Smash Up sur iOS

Smash Up est un jeu de Paul Peterson édité par AEG (Iello pour la France) qui connait visiblement un beau succès si l’on se réfère au nombre plutôt conséquent d’extensions publiées (une bonne dizaine d’après mes sources…). Et ce n’est sans doute pas terminé.

Bref, une sorte de référence dans les jeux où l’on se mandale joyeusement à l’aide de cartes représentants des factions aussi diverses que des ninjas, des extraterrestres ou bien encore des dinosaures à canons laser.

Le concept est assez simple : vous choisissez 2 factions, vous mélangez leurs decks et allez tenter de conquérir des « bases ». Celles-ci sont des cartes spéciales, centrales, autour desquelles viendront se placer les cartes que vous jouerez depuis votre main. Si le total des cartes présentes sur une base dépasse la valeur de résistance de celle-ci, la base est conquise et vous marquez des points de victoire.

Votre objectif est d’être le plus puissant autour de la base pour marquer le plus de point possible (certaines bases offrent cependant quelques subtilités car il vous faut être en seconde position pour scorer au maximum par exemple…).

choix-factions

Vous vous en doutez, tout le sel du jeu est basé sur les combos de vos cartes que vous allez devoir sortir au bon moment et dans le bon ordre pour optimiser la puissance de vos factions. (Pour vous faire une idée vous avez aussi le Ludochrono). 

Le principal défaut du jeu physique est à mon sens la fastidieuse phase de lecture des cartes. En effet les textes sont généralement assez fournis et si vous ne connaissez pas vos factions, vous perdrez grandement en fluidité en étant obligé de lire attentivement les actions de vos personnages ou actions.

Cette version sur iPad sublime-t-elle ce sympathique jeu ?

 

Adaptation sur iPad (testé sur V1.08.9)

Les graphismes

Très orientés « cartoon », les illustrations varient à mon sens entre le bon et le moyen. J’avoue ne pas avoir véritablement été bluffé par les graphismes des cartes physiques même si elles sont thématiquement très bien réalisées.

Dans cette version iOS vous retrouverez les illustrations originales, mais on ne peut pas dire que la résolution soit HD. Une sorte de flou règne en maître sur les dessins et l’on sent que les images ont été compressées et ont donc perdu en qualité. Si l’on compare avec d’autres jeux de cartes (genre Star Realm ou Pathfinder…), la différence est indéniable. Dommage !

les menus qui claquent !

Pour le reste nous avons droit à une aire de jeu, assez plate, une partie sur un fond rouge brun et l’autre qui varie selon la faction qui est en train de jouer, que je trouve personnellement assez banale. Chaque espace dédié aux bases est rectangulaire et offre un grossissement d’une partie de l’image de la base, légèrement animée. Là aussi, nous avons droit à un simple grossissement, bonjour le flou !

sans les bases, bof

sans les bases, bof

 

Chaque joueur est représenté par un petit rectangle de couleur. Grâce à cette couleur qui entourera toutes les cartes jouées vous saurez qui a joué quoi. Mais quand je dis « entouré » ne voyez rien d’autre qu’un trait gras de couleur unique tout autour de la carte. Pas de dégradé ou de légère sensation de relief. C’est plat. Certains me diront « au moins c’est lisible » ! C’est vrai que l’on sait parfaitement à quelle faction appartient la carte au premier coup d’œil. Mais cela ne flatte vraiment pas la rétine.

Avec les bases

Avec les bases. Là c’est le vert qui joue… Il me renvoie mes cartes le p’tit malin

 

Bref, vous n’achèterez pas cette application pour la beauté de ses graphismes, ce qui est un peu dommage à mon sens car la concurrence est rude sur le marché numérique et le futur client ne pourra souvent juger l’appli sur le store qu’avec les copies d’écrans avant d’avoir pu la tester réellement. Et les jeux concurrents font beaucoup mieux côté images !

L'interface

Continuons avec les points qui fâchent et abordons ce qui pour moi est le plus gênant dans ce Smash Up numérique. Son interface homme-machine.

Une application se doit d’être fidèle à l’original, pratique d’utilisation et intuitive, pour que le joueur ne se soucie que du plaisir de jouer et non pas de comprendre comment faire telle ou telle action. Aucun de ces 3 critères n’est malheureusement respecté ici à mon sens. Ça me désole de le dire, mais nous avons ici à faire avec quelque chose que je qualifierai « d’alambiqué ».

