NEW YORK KINGS, saleté de jeu

Non e possibile ! No. Devant New York Kings, on ne peut rester froid comme de la viande de carpaccio. On ne peut pas. Déjà, le visuel du jeu est, comment dire… c'est… une tuerie. Ouaip. On plonge en plein New York, et la visite se fait by night. Seule la pointe d'une cigarette ardente transperce parfois dans l'épaisseur de la nuit.

 Des cartes et des gueules
 

On ouvre et on découvre le thermo en forme de revolver, les cartes personnages qui nous rappellent des bonnes vieilles gueules de cinéma (Lino ventura, Al Pacino…) et le plateau de la City qui ne dort jamais. Ici dormir, c'est mourir un peu.

Et oui Vito Gambini, figure majeure de la mafia New-Yorkaise, vient de passer l'arme à gauche.
Paix à son âme, respect à sa mémoire.
L'assemblée des Cinq Familles se réunit demain à l'aube pour nommer celui qui va lui succéder
pour reprendre le contrôle et la gestion des affaires de New York.

Plusieurs affranchis légitimes se disputent la place d'honneur et, devant ce choix cornélien,
les anciens leur ont lancé un défi : Une nuit pour faire leurs ultimes preuves… cette nuit !

Je prends une voix rocailleuse et l'accent sicilien : « Ma tu ne peux pas choisir d'incarner ce baltringue de Tony ! Tu n'as aucune chance contre moi… »
Mais Zom ne montre pas le moindre signe d'intimidation. C'est qu'il connait les règles et pas moi. Et puis il mesure 1m83 et maitrise assez les arts martiaux. Forcément, l'a pas l'habitude de se laisser facilement impressionner. A moi de faire jouer mes origines italiennes pour lui montrer ma supériorité. Techniquement, celui qui peut ensevelir l'autre sous des tonnes de bétons, ici, c'est moi.

Il m'explique les règles. On est que deux joueurs, c'est peut-être pas l'idéal, mais ça permet de se mettre le jeu dans les jambes. Une fois qu'on maitrisera bien notre affaire, on appellera à droite à gauche pour dresser une table plus endiablée.

« On n'avait pas de jeu dans le thème de la mafia. C'est cool.
– Voui, à part the boss…
– …qui est excellent, mais c'est quand même moins thématique que là…
– E vero… »

C'est clair qu'ici on thématise pas à moitié. Le poker sert de base et de liant via les dés et les cartes. Les requêtes des famiglie passent par des cartes en forme de smart-phones. A nous de bien choisir ce qu'on accepte, car certaines missions sont plus risquées que d'autres, mais mieux payées bien sûr.

Atmosphère, atmosphère…

Donc :
« chaque tour débute par une phase de corruption où on va miser secrètement une somme de $, histoire de pouvoir se mettre la flicaille dans la poche. m'explique mon zom.

– Ouais, La seule façon de ne pas avoir de problèmes avec la police, c'est de comprendre les problèmes de la police…
– Ça sort d'où ça ? Le Parrain ?
– C'est sur le site de l'éditeur. »

OK bon, en gros, on accepte des missions, on essaie de les effectuer au plus vite en gérant bien ses déplacements, on se fait payer, on embauche un peu des sbires au passage pour être plus efficaces, on évite les contrôles de police (et les règlements de compte), et tutto va bene

Chi va piano va sano, chi va sano va lontano…

« Ce coup-ci il faut vraiment que je puisse passer. J'ai des petits bonbons à remettre à mère-grand, vers Chinatown. Hors de question que les képis rappliquent ! Je vais devoir allonger la vinaigrette…
– Ouais… Allez… arrête de causer, vas y, montre ta mise… Quoi ?!? zéro ?

– Hmm. J'voulais juste te faire raquer un peu. Toute cette caillasse, ça allait te gêner. Merci qui ?"
Ça partait plutôt bien quoi. J'ai voulu faire ma petite racaille… mais j'ai trop parlé et pas assez embauché. Très vite l'escouade d'en face devenait bien plus darre et nerveuse que la mienne.

