Final Frontier Games en faillite pointe du doigt CMON
La maison Final Frontier Games, basée en Macédoine, s’est lancée dans l’édition de jeux de société en 2016 avec le projet participatif Cavern Tavern. Depuis, il y eut Rise to Nobility, Coloma, Pour une poignée de Meeples, et leur plus gros succès, La baie des Marchands (Jonny Pac, Carl Van Ostrand, Drake Villareal), des opus qui ont toujours mis les illustrations de The Mico (Mihajlo Dimitrievski) en avant. Des jeux qui ont d’ailleurs connu une localisation française, en particulier du côté de Super Meeple mais aussi Pixie à leurs débuts pour Rise to Nobility.
La nouvelle est tombée hier : Final Frontier Games ferme ses portes avec trois projets de crowdfunding en suspens (Merchants Cove: Master Craft, The Sixth Realm, Coloma) et licencie toutes ses équipes. L’éditeur a cumulé des problèmes depuis 5 ans et affirme que le fait que CMON n’ait pas payé pour une localisation chinoise convenue sur La baie des Marchands a été le coup de grâce (pour rappel, on sait que CMON va mal). “Nous n’avons aucune idée de ce qui se passe, mais nous ne pouvons que supposer que les droits de douane imposés par le gouvernement américain sur les importations chinoises ont un effet néfaste.” écrivent-ils dans un communiqué qui revient sur l’historique de leur situation.
Nous en parlions encore cette semaine dans cet Edito, la hausse des frais de douane peut être délétère pour les éditeurs. Final Frontier Games a commencé à vaciller durant la crise du Covid, en assumant des frais d’expédition devenus exorbitants en pleine pandémie. Cette envolée des coûts a particulièrement grevé le projet La Baie des Marchands, par une facture inattendue de 350 000 dollars absorbée par l’éditeur — une somme qui a aussitôt englouti les bénéfices générés par le succès du jeu.
Dans les années qui suivent, la société tente de tenir le cap en piochant dans les fonds d’autres campagnes pour alimenter sa trésorerie, au prix d’une course en avant éprouvante. Mais les retards s’accumulent, et l’optimisme de l’éditeur finit par se retourner contre lui. En particulier, le retard pris par Merchants Cove: Master Craft a pesé lourdement sur la situation, poussant l’éditeur a contracté un prêt bancaire pour tenir le coup. CMON a ensuite mis le “dernier clou au cercueil” : Final Frontier Games décide de faire confiance au “géant” sur une localisation clef sans demander d’acompte. Mais l’entreprise ne paie pas, et ne répond plus, même dans les plus hautes hautes sphères. Comme nous vous le disions hier, CMON n’a toujours pas publié son rapport annuel, qui était attendu avant la fin du mois de mars, et ses actions ont été suspendues à la bourse de Hong Kong tandis que nous avons appris la démission de David Preti, directeur de l’exploitation de longue date de la société, invoquant « d’autres engagements professionnels ».
Aujourd’hui Final Frontier s’excuse de ne pouvoir livrer, et indique chercher d’éventuels repreneurs, que ce soit pour un rachat global ou pour ses licences à la découpe. « Nous allons nous efforcer de trouver des partenaires susceptibles d’être intéressés par certaines de nos propriétés intellectuelles, ou de racheter l’ensemble de la société, afin de trouver des solutions pour que vous receviez les jeux de nos projets en cours, mais cela prendra du temps. » En attendant, “Les centres de traitement des commandes, qui ont été très compréhensifs, ont commencé à envoyer des factures pour le stock que nous avons chez eux. Ils commenceront à vendre les stocks non liés à la campagne de financement que nous avons chez eux afin de couvrir leurs dépenses.”
Le communiqué insiste sur l’état des troupes (« Nous sommes émotionnellement dévastés, tristes, nous souffrons, nous sommes en colère et il y a un grand vide dans nos cœurs qu’il nous faudra beaucoup de temps pour surmonter, voire jamais« ) avant de s’adresser directement aux backers : « Nous savons que vous êtes en colère, nous savons que vous êtes blessés, nous savons que votre premier réflexe est peut-être de vous en prendre à nous dans les commentaires, les messages, les courriels.
Et vous aurez tous les droits, mais nous vous demandons avant de le faire de vous rappeler qu’il y a des êtres humains de l’autre côté de l’écran qui liront ceci, des joueurs comme vous qui ont fait de leur mieux et qui sont émotionnellement et financièrement dévastés. Nous avons perdu tout ce que nous avions construit au cours des dix dernières années.
Notre entreprise, qui était un travail d’amour, nos employés, nos emplois et ce qui fait probablement le plus mal, c’est que nous vous avons perdus. Les mots ne suffisent pas à exprimer à quel point nous sommes désolés. Nous espérons que nous trouverons une solution pour que vous puissiez recevoir vos rewards.«
L’espoir demeure qu’un repreneur vienne relancer la machine, et que La Baie des Marchands ne reste pas à quai.
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