Participatif, la sélection naturelle du lundi 30 avril 2018
Chronique N°76
Salutations ludico-participatives !
► Cette semaine voit la fin des campagnes à grosse réussite, que leurs projets fussent modestes ou ambitieux. Finalement, peu de jeux ne trouvent pas leur financement ces temps-ci, et c’est tant mieux.
► La vague de nouveautés ne se tarit pas, mais aucun blockbuster potentiel n’est annoncé. Il est quasiment certain que cela n’empêchera pas certaines d’entre elles de cartonner, mais on sent bien que l’on s’approche peu à peu de la période plus calme pré-vacances scolaires !
Thierry ayant publié une nouvelle fois sa chronique hebdomadaire avant la mienne, je ne peux que vous recommander chaudement d’aller y jeter un œil, vous y trouverez bien d’autres informations pertinentes.
Je vous souhaite une bonne lecture, et vous dis « À la semaine prochaine ! ».
Ça s’est passé la semaine dernière…
Les lancements de campagnes
La trilogie des Valeria est la poule aux œufs d’or de Daily Magic Games et il n’est pas étonnant qu’ils cherchent à entretenir la flamme en sortant régulièrement des extensions. Villages of Valeria a été joliment financé au tout début 2016 par près de 7 000 soutiens. Voici donc la première extension : Villages Of Valeria : Landmarks.
Bien entendu, le jeu de base ne change pas. Il s’agit d’un reprint, copie conforme de la campagne originelle, stretch goals compris. Comme toutes les campagnes du genre, la nouveauté se trouve dans l’extension. Très modeste, elle ajoute de nouvelles possibilités de scorer qui doivent modifier agréablement le gameplay initial sans pour autant le révolutionner.
Dans Villages of Valeria, lorsqu’un joueur a réalisé son action principale, les autres joueurs peuvent faire la même chose sous certaines conditions. Landmarks offre une option de suivi supplémentaire. Le joueur qui ne peut ou ne veut pas suivre l’action principale d’un autre joueur aura désormais la possibilité de construire un point de repère (je n’ai pas de meilleure traduction pour « landmark ») dans son village. Ces points de repère ne comptent pas comme des bâtiments, mais à la fin du jeu le joueur en ayant le plus de chaque type gagnera des points de victoire ! Pour chaque série de cinq points de repère collectés, ce seront encore d’autres points de victoire qui seront récupérés. Il y a là de quoi mettre en place une vraie stratégie de victoire basée
sur ces points de repère.
Concernant la direction artistique et le matériel, vous vous doutez bien qu’on est sur une continuité graphique par rapport au jeu de base. The Mico est toujours aux pinceaux et ceux qui n’aiment pas le look de Villages of Valeria n’aimeront pas plus Landmarks. Cette extension vient avec 5 meeples custom du meilleur aloi, et 40 cartes, dont le nombre augmente au gré du déblocage des stretch goals. Elle est proposée en boîte ou en tuckbox, ce qui peut a priori paraître surprenant.
Cela ne l’est nullement en fait, car est également proposée une boîte permettant de tout regrouper, boîte de base et extension. Pour ceux intéressés par cette « BigBox », la version tuckbox de Landmarks est la plus évidente, sauf à être collectionneur de boîte de jeux (je suis sûr qu’il en existe).
Je ne vais pas vous détailler la campagne pour deux raisons conjointes. Le jeu est bien trop onéreux, pour nous pauvres pas-américains, et surtout Pixie Games a annoncé la sortie de la totale en français, boîte de base, extension et Big Box. Et comme en plus vous aurez tout cela en même temps que les backers de cette campagne, la messe est dite (actuellement 61 400 / 15 000 $ et 1 600 soutiens. Fin le samedi 19 mai à 01h00).
Court Of The Dead : Mourners Call est le premier projet de Project Raygun et un jeu semi coopératif dont le thème est relativement original. Les joueur sont des membres de factions des Enfers et doivent œuvrer ensemble pour que cesse la guerre éternelle entre les Enfers et le Paradis. La guerre doit cesser, mais uniquement au profit de la Mort et son monde sous-terrain. Faut pas non plus se gourer d’objectif.
D’ailleurs, les joueurs n’ont pas vraiment les même, d’objectifs. Au-delà de celui sus-cité, commun à tous, chacun en a un bien à lui, qu’il garde jalousement secret jusqu’au moment où il pense avoir gagné. Un peu à la Dead of Winter quoi.
Je vais être très franc : je n’ai pas très bien saisi les mécaniques du jeu. Tout est en anglais, ce qui ne m’aide bien sûr pas, mais l’ensemble m’a paru assez complexe. Ce n’est peut-être qu’un ressenti de ma part.
