FIJ 24 – PARTIE 5 : QUOI DE NEUF SUR LA CROISETTE ? Blot – kronologic – Robotrick – Horrified – Stop me or let me go – sync or swim – festival – Album – fairy ring – rivages

Cinquième volet de nos retours cannois, dans les parties 12, 3  et 4, vous avez pu lire nos premières impressions sur les jeux suivants :

COURTISANS – SUR LES TRACES DE MARIE CURIE – INK IT – MLEM – LE MATCH DU SIÈCLE – LITTLE TAVERN – RATS OF WISTAR – 12 CHIP TRICK – MARABUNTA – PREY ANOTHER DAY – LE MONDE DE RETERRA – INFILTRAÎTRES – RÊVELUNE – LINK CITY – PIXIES – AURUM –FLOWERS – ROLLING DEAD – BOMB BUSTER – ART SOCIETY – MIDDLE AGES – ATLANTIS RISING – PINA COLADICE – NOW ! – TEMPLE CODE – BALLOON POP – FIL ROUGE – KOLPA ! – MOORLAND – NÉVACHES – SHACKLETON BASE – BEHIND.

Et pour les débriefs en vidéo lors du festival, vous pouvez visionner la partie 1, partie 2, partie 3 et partie 4, les suivantes arrivent sous peu.

 

 

 

Kronologic 

Je dois vous avouer que j’en ai un peu ras le bol des jeux de logique, principalement parce qu’ils peinent à me faire ressentir une sensation de jeu différente, mais aussi parce qu’ils sont intensément solo, parce qu’ils peuvent mettre en échec…

Mais il y a Kronologic. Du duo Gridel-Levet à qui l’on doit déjà l’excellent Turing Machine, cet opus-ci pourrait être sommairement résumé en “Cluedo rencontre le jeu de logique”. Vous interrogez un personnage sur un temps donné ou un lieu et hop, vous avez deux infos ; l’une pour vous, et l’autre pour toute la table. Ainsi tout le monde est réuni, personne n’est en manque total d’infos. On retrouve une génération algorithmique chère aux auteurs, mais se dégage des mécanismes une certaine intuitivité : les personnages se déplacent de salle en salle dans l’opéra de Paris, et vous devez intuiter les mouvements de chacun, parfois en sautant des unités de temps.

Si sur un scénario, j’ai apprécié l’expérience, sur plusieurs, je ne saurais pas dire. J’ai tout de même l’impression que je vivrai exactement la même expérience de jeu. À rejouer pour se faire une idée !

 

-Umberling

Un jeu de Fabien Gridel, Yoann Levet
Illustré par Arch Apolar, Yann Valeani
Edité par origames, Super Meeple

Sortie prévue début mars

 

Rivages

Prévu pour débarquer sur nos rivages le 10 mai prochain, le prochain Catch Up est un jeu à cocher où l’exploration se veut le maître mot. L’auteur, Joachim Thôme, avait déjà collaboré avec les lyonnais (derniers vainqueurs de l’As d’Or initié avec Faraway) en 2020 pour Wild Space. 

Soyons honnêtes, on n’attendait pas forcément un jeu de ce type chez Catch Up, surtout maintenant que la vague des coches commence à retomber, et pourtant, on aurait bien tort de se priver de ce plaisir. Concrètement, à chaque tour, nous allons rayer des icônes sur une carte parmi deux, cartes que l’on passera à notre voisin. Ces icônes que nous avons choisies, nous allons pouvoir les cocher sur notre plateau personnel, représentant une carte (map) d’une île ne demandant qu’à être explorée. 

Du fait de cocher directement sur la carte que l’on passe au voisin naît une sensation de contre-draft appuyée : en rayant ces options, je sais ce que je retire à mon adversaire – le jeu nous pousse donc à surveiller plus attentivement les desideratas des autres dans une sorte de “I split you choose” modernisé. 

Néanmoins, c’est aussi les bonus que l’on vise pour notre propre compte qui vont déterminer nos choix. En effet, si je suis tel chemin je vais pouvoir avancer telle piste, mais si je pars dans cette voie, je pourrais gagner tant de points… Le jeu ne s’encombre pas de douze mille effets en cascade, et les règles ne sont jamais perturbées par des petits points épineux, rien de tout cela ici, les Rivages sont limpides et purs. Le truc bonus, c’est que vous pouvez changer d’île et partir à l’assaut d’un autre plateau – tous sont différents, avec leur propre configuration, leurs propres objectifs. Cette possibilité là d’explorer toujours plus (encouragée par le jeu en termes de points), délivre une sensation de liberté réjouissante (je reste sur cette île pour en faire vraiment le tour, ou je vais voir si l’herbe est plus verte ailleurs ?) contrebalancée par un effet de course farouche (j’ai exploré que deux îles tandis que Jean Eude en a déjà trois…). 

