Actu : Atalia devient éditeur

Atalia est un distributeur de jeux fondé par Cesare Mainardi en 2014. Après un 2019 difficile suite à la perte de la distribution d’un jeu qui faisait presque 50 % de leur chiffre d’affaires (Limite Limite), entre avril 2020 et janvier 2021, l’entreprise rectifie le tir et montre un joli +20 % par rapport à la même période de l’année précédente, redressant la pente avec des titres comme Gold, Mystic Vale, Roméo & Juliette, Rajas of the Ganges – the Dice Charmers qui ont bien cartonné. Depuis le mois d’août l’entreprise est également entrée en partenariat étroit avec le fameux éditeur HUCH!. Aujourd’hui, Atalia compte sept personnes et une nouvelle page s’écrit en ce moment, puisque son fondateur reprend sa casquette d’auteur et le distributeur devient éditeur. L’occasion de prendre quelques nouvelles sur leur actu et de questionner sur les sorties à venir avec Frédéric Moritel, chargé de communication, et Cesare Mainardi

 

Quels sont les jeux que vous êtes impatients de nous montrer cette année ?

Nous avons plusieurs titres que la plupart des membres de l’équipe attend avec impatience à titre personnel autant que professionnel. Nous espérons que le public sera aussi enthousiaste que nous ! Par ordre d’entrée en scène, nous avons notamment :

  • Ragusa : Un jeu de gestion simple et profond : à mon tour je pose simplement une de mes maisons sur le plateau et j’active les actions des trois hexagones limitrophes. C’est tout. Mais chaque maison déjà présente autour de cet hexagone permet à son propriétaire d’activer l’action. Ainsi le jeu monte en puissance au fur et à mesure qu’on avance dans la partie. D’autre part, le cours des matière transformée évolue en fonction de l’offre et de la demande. L’interaction est donc très présente. Un régal.
  • Dive : Sit Down ! a encore déniché un jeu d’une originalité folle ! Cette fois, on joue avec la transparence : on empile les cartes transparentes, et on essaye de deviner à quelle distance se trouvent les différents éléments à collecter ou, à l’inverse, à éviter soigneusement… Les magnifiques illustrations d’Alexandre Bonvalot participent pleinement à nous plonger dans cet univers sous-marin.
  • Masters of Renaissance : un jeu de type « Engine Building » (je commence par acheter des cartes de niveau 1, qui vont me permettre d’acheter celles de niveau 2, etc) avec un système de taquin pour récupérer les ressources. Simple et malin !
  • Enigma : Un jeu de déduction familial dans la lignée du pendu et du Mastermind, où il faut trouver un mot caché à partir des segments qui composent ses lettres.
  • Venice : Dans la même collection que Ragusa. Un jeu de pick & deliver où il faut parcourir les canaux de Venise en gondole pour livrer des marchandises et remplir des contrats. Et ce, sous l’œil vigilant de l’Inquisition Vénitienne qui a décidé de faire un exemple et de condamner lourdement le marchand qui aura le plus pris de libertés avec la loi. Celui-là sera éliminé juste avant le décompte final. Là encore on apprécie particulièrement cette façon de forcer les joueurs à jouer en fonction de ce que font les autres.
  • Merv : Un gros jeu de gestion aux règles denses mais qui deviennent rapidement fluides et évidentes. On joue des marchands dans l’ancienne ville de Merv, alors centre commercial, culturel et religieux de premier plan, et on tente de se poser comme le plus prospère et le plus prestigieux, tout en se préparant à l’invasion mongole imminente… Plusieurs pistes stratégiques, de l’interaction et, cerise sur le gâteau, une version solo de premier ordre !
  • Witchstone : Le nouveau jeu de Reiner Knizia, co signé avec Martino Chiacchiera. C’est un savant mélange de mécaniques qui plaisent aux joueurs experts : mise en place et optimisation d’un moteur d’actions, placement de tuiles, contrôle de territoire, création de réseau, collection.

 

 

Et puis, cette année, les premiers jeux entièrement édités par Atalia verront le jour !

 

Pouvez-vous justement nous parler de cette nouvelle direction, la casquette « éditeur » ? Pourquoi ce projet est-il né ? 

Pour plusieurs raisons. D’abord, on a eu l’occasion. Un proto qui nous plaisait bien et dont on pouvait avoir les droits facilement. Après 5 ans de collaboration étroite et en amont avec des éditeurs expérimentés, nous avons beaucoup appris et nous avions envie de nous mettre à l’épreuve. L’étincelle qui manquait pour se lancer a été le constat qu’en se limitant à la distribution on se privait de revenus dont bénéficient nos confrères quand ils font localiser leurs créations à l’étranger.