Malgré des illustrations très réussies, je trouve que le jeu dégage une certaine froideur graphique, certainement due à la sobriété de la plupart des cartes et aux tons type pastel des couleurs utilisées. C’est joli, mais cela ne m’enthousiasme absolument pas.
L’offre, quant à elle, est tout à fait correcte. Un seul pledge à 90 $ (environ 72 €) pour 60 figurines et tout ce qui va avec, hors stretch goals, on a vu bien pire. Les stretch goals ont d’ailleurs encore enrichi l’offre avec, notamment, l’extension 5ème joueur pour le moins conséquente puisqu’elle contient 12 figurines, le plateau individuel et différentes cartes et marqueurs en carton. Mais ils apportent aussi la monnaie en métal, les marqueurs de faction également en métal, des marqueurs en forme de crâne en métal en remplacement de leur équivalent carton, différentes améliorations matérielles et une grande figurine. Bref, de quoi rendre encore plus désirable le jeu aux yeux de ceux qui étaient tentés et justifier encore plus le tarif du pledge. Et m’est avis que cette justification ne va pas s’arrêter là.
Car en effet, la campagne se porte plutôt bien. Elle s’est vue financée à une fois et demi au cours des premières 24 heures et les 2 000 soutiens devraient être effectifs quand vous lirez ces lignes. La seule inconnue reste le niveau de stabilisation de la dynamique, car celle-ci est passée de 100 à 50 soutiens entre samedi et dimanche (actuellement 181 000 / 75 000 $ et 1 950 soutiens. Fin le samedi 19 mai à 02h00).
Comme certains d’entre vous, je ne connaissais de Hellboy que le film de Guillermo Del Toro datant de 2004, film qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Je savais vaguement que l’histoire (un démon nommé Hellboy rappelé des enfers par des nazis qui veulent utiliser ses pouvoirs à leurs fins, mais qui voient leurs plans contrecarrés et Hellboy se retourner contre eux) était tirée d’une série de comics, mais sans plus.
Je n’aurais considéré l’annonce d’un jeu de plateau autour de la licence avec seulement un intérêt poli si nous n’avions pas, au sein des membres du forum de Cwowd, un grand malade de BD et plusieurs autres à peine moins atteints. À leurs réactions pour le moins… passionnées, dirons-nous, à l’annonce d’un jeu totalement illustré par l’auteur du comics, Mike Mignola himself, j’ai bien senti que j’allais passer à côté d’un gros truc si je ne me penchais pas dessus plus sérieusement.
Et ainsi donc, voici qu’est lancée la campagne de Hellboy : The Game par Mantic. Il s’agit d’un jeu coopératif à (moult) figurines pour 1 à 4 joueurs, dont le fait d’être entièrement illustré par l’auteur de l’oeuvre n’est pas le moindre de ses atouts, on le verra plus loin.
Les joueurs sont mis dans la peau d’un des membres emblématiques du BPRD, le Bureau de Recherche et de Défense Paranormale, organisme qui lutte contre toutes les monstruosités sorties d’on-ne-saizoù mais dont l’objectif est toujours le même et confine même à l’obsession maladive : détruire l’humanité. Pour info, Hellboy est l’un des-dits membres.
Chaque partie de Hellboy : The Game est une sorte d’enquête qui va mener immanquablement à une confrontation avec un boss final. Un dossier est lu, qui donne des informations et des indices sur les menaces à combattre. Puis le jeu se dévoile au fur-et-à-mesure de la partie, chaque action des joueurs entraînant des effets aussi divers que potentiellement désagréables.
Il faut jongler en permanence avec le niveau de deux jauges : la piste des informations recueillies et celle de destin imminent. Passer du temps à chercher des indices qui pourraient vous permettre de combattre efficacement les démons va faire progresser la jauge de destin imminent vers une finalité qui risque bien d’être… totalement finale. Mais il est aussi possible de « rusher » les abominations à l’aveugle avant qu’elles aient rassemblé trop de force et là, cela risque d’être « inch’Allah », comme on dit par chez nous.
Bien entendu, des petits trucs rigolos ont été implémentés afin que le gameplay soit plein de surprises surprenantes. En premier lieu, le plateau de jeu est constitué de tuiles qui ne se dévoilent qu’en fonction de la progression des héros. Chacune d’entre elles ayant un effet particulier et des monstres à combattre différents, la même enquête ne sera donc jamais jouée de la même façon. Ou plutôt, la probabilité que cela arrive est proche de pas grand chose.
Mais cela ne suffit pas, bien entendu. Et c’est qu’entre en scène le Deck of Doom. Rien que le nom fout les jetons, hein ? Chaque carte tirée du deck va avoir un effet, généralement néfaste : déclencher une attaque de la part d’un entité (qu’on imagine hostile donc), déclencher un événement spécial ou rapprocher la piste de Destin Imminent de la fin.
