SETTLEMENT : coloniser n’a jamais été aussi facile

Oleksandr Nevskiy, l’auteur de Settlement, n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà à son actif Detective Club, jeu d’ambiance fort sympathique, et Mysterium, As d’Or 2016. Cependant si ces deux jeux ont pour base commune l’art de la communication à travers des cartes, ce n’est pas le cas dans Settlement. Il s’essaye à un tout autre style en nous proposant de développer notre colonie en exploitant nos ouvriers pour créer des bâtiments, explorer les environs, récolter des ressources et vaincre les monstres locaux qui n’avaient qu’à pas être sur nos terres quand nous sommes arrivés.

Le jeu consiste à poser ses meeples sur les actions de son plateau individuel pour agrandir sa ville et explorer les environs. Bien sûr le nombre limité de meeples nous amènera à nous poser cette éternelle question : où est-ce que je vais les faire trimer ce tour-ci ?

 

 

 

Règles de vie

La partie dure six manches durant lesquels nous allons à tour de rôle réaliser une action. Pour ce faire, chaque joueur dispose d’un plateau personnel sur lequel il va pouvoir placer un certain nombre de meeples (de 1 à 4 selon l’action choisie). Nous allons agrandir notre ville en achetant des bâtiments, explorer les contrées environnantes et combattre les créatures que nous allons y croiser, récolter les ressources des zones sécurisées, et exploiter nos bâtiments afin de générer ressources et points de victoire. Comme nous n’avons que six meeples en tout, il va falloir faire des choix, et c’est un des points clés de la stratégie dans Settlement, l’optimisation de sa main d’œuvre ^^. Tout cela s’enchaîne très rapidement. Le jeu est fluide, le thème bien retranscrit.

 

 

 

Pendant votre tour vous allez également pouvoir recruter des héros et héroïnes qui permettent de scorer. Ici aussi, pas de salade de points alambiquée. Pour scorer, il y a soit les héros, soit certains bâtiments qui vont valoriser des ressources en points de victoire. Simple et efficace. Bien sûr recruter des héros nécessitera un bon paquet de ressources, car ils sont très demandés.

Pour plus de détails sur les règles, je vous invite à regarder le Ludochrono

 

Est-il aisé de coloniser ?

J’ai trouvé que l’un des gros points forts du jeu est son accessibilité. Si la lecture et la compréhension des règles s’adresse à un joueur ayant déjà une certaine habitude des jeux de société, il est très facile à expliquer. 

Comme chaque joueur a son plateau personnel sur lequel jouer ses actions, cela limite les interactions entre les joueurs. C’est à la fois un atout et un défaut. Un défaut pour ceux qui aiment la pose d’ouvriers agressive, celle où en prenant une action vous allez faire pester Bernard, et c’est bien fait pour lui (parce qu’il a pris les jaunes et que d’habitude les jaunes c’est vous). Et j’avoue que j’aime bien me triturer les méninges pour savoir quelle action faire en priorité avant que quelqu’un ne me la pique.

C’est aussi un atout car les joueurs ont le temps de réfléchir aux actions qu’ils vont exécuter sans devoir replanifier leur manche parce que Bernard est allé sur l’action que vous alliez faire (il provoque ce Bernard !). Cela rend également le jeu plus abordable pour initier des joueurs à la pose d’ouvriers. L’interaction sera toutefois présente par rapport aux achats sur le plateau central : le bâtiment qui me plaît peut vite disparaître, car acheté par quelqu’un d’autre avant moi. S’agissant des héros, leurs coûts étant élevés, c’est une course aux ressources pour recruter le héros qui me rapporte avant que Bernard ne le fasse.

 

 

L’aspect stratégique est également renforcé par les points suivants.
Nos bâtiments sont positionnés sur un plateau en 3*3. Quand je place un meeple, il active une ligne de trois cases. Donc en mettant les bons bâtiments aux bons endroits, cela peut donner un joli chaînage (par exemple, je récupère une ressource / je la transforme en or / je stocke un or pour 5 PVs).
Il y a également la gestion des monstres sur mon plateau Exploration. Poser un donjon sur une tuile empêchera le retour du monstre sur cette tuile. Seulement vaincre un monstre donne de précieuses et rares ressources. D’où le dilemme de poser ou non un donjon, de combattre ou non une créature. 
Autre choix, autre stratégie, les artefacts : à chaque fois qu’un joueur a fini une manche et qu’il passe, il rend une tuile artefact et en récupère une autre à la place (oui c’est exactement comme pour Res Arcana). Chaque artefact donne un pouvoir trop cool qui peut sacrément nous aider s’il est pris au bon moment.
En fin de manche, nous ne pouvons garder qu’une seule ressource de base par donjon construit sur notre plateau. Il y a certes un système de conversion, mais il vaut mieux bien gérer sa collecte sous peine de jeter à la mer beaucoup de ressources (et faut pas polluer pour les générations futures, merci).

 

Va falloir faire le ménage

 

Enfin, dernier point que j’ai trouvé fort sympathique, les meeples bonus. Certains héros et bâtiments fournissent des meeples bonus, mais attention, une fois joués, ils sont perdus à tout jamais. Oui Bernard, je te vois avec tes yeux avides, à vouloir t’emparer d’une horde de meeples à jouer à chaque tour. Mais que nenni, ce sont des « one shoot ». Par contre, il est possible de les garder pour une manche future, et cela peut être fort utile surtout pour les explorateurs en herbes (les explorations coûtent 1, 2 ou 3 meeples selon le niveau de la tuile cherchée, et les monstres à combattre peuvent nécessiter jusqu’à 4 meeples pour être vaincus).

Ces différents points ont fait que durant mes parties, les joueurs occasionnels ont pris plaisir à jouer, même si les joueurs plus aguerris l’ont largement emporté. Le rendu du thème est suffisamment plaisant pour que la partie soit agréable, quelque soit le score final.

 

Une architecture plus ou moins réussie

Une fois la boîte en main, deux  constats. Elle ne pèse pas trois tonnes et n’occupera pas six étagères Ikea Modèle Kallax. L’illustration de la boîte est très belle. Les couleurs sont chatoyantes, et ce fondu visage / ville reprend bien la thématique du jeu. Je vous invite d’ailleurs à regarder au dos des plateaux individuels. Vous y verrez de magnifiques dessins. J’ai été moins emballé par le reste des visuels du jeu. Ils ont le mérite d’être pragmatiques : la sobriété du visuel rend leur effet très visible mais l’ensemble manque de personnalisation (vous savez ses petits détails qui attirent le regard comme dans Kingdomino, la petite particularité qui donne son charme à la tuile). Je pinaille me direz-vous, et vous auriez bien raison. Disons que les illustrations des éléments du jeu pâtissent de la comparaison avec les grandes esquisses du dos des plateaux.

 

 

Je m’y installe ou je repars ?

Toute la famille l’a beaucoup apprécié. Simple mais pas simpliste, il offre une expérience de jeu agréable, sans prise de tête mais pas dénué d’intérêt non plus. Nous le ressortons avec plaisir. Certes il ne s’agit pas non plus d’y jouer à outrance sous peine d’en faire le tour, mais plutôt de faire une petite partie de temps en temps. D’autant que les divers façons de scorer semblent bien équilibrées : remplir sa ville, explorer au maximum, faire une palissade de donjons, se gaver avec les bâtiments donnant des PVs, nous avons pu tester diverses stratégies, et toutes peuvent offrir la victoire. Pour moi, il trouve sa place dans ma ludothèque, car il me permet d’initier mon fils aux jeux de pose d’ouvriers, et sera facilement jouable en famille.

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