Biblios : le péché de l’enchère !

Biblios fait partie de ces jeux qui traînaient à la maison. Engoncé dans sa boîte en forme de livre, je ne l’en aurais pas extrait si je n’avais été curieux. Et puis à l’occasion d’un week-end au frais, je l’ai sorti du cellophane, j’ai dépiauté le paquet de cartes et compulsé les règles.

 

Le troisième volume de la Poétique ou rien

Donc nous voilà propulsés dans des monastères, dans la chair d’abbés et d’abbesses dont le grand kif est de : collectionner les livres. Oui, collectionner les livres rares/chers/saints/interdits (eh oui, l’Église collectionne les ouvrages de sorcellerie ; l’érudition se doit de couvrir tous les sujets). Et puis aussi les objets un peu hors du commun, genre ce coquillage qui claque (on appelle Théo Rivière !), ou les moines copistes les plus compétents. Bref, on aura cinq pôles de victoire et il faudra en avoir le maximum. Chaque pôle vaut un certain nombre de points, indiqué par un dé (qui commence à 3). En fin de partie, si avez la majorité dans un domaine, vous gagnez le dé qui lui est associé – et les points de victoires idoines, donc. La partie s’achève quand on a épuisé la pioche…

La séquence de jeu est d’une simplicité presque enfantine : chaque joueur exécute à son tour une action dépendant de la phase du jeu : d’abord, du don (d’œuvres) et ensuite, des enchères.

 

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Très jolies illustrations ! Et le coquillage qui claque.

 

D’un don tu glousseras

La phase de don est on ne peut plus simple. On pioche autant de cartes que le nombre de joueurs +1, et on les regarde une par une. À chaque consultation, on a une décision à prendre : soit on prend la carte pour soi, soit on la met dans la zone de partage (pour les autres joueurs), soit on la place aux enchères. Une fois ceci terminé, il doit y avoir exactement une carte pour soi et une carte aux enchères. Un petit effet stop ou encore, ça vous plaît ? Pour ma part, j’ai trouvé ça plutôt pas mal foutu, car on sait exactement ce que l’on refile aux adversaires et une fois la décision prise, on tremble dans son slip de voir les cartes suivantes mieux correspondre à sa propre stratégie.

Il y a trois types de cartes : d’abord, les trésors (enluminures, breloques, moines, manuscrits sulfureux, etc.), ensuite l’or, qui sert à acheter des cartes aux enchères, et enfin les cartes Église. Dès qu’elles sont acquises, ces dernières permettent d’augmenter ou baisser les dés (pour rappel, la valeur en points de victoire des catégories). Refiler une carte Église trop tôt, c’est l’assurance d’orienter le jeu dans une certaine direction ! Du coup, ça finit souvent dans la pile d’enchère.

Une fois les cartes réparties, on procède tout simplement à… l’enchère !

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Don à 3 joueurs : 2 cartes en zone centrale, 1 pour moi, 1 pour l’enchère.

 

 

Le péché de l’enchère

Puis vient l’enchère. Deux cas de figure se posent. Soit la carte révélée pour l’enchère est une carte or, soit ce n’est pas le cas. Une fois l’enchère terminée, un nouveau joueur actif commencera à jouer.

  • Il s’agit d’une carte or :

 

Les mises d’enchères se font en cartes, défaussées depuis la main des joueurs. Peu importe quoi. On commence par le joueur actif, et qui se couche ne peut plus participer. Les cartes or oscillent de 1 à 3 pièces/bourses/coffres.

  • Il s’agit d’une carte non-or (Église ou Trésor) :

 

Les mises d’enchères se font en or, défaussé depuis la main des joueurs. On ne rend pas la monnaie ; si jamais vous avez misé 4 avec deux cartes 3 en main… c’est dommage. On commence par le joueur actif, et qui se couche ne peut plus participer à l’enchère.

En cas de désintérêt pour une carte, elle sera perdue pour toujours ! Néanmoins, au fur et à mesure qu’on apprend à jouer, il est important de bien se rappeler de ce qui est passé. Combien d’or reste-t-il autour de la table ? Combien dépenser sur telle ou telle carte ? Comment faire monter l’enchère sans pour autant inciter les autres joueurs à se coucher ? A-t-on besoin d’or ? Des dilemmes forts, qui font écho aux problématiques vécues en première moitié de partie.