Est fournie dans le pledge de base l’extension « Archives du BPRD » qui permet de créer soi-même ses propres scénarios d’enquête, ce qui laisse augurer de nombreux scénarios « fan-made », plus ou moins mitonnés aux petits oignons en fonction du degré d’implication de son(sa) ou ses rédacteurs(trices).
Je l’ai dit plus haut, l’un des principaux atouts (sinon LE principal) est la participation de Mike Mignola à l’illustration du jeu. Le Monsieur a un style bien à lui, plutôt clivant, et les raisons pour lesquelles ses fans vont se jeter sur le jeu sont exactement celles qui en feront fuir d’autres. Quand les aficionados se pâment littéralement sur l’illustration de la boîte, d’autres au contraire la trouvent immonde. À titre purement personnel, je ne suis pas du tout client de ce style, mais je ne trouve pas cela laid pour autant. Si le jeu était en français, j’aurais pu éventuellement me laisser tenter.
Les figurines sont également très fidèles aux dessins de Mignola. C’est vraiment du très très bon travail, et je pense qu’un grand nombre de backers sont des fans qui voient leur rêve de posséder « en vrai » les héros de leurs comics préférés devenir réalité. Surtout que, pour une fois, Mantic n’a pas été trop radin et la boîte de base compte déjà 91 figurines hors stretch goals, dont une de Hellboy « KS Exlusive ». Certes, pour environ 110 € on a vu mieux, mais là on parle de Mantic, des gars qui ont élevé le all-in à prix indécent au rang d’art majeur !
Et justement, parlons pognon. Est proposé un unique pledge à 95 £, environ 110 € donc. Comme je viens de l’écrire, il y a mieux, mais il y a aussi bien pire. D’autant que, comme dans la plupart de ces jeux à figurines, il faut prendre en compte les stretch goals dans le prix du pledge et sa véritable valeur (entendre : son intérêt pour le backer) ne se dévoilera vraiment qu’en fin de campagne. Au moment où je rédige ces lignes, ce sont 15 figurines qui ont été ajoutées (dont 5 « KS Exclusive »), un set de dés supplémentaires et des cartes (on ne sait pas combien) « hardcore » pour le Deck of Doom. En prenant en compte le matériel de la boîte de base, on se rapproche du prix de nombreuses campagnes du moment et les stretch goals n’ont certainement pas fini de tomber.
Le vrai changement par rapport à la politique antérieure de Mantic, c’est la totale absence d’add-ons. Alors OK, la campagne n’est pas terminée et il y a encore tout le temps de voir débouler de quoi avoir un all-in traditionnel « made in Mantic » aux alentours des 1 000 $. Mais quand même, ça fait tout drôle, un peu comme si CMON nous sortait un Zombicide sans aucune figurine en stretch goal.
Add-ons ou pas, la campagne cartonne sévère, ainsi qu’il était prévu. Financement à 4 fois 1/2 en « Day One » par 5 000 backers, puis encore quasiment autant de soutiens sur les 3 jours suivants pour une dynamique qui semble vouloir se stabiliser autour de 180 soutiens quotidiens. Sans add-ons hein, je le répète. Non mais parce qu’il va y en avoir, faut pas rêver non plus. On parle de Mantic là… (actuellement 852 000 / 100 000 £ et 9 600 soutiens. Fin le vendredi 25 mai à 21h00).
L’un des « petits » jeux français du moment, j’ai nommé Big Monster, est porté par un nouvel éditeur originaire d’eul Ch’nord, Explore 8. De Lille semble-t-il, pour être plus précis.
Il s’agit d’un jeu de pose de tuiles et surtout de draft qui renouvelle, de manière subtile mais efficace, le genre. Chaque joueur est un explorateur de l’espace qui vient de découvrir une planète inexplorée (soit potentiellement 6 nouvelles planètes inconnues découvertes en même temps, ce qui défie singulièrement les lois des statistiques 😉 ). L’occasion est trop belle de répertorier de nouvelles espèces animales et peut-être de ramener quelques ressources rares, le tout en remplissant des missions (parce qu’on ne va quand même pas cracher sur quelques subsides gagnés facilement).
Le système de jeu est simple. Chaque joueur choisit une tuile de sa main et la place près de lui (l’aire de jeu est sa planète) puis donne ses tuiles à un autre joueur, qui en choisit une et la place près de lui, etc. Vous connaissez la musique. Le petit truc en plus du jeu est que l’on donne les tuiles au joueur de son choix, ce qui peut donner l’opportunité soit de l’aider, soit de l’entraver. Cela demande également de réfléchir peut-être un peu plus qu’à l’accoutumée sur le bien fondé de passer ses tuiles à tel joueur plutôt qu’à tel autre en fonction des objectifs de chacun. La pose des tuiles permet de découvrir des bestioles ou des cristaux, lesquels sont bien entendu plus ou moins pourvoyeurs de précieux points de victoire.
