Aetherya : Royaume éternel

Skyjo, Hilo, Allegra, Papageno ou encore Cabo sont des jeux aux règles ultra simples qui plaisent au grand public. Ces jeux sont basés sur le “Jeu du golf”. S’ils se vendent très bien en boutique spécialisée ou même en grande surface, c’est grâce à cette simplicité, mais en revanche, ils convainquent moins facilement les joueurs que nous sommes, qui les considèrent plus comme des passe-temps que des jeux. Aetherya a une base de golf comme mécanique, mais avec une proposition plus poussée, un jeu plus gamer. Pari gagné ? 

 

Skyjo et son univers graphique psychédélique.

Le jeu du Golf c’est quoi ?

Avec un jeu traditionnel, les joueurs réalisent un rectangle de huit cartes face cachée, et en révèlent deux. À leur tour, ils ont le choix de piocher la carte de la défausse ou la première de la pioche, et venir remplacer une de leurs cartes visibles ou cachées. Quand un joueur a révélé toutes les cartes de son damier, on compte les points, et le joueur qui en a le moins l’emporte.

 

Des nains, des elfes, des gobelins et des humains

Comme dans les jeux dont nous parlions précédemment, nous avons dans Aetherya un damier de cartes, seize ici, dont nous révélons les quatre centrales. Le but du jeu cette fois n’est pas d’avoir le moins de points de victoire, mais au contraire le plus de points de victoire, appelé ici Harmonie.
À notre tour, nous allons piocher une carte soit dans la défausse, soit sur le dessus du paquet, jusqu’ici nous retrouvons les bases des jeux dérivés du jeu du golf.

 

Un royaume qui se construit

 

Ici, point de chiffres sur les cartes, mais un univers heroic-fantasy. On retrouve des nains, leurs “copains elfes”, des gobelins, et des humains. En fin de partie, on marquera des points en fonction des cartes visibles de notre grille. Si les elfes adorent le calme des forêts ce qui leur octroient des points, ils détestent les marais puants, qui eux sont le lieu de villégiature des gobelins. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a des rivalités historiques, un nain à côté d’un elfe et c’est la bagarre (et des points en moins). Et bien évidemment, personne n’aime les gobelins, qui génèrent donc des conflits avec toutes les espèces.

Ajoutons à présent les dragons, un peu plus compliqués, ces derniers ne sont pas remplaçables et doivent être apprivoisés. Pour cela il faut que le dragon soit entouré de deux cartes d’une même espèce. Couché kiki ! C’est majestueux et puissant un dragon. On en veut plusieurs dans son royaume, car un dragon maîtrisé rapporte 3 points, deux dragons en laisse, 5 points par dragon, et même jusqu’à 6 pour trois dragons. Il n’en faut pas plus dans un beau royaume, les suivants occasionnent des dégâts et donc des points en moins. De même pour un dragon non maîtrisé, vous n’imaginez pas ce que bouffent ces bêtes là.

 

Quelques cartes légendes

 

 

Écrivons nos légendes

Pour casser un peu la monotonie et les choix évidents que peuvent offrir ce type de jeu, ici nous avons des cartes légendes à accomplir. Plusieurs cartes sont disponibles, et les joueurs peuvent en accomplir une à la fin de leur tour de jeu. Celles-ci nous poussent à un peu sous-optimiser notre royaume. Tout en sachant que l’on pourra les remplacer avant la fin de la partie pour gagner plus d’harmonie. Par conséquent on se retrouve à arbitrer entre l’immédiat, pour gagner les points de la carte légende, et la fin de partie avec un royaume bien aménagé.

Si les Hilo, Skyjo et compagnie sont relativement limités et pour beaucoup liés à la chance, dans Aetherya on a des choix à faire : je place ce nain ici afin de marquer des points pour chaque montagne adjacente, mais je suis à côté d’un elfe et je vais en perdre aussi en fin de partie sauf si j’arrive à remplacer l’elfe par une autre carte. Les dragons induisent une prise de risque intéressante, car un dragon non dompté donne des points en moins.. 

En fin de partie, on décompte nos points sur le petit carnet prévu à cet effet, avec une petite salade de points qui prendra en compte les légendes de cours de parties et la situation de fin de partie.

 

Un royaume à la fin de la partie

 

 

J’en ai un peu plus, je vous le mets quand même ?

Si cela ne suffisait pas, l’auteur François Bachelart, nous propose des variantes. On pourra jouer en mode coopératif, dans lequel à chaque tour de jeu l’équipe devra réaliser une légende, ou en défausser une. Quand il n’y a plus de cartes légendes on passe au décompte et il faudra que les joueurs aient tous plus de points que les cartes légendes défaussées. Ce mode est intrigant car on communique beaucoup : -j’aurais besoin d’un nain, si tu peux en défausser un ça m’aiderait bien. Dans ce mode l’équipe doit maîtriser le nombre de légendes accomplies à chaque tour afin de ne pas finir trop tôt la partie, et ainsi avoir le temps pour chaque joueurs de marquer des points.

