Set A Watch : Mieux nous y verrons, mieux nous taperons !

Après une apparition sur Kickstarter en 2018, le jeu édité par Rock Manor Games, Set A Watch arriva la même année sur Ulule en version française, via Boom Boom Games. La vente de la version VF en boutique a débuté depuis le mois de septembre, alors voyons de quoi il retourne !

Set A Watch est un jeu 100% coopératif de Mike Gnade & Todd Walsh pour 1 à 4 joueurs se déroulant dans un univers médiéval-fantastique. Les joueurs sont des aventuriers qui vont œuvrer ensemble pour empêcher le retour d’un Damné orchestré par ses acolytes. Pour interrompre le rituel, les aventuriers vont devoir sécuriser successivement 9 lieux en affrontant pour chacun d’eux une vague de créatures belliqueuses dans un petit côté castle defense. Les combats étant nocturnes, ils devront par ailleurs veiller à entretenir le feu de camp, qui leur apportera lumière et courage !

 

Ici commence ma garde

Première constatation à l’ouverture, le matériel est de bonne qualité, et la traduction française impeccable (pas une faute au compteur). Une centaine de cartes et une vingtaine de dés, pour un prix avoisinant les 25 €, c’est plutôt honnête. Bref, du beau travail, sans sur-édition, et avec des illustrations signées Andreas Rocha et Robert Schneider.

La boîte compacte et bien remplie ravira les joueurs soucieux de l’impact environnemental (la boîte ne fait pas tout mais c’est déjà un bon début !). Dépliable et magnétique, elle sert de plateau de jeu une fois déployée.

Avis aux intéressés : Le jeu au format Deluxe proposé lors de la campagne Ulule n’est plus disponible. Il contenait des cartes supplémentaires (+2 Héros, +10 Lieux, +4 Damnés). Selon l’éditeur, il est possible qu’un kit d’upgrade soit proposé dans les temps à venir. A suivre donc.

 

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Un aperçu du contenu du jeu et de sa boîte compacte.

 

Côte design graphique, les illustrations sont soignées. J’ai été moins séduit par la mise en page des cartes, avec leur fond jaune omniprésent et leur police d’écriture, mais la majorité des joueurs que j’ai côtoyé ont au contraire bien apprécié. Je vous laisse donc simplement vous faire votre propre opinion à partir des photos, car c’est une affaire de goût !

Le livret de règles est concis. À sa découverte, on est plutôt rassuré, 7 pages ! Ouf « ça va être rapide ». L’écriture est plutôt claire et bien faite. J’aurais aimé un peu plus de détails sur certains points, car quelques butées sur les règles nous ont forcé a faire des recherches en ligne, notamment sur le timing de la prise d’effet de certaines cartes capacités. Cela dit, il n’y a rien de bien dramatique et après une ou deux parties, ce fût déjà oublié.

 

Petit format, mais rejouable !

La mise en place du jeu est déterminée aléatoirement avec quelques éléments clés qui conditionneront la partie :

  • 1 niveau de difficulté à choisir parmi 4 (les deux derniers étant sacrément corsés), correspondant au nombre de cartes Invocation que l’on va glisser dans le paquet de cartes Créatures, exactement de la même manière que les cartes Epidémie de Pandémie, pour les connaisseurs.
  • 1 lieu final à choisir parmi 3
  • 1 carte Damné à piocher parmi les 9
  • 8 cartes lieux à piocher parmi les 20
  • 4 héros à choisir parmi les 6
  • 3 cartes Capacité à piocher parmi 5 pour chacun des héros

 

La combinaison de tous ces éléments générera donc des parties aux configurations assez différentes, ce qui est appréciable. Mais gardons à l’esprit que les petits jeux solo ou coopératifs de ce calibre s’épuisent tout de même relativement vite, inexorablement. Ainsi, après une quinzaine de parties environ, on aura fait le tour, mais sans regret pour ma part.

 

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La mécanique en quelques mots

Sur la forme, Set A Watch se rapproche vaguement de One Deck Dungeon, même si je place ce dernier bien en dessous. C’est un jeu de placement de dés, mais la comparaison s’arrête là. Il n’y a pas de progression des personnages ni d’équipement à gérer.