Il est également possible de jouer en équipe de deux, et il semble qu’il s’agit là de la meilleure configuration, en tout cas de celle qui amène le plus de fun du fait de cette particularité de passer son jeu à la personne que l’on choisit et non pas obligatoirement à celle de droite ou de gauche. Le jeu à deux est également possible et fait l’objet de règles particulières, le draft étant dans ce cas aux abonnés absents. Au final, nous avons là un très sympathique jeu permettant de varier le gameplay facilement en fonction des envies, ce qui n’est pas si évident que cela pourrait en avoir l’air. [Vous trouverez un retour sur le jeu assez complet par Wraith et Zuton sur le reportage Ludinord fête ses 10 ans].
Big Monster bénéficie de plus de très chouettes illustrations. Les monstres n’ont pas grand chose de monstrueux, au sens où on l’entend généralement, et sont même plutôt choupinoux. Il vaut mieux pour un jeu qui se veut, entre autre, familial (mais pas que).
Tout cela est bel et bon, mais il est malheureusement difficile de passer sous silence quelques éléments négatifs de cette campagne. Le premier saute aux yeux, oserais-je dire, puisqu’il s’agit de la page de présentation du projet. Brouillonne, mal agencée, elle ne donne absolument pas envie de scroller pour voir ce qu’il y a plus bas. D’autant plus que, justement, il n’y a pas grand chose. Les illustrations des monstres sont l’un des atouts majeurs du jeu, et elles ne sont absolument pas mises en valeur alors que ce pourrait être un élément déclencheur de pledge.
L’autre problème, certainement bien plus difficile à résoudre, est constitué par les frais de port, bien trop élevés pour un jeu à 30 €. S’ils sont corrects pour la France (encore heureux), la Belgique ou l’Allemagne, ils sont juste hors de proportion pour quasiment tous les autres pays d’Europe (14 à 16 €) et surtout du reste du monde, et entre autres les USA et le Canada, les plus gros « clients » potentiels (rien moins que 38 € !). Au moment de passer à la caisse, c’est un des plus efficaces « tue-l’amour ».
Dans ces conditions, il n’est guère étonnant que la campagne, bien que financée, stagne. Elle vient de passer le week-end à moins de 10 soutiens par jour et c’est quand même peu aussi tôt. À voir donc si une reprise se fait dans les jours qui viennent.
En tout cas, si vous aimez le draft et avez envie de voir une vraie nouveauté autour de cette mécanique, ne passez pas à côté de Big Monster. Vous pouvez vous en faire une idée plus précise du jeu en regardant la vidéo de Davy sur sa chaîne Déludik (actuellement 13 500 / 10 000 € et 270 soutiens. Fin le mercredi 16 mai à 23h00).
Les nouvelles campagnes, en bref
DIG + Extension Dragon! par Mangrove Games
Dans tous les domaines faisant appel à la créativité, il est des artistes ou des auteurs maudits. De ceux qui ont beau faire au mieux, leur talent reste dans l’ombre, incompris. J’ai peur que Julien Charbonnier ne soit de ceux-là.
En effet, mais qu’est-ce qu’il a bien pu faire au Bon Dieu pour que ses campagnes peinent tant à être financées, quand elles le sont ? S’il est une chose certaine, c’est que ce n’est pas faute de travail de sa part, ni du manque d’intérêt ludique de ses créations. De là à penser que le problème principal est peut-être bien le parti pris graphique en pixel art, qui n’aurait donc pas autant de fans qu’on pourrait l’imaginer, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement. Certes peut-être à tort.
Car DIG est un excellent jeu à base de stop ou encore, qui ajoute à cette mécanique, somme toute assez basique et trop souvent ennuyeuse dans bien des jeux, juste ce qu’il faut pour que le joueur ait à prendre d’autres décisions que « je continue, ou pas ? » et qui le rend si agréable à jouer avec toute sorte de public. Oh, ce n’est certes pas la tuerie ludique du siècle, mais DIG mérite bien plus que le succès d’estime qu’il a obtenu lors de sa campagne de financement, il y a tout juste un an.
Preuve que l’auteur ne lâche rien, ce reprint a été l’occasion de refondre la règle afin d’être plus aisée à apprendre et il cherche actuellement une solution viable pour en faire profiter en version papier les soutiens de la campagne du jeu originel, là où tant d’autres se seraient contentés de fournir un fichier PDF.
L’extension Dragon ! qui accompagne ce reprint, en plus d’être très abordable, ajoute une nouvelle possibilité de scorer en proposant du stop et encore dans un jeu de stop et encore. Le jeu n’est nullement complexifié, les parties ne sont pas rallongées, cette extension s’avère donc indispensable.
