[just played] Hier j’ai joué à Kingsport Festival

Hier je suis devenue cultiste et j’ai pris le contrôle de la ville.

Du moins, d’après le pitch du jeu.

Moi j’ai plutôt eu l’impression de jouer à Kingsburg version « meurtre mort détruire » et je dois dire que le goût du thème m’a laissé une sensation pâteuse en bouche. Je saaaaais, le poulpe est tendance top fashion ventousé et j’ai rien contre personnellement, mais tout de même, pourquoi avoir éloigné ainsi le grand public d’un must-have revisité qu’est Kingsburg Kingsport ? Je ne me l’explique pas.

Kingsport Festival est très bien. Mais « donne-moi un mort et deux destruction », ça marche pas. « Donne-moi deux bois pour construire ma ferme » ça marchait. Et on pouvait y jouer avec nos parents, nos filleules. Maintenant, les frontières se referment, dommage, d’autant que ça n’est pas justifié mécaniquement selon moi (pourtant on sent que ça vient du cœur et que les auteurs aiment vraiment Lovecraft). La phase de « propagation » chez nous s’appelle toujours phase de « construction », car ça parait plus logique. Mais c’est peut-être parce qu’on n’est pas assez geeks pour apprécier un thème cultiste à sa juste valeur (What the what ? Nous ? Pas assez geek ? Ha oui ? Tu veux venir voir notre collection de dés à 20 faces ? Non mais où va le monde …?!).

Bref, question thème, je suis pas convaincue, d’autant que concrètement, ça nous donne un jeu sombre. Je veux dire, pas que métaphoriquement. Son petit jeton NOIR sur sa tuile NOIRE ou un lieu NOIR entouré de têtes de mort NOIRES, ça commence à faire beaucoup de darkitude – et la lisibilité y perd.

Mise en place de la bête

A part cette question de thème, Kingsport est vraiment bien. Je regrette qu’il ne puisse pas se jouer à 2, ce que Kingsburg permettait (si vous connaissez une variante intéressante, faites signe !), et il ne présente pas de nouveautés vraiment significatives en soi mais l’ensemble apporte quand même une expérience intéressante et bien prenante au final.

Hmmm sympa ton dieu à toi

Rappel : le principe du jeu

– On va lancer nos 3 dés, et nos totaux vont d’abord permettre de définir l’ordre du jeu (le plus faible total jouera en premier et pourra s’il le souhaite récupérer un peu de santé mentale).

– Ensuite, on peut combiner nos trois valeurs de dés comme on veut (3/4/5 peut vous donner un 7 ET un 5, OU un 12 par exemple) pour aller les placer sur les tuiles « Dieux » (un Dieu à la fois) qui nous donneront des ressources en échange.

Plus les Dieux nécessitent des scores élevés, plus ils seront généreux, mais plus il faudra payer en ressource mentale aussi. Quand on ne peut plus payer en santé mentale, c’est nos points de victoire qui trinquent. Ouch ! HihhOUhhuuhhahaaaaAA je deviens complètement folle !!

– On va donc placer nos dés sur les tuiles Dieux avant de les résoudre dans l’ordre croissant. On récupère donc des ressources (ce qu’ils appellent des « privilèges ») : maléfices, mort, destruction… Je vous embête avec ça, mais si l’iconographie est bien ficelée, les noms des ressources ne sont pas significatifs et on met un peu de temps à se les approprier du coup. Brêêf.

Dieu ouvert 7j/j 24h/24

– Grâce à nos ressources, on va pouvoir « se propager » : concrètement on va poser un disque à notre couleur sur un des lieux du plateau central pour en retirer un bénéfice constant. Dans Kingsburg, on avait chacun son plateau individuel, ici, on s’étend sur la carte de Kingsport qui est commune. Le truc intéressant que cela rajoute, c’est qu’il faut lire la carte : si on évolue à l’est, on boostera l’aspect baston, si on part au sud-ouest, c’est plutôt la magie, etc. Du coup le placement de ses disques aura une incidence directe sur les stratégies possibles.

