Agent Avenue nous propose un thème d'espion qui tente de se rattraper sur une piste circulaire, si cela ne fait pas sens immédiatement, ça finit par couler de source, surtout grâce aux illustrations qui donnent vie à cet univers. Et les cartes ont des noms évocateurs, Le risque tout fait avancer, mais si on en cumule trois on perds la partie, la Cryptologue ne fait pas avancer, mais à la troisiéme elle casse le code. l'Agent Double alterne, elle fait avancer ou reculer, etc. Les cartes du marché noir ont aussi des noms évocateurs et thématiques : Coup Double, Cessez le feu, Plan des opérations, Dispositif de diversion, etc.

Agent Avenue utilise une mécanique de Split You Choose épurée, le joueur actif propose une carte face visible et une face cachée, c'est son adversaire qui décide laquelle il prend et il applique les effets, positifs ou négatifs. Souvent, on va faire avancer ou reculer notre pion, et si on rattrape celui de l'adversaire, voilà c'est gagné.

Sauf que les cartes ont des effets cumulatifs. Mon premier Mercenaire me fait avancer d'une case, mais le suivant, de deux, etc. D'autres, comme la Sentinelle, n'avancent qu'à partir de la deuxième carte jouée, et surtout à partir de la troisième où elle permet des bonds de six cases.

Du bluff et du guessing sont au menu. Je t'aguiche avec cette carte en espérant que tu me laisses l'autre cachée, mais peut-être que finalement tu vas prendre celle cachée, persuadé qu'elle est meilleure, et c'est justement là qu'est le piège car je t'ai glissé une petite cochonnerie, et tu es tombé dedans. Plus on joue avec le même adversaire et plus on va avoir du passif, du metagame qui augmente toujours la durée de vie. Ma fille devine assez bien ce que je lui propose, assez bien oui mais pas toujours :).

Ce jeu condense tout ce que l'on peut chercher dans un duel, et la mécanique de Split you choose (je divise et tu choisis en français) est parfaite pour créer une tension forte et des dilemmes puissants avec de la prise de risque.

J'adore cette mécanique de Split you choose je l'avoue, d'ailleurs j'ai une affection particulière pour le magnifique Hanamikoji, mais il n'a pas sa pureté, sa simplicité et les parties peuvent durer un peu longtemps (il arrive aussi qu'un joueur s'amuse plus que l'autre). Dans Agent Avenue les sessions durent juste le temps qu'il faut, assez pour avoir une sensation de développement, mais pas trop long non plus pour qu'une partie mal engagée ne traine trop en longueur. C'est ce qui explique pour moi son succès.

Le jeu comprend seulement 48 cartes, dont 8 différentes qui sont toutes en 6 exemplaires, plus deux autres en exemplaire unique. L'équilibrage du jeu est fascinant car on est toujours en tension, on peut gagner rapidement, mais le jeu s'équilibre à la moindre erreur.

Oui il peut arriver que notre main (on n'en a que quatre) ne nous permette pas grand chose, par exemple si on a deux paires de cartes, pour cela on peut décider par quatre fois dans la partie de défausser une de nos cartes. On a toujours trouvé cette règle de trop -  le risque est que l'on défausse les cartes qui ne nous arrangent pas un peu trop facilement. Notre règle maison, c'est que l'on a ce droit-là une fois, ou deux, dans la partie seulement. On le définit avant la partie.