La campagne n’est pas financée, mais le sera car elle en est tout de même aux deux tiers et la modeste dynamique d’une dizaine de soutiens par jour va permettre de rassembler ce qui manque. Pour ajouter une note positive, on remarquera également que la campagne de ce reprint va faire mieux que celle de la boîte d’origine en nombre de backers.
Et pour terminer, j’assume pleinement ma vision du travail de Julien Charbonnier en donnant un coup de cœur perso à cette campagne, coup de coeur aussi destiné à l’ensemble de son œuvre (actuellement 6 600 / 10 000 € et 230 soutiens. Fin le mardi 22 mai à 18h00).
Black Rose Wars par Ludus Magnus Studio
Vous l’aurez remarqué, le petit logo attirant votre attention sur de potentiels problèmes sur une campagne a fait son retour. De fait, je ne vais même pas prendre la peine de me pencher sur le jeu puisque je vais vous expliquer à la place pourquoi il vaut mieux (à mon avis à moi que j’ai) ne pas pledger.
Black Rose Wars est la troisième campagne de Ludus Magnus Studio, après Nova Aetas et Sine Tempore. Et c’est justement là qu’est l’os. Parce que les stretch goals de Nova Aetas et l’ensemble des pledges de Sine Tempore n’ont toujours pas été livrés. La livraison initialement prévue de Nova Aetas était en décembre 2016 (si si, 2016 !) et celle pour Sine Tempore était en mai 2018 (mais autant vous dire que ce n’est pas prêt d’arriver à cette date. Ni vachement plus tard non plus). Ajoutez à cela une communication globale assez axée « enfumage de pigeons » et vous aurez un panel relativement complet des raisons de mettre votre argent ailleurs que dans cette campagne. Ce ne sont pas les bons projets qui manquent en ce moment.
Voilà, j’ai fait mon devoir de lanceur d’alerte. Maintenant, faisez comme vous voulez, mais ne venez pas dire qu’on ne vous a pas prévenu 😉
Le jeu est disponible entièrement en français. Enfin, s’il arrive un jour… (actuellement 365 800 / 60 000 $ et 2 855 soutiens. Fin le dimanche 20 mai à 20h59).
Blight Chronicles : Agent Decker par Board & Dice est un jeu de deck-building uniquement solo. Vous êtes un espion et vous devez vous infiltrer dans une base pour mener à bien une mission.
Chaque mission est divisée en plusieurs étapes, la résolution de chacune d’entre elles vous permettant d’en choisir une autre parmi plusieurs possibilités. Bien entendu, la façon dont chaque étape va se dérouler est dépendante de vos actions dans la ou les étapes précédentes. Ceci associé à la nature par définition plus ou moins aléatoire d’un deckbuilding assure d’une certaine rejouabilité.
Rejouabilité encore renforcée par le choix de différents héros (aux capacités différentes) apportés par les stretch goals. Principal défaut du jeu à mon goût : il est uniquement en anglais. Autre défaut, encore plus plus subjectif celui-là, les illustrations ne sont pas très belles (toujours à mon goût, je précise).
Le jeu solo, ça cartonne ! La campagne a trouvé son financement au deuxième jour et déroule depuis sur un rythme correct d’une quarantaine de soutiens quotidiens (actuellement 28 700 / 20 000 $ et 710 soutiens. Fin le jeudi 17 mai à 17h53).
Suivi des campagnes précédemment lancées
Contre toute attente, la campagne de Beneath par Dark Hands Games n’a toujours pas été annulée alors qu’elle est au point mort. L’acharnement thérapeutique, c’est mal. Dual Power : Revolution 1917 par Thunderworks Games a encore une semaine pour rassembler les 7 000 $ qui lui manquent, ce qui devrait être jouable au vu de la dynamique qui reprend du poil de la bête.
Quant à Pict It par Pict It, le jeu d’ambiance proche de Concept, les quelques centaines d’euros manquants devraient également finir par être rassemblées au cours des deux semaines de campagne qui restent.
Le succès ne se dément pas pour la campagne de Growl par Joey Vigour, qui a vu arriver quotidiennement à elle la semaine passée plus de 200 soutiens.
Les 12 premiers stretch goals débloqués ont été quasi exclusivement des améliorations de la qualité du matériel, mais depuis le treizième ce sont des apports au gameplay qui arrivent. Si ce genre de jeu vous plaît, vous en avez là un original, beau et pas cher (actuellement 84 800 / 8 000 $ et 3 960 soutiens. Fin le vendredi 11 mai à 06h00).