Bref, nous quittons la table avec une grande envie de retourner visiter ces beaux Rivages (avec l’irréductible Xavier Gueniffey Durin aux pinceaux), tant l’effet d’emballement était présent – reste à voir si cette fraîcheur tiendra sur la durée… 

 

– Shanouillette 

Un jeu de Joachim Thôme
Illustré par Naïade
Edité par Catch Up Games

Sortie prévue mi mai

 

 

Horrified

Héros de la Grèce antique, affûtez vos glaives, les terribles créatures de la mythologie ont envahi votre belle cité d’Athènes. Dans ce jeu coopératif, unissez-vous pour repousser la menace ! Sur un plateau où figurent les lieux emblématiques de la ville, vous devez utiliser vos points d’actions pour récupérer divers objets, emmener des personnages de légendes, et surtout accomplir des tâches préparatoires pour vaincre les deux terribles monstres (Méduse, Cerbère, …). Ceux-ci arpentent la cité et ne vont pas hésiter à blesser vos héros, ce qui provoquera votre échec commun à la sixième blessure.

Horrified arrive sur l’Europe après une belle réussite aux Etats unis. Il s’avère intéressant sur les différents monstres ayant chacun leurs spécificités, mais force est de reconnaître qu’il n’y a pas de nouvelles sensations sur le gameplay par rapport aux autres jeux du même genre, voire devient rapidement assez répétitif sur les actions à mener. Le hasard est assez présent, particulièrement sur l’activation des monstres, ce qui amène facilement à des éliminations de héros non prévues. Le plateau de jeu se charge vite d’objets et perd en lisibilité.

Horrified ne se retrouvera donc pas dans mon panthéon ludique. Dommage.

-MeepleCam

Un jeu de Prospero Hall
Edité par Ravensburger

 

 

Fairy ring

Je vous l’accorde, le titre n’est pas très accrocheur, mais rassurez-vous ce n’est pas sur le thème du téléphone. Le jeu en revanche a sa bonne dose d’originalité et de fraîcheur. Nous allons construire notre environnement à chaque tour avec une carte que nous choisissons lors d’une phase de draft. En posant cette carte sur notre plateau, elle peut venir grandir une variété de champignon déjà présente et accroître ses revenus, ou bien aller à gauche ou à droite pour varier sa collection. Ça a son importance, car sur cette carte se trouve également un chiffre qui est le déplacement de notre petite fée. Elle va ainsi tourner en sens horaire, passer sur mes cartes puis celles de mes adversaires et s’arrêter au bout du nombre de la carte jouée. Elle déclenche ainsi le scoring de la carte où elle se trouve, pour l’adversaire et également pour moi si je possède cette variété également. Tout va se jouer dans la gestion de ce déplacement, l’agrandissement de nos zones, ce qu’on donne aux autres qu’on essaie être moins bénéfique que pour nous, mais ce n’est pas si simple. Plusieurs moteurs à mettre en place dans ce jeu qui est une sortie future de l’année chez Repos Prod.

À voir sur le long terme si le rafraîchissement perdure, la première partie donne en tout cas très envie de retourner faire des tours de piste. Il semble que le jeu soit plus agréable à trois joueurs qu’à quatre, car notre fée revient plus rapidement chez nous. Graphiquement agréable, surtout avec les standies en acrylique qui sont du plus bel effet.

 

-Natosaurus

Un jeu de Fabien TanguyLaurence Grenier
Edité par Repos Production
Distribué par Asmodee

À venir dans l’année

 

Album

Dixit a ouvert la voie à tout un tas de jeux d’association d’idées, visuel en principe, mais certains nous ont emmené encore plus loin (coucou Au creux de ta main). Alors en 2024 peut-on encore s’émerveiller en découvrant un jeu d’association d’idées ? Album est coopératif, il repose sur la description d’une photo. La personne tire une photo parmi une petite centaine, et va ensuite pouvoir la qualifier en tirant au hasard un qualificatif (dégoûtant, risqué, chanceux…) et le positionnant sur une échelle allant de 1 à 5. Les autres joueurs évalueront laquelle des photos mélangées en plus de la vraie il faut éliminer, à la manière de Similo. La différence est dans la photo, et dans le choix de la position de l’adjectif, et bien sûr le plaisir du jeu est de débattre de ce qu’évoque ces scènes pour les joueurs. Act in game l’éditeur nous avait déjà mis en jeu les émotions avec Feelings, il renouvelle l’expérience avec un jeu plus fun, basé sur des photos de professionnels, qui nous évoquent forcément des émotions. Alors oui, Album apporte quelque chose 15 ans après Dixit.