Ouaip, en deux temps trois mouvements, Tony s'en est allé recruter les pires valets de Brooklyn. Du renfort facile à enturbiner, prêt à faire le sale travail pour monter l'échelle.

Moi, fine bouche, je cherchais la perle rare, un homme de main à me mesure, un As de cœur ou quelque chose comme ça. J'en voyais bien un mais il était loin, au fond du Queens, et j'avais pas le temps d'aller me perdre là-bas. Pas le temps, car les sms n'arrêtaient pas. Aller chercher la petite nièce de tonton Vittorio… calmer des gratte-papier trop reniflant… aller récupérer une amazone aux urgences… choper le leader du syndicat, histoire de leur faire passer l'envie de se réunir… Des petites courses quoi -avec quelques extras- toujours réglées dans les temps, rien à redire la dessus.

Mais pendant ce temps là, le gang de Tony s'agrandissait à vue d'œil. Moi et mon seul complice, le gros Bill, -un ex boxeur toujours muni de son maillet-, on avait beau se démener dans tout New York, si Tony voulait nous la faire à l'envers, il n'avait plu qu'à claquer des doigts. A ses basques, les portes-flingues prêts à en découdre se démultipliaient. Mais pourtant il restait calme.

« Il doit y avoir encore un peu de respect dans le milieu. Viva l'omertà. », pensais-je.

Ouais, il nous laissait vaquer gentiment à nos petits business, au pire, allongeaient un peu la thune pour refliquer léger, normal quoi.

Mais le fossé s'est creusé. Plus la nuit avançait, plus c'est lui que les anciens appelaient pour les vrais services.

Moi pendant que je continuais à courir après du parmesan pour la pasta de mama Corleone, Tony et son gang prenait le contrôle de la city, bloquant les voies d'accès, sautant dans un speed boat pour aller récupérer les cailloux de je ne sais quel diamantaire malchanceux.

Bref, j'ai commis une grossière erreur : « Un homme seul est un homme seul. Un affranchi seul est un homme mort… » ça aussi, je l'avais lu sur le site de l'éditeur.

J'ai décidé de laisser Big Bill gérer un peu en solo, (faut savoir faire confiance en ses hirondelles) le temps d'aller recruter mon As dans le Queens. Il était là, comme convenu, il m'attendait au bar. Mais il a fallu sortir les arguments, sonnants et trébuchants. Ouep. Snow Black ne déplace pas son derche pour rien. La négociation fut rude, mais j'avais plus le choix, je vidais donc mes poches. Bon, maintenant, nous faisions la paire.

…ma chi va lontano va a la morte.

« Une paire d'As… ouais c'est pas mal, mais si tu te mets sur mon chemin, je ramène mon carré de valets et zing zing zang ! me tâne mon zom, sans pitié.
– Calmos Tony. Tu es sur un gros coup à East Harlem ? Loin de moi l'idée de venir te contrarier. Je vais prendre le métro, tranquille. »

Je croisais de plus en plus de ces affidés dans les quartiers chauds, Tony gérait trois ou quatre contrats en même temps, pendant que je pouvais à peine en honorer deux. L'étau se resserrait dangereusement. Et puis, bientôt, ce fut l'issue fatale.

On a dû recevoir le même sms : game over, fin de la nuit, les familles se réunissent.
C'est maintenant qu'elles vont choisir.
Et c'est là que l'histoire tourne à la sanguine.
Le gang de Tony est venu me provoquer sur mon territoire. Ils étaient tous là, armés jusqu'aux dents, et j'avais beau être accompagné par Snow Black, j'ai fini la tête dans la cuvette.

« Tu sais comment ça se passe… si je veux te faire cracher c'est maintenant ou jamais…
– Moi qui pensais qu'il y avait encore du respect ! Que dalle ! Chien !»

New York Kings me laissa un goût aigre ce soir-là. J'aurais bien fait dormir mon zom sur le canapé. Mais bon. L'omerta…

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