Si elle ne vole pas dans les hautes sphères en matière de chiffres, pour le moins la campagne de The Faceless par Alter Ego Games est-elle stable avec une bonne vingtaine de soutiens quotidiens. Les 1 600 contributeurs sont largement dépassés et la campagne est déjà financée à près de 5 fois. Et il reste 10 jours pour améliorer encore tout cela. Le just played d’Umberling est ici. La règle sera en plusieurs langues, dont le français. Le matériel est totalement sans texte (actuellement 98 300 / 20 000 € et 1 655 soutiens. Fin le vendredi 11 mai à 19h00).
La campagne de Village Pillage par Blue Beard Entertainment a connu un joli coup de boost la semaine passée. Après un pic à plus de 180 soutiens, le rythme est remonté à une trentaine de contributeurs quotidiens. Les 1 500 viennent d’être dépassés et la campagne est financée à 4 fois. Et là aussi, il reste une dizaine de jours pour faire mieux (actuellement 42 500 / 10 000 $ et 1 560 soutiens. Fin le samedi 12 mai à 03h00).
Samsara par Oka Luda Editions subit un petit coup de mou depuis le week-end dernier. Est-ce passager ou durable ? C’est à voir. La campagne est quasiment financée à 3 fois et comme l’équipe de Oka Luda ne ménage pas ses efforts pour faire connaître le jeu et la campagne sur les différents salons du moment, cela augure du meilleur à deux semaines de la fin (actuellement 20 500 / 7 000 € et 545 soutiens. Fin le mardi 15 mai à 23h00).
The City Of Kings : Ancient Allies & Vadoran Gardens par The City of Games vient de passer la semaine à une quarantaine de soutiens quotidiens. Cela peut sembler peu pour un projet tout de même attendu, mais s’agissant d’un jeu de niche, le résultat est plus que correct. Preuve que City of Kings ne s’adresse pas à Monsieur tout-le-monde, seule une quarantaine de backers pledgent là leur première campagne sur Kickstarter, contre près de 2 800 « vétérans » de la chose.
On s’approche donc tranquillement des 3 000 contributeurs, et le financement à x5 est d’ores et déjà acquis (actuellement 246 000 / 50 000 £ et 2 820 soutiens. Fin le jeudi 17 mai à 19h00).
Vous trouverez une sélection plus importante de projets en cours sur la page dédiée de Cwowd.
Ils se terminent cette semaine
Le rappel des 48 heures a bien fait son office et la campagne de Tramways Engineer’s Workbook par AV Studio Games & Ludibooster a vu son rythme augmenter singulièrement à cette occasion. Au moment où j’écris ces lignes, il reste une quinzaine d’heures de campagne. S’il est malheureusement peu probable que les 1 500 contributeurs soient atteints, cette campagne d’un jeu pour le moins atypique aura toute de même réussi le pari d’être financée, et même très bien financée puisqu’elle va terminer à plus de 3 fois (actuellement 60 000 / 8 000 $ et 1 290 soutiens. Fin le lundi 30 avril à 23h57).
Le rappel des 48 heures a également bien « fonctionné » pour la campagne de Lifeform par Hall or Nothing, peut-être pas autant qu’on aurait pu l’espérer, mais en rapport avec la dynamique plutôt mollassonne (pour un projet de ce genre) qu’on a pu constater tout au long de la campagne.
Cette dernière devrait tout de même terminer financée à 4 fois et les 1 500 contributeurs sont avec certitude acquis (actuellement 77 000 / 20 000 £ et 1 500 soutiens. Fin le mardi 1er mai à 00h59).
Le rappel des 48 heures vient tout juste de sonner au moment où j’écris ces lignes pour la campagne phénomène du moment, j’ai nommé Crypt par Road To Infamy. Impossible donc d’en mesurer les effets, mais au vu du rythme incroyable de la semaine passée (globalement près de 300 soutiens quotidiens) et de celui de la campagne en général, je m’attends à un final de toute beauté.
Les 10 000 contributeurs pourraient bien être atteints, ce qui serait me semble-t-il une première pour un jeu à moins de 10 $. Le financement actuel (car cela va encore monter, c’est une certitude) indique déjà le niveau de réussite de la campagne : financée à 66 fois. Livret de règles disponible en français en PDF après la campagne (actuellement 160 000 / 250 000 $ et 8 500 soutiens. Fin le mercredi 2 mai à 06h59).
À la fin de chaque nouvelle campagne de la gamme Zombicide, on a tendance à comparer les chiffres avec ceux des précédentes campagnes, à regarder si celle-ci a mieux démarré que telle autre, quelle est la moyenne journalière par rapport à une troisième, etc. Je ne vais pas me soumettre à cet exercice tant la campagne de Zombicide Invader par CMON est atypique comparée à celles qui ont précédé. Tant le thème, l’univers graphique et même le déroulement de la campagne elle-même (qui aurait prédit une campagne pour un stand alone dans la campagne ?) sont tellement éloignés de ce qui a fait le succès des autres Zombicides qu’un comparatif est vain.
