Stupor Mundi, un jeu vassal ?
Stupor Mundi (1-4 joueurs, 90-150 min) est un jeu de l’italien Nestore Mangone (lire notre interview du monsieur) édité par Quined Games qui sera traduit du côté de Pixie Games d’ici le mois prochain. Comme les règles sont dispo, nous vous proposons un petit résumé et analyse de ce que l’on y fait pour vous donner un premier aperçu du jeu. Ready?
Thème historique s’il en est, nous voici sous le règne de Frédéric II, Empereur du Saint-Empire et homme des Lumières avant l’heure, et vous incarnez l’un de ses Vassaux les plus fidèles. Votre mission : développer votre domaine, étendre votre influence, et contribuer à la grandeur de l’Empire. Pour cela, vous érigez votre château par diverses fortifications, promouvez des Spécialistes à travers l’empire, et convoquez des Alliés tout en influençant les Décrets impériaux.
Le jeu s’organise en une succession de manches, chacune divisée en deux temps. D’abord, la phase d’actions, où chaque Vassal peut, tour à tour, faire progresser son Bateau de un à quatre emplacements sur le plateau dédié, puis jouer une carte face visible (pour réaliser l’action de la carte, souvent faible) ou face cachée (pour effectuer l’une des actions principales du jeu, liée aux icônes de votre plateau perso) avec potentiellement des actions additionnelles à résoudre en cours de route.
Après quoi vient la phase de maintenance de fin de manche de façon plutôt traditionnelle, on renouvelle sa main, perçoit ses revenus (selon son Château et ses Alliés) et procède à l’entretien général pour s’attaquer à la suite.

Crédit image Spot het spel
Alors, plus concrètement, que fait-on dans Stupor Mundi ?
Après avoir fait progresser ou non votre Bateau de ville en ville, à vous de jouer. Vous pourrez par exemple promouvoir un Spécialiste, autrement dit, faire progresser l’un de vos trois meeples éponymes sur un des trois chemins de la zone dite de Labeur, divisée elle-même en trois régions (campagnes, villages, cités) constituées de diverses tuiles bonus que vous gagnerez dans votre avancement.
Vous pourrez également vendre ou acheter les ressources indiquées au Marché. Sachant que vous pouvez uniquement visiter le Marché de la ville dans laquelle se trouve actuellement votre Bateau.
Aussi, toujours selon la ville qu’occupe actuellement votre Bateau, vous pourrez vous payer une aguichante carte d’action Avancée pour la jouer dans la foulée. Qui a dit deck-building ? Et oui oui, discrètement, mais quand même, améliorer son jeu semble une clef de la réussite.

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Il vous sera surtout possible de développer votre Château, en construisant Tours, Murailles et Donjons, de manière “normale” ou “prestigieuse” tant que vous pouvez payer le coût en pierres et céréales (la construction dite prestigieuse apporte son lot de bonus mais coûte plus cher bien sûr). Évidemment, vous devez respecter quelques règles de construction (bâtir une Muraille uniquement si elle est connectée à une Tour déjà présente sur votre plateau Château). Tours, Murailles et Donjons vous permettent d’avoir plus d’Alliés, de stocker plus de ressources… De plus, si vous terminez complètement une façade de votre Château (soit deux Tours connectées par une Muraille), jackpot et bonus immédiat pour vous (ressources, PV…).

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Autre action possible : convoquer un Allié en payant son coût indiqué du côté du plateau Voyage. Et oui naviguer permet les rencontres ! Les Alliés seront importants pour gagner jusqu’à 3 PV, sous conditions. Par exemple, un Allié peut octroyer +2 PV si votre château contient plus de Tours que le Palais de Frédéric, ou si vous avez plus d’Alliés que lui. C’est là où vous aurez parfois à jouer sur les Décrets pour améliorer votre sort… ou empirer celui d’un adversaire.

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Un certain nombre d’actions peuvent en effet permettre de déclencher des Décrets qui modifient l’équilibre du Palais impérial. Les Décrets incarnent les volontés mouvantes de Frédéric II. Qu’il s’agisse de décisions politiques, d’allocations de ressources ou de nominations, ils marquent des tournants importants, octroyant des récompenses décisives et faisant évoluer les enjeux en cours. Un Spécialiste atteint telle case de la piste Labeur ? Paf, un Décret. Vous avez bâti telle Muraille prestigieuse ? Pif, un Décret. Et qui dit Décret, dit récompense pour vous. Mais ce n’est pas tout : cela va aussi retirer ou ajouter des éléments du Palais de Frédo. Vous comprenez que tout est lié : convoquer certains Alliés vous pousse à changer la donne via les Décrets pour favoriser vos conditions de scoring et/ou mettre un adversaire dans la panade.
La partie s’achève lorsqu’un Vassal a édifié toutes les constructions de son Château, ou lorsque les cartes avancées s’amenuisent. Le vainqueur est celui qui, au fil des manches, aura le mieux su développer son Château et gérer ses ressources. Le prestige se mesure en points tout au long de la partie auxquels on en ajoute à la fin selon nos constructions et nos ressources.
L’opus illustré par Maciej Janik propose aussi un mode solo, qui d’après les premiers retours que l’on peut lire sur BGG, semble bien tenir la route (répondant au fameux credo “easy to learn, hard to master”).

Stupor Mundi sur Tabletopia. Le jeu est aussi sur BGA.
En bref !
Globalement, Stupor Mundi se pose comme un Euro exigeant mais qui peut manquer de gratification immédiate, à réserver aux amateurs de gros jeux habitués à ses sensations (explication dense – vous avez le Ludochrono tourné avec la version proto -, mise en place longue, démarrage diesel du moteur, PV rares). Mais pour une fois, l’interaction s’avère de mise : il paraît crucial de garder en tête les Alliés déjà recrutés, les modifications apportées par les adversaires à leur château, et surtout de suivre comment celui de Frédéric évolue, car c’est là que le score se joue et que l’on peut entraver les adversaires. Améliorer votre deck et miser sur les bonnes pistes de promotion pour vos Spécialistes feront la différence, offrant des pouvoirs passifs pour booster vos actions dans des synergies utiles. Côté thème, le tout reste plutôt abstrait, comme souvent dans ce genre d’opus. Oui, on se demande bien pourquoi les Vassaux de Frédéric passent leur temps à déranger le domaine impérial, mais comme beaucoup de PV viennent du fait d’avoir plus ou moins d’éléments que l’empereur et que l’on aime l’idée qu’il y ait une interaction même en deux bandes, alors on ne dit pas non. À peine un an après son projet de financement participatif, force est de reconnaître que Quined Games assure le coup en livrant aux backers malgré la houle actuelle. La version boutique arrive en français au mois de juin pour 45€.
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