Les petits joueurs #15 : Explorons la jungle, Dingo Dino, Dino Draft, Oursons taquins, Une patate à vélo, La maison des Souris
Cette rubrique « enfant » vous est présentée grâce au concours d’ Axelosaurus 3 ans, Sim Meeple et Tutur 5 ans, et Maxiloutre 6 ans.
Disons que ce sont nos petits cobayes (joyeux et consentants) toujours prêts à essayer de nouveaux jeux !
- Profil des petits joueurs -
Sim’Meeple est un petit joueur de 5 ans. Il ne joue pas (encore) à Agricola, mais il est tombé dans le chaudron ludique depuis ses 2 ans (bien aidé par son papa). Sortir une boîte de jeu est un vrai plaisir pour lui. Ne pas faire un jeu au retour de l’école ? Impensable. Par contre, autant comprendre des règles ne lui pose pas de difficultés, autant ne pas gagner est encore difficile à accepter
Tutur, 5 ans, est biberonné aux jeux de société: ces deux parents sont fanas et il les voit jouer depuis toujours (dès la maternité). Du coup il a toujours très envie de jouer aux jeux de grands, d’avoir ces cartes et de manipuler le matériel. Bon public, il aime à peu prêt tout.
Maxiloutre : Bientôt 6 ans, nourris aux cubes en bois par son papa voxien & auteur de jeu, Maxiloutre a commencé à baigner dans les jeux de société dès que son âge le permettait, c’est-à-dire 2 ans. Jouant principalement à deux avec papa ou maman, il refuse rarement une partie.
Une patate à vélo
Pour être tout à fait honnête avec vous, Une patate à vélo est un jeu auquel je ne croyais pas du tout. Après avoir découvert son fonctionnement, j’ai eu du mal en tant qu’adulte, à y trouver un intérêt ludique. Le fait d’associer un être vivant (au hasard) à une action (au hasard), et de voter pour la possibilité de son existence m’a semblé peu intéressante sur le papier. Ça me faisait penser à Mimtoo, mais au lieu de mimer et s’amuser, on se contente de dire si c’est possible…
J’ai tout de même voulu y jouer avec mon fils de 6 ans pour vérifier cela, et voir si le jeu pouvait plaire aux petits, et force est de constater que j’ai été surpris par la proposition. Mon fils s’est complètement pris au jeu, et a trouvé beaucoup de plaisir à voter avec ses petits cartons pour juger la crédibilité des associations. Il était terriblement satisfait à chaque fois que l’on était d’accord sur notre vote. Mais finalement, ce sont les cas où nous n’étions pas d’accord qui étaient les plus intéressants, car il essayait d’expliquer avec ses mots et ses exemples, pourquoi lui pensait que cela existait ou pas. Il n’hésitait pas non plus à me demander mon explication lorsque j’étais en contradiction avec lui.
Le plus drôle c’est qu’au bout de quelques minutes de jeu, son frère de 3 ans occupé à autre chose nous entendait, et a commencé à donner son avis à haute voix sur les combinaisons. On entendait donc des « mais ça existe pas !» régulièrement pendant le jeu, du plus petit qui avait bien compris le système, et qui participait sans s’en rendre compte.
Au final, même si je leu a très peu d’intérêt ludique pour les parents, les enfants vont y prendre plaisir, et cela va permettre aux plus jeunes d’apprendre à s’exprimer et à argumenter leurs choix. Joué à 2, car c’est souvent la plus évidente des configurations enfant-parent, le jeu gagnerait à être joué à plusieurs enfants du même âge, cependant le fait qu’il faille lire les cartes à haute voix pour le vote, nécessite forcément un parent pour accompagner, dommage.
Un jeu de Joël Gagnon
Illustré par Elise Gravel
Edité par Randolph
Explorons la jungle
Explorons la jungle est un jeu de Cherche et trouve, que l’on pourra rapprocher d’un Où est Charlie, mais compétitif et avec un aspect rapidité. Chaque joueur devra dérouler le plus rapidement possible un tas de cartes sur lesquelles il devra retrouver une fleur/plante spécifique, mais prendre garde à ce que sur cette carte n’apparaisse pas également un animal donné (singe/toucan/serpent). Le concept de base d’Explorons la jungle m’a beaucoup séduit, puisque mon fils est un grand adepte des livres de Cherche et trouve. Le concept était donc facile pour lui à appréhender, et nous sommes vite rentrés dans la partie.