 

La bible ne fait pas le moine ?

Avez-vous suffisamment d’une catégorie pour prétendre à la majorité ? Combien d’or les adversaires ont-ils dans leurs escarcelles monacales ? Pauvres comme des Dominicains ou riches comme des Franciscains ? Comment les pousser à la faute ? En les faisant surpayer des pièces, ou une carte qui ne leur est pas si utile ? Quelles catégories doit-on faire baisser ? Vous l’aurez compris, on se guette en chiens de faïence, et si on peut avoir une idée de ce qui intéresse les autres en les voyant faire les choix, on se doute bien qu’ils tirent le meilleur parti des moments où ils sont joueur actif.

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Exemple de scoring en fin de partie. Sud gagne largement.

 

On peut également bluffer pour rendre les autres joueurs incertains ; acheter une carte à la con, ou faire mine de la vouloir, cela peut marcher et pousser un joueur déjà majoritaire à se blinder dans une catégorie. Idéalement, il faudrait obtenir trois majorités à trois (ou deux à quatre) pour remporter la victoire, mais les cartes Église viennent s’en mêler et changer les comptes.

Pour autant, le déroulement de la partie est un peu répétitif, sans être morne pour autant : les situations de jeu varient grandement en fonction de l’opportunité à disposition.

On est clairement dans un jeu abstrait qui s’est habillé, sans pour autant que ça fasse tache, un peu à la Splendor : tout l’enrobage est fort agréable et plonge les joueurs dans un univers médiéval chatoyant. De la boîte en forme de livre aux belles enluminures plus vraies que nature, on s’y croirait ! De quoi séduire un public familial, avec un jeu d’enchères plutôt méchant, voire mesquin. On ne couinera pas beaucoup, hein. N’est pas Intrigue qui veut… Cela dit, Biblios a le charme de l’accessible, de l’immédiat, malgré un intérêt un peu limité sur un grand nombre de parties. Plus zen qu’Intrigue, un tantinet plus papotant que Splendor, intensément plus interactif et palpitant qu’un jeu à l’allemande tout en gardant une simplicité que ne sauraient briguer les ameritrashs, Biblios se révèle d’une saveur très agréable et surprenante sans pour autant crever le plafond ludique.

Un jeu de Steve Finn
Illustré par David Palumbo
Edité par iello
Langue et traductions : Français
Date de sortie : 28-01-2011
De 2 à 4 joueurs
A partir de 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 30 minutes

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La dimension chaos !

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4 Commentaires

  1. morlockbob 10/06/2016
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    A noter qu en 2015 est sorti Biblios Dice (??) qui vise plus la récupération de VP que d ‘or avec un matériel plus conséquent… J aime assez celui là. Redécouvert l’été dernier, après un long séjour au placard….comme quoi.

    • Umberling 10/06/2016
      Répondre

      Ouais, mais Biblios Dice semble moins… marrant, attirant, je sais pas. Et la note sur BGG est pas oufissime. Je vais passer, Biblios me suffit largement 🙂

  2. TheGoodTheBadAndTheMeeple 10/06/2016
    Répondre

    Perso Biblios fait partie de mon top 10 of all time. C’est un jeu simple riche rapide et qui fonctionne aussi bien a 2 qu’a 4.

    C’est presque devenu un jeu d’ambiance. Tout est question de guessing. Ou en sont mes adversaires ? puis-je lacher quelques cartes pour recuperer ces 3 ors ou vais-je m’en mordre les doigts severe ?

    Toujours un grand plaisir a le jouer.

  3. Achéron Hades 18/07/2016
    Répondre

    Assez bof pour ma part, 2-3 parties dans les pattes et pas vraiment envie d’y retourner (je vais regarder de plus pres la version dés), c’est assez basique, un peu trop peu être.Par contre les cartes sont chouettes et les gros dés aussi (dommage on ne les lance pas 😉

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