 

Quels seront les premiers jeux édités ?

Ceux qui sont sûrs sont Conquêtes, East India Company et Explora. Deux autres pourraient les rejoindre dans la foulée, mais ce n’est pas encore signé.

Conquêtes est le jeu dont on pouvait avoir les droits facilement dont je parlais. En effet, l’auteur est… Cesare Mainardi, le gérant de la société !
Pour les tests avec l’équipe, Cesare avait caché l’identité de l’auteur pour avoir des retours parfaitement sincères et que tout le monde ose exprimer ses critiques sans se sentir obligé de faire preuve de tact… Pendant les tests, ceux qui aiment les jeux familiaux à interaction directe l’appréciaient beaucoup, malgré une réalisation sommaire du proto qui leur compliquait la lecture de jeu. Avec les illustrations de Gaël Lannurien sous la direction artistique de Benjamin Treilhou, le jeu est désormais très lisible et, du coup, nous sommes persuadés qu’il touchera son public.

East India Companies est un jeu de Pascal Ribrault qui avait gagné le concours Jeux de demain, catégorie expert, à Paris Est Ludique 2017, sous le nom de Compagnie des Indes.

East India Companies

 

Explora est aussi un jeu de Cesare Mainardi. Quand il a dévoilé l’identité de l’auteur de Conquêtes, plusieurs testeurs qui connaissent Racing, son premier jeu, datant de 2010, lui ont demandé pourquoi on ne le rééditait pas. Cesare n’y avait jamais songé, car beaucoup étaient rebutés par la thématique. En en discutant avec l’équipe, on a trouvé un univers bien fun et qui colle à la mécanique… On n’avait plus d’excuses.

 

Pouvez-vous nous les pitcher et nous expliquer ce qu’ils ont de particulier ?  

Conquêtes est un jeu familial de conquêtes de territoires du monde, qui se pratique uniquement avec des cartes et d’une durée comprise entre 15 et 45 minutes selon le nombre de joueurs (de deux à quatre). Chaque carte correspond à l’une des 30 régions du Monde et l’objectif est de conquérir le territoire le plus grand. À son tour, on peut soit poser une carte Région devant soi si personne ne l’a déjà, soit piocher deux cartes, soit attaquer une région adverse qui a au moins une frontière en commun avec un de ses propres territoires. Si on fait ainsi, attaquant et défenseur défaussent un certain nombre de cartes de leur main et le joueur dont la somme des valeurs des cartes est supérieure gagne la bataille… Le hasard de la pioche, la stratégie d’attaquer les bonnes régions au bon moment, la gestion de main pour ne pas défausser trop de ressources et se retrouver sans défenses, sont les caractéristiques du jeu.

East India Companies est un jeu expert qui simule le commerce entre l’Europe et l’Asie de l’est au XIX siècle. Chaque joueur gère une des principales compagnies de l’époque, achète des bateaux puis des marchandises en Asie, pour les revendre en suite en Europe en spéculant sur leurs cours à l’achat et à la vente qui varient selon l’offre et la demande.
Chaque joueur a initialement deux actions de sa compagnie et peut en acheter d’autres ; les siennes ou celle des joueurs adversaires. La valeur de ces actions varie en fonction des résultats économiques des compagnies. À la fin, le gagnant sera probablement celui avec la somme la plus haute des valeurs de toutes les actions qu’il possède, qu’elles soient les siennes ou celle des adversaires, ce qui rend le jeu très original. Si on achète des actions, on a moins d’argent pour faire du commerce et faire de bons résultats. Un jeu avec beaucoup d’interaction entre joueurs, bien que pas forcément directe ou méchante.

Racing l’ancien thème de Explora

 

Explora rethématise le premier jeu de Cesare Mainardi, Racing. Terminé les courses de F1, vive l’exploration de régions mythologiques comme l’Atlantide, Eldorado, Shangrila, etc. Au début du XX siècle, de riches aristocrates anglais financent des expéditions vers des régions qu’on croyait de simples mythes, mais dont on a enfin la preuve qu’elles existent. Il faut donc recruter les meilleurs explorateurs, les meilleurs équipages et les meilleurs véhicules pour atteindre les régions identifiées avant les équipes adversaires et gagner ainsi un maximum de prestige. C’est un jeu de gestion et d’enchères familial et plutôt tactique.

 

À quel point la branche « éditeur » a-t-elle vocation à se développer à terme ?

Le temps le dira, mais je pense que l’activité de distribution restera quand même majoritaire, car nous restons fidèles à nos partenaires.

Quelles sont vos ambitions avec cette nouvelle activité ? Est-ce que cela modifiera le nombre d’employés et l’organisation d’Atalia ?