Enfin vite, c’est la théorie. En pratique, un tel jeu en format rapidité pour les petits, c’est loin d’être évident. En effet, la manipulation de grandes cartes comme celles-ci par des petits n’est pas forcément aisée, et la rapidité devient vite un paramètre dur à gérer. La règle du jeu spécifie qu’il est recommandé de ne pas prendre en main ces grandes cartes et de jouer en jouant avec une pile de cartes posée sur la table, ce que je conseille egalement fortement, même si cela prends alors beaucoup de place sur la table. Mais il en reste des cartes tout de même pas tout à fait évidentes à manipuler.
J’ai aimé le défi proposé par le jeu, avec une difficulté modulable, car même si les fleurs sont plutôt faciles à détecter, les petits animaux, dont on a enlevé la couleur, sont en vert sur vert, ce qui les rend très difficiles à déceler. C’est un défi agréable, tant pour l’adulte que pour l’enfant. Malheureusement, il est quasiment impossible de jouer équitablement entre un adulte et un enfant, tant la différence de vitesse de manipulation se fera sentir. Soit l’adulte devra considérablement ralentir son rythme, soit vous devrez enlever la contrainte de temps, et laisser loisir à l’enfant de dépiler calmement toutes ces cartes – ce qui lui suffit comme plaisir et challenge personnel. Au final mon fils, et moi-même, avons aimé le concept et le défi proposé, mais il s’est avéré impossible de jouer normalement au jeu comme il est conçu lors de parties parent-enfant, alors même qu’il a 6 ans, l’age indiqué sur la boîte. À réserver donc pour des parties entre enfants de cet âge, ou un peu plus âgés pour jouer en compétition avec le parent. Il en reste que c’est un agréable jeu-jouet, qui propose une alternative à tous les livres du genre.
Un jeu de Erwan Morin, Robin Rossigneux
Illustré par Robin Rossigneux
Edité par Space Cow
Oursons Taquins
Oursons taquins est un jeu coopératif basé sur le mécanisme du taquin. Il vous faudra déplacer vos quatre petits ours afin de leur faire traverser le plateau. Pour cela, soit ils se déplacent de case en case, soit les cases (banquise) se déplacent en glissant, si tant est que la place devant a été vidé (merci la fonte des glaces ?). Les dés vous diront qui déplacer ainsi que l’action à appliquer.
Au démarrage, j’ai été un peu inquiet de la difficulté que semblait proposer Oursons Taquins, et le jeu m’a donné plutôt raison. Sous ses airs tout mignons, il est annoncé pour 5 ans, mais le challenge que propose le jeu est plutôt costaud, et l’enfant est confronté à de réelles situations de blocage dont il ne saura pas comment sortir. Il est donc fortement recommandé de faire une première partie très didactique avec l’enfant, afin de l’accompagner au mieux dans les règles, mais également dans la tactique à mettre en place. Par exemple lui expliquer que ce passage est actuellement bloqué, et qu’il faut trouver un moyen de le rendre accessible, en déplaçant petit à petit les otaries qui s’y trouvent dans un autre lieu.
Le but du jeu est clair, et l’enfant se met petit à petit en quête de son objectif, en faisant quelques mouvements pas forcément optimaux, mais qui lui donnent l’impression d’avancer. Au fur et à mesure, il affine ses choix et comprend mieux comment utiliser les dés.
Les dés rendent le jeu assez aléatoire, ce qui n’est pas un problème pour cette cible. Mais la victoire dépendra grandement de la chance au tirage. Néanmoins, le fait d’avoir deux dés, composés chacun de plusieurs actions différentes, que l’on peut effectuer dans l’ordre que l’on veut, apporte à nouveau une complexité forte au jeu et à l’enfant. Cette multiplicité d’informations et de choix s’est avérée un peu trop pour mon fils, qui s’est un peu senti en difficulté par moments.
Il a cependant apprécié la partie, et a trouvé ça « intéressant ». Le challenge l’a stimulé, mais il sera pour le moment complètement impossible de le laisser jouer seul au jeu, malgré le fait que cela devrait être possible, et qu’il est annoncé dès 5 ans.