Je m’explique :

Jouer et voir ses cartes

Nous avons face à nous un jeu de cartes. Quel mouvement faites-vous pour jouer une carte dans la vraie vie ? Vous la prenez de votre main et au mieux vous la déposez gentiment sur la table, au pire vous la jetez de loin en espérant qu’elle ne renverse pas votre tasse de café (fou que vous êtes ! Vous jouez avec de la nourriture près de votre précieux ?). Dans tous les cas, vous faites bien ce que l’on appelle en interface homme-machine un « glisser-déposer ». Nous sommes sur tablette tactile, Monsieur Steve Jobs, paix à son âme, avait bien prévu ce geste dans son appareil, alors pourquoi ne pas l’utiliser ?

Là c'est moi qui joue, rouge quoi...

Là c’est moi qui joue, rouge quoi…

 

Non, à la place nous devons ici cliquer sur la carte, ce qui provoque une petite animation pour décaler la carte sur le côté (non sans avoir zoomé quelques millisecondes la carte, vous comprendrez pourquoi juste après) et ouvre un pavé que je nommerai « d’action ».

Là, vous avez parfois un bouton « Jouer » et « Annuler », parfois uniquement le bouton « Annuler ». J’avoue ne pas avoir bien compris quel était l’élément déclencheur du bouton « Jouer », mais il y en a certainement un…

A vous de cliquer !

A vous de cliquer !

 

Bien, vous devez donc ensuite soit cliquer sur le bouton « Jouer », soit cliquer directement sur la base ou la carte sur laquelle vous souhaitez jouer. Bref, c’est fastidieux et contre intuitif.

Vous souhaitez agrandir la vue d’une carte ? C’est là que vous devez laisser votre doigt posé sur la carte, sans bouger. En fait, ce n’est pas un agrandissement de la carte mais plus un zoom. Car si vous laissez votre doigt appuyé et que vous bougez, vous agrandirez la carte qui se trouve à côté. Comme si vous aviez une loupe dans votre main… Rappelons que le texte n’est visible qu’en faisant cette action, ce qui est normal étant donné la quantité de texte parfois.

Vous comprenez pourquoi je vous disais que la carte apparaissait furtivement lorsque vous cliquez dessus ? Et oui, il n’y a pas forcément de timer sur le zoom, ce qui fait que le simple fait de cliquer est d’abord interprété par l’application comme un tentative de zoom puis comme le doigt ne reste pas appuyé, interprète finalement votre ordre comme un cliquer… Résultat troublant à l’écran, l’image apparaît en grand, puis se referme puis se décale vers la case action.

Pour éviter cela, je vous donne l’astuce, ce qui vous évitera de chercher un moment, il vous faut vous rendre dans le menu « Options > Paramètres jeu »  et passer l’option « Grossissement des cartes » sur « Décalé ». « Décalé » ne veux pas dire décalé sur le côté comme je l’ai pensé la première fois, mais bien « décalé dans le temps » pour ne pas zoomer instantanément lorsque vous touchez une carte. Aaaah… sémantique quand tu nous tiens !

options-jeu

 

Conclusion sur ce chapitre : À mon sens, il fallait faire tout l’inverse niveau interface ! Un clic sur la carte pour zoomer la carte et un glisser-déposer avec le doigt sur l’écran pour la jouer. Dommage.

Comprendre l’interaction des cartes

Nous sommes face à un jeu de combo de cartes. Il est donc primordial de bien comprendre ce qui va se passer si je joue telle ou telle carte, son effet sur le jeu et sur les autres cartes, si c’est un effet immédiat ou pas…

Lorsque vous jouez vos propres cartes, nous partons du principe que vous les connaissez ou tout du moins que vous avez lu et compris son texte. Bien. Mais que se passe-t-il lorsque c’est l’adversaire qui joue ? Vous ne connaissez pas forcément les centaines de cartes du jeu et ne voyez évidemment pas sa main. Conséquence à cela, vous devez avoir le temps de comprendre ce qui se passe lorsque ses cartes sont jouées. Dans la vraie vie, un adversaire qui joue va vous lire le texte et effectuer l’action qui va détruire votre carte par exemple. Il ne va pas détruire votre carte sans rien vous dire !

Et bien ici, si (l’impératrice) !

La carte apparaît sans son texte, se déplace sur la base et applique son effet sans autre indication. Si son pouvoir est de détruire une de vos carte, et bien vous la voyez partir vers votre défausse sans autre forme de procès. Vous devrez alors pour bien comprendre ce qui s’est passé faire un zoom sur la carte jouée. Pas de texte, de message, ou quoi que ce soit dans l’interface qui vous permette de comprendre autrement.