– Enfin, à certains tours, on devra subir l’attaque des Investigateurs qui cherchent à diminuer l’impact des cultistes en ville. On révèle alors une carte Investigateur – certains Dieux permettent d’en prendre connaissance avant – qui a une certaine Force d’attaque et certains effets spécifiques. On révèle également au passage une carte Evénement. Elles offrent globalement des propositions intéressantes (échanges de ressources facultatives). Si on gagne contre l’attaque des Investigateurs, on touche une récompense et sinon, il y a une sanction comme la perte d’un lieu… Eh oui, les investigateurs sont de plus en plus coriaces et n’ont pas envie de discuter tricot avec nous. Je comprends pas pourquoi.

Les événements et investigateurs qui nous attendent

Et voilà, ainsi va la vie, on avance le marqueur Temps sur le Calendrier et au bout de 12 tours, c’est cuit. 12 tours, oui. 12 tours. C’est pas si court que ça.

On peut jouer avec des scénarios qui ajoutent de la difficulté à la partie, d’ailleurs nous voulions jouer avec mais finalement, nous l’avons magistralement zappée ! Prochaine fois…

La tête de zom quand on se rend compte mi-partie qu’on avait une carte scénario. En fait.

La fameuse carte scénario complètement oubliée : ‘le monstre sur le seuil’ portait bien son nom !

 

Le jeu ressemble donc excessivement à Kingsburg dont il s’inspire mais ajoute 5 grands points :

  • La santé mentale, jauge avec laquelle il faut jouer (parfois il est bon d’avoir une faible santé mentale, eh oui, pour bénéficier de certains effets !)
  • Un Dieu toujours ouvert à tous (tous égaux devant la mort) où l’on peut mettre ses dés quand rien ne va, ce qui évite d’être vraiment bloqué
  • Un plateau commun de construction avec ses nouvelles contingences
  • Les cartes sorts qui permettent plus d’options de contrôle du hasard (et la piste de magie, nouvelle ressource associée qui sert à lancer les sorts)
  • Des attaques et événements plus variés et une gestion plus ouverte de ses Forces de combat (avec justement certaines cartes notamment)

Les ressources et les cartes

 

En piste, mon cultiste !

Pour cette partie découverte, nous sommes trois gamers qui connaissons bien Kingsburg : zom, Dookie et moi-même. Nous mettons le tout en place, et de la place, il en faut ! Zom nous lit les règles, et si nous sommes un peu désorientés au début nous retrouvons vite nos marques (après 1 tour).

Moi je construis assez tôt le cimetière qui me permettra d’avoir des réductions appréciables sur les prix de construction de mes futurs bâtiments (en échange d’un peu de magie mais ça vaut le coup). Une fois que je me suis installée au nord, je vise l’hôpital qui me permettra de ne pas sombrer dans la folie totale (car cela vous surprendra peut-être mais je flirterais tout le long de la partie avec le zéro de la démence pure NiiiiaaaaHouuuUUHHAAA). Ensuite, je suis la première à me payer le Musée (ma fierté, mon oeuvre) qui permet de prendre une carte Sort gratuitement à chaque début de tour, ce qui est assez génial. Bref, je fais une belle partie et je squatte souvent le haut de la piste. Vas-y bibi !

Ma main, elle est belle ma main

Zom part sur une stratégie all-violette. Il vise tout de suite l’église qu’il pourra se payer en fin de partie et lui donnera un max de PV. Mais il construit d’abord la mairie (efficace pour se donner plus de liberté sur les résultats de dés) et achèvera avec le Théâtre qui offre aussi pas mal de points. Il mise beaucoup sur les cartes Maléfices qui permettent une grande souplesse de placement au niveau des dés et il a eu raison. Elles lui ont plusieurs fois permis de sacrées combo dégoutantes (« je me place sur un Lieu à 14 avec un 2 et ça me coûte pas de santé mentale tralalala»). Il a aussi réussi à avoir une carte rouge qui permettait de scorer directement. Ho pas grand-chose, 3 points. Mais il remportera la partie, 50 points à 47. Grmpf.