Pour ma part j’ai apprécié jouer avec lui, mais il est difficile de mettre complètement de côté la présence du « joueur alpha », qui va sans cesse corriger ou proposer des mouvements plus intéressants, pour compenser la forte difficulté du titre. À voir lors des prochaines parties comment il s’appropriera le jeu, et s’ il y revient malgré la difficulté à saisir tous les paramètres du jeu.
Un jeu de Marie Fort, Wilfried Fort
Illustré par Gaëlle Picard
Edité par Space Cow
La maison des souris
La maison des souris est un jeu qui prend le pari fou de ré-inventer les jeux de mémoires, et ne lésine pas sur les moyens. Nous avons ici un jeu coopératif qui se joue avec la boîte. Celle-ci va nous permettre de construire une maison, séparée en quatre pièces. On pourra voir l’intérieur de la maison en regardant à travers les fenêtres, du moins, quand la lumière sera allumée. Une fois la maison mise en place, on fait tomber par le toit des jetons-objets et on secoue la maison afin qu’ils se répartissent dans les différentes pièces. Puis, on met sur le toit une petite lampe, et on l’allume. Celle-ci fait ainsi office de minuteur et nous permet, tant qu’elle est allumée, de regarder à l’intérieur et de voir où se trouvent les différents objets. Quand la lumière s’éteint, cette phase est terminée. Il faudra alors répondre à des questions : est ce que tel objet se trouve dans telle pièce ? Est ce que ces deux objets sont dans la même pièce ? Quels sont tous les objets présents dans la pièce ? Sur quelle face est tombé tel objet etc… Plus on aura de bonnes réponses, plus on avancera sur la piste de réussite, et si on est arrivé assez loin sur cette piste à l’issue des quatre manches, la partie est gagnée.
Il n’y a pas à dire, le jeu en impose. La maison des souris une fois montée est vraiment très jolie, les illustrations sont superbes, et l’idée de base marche vraiment bien. Cette lumière qui s’allume et qui sert aussi de timer est une chouette idée, thématique en plus. Il s’agit d’un jeu de mémoire collective, et la répartition des tâches sera vraiment importante, car on n’aura ni le temps de tout voir ni de tout mémoriser : les fenêtres pour regarder ne sont pas si grandes, et il faudra souvent observer à travers plusieurs pour voir le contenu d’une seule et même pièce. Même pour les enfants, le jeu n’est pas si facile. D’autant qu’il y a une progression avec quatre niveaux de difficultés, et des questions de plus en plus difficiles.
Malgré tout cela, le jeu ne sort pas si souvent que ça chez nous. Bon, le principal frein est que Tutur n’est pas un grand fan des jeux de mémoire. Il faut dire que celui-ci ajoute une difficulté non négligeable : il demande aux enfants de la concentration de mémorisation, mais rajoute de l’excitation à le faire dans un temps limité. Cela crée chez Tutur un peu trop d’agitation pour qu’il mémorise vraiment quoi que ce soit. Les memory n’étant pas son fort, ce jeu lui demande un gros effort de canalisation.
On note quelques petits points bloquants côté édition. Celle-ci a été saluée à juste titre (notamment par un prix des boutiques ludiques en 2021), en effet on a un beau travail : la maison une fois montée ne se défait plus, elle rentre parfaitement dans le thermoformage, les composants sont épais et de bonnes qualités, les illustrations au top, et le côté éclairé/éteint fonctionne parfaitement. Pourtant, on a un petit souci avec la taille des tuiles utilisées pour préparer les questions. Elles sont assez petites et avec des enfants c’est vite un problème, on en a déjà perdu deux ! D’autre part, la maison reste assez imposante et prend beaucoup de place sur la table. Comme il faudra parfois tourner autour ou la faire tourner, il y a beaucoup de chances pour que le matériel autour finisse par terre. Enfin, entre deux manches, il y aura quand même un peu de manipulation, ce qui casse un peu le rythme et suffit parfois à faire sortir les enfants de la partie.
Bref, nous voilà avec un jeu qui a plein de qualités, mais qui ne fonctionne pas aussi bien que je l’aurai espéré. Encore une fois, c’est surtout dû au profil de joueur qu’est mon fils. Si vos enfants ne sont pas comme le mien et aiment les mémory, il y a fort à parier que le jeu les séduise. On est rarement sélectionné à l’As d’or pour rien.
