Restoration Games ne connait pas la crise
Dans un contexte économique tendu, marqué par l’impact des tarifs douaniers et une pression croissante sur les marges, la maison américaine de Restoration Games affiche une stratégie résiliente qui à de quoi faire des jaloux en misant sur les ressources humaines. L’éditeur basé en Floride, connu pour ses rééditions modernisées d’anciens classiques (Return to Dark Tower, Unmatched, Thunder Road: Vendetta), a notablement renforcé ses pôles marketing, vente et logistique depuis 2024 nous apprend BoardGameWire.
Parmi les nouvelles recrues, Beth Erikson (ex-Z-Man Games, Pegasus North America) au marketing, Paul Marchbanks (ex-Quartermaster Logistics) pour la gestion des stocks et la logistique, Justin Kemppainen (ex-Asmodee, Moon Crab Games) au développement éditorial, ou encore Jasmine Radue (ex-Fantasy Flight & Z-Man, Bad Robot Games) à la direction artistique. Pour éviter les pièges des jeunes maisons d’édition, l’entreprise s’est entourée dès le départ de spécialistes chevronnés, provenant du secteur ludique ou d’autres horizons. Avec ces arrivées, l’effectif de Restoration Games se porte aujourd’hui à 16 personnes, une croissance à contre-courant d’une tendance où certaines structures réduisent ou gèlent leurs recrutements.
« Nous avons le sentiment d’avoir toujours fait du bon travail en matière de création de jeux. Au début de cette année, nous voulions consacrer des ressources à faire en sorte que les gens connaissent ces produits et puissent les obtenir, c’est-à-dire au niveau du marketing et des ventes. Il s’agissait d’une stratégie à long terme avant que ne surviennent toutes les complications liées aux droits de douane, mais elle s’est avérée un peu prémonitoire et plus importante que jamais. », explique Justin Jacobson, cofondateur de Restoration Games (avec Rob Daviau), à BoardGameWire.
Face à la hausse des coûts, la société privilégie aujourd’hui une politique de diversification post-COVID et un travail constant sur l’optimisation interne. L’éditeur développe en particulier une politique de ventes directes avec des exclusivités web et des promotions, et tout un axe financement participatif, permettant de meilleures marges. D’ailleurs, la société vient de terminer la collecte de fonds pour son dernier Kickstarter, Battle Monsters : Godzilla x Kong – une restauration du jeu à deux Battle Masters (Seigneurs de guerre) de 1992. Cette campagne a permis de récolter un peu moins de 600 000 dollars auprès de 2 300 soutiens.
Restoration Games est porté par une dynamique solide depuis ses débuts (2016) : après un premier succès à 100 000 $ pour Stop Thief, l’éditeur a levé 2,8 M$ pour Fireball Island (« L’île Infernale » 2018), puis 4 M$ pour Return to Dark Tower (2020) qui a été localisé chez nous par Lucky Duck, avant de réunir plus de 11 000 backers avec Unmatched Adventures: Teenage Mutant Ninja Turtles (2024, 1,4 M$). Unmatched s’est constitué une base particulièrement dynamique de fans, la saga a d’ailleurs annoncé dernièrement l’opus Muhammad Ali vs Bruce Lee. N’oublions pas non plus mon petit chouchou, que Lucky Duck a également localisé via un financement participatif réussi l’an dernier, Thunder Road: Vendetta bien sûr (Just played à lire ici).

Photo Rob Daviau source : WIRED – Photo Justin D. Jacobson : X
Avant de fonder Restoration Games, Justin D. Jacobson a connu une longue carrière d’avocat après quoi il a dirigé Blue Devil Games, une maison d’édition spécialisée dans les jeux de rôle et de stratégie. Rob Daviau est pour sa part un auteur de jeux de société reconnu, notamment pour avoir inventé le concept de jeu Legacy. Avant Restoration Games, le monsieur avait fait ses classes chez Hasbro pendant 14 ans où il a participé à Risk 2210, Axis & Allies: Pacific, Betrayal at House on the Hill, Star Wars: The Queen’s Gambit ou encore Heroscape.