Je me bornerai à constater que la réussite est tout de même là, malgré les doutes légitimes du début de campagne. La marque CMON est solide, sa réputation toujours aussi excellente, et donc le résultat de cette campagne est à l’avenant. À un jour du rappel des 48 heures, on s’approche des 14 000 soutiens, le rythme est de plus de 250 contributeurs par jour et la campagne va être bientôt financée à 10 fois.
Ce ne sera peut-être pas la meilleure campagne de CMON, les 4 millions « traditionnels » ne seront peut-être pas atteints en dehors du pledge manager, mais cela restera tout de même une excellente campagne, au résultat fort éloigné des prévisions pessimistes de certains (actuellement 2 372 500 / 250 000 $ et 13 520 soutiens. Fin le vendredi 4 mai à 02h00).
La campagne de Fireball Island : The Curse of Vul-Kar par Restoration Games est elle aussi a un jour du rappel des 48 heures, et elle ne s’est pas départie une seule journée de son insolente réussite. La semaine passée a vu venir à elle plus de 400 soutiens quotidiens. Autant dire que les 17 500 contributeurs actuels ne vont pas rester « seuls » bien longtemps. Tout cela devrait se terminer à 20 000 soutiens (et plus si affinités) et un financement à 10 fois. Hors pledge manager. Y’a pas à dire, la nostalgie bien travaillée, ça paye 😉 (actuellement 2 124 800 / 250 000 $ et 17 530 soutiens. Fin le vendredi 4 mai à 05h59).
L’autre campagne qui surfe sur la nostalgie, Street Fighter : The Miniatures Game par Jasco Games se porte elle aussi extrêmement bien. Le résultat n’est pas à la hauteur de celui de Fireball Island, mais les tarifs ne sont pas non plus les mêmes. Deux jours avant le fameux rappel des 48 heures, le rythme tourne tranquillement à environ 150 soutiens quotidiens, la campagne est financé à plus de 3 fois et on approche des 7 000 contributeurs. Le final devrait donc être excellent, et il ne restera plus ensuite à Jasco qu’à livrer un jeu qui s’approche le plus possible de ce que les visuels montrés tout au long de la campagne ont promis. Et c’est là que le doute m’habite ! (actuellement 1 330 000 / 400 000 $ et 6 530 soutiens. Fin le samedi 5 mai à 06h59).
À venir cette semaine
Lundi 30 avril
Omen : Fires In The East par Kollossal Games
Un petit jeu d’affrontement pour deux joueurs sur fond de cités perses à conquérir (trois cités dont le contrôle se décide une à une dès qu’un joueur y a placé trois cartes).
Mardi 1er mai
The Forbidden City par Game Brewer
En pleine dynastie Ming, essayez de gagner assez en influence pour obtenir une audience auprès de l’Empereur. Le jeu repose sur le principe de corruption de l’époque, basé sur les « cadeaux », celui fait toujours plus important que celui reçu.
Dungeon Runners par Fire Hazard Entertainment
Dungeon Runners est un jeu de plateau conçu pour initier les nouveaux joueurs aux jeux d’exploration de donjon sans être trop écrasant, tout en maintenant une expérience annoncée pour être amusante pour les joueurs amateurs de la chose.
Mercredi 2 mai
Exo : Mankind Reborn par Plastcraft Games
Un jeu coopératif dans un monde post-apocalyptique où règnent les insectes dopés à une énergie inconnue : l’EXO-énergie. Si le titre fait appel à de très belles figurines, les mécaniques sont belles et bien celles d’un jeu de gestion.
Jeudi 3 mai
Tang Garden par ThunderGryph Games
La nouvelle création de Pierluca Zizzi chez Thundergryph dont le savoir-faire éditorial est au top. On ne sait encore rien du jeu, si ce n’est qu’on doit créer des paysages/jardins mais le premier visuel met l’eau à la bouche.
Castle Von Loghan par Tangled Towers
Un jeu intriguant, sorte de dungeon crawler semi-coopératif que l’éditeur annonce riche en contenu narratif et jouable en campagne.
Dimanche 6 mai
Tectonia par Boardgame Bear
Des tribus primitives s’affrontent pour les territoires d’un monde en évolution (dérive tectonique).
: Désigne les campagnes conseillées par Shanouillette. : Désigne les campagnes conseillées par Gougou69. : Désigne les campagnes dont tout ou partie des éléments sont en français. € : Désigne les campagnes particulièrement intéressantes sur le plan financier. : Désigne les campagnes que nous déconseillons fortement.On les attend de pied ferme
On les attend de pied ferme
Légende des symboles utilisés
Le lexique du participatif
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Shanouillette 30/04/2018
Merci Gougou pour cette belle sélection ! y en a deux trois qui me font hésiter…
Mangrove Games 30/04/2018
Merci Gougou, on ne lâche rien!! 😉
Gougou69 30/04/2018
Je n’en doute pas un instant !