 

-Natosaurus

 

Un jeu de Karine Minidré
Illustré par Elis Wilk
Edité par act in games

Sortie prévue pour mars/avril

 

 

Blot 

Blot est un jeu de plis. Un énième ? Sûrement, mais il apporte tout de même une nouvelle façon d’appréhender ce type de jeu. Nous allons donc faire des plis. Classiquement ? Presque. Nous aurons quatre zones qui correspondent aux quatre couleurs du jeu, où nous pourrons jouer notre carte. S’il y a autant de cartes que de joueurs qui ont été jouées sur une même zone, on regardera qui gagne ce pli. On a ainsi 4 plis en parallèle. Surprenant, non ? Celui qui gagne une seconde fois sur une zone pourra définir des conditions de scoring en fin de manche. Par exemple, s’il gagne la zone rouge, il pourra choisir que le joueur avec le plus de rouge en fin de manche aura un bonus supplémentaire. Il ne faut donc pas “juste” gagner les plis, mais parier un peu sur les futures conditions, ou être celui qui prendra la décision de ces conditions. Une approche peu courante, et qui peut déstabiliser. Et c’est ce qui rend Blot intéressant.

Même si le thème est absolument transparent, force est de reconnaître que les illustrations asgardiennes sont particulièrement réussies.

 

-Meeplecam

Un jeu de David Paput, Eric Plotton, Yann Grizonnet, Yohan Callet
Illustré par Martin Mottet
Edité par Palladis Games

Sortie prévue fin mars

 

 

Robotrick 

Droco Uroco une intelligence artificielle venue d’un pays ennemi  arrive avec 12 robots pour nous envahir, à nous de la contrer au mieux. Avec ce pitch on pourrait croire que nous sommes dans un jeu coopératif, mais pas du tout, Robotrick est un jeu de plis compétitif exclusivement pour 3 joueurs, le quatrième étant joué par une IA. Pas d’application, mais une carte qui indique comment joue l’IA quand elle suit le pli, quand elle doit couper ou quand elle ouvre. Nous avons toutes les informations, à nous de faire au mieux.

Ah, j’oubliais, nos trois premiers plis sont comptés en positif, les suivants seront comptés en négatif, et toutes les cartes que l’on donne à IA sont aussi des points négatifs. Il nous faut donc combattre contre l’IA au meilleur moment. Comme on a toutes les infos la concernant, il faut analyser au mieux, savoir quand gagner et tenter de mettre des bâtons dans les roues aux autres joueurs.

Il peut y avoir un peu de discussion avec de la collaboration, mais il n’y aura qu’un vainqueur et le jeu peut être punitif, il vaut mieux le savoir. Deuxième mise en garde, cela peut être paralysant, car on doit analyser les cartes de l’IA, on est dans un jeu très cérébral qui peut donc manquer de fun pour certains.

Pour ma part, je suis sorti de la table sans savoir si j’avais apprécié ou pas, je remporte la partie, mais avec la sensation d’avoir profité des largesses de mes camarades de jeu qui découvraient comme moi et d’avoir eu aussi un peu de chance. Il y a donc une bonne marge de progression à mon avis et cela me donne fortement envie de remettre ça et pourquoi pas d’en reparler plus en détail dans un article dédié. 

 

 

Un jeu de Domi
Illustré par Decoctdesign
Edité par Explor8, Korokorodou, The Game Gallery Works

Sortie prévue en avril

 

 

 

Festival

Wahou la cover ! Allons jouer à ce jeu qui évoque clairement Hanabi, et pour cause, nous allons encore jouer avec des feux d’artifice. C’est compétitif, et c’est un jeu de placement de tuiles dans sa grille de 3×3. Objectif de placement à réaliser, scoring en fonction de contraintes individuelles, et course pour des cartes communes de scoring. On retrouve le système de pioche de 7 wonders Architect, je pioche à gauche ou à droite sur la pile que je partage avec mon voisin. Tout cela fonctionne plutôt bien, c’est assez rapide, on joue aussi sur l’empilage, mais le jeu n’est pas aussi éclatant que la belle bleue ni aussi pétillant que la cover de la boite qui m’avait attirée vers ce titre. En résumé, il y a beaucoup d’éléments de scoring à prendre en compte et on peut parfois compter sur la chance dans la présentation de nouvelles cartes objectifs qui pourraient parfaitement correspondre à la configuration présente sur notre plateau.

