontestablement une réussite. Sur sa mécanique, la simplicité des règles, le matériel, et même la durée de vie.
Mais si sur la qualité du jeu (matériel et mécanique) le contrat est rempli, il n'en est pas vraiment de même sur le plan de l'émotion suscitée par celui-ci.
Je pense que c'est un problème de positionement. Il a presque le format court d'un party game aussi bien dans la mise en place, dans l'explication des règles que dans le temps de jeu, tout en demandant la réflexion d'un jeu plus lourd (beaucoup plus lourd suivant les joueurs).
L'ambiance autour de la table devient donc assez pesante, assez froide, car on réfléchit intensément, on ne parle pas beaucoup et c'est assez trompeur au vue du format. Et le thème anecdotique ne vient pas soutenir cette immersion purement calculatoire au final.
Trop cérébral pour un format si cours ? Peut-être... Avec un thème plus fort, plus imbriqué, je pense que ça se serait mieux passé.
Efficace donc ce Splendor, mais pas jubilatoire.
- La qualité du matériel
- La qualité des mécanismes
- Le packaging
- La diversité des profils de joueurs potentiels
- Les illustrations...
- ... Illustrations qui ne sont pas mises en valeur
- La pauvreté du thème
- La froideur qui se dégage pendant la partie
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