MrPetocask 30/04/2018
Merci Gougou, au top comme d’habitude. Une news que je ne manque jamais…mon banquier non plus d’ailleurs…
Gougou69 30/04/2018
Merci à tous vos merci ! 😉
keyryn 30/04/2018
Je m’étonne de ne pas voir small star empire 2nd en KS. Il re-sort avec 2 nouvelles extenssions qui ont l’air d’apporter de la profondeur au jeu.
Shanouillette 01/05/2018
N’oublions pas qu’il s’agit d’une sélection, pas d’un listing de tous les projets 🙂
TheGoodTheBadAndTheMeeple 30/04/2018
Roh le shipping US/Canada de Big Monster… honteux.
Fred 02/05/2018
Ce qui est honteux c’est peut-être de trouver ça honteux sans avoir plus d’info 😉
Jeu produit en Europe, boite de 1.8 kg, les frais de port indiqués sont les tarifs des transporteurs. et Explor8 prend en charge tout ou partie lors d’achat groupé (mais jamais tout pour le continent américain)
Plutôt qu’honteux je dirais dommage
Gougou69 02/05/2018
C’est clair que pour les frais de port, c’est dommage et pas scandaleux. Par contre ta remarque sur le fait que le jeu est fabriqué en France (même si cela n’a aucune incidence sur le tarif des frais de port) me remet en mémoire une critique que j’ai déjà formulée auparavant : pourquoi les éditeurs qui font fabriquer en France, et plus largement en Europe, n’en font-ils quasiment jamais la publicité ? D’une part, cela caresse dans le sens du poil les écolos et les défenseurs des emplois locaux (l’Europe c’est local par rapport à la Chine) et d’autre part c’est l’assurance de voir les délais de production réduits de façon parfois drastique. Pour beaucoup, ces deux éléments compensent le fait de devoir payer un peu plus cher. Il y a là matière à faire d’un inconvénient un élément positif pour la campagne et l’image de l’éditeur, et c’est quasiment toujours passé sous silence.
Fred 14/05/2018
C’est vrai qu’ils auraient peut-être pu insister un peu sur l’info. Et c’est justement une des raisons du délai de livraison prévu (septembre 2018).
Ca ne change rien au problème des frais de port pour US/Canada, mais pour en avoir discuté avec Dimitri l’auteur, ils ne font que proposer les tarifs qu’on leur dicte (ils ne se font pas d’argent là dessus, voire ils en « perdent »). J’imagine que si quelqu’un a une solution d’envoi à faible coût, ils sont avides d’infos
Adesco67 30/04/2018
Pour info …. très prochainement des KS de <What’s your game> Zhanguo et Madeira avec une 2eme édition 😉
et plus tard Extension de Railroad Revolution, puis le nouveau jeu <Brasil>.
http://www.whatsyourgame.eu
TheGoodTheBadAndTheMeeple 30/04/2018
C’est beau !
Fred 02/05/2018
ça c’est cool !
Dante 30/04/2018
Et Confrontation Classic? taboo?
Merci pour cette article hebdomadaire.
Gougou69 02/05/2018
Même problème que pour tous les jeux non retenus : cette chronique est une sélection, comme son nom l’indique. Et qui sélection dit choix, les critères de ces choix étant par nature subjectifs. Pour ce qui est de Confrontation en particulier, je ne peux que te dire que j’exècre ce type de jeu, et je ne saurais même pas quoi en dire de façon objective. Il vaut donc mieux que je m’abstienne.
Grumf 01/05/2018
Pour info, Pledge Groupé très avantageux sur la tuckbox (9€) de Villages of Valeria (pour ceux qui ont le jeu de base donc), et sur Samsara, pour lequel OkaLuda fait des efforts importants en fonction du nombre de boîtes…
Tout ça, c’est sur le forum de Cwowd !
Gougou69 02/05/2018
Tu as bien fait de le faire savoir. Cela m’avait échappé. Je le note pour la semaine prochaine. Merci.
Grumf 02/05/2018
VoV a été mon premier jeu pledgé, à cause de toi et de ta chronique… Regarde où ça m’a mené, je porte des PG maintenant !!!
Umberling 02/05/2018
Eh bien, Court of the Dead a l’air alléchant !
Meeple_Cam 02/05/2018
Black Rose Wars déjà financé à plus de 300 000 euros sur les 50 000 demandés … il y a 3000 contributeurs qui n’ont pas peur d’attendre … Bon, j’ai loupé Crypt de quelques heures. Tant pis, je me suis rabattu sur un jeu avec un thème porteur et innovant : La pêche aux homards (Fleet, the dice game)