Le groupe se répartit la gestion des 4 personnages. En Solo, vous contrôlez donc l’ensemble de l’équipe. Chaque personnage possède 3 cartes Capacité spécifiques piochées aléatoirement parmi ses 5 cartes. Chaque carte Capacité représente également un point de vie. Si un point de vie est perdu, on retourne une carte Capacité face cachée, la rendant indisponible. Si les 3 cartes Capacité sont retournées, le héros est KO. Si tout le monde est KO, vous avez perdu.

Pour chacun des 9 lieux à sécuriser, on alterne une phase de Camp en vue de préparer le groupe, et une phase de Guet pour affronter une vague de créatures sous la forme d’une rangée de cartes disposée sur la table.

 

Le plateau de jeu, les lieux à explorer en haut, l'intensité du feu au centre, et autour du feu toutes les options de placement de dés pour la gestion du camp. On ne chôme jamais au camp !

Le plateau de jeu avec les lieux à explorer (en haut), l’intensité du feu (au centre), et (autour) toutes les options de placement de dés pour la gestion du camp. Une séquence castle defense.

 

 

Au début de chacun des tours, on lance les 3 dés de chaque personnage, certains auront des dés à 6 faces, d’autres à 8. En fonction du résultat et des capacités de chaque personnage, on désigne en premier lieu le personnage qui ira s’occuper du camp, retirant son aide précieuse au reste du groupe qui ira affronter la vague de créatures lors de la phase de Guet. Le choix du personnage qui n’ira pas au combat est une décision importante pour la stratégie du tour.

Que ce soit en phase de Camp ou de Guet, le principe du jeu repose sur l’attribution des dés à des actions de jeu, sans ordre à respecter. En deux mots, on utilise un dé en le plaçant sur le plateau de camp pour effectuer une action, comme par exemple : 

  • Soigner un compagnon (résultat de 6 ou +)
  • Planifier, pour donner un second choix de prochain lieu à visiter (4+)
  • Observer, pour partir en éclaireur et réarranger les prochaines cartes Créature piochées 
  • S’équiper, pour échanger une des 3 cartes Capacité contre une autre disponible
  • Couper du bois pour alimenter le feu (plus le feu est alimenté, plus on voit les créatures venir de loin et si le feu s’éteint, on a perdu)
  • Utiliser un double pour améliorer le score des dés de ses compagnons, ou bannir une carte Damné du Cimetière
  • Utiliser la capacité de Camp spécifique à chaque héros 
  • Etc !

 

Entretenir le feu est important. Ici, avec une intensité de 3, la visibilité est faible et ne permet pas de voir plus loin que la première carte ennemie. Impossible d'anticiper la suite du combat !

Entretenir le feu est important. Ici, avec une intensité de 3, la visibilité est faible et ne permet pas de voir plus loin que la première carte Créature. Impossible d’anticiper la suite du combat !

 

Une fois le camp géré, vient la phase de Guet et les choses se corsent ! On dispose en rangée un nombre de cartes, indiqué par la carte lieu du tour, puis on retourne les 1, 2 ou 3 premières cartes suivant la visibilité donnée par l’intensité actuelle du feu de camp. Le combat commence et les joueurs doivent utiliser au mieux les dés des 3 héros restants pour vaincre un maximum de créatures à portée (en général les 2 premières cartes de la rangée). Un dé est soit utilisé pour infliger des dégâts directs (plus son score est élevé mieux c’est), soit pour activer une capacité (peu importe le score du dé).

Dans cette phase, il sera question de contrer les capacités des monstres en jouant de façons optimale de nos propres options. Par exemple, l’archère a une capacité qui permet de tuer directement un monstre (peu importe sa force) tant qu’il n’a pas été révélé. Une autre de ses capacités consiste à remettre face cachée une créature révélée. Si ces deux capacités sont là sont activables, il fait pas de mystère qu’elles se complèteront joyeusement. Les capacités sont ainsi, dans l’ensemble, intéressantes, complémentaires, et donnent un sentiment de contrôle très appréciable. 

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Enfin, une fois les dés épuisés, s’il reste des créatures, elles infligent des dégâts aux héros et s’enfuient pour rejoindre la Horde ! Et à la fin de la partie, on reprend toute la pile Horde, et on l’ajoute à la vague du dernier lieu visité. Ainsi en voyant 15 créatures se profiler à la dernière vague, on appréhende la punition pour les avoir laissé filer, chaud !