Ah, si ! Les plus attentifs verront un bouton représentant une sorte de bande magnétique, une bande de cassette des années 80 quoi. Un clic dessus et vous avez droit à un enregistrement de toutes les actions réalisées dans le jeu. Et cela donne ça à l’écran :

journal-actions

Ouch. Bon, je ne sais pas vous, mais moi je n’ai qu’une envie en voyant cet écran, c’est de chercher à refermer cette liste austère qui n’aide pas la compréhension du jeu… On n’est pas vraiment plus avancé.

Bon, il ne reste plus qu’à vous diriger vers le zoom de la carte qui vient d’être jouée. Si elle est sur une base, vous allez la retrouver facilement. Mais si elle a été défaussée, cela va se compliquer un peu : vous devrez cliquer sur la boite représentant votre adversaire et vous verrez toute sa défausse. Ne reste plus qu’à trouver celle qui vous intéresse. Si c’est la dernière jouée, elle se trouvera donc vers le bout de la pile. Faites alors un zoom pour lire le texte en laissant votre doigt appuyé aussi longtemps que nécessaire. Puis cliquez à nouveau sur la boite pour refermer la vision de la défausse. Ouf !

Bon, vous l’aurez compris, j’ai trouvé l’interface générale particulièrement pénible et Smash Up ne brille pas par sa simplicité d’utilisation. Il faut vraiment une période d’adaptation pour se faire à ces multiples manipulations.

Le didacticiel et le manuel

Le didacticiel

Accessible depuis le menu principal via le logique « Apprendre à jouer », il va vous permettre d’appréhender l’essentiel des concepts du jeu. Mais là aussi, ne soyez pas trop pointilleux sur l’interface ou sur la profondeur des explications.

tuto-2

De nombreux textes sont trop longs par rapport à leur cadre et défilent à l’écran. Dépêchez-vous de lire car le défilement est un peu trop rapide pour appréhender le texte en une seule fois. Étonnant de voir que certains textes sont avec une police plus petite pour éviter ce désagréable défilement vertical. Pourquoi ne pas l’avoir fait partout où cela le méritait ?

De même, j’ai repéré des erreurs dans les textes. Par exemple ici (voir photo en dessous) on vous dit que le « Fossoyeur » permet de renvoyer une créature DANS sa défausse alors qu’il permet en fait de renvoyer une carte DEPUIS sa défausse DANS sa main, ce qui est juste… totalement l’inverse !

Tuto-erreur

 

carte-zoom-erreur

Vous finirez le didacticiel avec la partie d’entrainement seul aux commandes, ce qui est plutôt bien pour l’immersion directe.

Il est amusant de noter que le développeur a pris soin de préciser à un moment que le glisser-déposer ne fonctionne pas dans son application. Cela montre bien que le problème a du se poser durant la conception au point que cela mérite une mention particulière dans le tutoriel !

Le manuel

Comment vous dire ?

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C’est une simple retranscription de la notice papier présentée dans un rectangle orange, deux photos floues en tout et pour tout sur les 20 pages, avec des erreurs en prime. J’ai repéré plusieurs endroits où le chapitre n’est pas celui du texte en dessous, où il est fait mention du chapitre précédent mais c’est en fait plusieurs avant, où il y a des majuscules en plein milieu d’une phrase, où il manque carrément des mots …

Oh ! Une image... !

Oh ! Une image… !

 

Bref, ignorez cette règle et faites vous expliquer le jeu par un ami qui possède la boite !

Les sons et la musique

Si le « clic » joué à chaque action sur les menus est anecdotique, je dois dire que les sons de cette application m’ont séduit, ce qui est assez rare pour être souligné.

La musique « techno » jouée sur l’accueil du jeu est tout à fait dans le thème, dynamique bien qu’un peu courte pour ne pas être répétitive. Celle dans le jeu est toujours dans la veine électronique mais plus planante et pourra parfaitement rester active durant toute la partie si l’on prend soin de réduire un peu son volume pour en faire un fond musical. Bon point !

Les bruitages sont quant à eux personnalisés pour chaque faction et c’est réussi. Que ce soit les robots et leurs « bzzz » ou les magiciens et leurs « pffouiiizzz », toutes sont thématiques, bien réalisées et correspondent à chaque carte jouée. Bon point également !

Les modes de jeu

Seul contre l’IA

Vous pourrez jouer contre 1 à 3 IA. Normal, le jeu se joue de 2 à 4 joueurs.

