A la carte – le menu est fort piquant, fort goûtu !

À la carte traîne sur mes étagères à jeux depuis un an. Un an pour ce grand classique qui date de 1989 (et réédité y’a pas si longtemps par les soins de Iello), et je me suis toujours dit qu’il faudrait que j’ouvre cette boîte. Et puis un après-midi en rentrant du travail, un élan de motivation et de curiosité m’a saisi.

Était-ce une bonne idée ? Plutôt, comme vous allez le constater.

Alacarte-setup

Mise en place standard.

 

Être le meilleur cuisinier

Dans A la carte, nous incarnons des chefs dans la même cuisine d’un grand restaurant. À la recherche de gloire, grâce à des étoiles gagnées en réalisant des recettes parfaites, ou grâce à des toques (les points de victoire). Deux façons de gagner, donc. Lorsqu’un joueur atteint trois étoiles, il clôt immédiatement le jeu et remporte le titre de meilleur chef. Autrement, il faut attendre la fin de la partie…

Qui dit chef et grand restaurant, dit recette un peu artistique, non ? Eh bien là, c’est le cas : nous allons cuisiner. Dans notre casserole, une recette. Pour la réussir, deux facteurs : la température de notre fourneau, qui doit être comprise dans une certaine fourchette, et les ingrédients requis pour la réaliser.

Bien évidemment, une recette peut être irrémédiablement perdue ! Deux cas de figures vous la feront jeter :

  • si le thermostat de votre fourneau dépasse celui autorisé par la recette.
  • si trois ingrédients de la même couleur se retrouvent dans votre plat.

 

20160418_165218

Pour un dîner pas très parfait (mais bon, c’est encore mangeable).

 

Un tour est une simplissime succession de trois actions, marquées par des spatules géantes qu’on passe au joueur suivant au fur et à mesure. À chaque action, deux choix s’imposent :

  • Lancer le dé pour augmenter son thermostat (ou gagner une tasse à café !).
  • Tenter d’épicer son plat.

 

Pour épicer son plat, on se sert des flacons. D’un geste fluide – sans secouer la main ! –, on renverse le flacon au-dessus de son plat. Et là, c’est drôle. On fait couler entre 0 et 6 épices. Sachant que le sel est présent en quantité non négligeable dans les quatre flacons d’ingrédients, on voit bien qu’il est possible d’échouer assez facilement une recette. Et alors pour en réaliser une parfaite, je ne vous raconte pas.

Lorsqu’on a fini une recette (qu’elle soit réussie ou ratée), on peut en commencer une autre d’une catégorie qu’on n’a pas encore réalisée. Et tant qu’on y est, chaque joueur dispose d’une unique crêpe : lorsque vous décidez de la faire, les règles changent pour vous ! Vos trois actions sont conditionnées : vous lancez et appliquez le dé de thermostat, puis vous tenterez de retourner votre crêpe jusqu’à deux fois. Si vous y parvenez, vous la marquez et votre tour se finit ! Je vous garantis que retourner une vraie crêpe n’a rien de difficile par rapport au jeter de crêpe dans A la carte. En fait c’est même l’enfer.

20160418_165246

La redoutable épreuve de la crêpe Suzette !

 

Chef, on est vraiment dans la même cuisine ?

Vous allez me dire, quid de l’interaction ? Je vous ai parlé de comment gagner et jouer, mais je ne vous ai rien dit sur la façon d’interagir avec les autres. Et pourtant, sans en regorger, A la carte propose certains points sur lesquels les joueurs vont se voler dans les plumes.

D’abord, le dé de thermostat. Il comporte deux faces qui vont particulièrement nous intéresser : les tasses à café et le thermostat général.

Lorsqu’on obtient cette dernière face, le thermostat de chaque joueur autour de la table augmente de 1. De quoi faire capoter la popote des copains, ou (malheureusement) de l’ajuster pile poil. Ensuite, la face tasse à café vous donne une… tuile tasse à café. Vous prenez un petit kawa entre cuistots. Sauf que les bonus acquis ce faisant sont tout sauf honnêtes.

Une fois par tour, en plus de vos actions, vous pouvez utiliser une tasse à café pour : gagner 3 actions supplémentaires, obtenir un point de victoire, baisser votre thermostat, épicer le plat d’un autre joueur (ça, ça fait mal et ça empêche Machin d’avoir sa troisième étoile), ou encore échanger son fourneau (et sa casserole) avec un autre joueur. Les effets sont souvent critiques, et on sera parfois déçu de piocher le point de victoire tellement les autres changent la partie du tout au tout.

Alacarte-pions-café

Les coupables !

 

Enfin, il reste de l’interaction indirecte. Si le flacon de poivre est plein de sel, je vais probablement finir mon tour à réguler mon thermostat histoire que mes collègues se servent en poivre plutôt que risquer me taper des grains de sel à tout va.

Enfin, la fin de la partie est sèche. Dès qu’un joueur atteint sa cinquième recette réalisée (ou sa troisième étoile), ou enfin s’il ne reste plus de recettes à réaliser au centre de la table, la partie prend immédiatement fin. Bref, il faut faire attention à ce que nos adversaires concoctent, et c’est le cas de le dire !

 

L’addition

Délire, A la carte l’est. Centré sur l’adresse, il n’est pas non plus hyper permissif. Rater un geste vous fera perdre un temps précieux – et en cuisine, le temps, c’est la vie ! Comme le gras.

Le côté aléatoire de la crêpe ou du déversement d’épices fonctionne très bien le temps de quelques parties, surtout en famille, entre amis ou entre joueurs occasionnels. Les aficionados de contrôle et de gestion n’y trouveront pas forcément leur compte : même si l’on peut progresser en dextérité et en évaluation de stratégie, A la carte est un titre chaotique et occasionnellement très méchant.

alacarte-fin

En fin de partie, c’est pas jojo dans l’évier et la poubelle !

 

C’est aussi pour ça qu’on l’aime ! Il n’y a pas seulement le côté matériel – qui marche d’enfer, il faut bien le dire. Entre les fourneaux 3D, les casseroles, les flacons et les plats un peu foutraques, cet opus donne dans la sensation pure, un tantinet régressive. On joue à la dinette comme quand on avait cinq ans, mais en jeu de société, riant de la déconfiture du chef d’en face qui a passé trois actions à mettre zéro poivron dans sa recette, ou qui au contraire a renversé la moitié du flacon dans sa cassolette. Cuisiner n’aura jamais été aussi méchant, sauf si vous avez fait un stage avec Gordon Ramsay.

En tout cas, je regrette un peu de ne pas l’avoir sorti de mes étagères plus tôt. Et merci à Iello de l’avoir réédité.

a-la-carte-epices

Le début de vos cauchemars.

LUDOVOX est un site indépendant !

Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur :

Et également en cliquant sur le lien de nos partenaires pour faire vos achats :

acheter a la carte sur espritjeu

2 Commentaires

  1. morlockbob 26/04/2016
    Répondre

    c est bien  de temps en temps de parler de « vieux » jeux…celui ci est ludique de haut niveau, pas toujours évident de secouer les bocaux, mais bien fun. Tiens, ça me fais plaisir de m être replonger la dedans

  2. Grovast 26/04/2016
    Répondre

    Idem, ça me renvoi à des souvenirs d’un bon délire il y a quelques années. Après, de là à y jouer régulièrement…

Laisser un commentaire