Nous souhaitons que le succès de nos jeux dépasse les frontières françaises et qu’ils soient localisés dans un maximum de pays étrangers. Pour le moment, le nombre d’employés n’est pas affecté. C’est Cesare qui s’occupe du développement. Jusqu’à juin il sera encore épaulé par Arnauld Della Siega qui réalise un stage en alternance chez nous dans le cadre de ses études à l’école de Cholet de « Conception, distribution, animation, médiation, de la filière jeu et jouet ». À partir de juin, nous devrons réfléchir à la réorganisation. L’espoir est que, grâce aux nouveaux outils informatiques que nous sommes en train de mette en place, on pourra dégager du temps et partager certaines tâches entre nous, sinon il faudra en effet embaucher.

@Cesare, quand et comment est né Conquêtes 

Pendant mon enfance j’adorais un jeu de plateau de conquêtes du monde bien connu. J’avais envie de retrouver certaines sensations de ces parties, mais personnellement je le trouvais trop long pour un jeu au final assez hasardeux. Je peux apprécier le hasard, quand on a la possibilité de s’y adapter et aussi quand les parties sont courtes. Au pire, on perd une partie, et en on en enchaîne une autre où la chance aura tourné. J’aime aussi les jeux de cartes, car ils sont plus faciles à emporter partout avec soi. Pendant mes vacances d’été 2019 j’ai commencé à diviser le monde en 30 régions, j’ai créé des cartes avec, et le jeu était né. 

 

Comment s’est passé son développement ? 

Initialement j’y jouais avec mes garçons qui, à l’époque, avaient 13 et 17 ans. Un soir ma femme et moi nous ne les trouvions plus. Ils étaient restés à la plage sur le transat jusqu’à tard pour y jouer entre eux et enchainer les parties ! Et pourtant il y avait encore pas mal de choses à corriger. Le développement a consisté surtout à l’épurer sans le dénaturer, car, dès sa première version, le jeu fonctionnait.
Lors des tests en dehors de la famille, on a constaté la difficulté de certaines personnes à établir une stratégie sans connaître la disposition des différentes régions dans le monde. Il fallait donc trouver des graphismes qui donnent une bonne lisibilité de jeu. C’est pourquoi nous avons confié la direction artistique à Benjamin Treilhou dont nous apprécions le travail réalisé notamment sur Dreamscape et Roméo & Juliette, et nous sommes très satisfaits des solutions trouvées pour allier la lisibilité à la beauté des illustrations de Gaël Lannurien.

La sortie est prévue pour quand ?

Fin printemps 2021. Les visuels sont presque finis. Encore quelques tests avec les nouveaux graphismes pour vérifier la lisibilité du jeu et à fin mars on pourra lancer la fabrication. Nous avons décidé de l’imprimer en Europe, donc il ne faudra pas attendre le bateau pour le livrer !

 

Comment gères-tu la multiplication des casquettes, avec ce projet ? N’est-ce pas compliqué d’avoir le recul nécessaire sur le jeu ? 

J’ai délégué une partie de mes fonctions, notamment le suivi des grands comptes, vers d’autres membres de l’équipe. Cela me permet de m’occuper du développement des jeux et de nouer des partenariats à l’étranger, par exemple pour la distribution au Québec de la VF de Merv avec Distribution Dude et d’Enigma avec Foxmind. Je trouve le recul nécessaire en impliquant équipe et amis d’Atalia dans plusieurs décisions et en étant réellement à leur écoute. Si la majorité n’est pas d’accord avec moi, je propose autre chose !

Et en dehors de Conquêtes, quels sont les jeux qui te font vibrer ? 😉

J’en ai plein, mais aucun jeu « concurrent » bien qu’il y en plein qui m’intéresseraient, mais c’est que je n’ai vraiment pas le temps de jouer avec des jeux qui arrivent en boutique grâce à nos confrères. J’en teste plein afin de les sélectionner. Parmi ceux-ci, ceux qui m’ont fait le plus vibrer récemment sont indéniablement Merv et East India Companies. Riches, profonds, avec plusieurs stratégies pour gagner et pourtant épurés. Une fois expliqués, on retient facilement les règles malgré leur complexité. Bien évidemment, j’aime beaucoup Explora dont je suis l’auteur, malgré le changement de thème, car je trouve que celui que l’équipe a trouvé est bien sympa et, de toute façon, c’est un jeu que j’ai créé « sur mesure » pour joueur avec mes amis, donc avec tout ce que j’aime : de l’interaction et des choix tout en restant accessible afin de pouvoir y jouer aussi avec un public moins joueur.

 

Merci pour votre temps et à bientôt ! 

 

À lire aussi : Merv à la découverte de l’antique cité…

 

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