3 niveaux de difficulté vous sont proposés, du facile au difficile. Classique. Il est dommage qu’on ne puisse pas indiquer des modes de difficultés mixés. Par exemple une IA difficile et deux moyennes pour plus de flexibilité.

reglages-partie-locale

En revanche l’application va vous faire mordre la poussière. Dès le mode « Moyen », les actions de vos adversaires deviennent très judicieuses. Ils utiliseront au maximum les capacités de leurs cartes, feront des combo à tomber par terre et n’hésiterons pas par exemple à abandonner une base si elle est perdu d’avance pour se concentrer sur une autre. Après avoir fait plus de 20 parties, mon score de victoire n’est pas très glorieux et je dois avouer que je ne m’attendais pas à ce niveau.

C’est plutôt un bon point d’avoir du défi !

En mode local

Encore un point qui fâche… N’hésitez pas à me laisser un commentaire si vous le comprenez mieux que moi, mais je suis vraiment perplexe face à ce mode : nous jouons ici en local, sur la même machine donc, dans un jeu où sa main est cachée. Je ne dois donc pas voir à l’écran les cartes de mes adversaires ! Et bien rien ici ne vous en empêche. Dans « Jaipur », testé il y a peu, les cartes devenaient visibles en basculant l’appareil, d’autres applications choisissent la version simple avec un message de confirmation qui masque les cartes tant que l’autre joueur n’a pas pris son tour.

Dans Smash Up, rien de tout cela. Une fois que vous avez fini votre tour, l’écran du joueur suivant apparaît instantanément… Du coup vous voyez toutes ses cartes ! Impossible de donner l’appareil à votre ami sans tricher involontairement.

Injouable donc !

Rien à voir avec le chapitre, mais j'ai gagné !

Rien à voir avec le chapitre, mais j’ai gagné !

 

En ligne

Problème pour ce test, je n’ai pas pu faire la moindre partie en ligne. Non pas que cela ne fonctionne pas, mais tout simplement parce qu’il n’y a jamais eu de joueur en face de moi…

y'a pas grand monde !

y’a pas foule !

 

Si le problème du manque de joueurs est malheureusement assez répandu dans l’univers des applications de jeux de société, c’est la première fois que je n’ai pas pu faire la moindre partie en ligne.

quelques paramètres

Quelques paramètres

Cela dit, je peux tout de même écrire quelques mots sur ce que j’ai pu voir. Vous créez un lobby pour que d’autres joueurs vous rejoignent. Vous avez alors la possibilité de paramétrer quelques points importants, comme les factions en doublon, leur choix aléatoire ou pas, et aussi la « pause ». J’avoue ne pas avoir bien compris à quoi cela pouvait servir, j’imagine un genre de sablier pour forcer l’adversaire à jouer. Pas de mode asynchrone mais avec un délai illimité on peut le simuler sans doute…

bavarder ?

bavarder ?

 

En revanche et c’est vraiment dommage, pas de liste d’amis, pas de possibilité d’inviter quelqu’un en particulier, pas de possibilité de parler autrement qu’avec des messages prédéfinis, impossible de voir ce qui se passe au dehors de votre lobby (« salon »). Vous êtes donc condamné à jouer avec des inconnus, si quelqu’un d’autre que moi va sur ce mode « online » bien sûr…

Impossible de donner un avis complet sur le sujet donc, mais le lobby donne le même sentiment d’inachevé que le reste de l’application.

Conclusion

Verdict

Vous l’aurez compris, je suis particulièrement déçu par cette adaptation de Smash Up. Tout semble encore à améliorer, mis à part l’IA que j’ai trouvé plutôt bonne, et les sons. Cela fait peu !

L’interface est une des moins intuitives que j’ai eu à voir, les graphismes ne rendent pas du tout hommage à l’original, le mode local est injouable et les salons du mode en ligne sont désespérément vides.

Les nombreuses coquilles dans les textes ou les règles présentées, et la complexité du jeu qui se dégage en raison d’un manque de compréhension de ce qui se passe à l’écran, ruinent presque tout le plaisir de jeu.

A qui le dis-tu !

A qui le dis-tu !

 

Pourtant l’original avait tous les atouts pour bénéficier d’une adaptation numérique réussie. Une mise à jour globale du jeu s’impose pour pallier tous ces problèmes.

Dommage, vraiment dommage, pour ceux qui aiment ce jeu, et ils sont nombreux !

 

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1 Commentaire

  1. Achéron Hades 08/12/2017
    Répondre

    Totalement en phase avec l’article. C’est une adaptation un peu bof qui meriterait plus de travail. Une chose qui est vraiment énervante  c’est le texte à la fin du jeu «  c’est fini mon pote » , je suis peut-être vieux jeu mais je trouve cette phrase exaspérante!

    J’espère que des majs verront le jour…

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