Un jeu de Elodie Clément, Théo Riviere
Illustré par Jonathan aucomte
Edité par Gigamic
Dino Draft
Dino Draft est une première initiation au draft pour les enfants, dans un univers dinosaure. Quoi de mieux pour attirer leur attention que de proposer ces lézards emblématiques ?
Les cartes présentent cinq types de dinosaure différents (diplodocus, triceratops, …), avec cinq fonds de carte terrain (sable, eau, prairie, …). Au début du jeu, chaque joueur va recevoir secrètement deux cartes Contrat : une de terrain, une de dinosaure. On va procéder à deux phases de draft (4 à 2 joueurs) pour faire passer son paquet de cartes à son voisin tout en conservant une carte, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une seule carte qui sera défaussée. On marquera alors un point en fin de partie par carte correspondant à nos contrats (ainsi, une carte avec bon dino et le bon terrain marquera deux points). On marquera aussi des points de la même manière sur les cartes acquises par notre voisin de gauche. Celui qui a le plus de points sera nommé dinosaure de la partie.
Dans Dino draft, on est vraiment dans la toute première initiation au draft. Les règles sont extrêmement simples, voire simplistes. Il n’y a aucune difficulté particulière, si ce n’est la manipulation des cartes. Les illustrations de dinosaures sont plutôt bien réussies et ont plu à Sim’meeple, mais je les trouve un peu terne et sans vie. La mécanique a tout de suite été comprise, précisons qu’il a récemment découvert Tenta Color (voir article du mois précédent), ainsi l’apprentissage du draft a présenté peu d’enjeux. Le point le plus gênant à mon sens est le calcul des points qui est inintéressant au possible. À deux joueurs, le jeu est sans intérêt. À quatre, nous étions trois à avoir le même score. En effet, en récupérant les dinosaures de nos contrats, il n’y a aucune stratégie particulière, et on se contentera de récupérer les cartes de nos contrats. Point.
L’intérêt ludique s’arrête au choix de la carte. Ainsi, le jeu s’essouffle très vite et on souhaite vite corser la difficulté sur un autre jeu.
Dingo Dino
Hachette, Bragelonne, des noms bien connus du monde du livre s’invitent depuis peu dans le monde du jeu. Et bien voici un nouvel acteur, bien connu de nos enfants, L’École des loisirs. Dingo Dino n’est pas leur premier jeu, mais c’est le premier que j’ai pu essayer. Comme pour chaque jeu publié par l’éditeur, il reprend une licence de leur collection, Dingo Dino donc, collection que je ne connais pas.
Ici, nous avons un jeu de dessin dans lequel, à chaque tour, un joueur va piocher une carte dinosaure qu’il va placer face visible, et une carte objet qu’il garde cachée. Il devra dessiner le dinosaure avec l’objet afin que les autres joueurs devinent ce dernier. Le premier qui y parvient marque les points de l’objet, ainsi que le dessinateur. On rajoute quelques cartes spéciales pour pimenter le jeu, et voilà.
Commençons par le problème le plus évident du jeu : sa cible. Le jeu est indiqué pour 4 ans, mais très très clairement le jeu n’est pas accessible à cet âge, les enfants de 4 ans n’ayant tout simplement pas les compétences nécessaires pour dessiner des dinosaures ou des objets.
Alors qu’en est il des enfants plus âgés ? Un jeu avec des dinosaures, évidemment Arthur voulait essayer. Et à presque 6 ans, il ne s’en est pas trop mal sorti pour son dessin, en recopiant la carte représentant le dinosaure. Le problème est qu’une fois le dessin fini, il est passé à autre chose. La tâche est en réalité assez difficile, et demande trop de concentration pour vouloir y rester longtemps. Tant mieux d’ailleurs, car pour les parents ce n’est pas très amusant non plus.
Reste que si pour nous c’était une petite déception, un autre membre de l’équipe a vécu une très mauvaise partie, son enfant n’ayant pas réussi à faire le dessin, n’a pas apprécié du tout. Un jeu qui ne nous aura donc pas convaincu.
Prochains # Petits joueurs mercredi 31 aout
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