Réside quand même une tension pour le déclenchement de fin de partie en réduisant à zéro l’une des piles. Ce n’est pas un jeu qui renouvelle le genre pour moi, mais qui peut plaire à un public qui découvre le placement de tuile. Le jeu était en proto, il ne sortira que plus tard dans l’année.

 

-Natosaurus

Un jeu de Gregory Grard
Illustré par Melody Leblond
Edité par Le scorpion masqué

À venir dans l’année

 

 

Sync or swim 

Vous voulez un thème original ? en voilà un : la natation synchronisée ! Bon, pour être honnête, il est complètement plaqué, mais ça n’est pas grave. Pas besoin de gestuelle particulière dans ce jeu, ni de savoir nager, par contre il faudra etre rapide car il s’agit d’un jeu coop où on devra poser en un temps minimum des cartes qui respectent certaines conditions de couleur, valeur ou symbole. Sync or Swim se joue avec une appli, elle explique la mise en place et chaque étape du jeu. Une fois le compte à rebours lancé, on peut regarder sa main, parler librement, échanger des cartes avec ses camarades, en jouer devant soi  sur l’emplacement d’un des objectifs en cours (un seul à la première manche, puis deux, puis trois.. jusqu’à 5 à la dernière manche). Si on a eu le temps de finir avant la fin du temps imparti et qu’on ne s’est pas trompé, on passe au niveau suivant. Sinon, on recommence avec 10 secondes supplémentaires. À la fin de la partie, l’appli attribue un score à l’équipe (comme le jury d’une compétition de natation synchronisée ?). La boîte contient 15 scénarios (rejouables si on a envie d’améliorer son score). 

L’ambiance autour de la table est assez survoltée et le volume sonore peut vite monter lorsqu’on se donne des info sur les cartes qu’il nous manque ou qu’on établit un plan sur quel type de carte poser à chaque emplacement. L’intérêt du jeu est autant dans la phase frénétique de placement des cartes que dans le moment d’organisation et de discussion de groupe qui se passe entre deux manches.

Le principe de chrono qui s’adapte au niveau des joueurs est agréable. Il y a du défi mais sans la frustration de la défaite. C’est un feel good game (néologisme de mon invention sur la base des feel good movie). On a vu récemment cette idée d’absence de défaite dans Dorf Romantik. Est-ce dans l’air du temps ?

 

-Manu

Un jeu de Divya HedgrenLucas Hedgren
Illustré par Alanna Kelsey
Edité par Bezier GamesIello

Sortie prévue début avril

 

 

Stop me or let me go

Impalpable voleur, impalpable jeu. Dans Stop me or let me go, chaque joueur a en main quatre cartes Go (laisser filer) et une carte Stop (arrêter le gangster). On révèle une carte gangster allant de 1 à 10, chacun pose face cachée l’une de ses cartes Go ou stop. On joue ainsi quatre cartes gangster, puis on révèle. soit tout le monde a laissé filer, soit on est plusieurs à l’arrêter et il file aussi, soit une seule personne l’a stoppé, cette personne prend la carte gangster. C’est la personne qui aura remporté la carte de plus haute valeur qui gagnera un jeton au hasard allant de 0 à 3 points.

Tout est impalpable dans ce jeu, on laisse filer un 8 pensant que tout le monde va l’arrêter, pour jeter son dévolu sur un 2, espérant être la seule à avoir eu cette idée saugrenue. Si personne n’a été arrêté, on reprend la première carte et on refait une session d’intervention. Du coup intéressant de mettre son Stop sur la première carte, il pourrait revenir en seconde partie d’intervention. Bon je sais, je vous ai perdu en route. Il faut y jouer pour comprendre.

C’est une petite boîte qui renferme un jeu nerveux avec des illustrations dynamiques de Maud Chalmel, mais fait de guessing à 90 % et de chance à 90 % aussi. Et oui.

-Natosaurus

 

Un jeu de Taiju Sawada
Illustré par Maud Chalmel
Edité par KYF Edition

En boutique

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On se retrouve vendredi pour un dernier épisode de Cannes.
La rédaction et les chroniqueurs vous donneront aussi leurs coups de cœur, ou du moins les jeux qui les ont marqués pendant ce festival de Cannes.

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1 Commentaire

  1. Teuf 06/03/2024
    Répondre

    Merci pour ces articles sur Cannes. 🙂

    Le jeu Album fait tout de même furieusement penser à Profiler avec des photos à la place des noms des personnages.

    J’ai du mal tout de même à voir ce que cela apporte de plus par rapport à la masse de jeux sur ce même principe…

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