Quant à Dookie, elle fait des petits résultats aux dés tout le long et c’est vrai qu’elle aura du mal à nous rattraper. Le hasard des dés tuerait t-il les stratégies ? Pas sûr. Peut-être aurait-elle dû compenser sa malchance en allant sur les ruines, Lieu qui permet de relancer les dés, ou simplement tenter de se dégoter plus de cartes Maléfices qui semblent vraiment la clé du contrôle (avec combo violentes possibles à la clé).

Plateau avec nos socles pimpés

Impressions à chaud

Bilan, un bon jeu agréable, où il y a plus d’options de contrôle qu’à Kingsburg malgré les hasards des pioches, il faut pas hésiter à aller chercher un max de cartes pour se donner plus de chances de modifier le destin. Un plateau un peu discutable car d’une part, trop de noir tue le noir, et d’autre part, les lieux sont des mini-tuiles pas toujours bien lisibles, surtout quand les disques des joueurs viennent se poser dessus. Nous les avons tout de suite érigés sur des socles et avons trouvé cette solution astucieuse. Il aurait sinon été possible de donner une aide de jeu à chacun (avec rappel des effets des bâtiments) mais déjà que l’ensemble prend de la place…

Eh non, ça ne se joue pas sur un tabouret

Sinon, la règle est bien rédigée (même s’il est regrettable que les exemples soient écrits dans une police illisible). Niveau gameplay, on est ni dans du trop lourd ni dans du trop light, quelque chose qui saura séduire les casuals gamers (le plaisir du dé prend toujours), tout en ne laissant pas les plus expérimentés sur leur faim – à condition qu’ils sachent gérer les aléas et accepter les risques que cela induit (probabilité mon amour).

Du coup, il s’avère bien bon, mais moins facile d’accès que Kingsburg (because pas de règle 2 joueurs / une gestion un peu plus complexe / 12 tours, c’est peut-être un chouïa long pour ce calibre ? / et thème bien core). Mais oui, bien bon, car il reprend les idées de Kingsburg (+ extension) qui était lui-même bien bon (n’est-ce pas) en offrant plus d’options de contrôle du hasard et plus de rejouabilité. Du coup, ph’nglui mglw’nafh comme disait l’autre. Fhtagn !

>> La fiche du jeu

Un jeu de Andrea Chiarvesio, Gianluca Santopietro
Illustré par Alan d’Amico, Maichol Quinto
Edité par Iello
Pays d’origine : Italie
Langue et traductions : Allemand, Anglais, Français, Italien
Date de sortie : 10/2014
De 3 à 5 joueurs
A partir de 12 ans
Durée moyenne d’une partie : 90 minutes
Prix : en.45€ – Disponible –

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14 Commentaires

  1. TSR 10/11/2014
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    Ah bah vala. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin on la lâche et on n’a plus de cruche, du coup, on ramasse l’eau avec un boîte de conserve, mais ca rouille et pis ca coupe et puis on peut chopper le tétanos. Ou alors, un bocal à anchois. Ca c’est hyper pratique. Vous verrez que si Joseph d’Arimathie c’est pas un con, le Graal, c’est un bocal à anchois. 

    Comme quoi, même sur les jeux très mecaniques, le thème, ça compte. Et que le design c’est comme la cuisine. C’est pas parce que tous les ingrédients sont bons que le jeu sera bien, tout ne va pas avec tout !

    Kingburg, c’est un super jeu. Pas trop ma came, mais un super jeu. Et j’adore Cthulhu, même s’il faut reconnaît que j’ai été beaucoup plus convaincu par les JDR que mes JDP. Mais quand on mélange les deux, ca foire.

    J’ose le parallèle : c’est Himalaya/Lords Of Xidit a l’envers. Même démarche, mais là c’est raté.

    Comme quoi.

     

     

  2. TSR 10/11/2014
    Répondre

    J’oubliais le principal : merci pour le super article Shanouillette !