Durant la partie, le jeu est fluide. Il n’y a peu d’éléments physiques à gérer (tuiles, jetons,…), ni de figurines à dégommer. Même si son thème médiéval fantastique s’y prêtait, il n’y a pas d’aspect narratif, ni de scénario, qui auraient pu ajouter une dimension supplémentaire au jeu. Si vous êtes un(e) inconditionnel(le) de l’aventure, soyez-en averti(e). C’est au contraire typiquement un jeu de « puzzle », mécanique, où l’on va optimiser toutes nos actions pour arriver le plus loin possible. Malgré ça, on a tout de même bien ce sentiment d’être sous le flot d’attaques successives.

 

Le dernier lieu et sa horde au complet à affronter. MAMAN !!

Le Lieu Final et sa horde au complet à affronter. MAMAAAN !!

 

Jeu de dés… Jeu de chance ?

Non, car Set A Watch offre de nombreux choix stratégiques et des alternatives en cas de mauvais résultat aux dés. Il est toujours possible d’utiliser de faibles scores pour activer des compétences, ou de les relancer via la compétence d’un personnage. C’est le GROS point fort du jeu selon moi, qui le différencie notamment de One Deck Dungeon, où l’on aura tendance à perdre sèchement une partie sur un mauvais lancer de dés.

Ici, tout le potentiel de réussite tient dans votre capacité à utiliser à bon escient les dés et capacités de chaque personnage. On est dans l’économie permanente de ressources (les dés donc, mais aussi nos capacités, représentant aussi nos points de vie) pour laisser s’échapper le moins de créatures possibles et pour finir dans le meilleur état possible.

Si le placement de dés forme la principale mécanique du jeu, elle reste plaisante, car chaque tour de jeu demandera un effort d’adaptation à la situation. On ne pourra pas répéter sans cesse les mêmes combos gagnants entre personnages, car l’un sera absent au camp (chaque héros devra y aller un nombre égal de fois dans la partie), ou ce tour-là il y aura moins de visibilité, ou bien le personnage sera blessé, etc. Il faudra donc faire marcher ses méninges.

 

Grâce à Torpeur, l’archère va pouvoir utiliser son petit 1 pour récupérer le dé volé par un vampire. Il partira en fin de rangée et la prochaine fois qu’il se pointera, on l’attendra au tournant...

Grâce à Torpeur, l’archère va pouvoir utiliser son tout petit 1 pour récupérer le dé d’un autre personnage, volé par un vampire. Ce dernier partira en fin de rangée et la prochaine fois qu’il se pointera, on l’attendra au tournant…

 

Cependant, pour les randomophobiques (encore un mot à breveter), la chance peut influer sur l’issue de la partie à deux moments essentiels :

  • Lors de la pioche des cartes lieux pendant la mise en place. En effet, la difficulté des lieux à affronter peut varier d’une carte à l’autre, principalement à cause du nombre de créatures à affronter (de 5 à 8, ce qui n’est pas la même chose…). Et qui dit « tirage aléatoire » dit forcément « risque de ne piocher que des lieux hardcore » ! Sachez que l’action « planifier » peut néanmoins permettre de mettre des cartes lieux plus profitables !
  • Lors de la pioche des cartes Invocation pendant le jeu. Comme leur nom l’indique, elles invoquent immédiatement un Damné, mini boss qui vous donnera plus de fil à retordre que les autres. Il suffit qu’une mécanique vous fasse piocher une carte Invocation peu de temps après en avoir déjà pioché une, et la partie sera sérieusement mise en péril.

 

Ainsi, il est possible d’affronter des parties à difficultés inégales, certaines pouvant quasiment être vouées à l’échec dès leur mise en place, avis aux mauvais perdants ! Ceci dit, sur quelques dizaines de parties, je n’ai pas ressenti ce facteur aléatoire comme déterminant, les cas extrêmes étant anecdotiques.

 

Alors, bien ou bien ?