 

Quelques tuiles objets

 

Une autre variante ajoute des tuiles objets que l’on place sur les douze cartes périphériques de notre royaume. En révélant une carte face cachée, on révèle aussi la tuile correspondante, tuiles que l’on peut utiliser à notre tour, comme le Palantir de vision pour regarder une tuile quelque part sur notre royaume ou sur celui d’un adversaire, ou encore le marteau divin qui nous permet lui d’intervertir deux cartes, même des cartes cadenassées que la règle nous interdit de déplacer (le dragon ou le portail). Le traité de paix qui, placé sur une espèce, annule les éventuels rixtes. D’autres ajoutent un peu de chaos tel le voleur qui chaparde une tuile à un joueur. 

 

Pari gagné ?

On pourrait craindre que les différentes variantes ne soient là que pour remplir le cahier des charges et ajouter du contenu pour donner une sensation de rejouabilité à moindre frais, mais il n’en est rien, car elles sont plutôt intéressantes. Je vous conseille de jouer la version coopérative à partir de trois joueurs, car à deux joueurs, on a trouvé le défi un peu facile. Les objets et personnages (les tuiles) ajoutent un peu de sel, voire de piment si l’on a rien contre un peu de chaos. On peut d’ailleurs télécharger (gratuitement) sur le site de Nostromo éditions deux règles supplémentaires : du jeu par équipe et un mode confrontation. 

Je suis épaté par ces jeux qui osent reprendre un jeu traditionnel avec un gameplay ultra limité et arrivent à proposer quelque chose de plus dense, de plus intéressant, tel Hâpy Family qui revisite le jeu de 7 familles avec un peu de déduction avec sa pyramide de cartes. 

Aetherya est vite expliqué grâce à cet univers fantasy assez répandu pour être assimilé par le public qui maîtrise ses codes. Cela parlera un peu moins à ceux qui n’y sont pas familiers, sans être un frein.

Sur cette base de jeu “automatique” où les choix sont réduits à peau de chagrin, François Bachelart, l’auteur et éditeur de Aetherya réussit à nous proposer un jeu où les décisions sont plus importantes que dans les jeux de ce type. Un jeu où l’on construit son score, un jeu dans lequel les cartes de la grille interagissent entre-elles en fonction de leur placement. C’est ainsi qu’Aetherya nous emmène plus loin et réussi à insuffler ce défi d’optimisation sans complexifier outre mesure, simple sans être simpliste, il réussit son pari de proposer une itération du jeu du golf plus “gamer”.

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4 Commentaires

  1. Groule 15/06/2022
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    Je plussoie, un très bon feeling après deux ou trois parties. Que l’on soit adepte ou pas du Skyjo, ce jeu le revisite habilement et le rend appréciable à un public plus joueur, tout en restant léger et intuitif, le tout pour un tarif raisonnable.

    Petit questionnement autour des dragons que je trouve extrêmement forts au scoring (malgré la pénalité si on ne parvient pas à les dompter). Aurais-je mal compris quelque chose ?

     

    • Nostromo Editions 20/06/2022
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      Les dragons sont en effet puissants mais ce sont des armes à double tranchant. Il n’est pas toujours (et loin de là) évident d’en domestiquer 3. Et si on a le malheur de dépasser ce nombre, les dragons ne peuvent plus être domestiqués. Là où il faut vraiment se méfier, c’est quand, vers la fin de la partie, ils n’ont pas encore tous été révélés, et dans ce cas, mieux vaux accélérer l’exploration de votre royaume plutôt que de révéler un vilain lézard sauvage qui peut ruiner un joli score.
      Leur importance varie aussi d’un mode à l’autre… Le mode Invasion par exemple qui permet à un joueur, dans certains cas, d’envoyer un dragon s’installer chez un adversaire modifie considérablement leur utilisation 😉

  2. phoebus77 16/06/2022
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    Aetherya a remplacé Skyjo lors de notre pause déjeuner au bureau. Même mécanique mais le jeu est plus profond en terme d’intérêt ludique sans être vraiment compliqué. Les dragons comme les gobelins peuvent scorer fort en effet (18 pts max. pour les dragons), mais il faut un peu de réussite pour en bénéficier car d’un côté il faut les maîtriser ces dragons et de l’autre on peut cumuler des conflits avec les gobelins. Le hasard apporte aussi son petit grain de bonnes ou mauvaises surprises, surtout à la fin. Un excellent jeu dans sa catégorie. Dommage qu’il se limite à 4 joueurs.

    • Nostromo Editions 20/06/2022
      Répondre

      En attendant une éventuelle extension qui permettrait de jouer à plus 😉 … avec deux boites (ok, ce n’est pas évident de trouver un autre possesseur du jeu), vous pouvez vous frotter au mode « Empires » qui permet de jouer à 4, 6 ou 8 joueurs en équipe : 2 vs 2 ou 3 vs 3 ou 4 vs 4. Et ho surprise, ce mode de jeu, même joué à 8 est plus rapide que le mode classique à 4 joueurs :))

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