  3. Sha-Man 10/11/2014
    Répondre

    Moi je le trouve tout sauf raté 😉

    Il y a de très bonnes idées / améliorations par rapport à KingsBurg, au niveau de l’implication dans le jeu, je trouve le sentiment mécanique pur plus éloigné que dans Kingsburg tout en restant suffisamment clair pour garder le bon dosage calculatoire qui permet de peaufiner la stratégie de ses prochains moves.

    Clairement, ce qu’on a moins aimé dans le jeu : le thème. (et le pas de mode 2 joueurs mais ça encore pas trop grave)

    Parce que Cthulu tu vois c’est pas le truc préféré de mes parents ni de mes neveux/nièces de 10-15 ans et du coup je sortirais pas celui-là avec eux, alors que kingsburg si.

    Moi perso, je comprends pas la fascination pour le thème Cthulu…

    • Shanouillette 10/11/2014
      Répondre

      je pense qu’il disait que ce qui était raté c’était l’imbrication du thème, pas tout le jeu.

    • Dru 10/11/2014
      Répondre

      Faut dire que Cthulhu est mis à toutes les sauces sur le stand de Sitdown il y avait Sushi Dice (très bon petit jeu soit dit en passant) et en goodies ils mettaient une varainte cthulhu carrément ^^

  4. TheGoodTheBadAndTheMeeple 10/11/2014
    Répondre

    Cthulhu, c’est bon mangez-en ! Moi j’adore !

    Je conçois que ce soit dur à sortir, MAIS j’adore quand même. Parce que c’est glauque, crade, dark, de la bonne quoi !

    Mais comme monsieur Iello n’avait pas daigné sortir de table a Essen en Francais, ben tant pis, pas dans ma besace.
    Marre de la Fantasy qui brille dans la nuit.

    • Shanouillette 10/11/2014
      Répondre

      Oui Cthulhu c’est bon, mais faut quand même que ça soit bien intégré. Là, on y croit pas, surtout quand on a connu Kingsburg avant.

      Reste un très bon jeu tout de même.

  5. Alstar 10/11/2014
    Répondre

    Pour l’avoir dans ma ludothèque également sans avoir jamais joué à Kinsburg, je dirais ceci :
    – le plateau est a la fois trop grand et pas pratique. Lire les effets des bâtiments a l’envers sur les tuiles, ben faut les prendre en main quoi… Une aide de jeu pour chaque joueur me parait indispensable et j’ai même fait un p’tit xls de résumé
    – le thème ultra noir je suis d’accord c’est pas facile a sortir, mais on peut pas faire du Cthulu gazouillant au printemps non plus…
    – la mécanique j’adore, toit simplement. On peut bloquer ses adversaires, se jouer du sort avec les cartes… Tout bon pour moi

    Au final un bon jeu pour adultes consentants mais qui ne restera pas dans les annales du jeu a mon sens…

  6. Jiba 10/11/2014
    Répondre

    Clairement, le thème ne m’attire pas du tout non plus… c’est une chose de mettre des « chtulus » comme grand méchant et de se faire peur avec (genre horreur à arkham), mais de là à jouer des cultistes… ça me tente moyen. Sans parler du fait que les illustrations manquent vraiment de couleurs !

    • Shanouillette 10/11/2014
      Répondre

      c’est visuellement bcp plus dark que Dark darker darkest c’est dire ^^

  7. Wraith75 12/11/2014
    Répondre

    Bonne idée ça les socles !

    Vous les avez recyclés d’un autre jeu ?

    • Sha-Man 12/11/2014
      Répondre

      Là j’ai fait le feignant j’ai pris dans super fantasy, comme j’ai le 2 aussi j’ai plus que le nécessaire en socle.

      Il y en a plus que suffisamment dans descent v2 si tu l’as aussi, j’avais l’option l’oeil noir aussi mais je retrouvais plus ma boîte 🙂

      • Wraith75 12/11/2014
        Répondre

        Merci ! Malheureusement rien de tout cela, mais je vais essayer d’en trouver en magasin.

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