Set A Watch, petit jeu discret est pour moi définitivement une réussite. Une fois toutes les cartes passées en revue, et le niveau « normal » réussi on y reviendra sans doute moins dans un premier temps, car il n’y a pas de forte emprise addictive, surtout une fois tous les héros découverts. Mais ce jeu vous fera du coin de l’œil depuis son étagère, car même s’il n’est pas impressionnant sur son thème ni bouleversant sur ses mécaniques, il est abouti, facile à installer et à expliquer, et surtout les sensations de jeu type « puzzle game coopératif » sont bonnes. On le ressortira donc volontiers.

Pour la suite, une extension serait prévue au premier ou second semestre 2020 sur Kickstarter. Si tout va bien, Boom Boom Games devrait y être associé pour l’édition d’une version française. Croisons les doigts !

 

 

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12 Commentaires

  1. morlockbob 17/10/2019
    Répondre

    Je vois cette boite depuis 15 jours, on doit y jouer et puis…. voilà qui va me pousser à le faire

    • Groule 17/10/2019
      Répondre

      Tu m’en diras des nouvelles 😉

      Si dans le même style de jeu tu aurais une préférence pour le deckbuilding, attends de voir Goblivion. Un prochain article est en route !

  2. grosboulaid 17/10/2019
    Répondre

    je dirais que le résultat du dé est quand même important et même si on peut toujours faire des truc n’avoir que des 1, 2,3 ça n’aide vraiment pas surtout sans double, mais bon à la différence de certain jeu comme shadowrun crossfire , les mauvais tirages sont rares et l’on peut jouer de toute façon

    • Groule 17/10/2019
      Répondre

      Comme tu le dis, ces cas extrêmes restent rares. Si l’on veut s’affranchir totalement du hasard dans les jeux, il ne reste malheureusement que les jeux du type échecs et go.

      Pour les autres, il est certain qu’en obtenant que des 1,2 ou 3, ce sera l’échec assuré. Mais cela vaut pour n’importe quel jeu basé sur le score de dés, et même les jeux basés sur la pioche de cartes, aussi équilibrés et bien pensés soient-ils. On est donc toujours soumis à une certaine part de hasard dans les jeux de cartes et de dés, reste à savoir dans quelle proportion on est prêt à l’accepter. Par exemple, je trouve One Deck Dungeon trop soumis à l’aléa, mais Set A Watch est ok, car il offre des solutions alternatives pour tempérer un échec. A chacun de placer son curseur selon ses goûts.

  3. Nicolas 17/10/2019
    Répondre

    Bonjour,

    Merci pour cet article. Personnellement j’aime vraiment beaucoup ce jeu que je préfère largement à One Deck Dungeon.

    Pour l’extension, elle est bien prévu. Voici un extrait du mail envoyé aux backers par l’éditeur :

    Grâce à vous et les nombreux retours positifs sur Set A Watch, la version boutique de la boîte a rencontré un réel intérêt et a été en rupture distributeur en une semaine ! A l’heure actuelle il doit rester quelques boîtes dans les boutiques de France, mais sans doute pas pour longtemps ! Le futur de Set A Watch c’est une extension, en développement actuellement, et en financement participatif l’année prochaine, au premier ou au second trimestre. Nous vous tiendrons au courant dès que nous en saurons plus.

  4. DavidBBG 17/10/2019
    Répondre

    Merci pour cet article et les compliments ! Vous soulignez la qualité de la traduction, mais malgré tout une erreur a réussi à passer les mailles du filet : l’action Runes « Sceller » permet d’enlever un Damné du cimetière et de le renvoyer sous la pile Damnés, et non au dessus…

    Pour les extensions, une est en préparation, avec un KS prévu pour le premier ou deuxième trimestre de l’année prochaine !

    • Groule 18/10/2019
      Répondre

      Merci David. On reste à l’affût des Kickstarter 2020 alors !

  5. Metadna 18/10/2019
    Répondre

    Je dis sa je dis rien ! mais il existe un mode mode campagne vf avec PnP gratos de nouvelles cartes

    https://boardgamegeek.com/article/33175764#33175764

  6. JP 19/10/2019
    Répondre

    Mais où est le lien en fin d’article, promis dans le paragraphe sur les composants Deluxe ?

    • DavidBBG 19/10/2019
      Répondre

      Bonjour, il n’est plus nécessaire, nous n’avons plus de composants Deluxe depuis pas mal de temps déjà… Désolé !

      • Groule 19/10/2019
        Répondre

        … Et l’article sera mis à jour pour cela d’ici peu.

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