Chaque année depuis 2017, nous prenons un malin plaisir à partager nos petits coups de cœur ludiques. C’est devenu un rituel boudhiste à la Rédac, un moment où chacun s’isole pendant deux mois pour faire le point avec lui-même, pour bien réfléchir à sa short-list jamais assez short, et décider quoi trancher pour petit à petit, arriver à un consensus. Se mettre d’accord ? Autant vous dire que ce n’est jamais simple, mais nos divergences font aussi notre richesse, et nous poussent à mettre en lumière des jeux variés. C’est pourquoi, en plus de nos choix collectifs, chacun·e d’entre nous glisse aussi son coup de cœur personnel, celui qu’il ou elle a envie de pousser sous les projo.  

Pour garder un cadre clair aux Coups de cœur (même si cela frustre parfois nos élans), nous ne retenons que des jeux sortis entre juillet 2024 et juillet 2025, et disponibles en français. Voilà pour la règle du jeu. Maintenant, place au plaisir : découvrons ensemble les titres que nous avons eu envie de défendre et de conseiller cette année !

Nos petits cœurs qui battent !

Agent Avenue

Dans Agent Avenue, nous jouons au chat et à la souris sur une petite piste circulaire. Le but ? Le premier qui rattrape l’autre l’emporte, tout simplement. Le jeu propose surtout une mécanique de « I split you choose » : Un joueur dévoile une carte et en retourne une seconde face cachée. Son adversaire choisit et applique les effets (avancer ou reculer sur la piste, gagner ou perdre immédiatement…). S’ajoute un principe d’accumulation qui génère une belle asymétrie dans les attentes. Une variante « Marché Noir » ajoute subtilement de nouvelles règles qui peuvent changer le cours du jeu. On peut même jouer en équipe (et c’est surprenant !). Du bluff, du guessing, des choix drastiques à arbitrer, le tout porté par un ensemble de règles extrêmement accessible. Agent Avenue, c’est in fine des parties mémorables, en tout cas des situations souvent très tendues avec un brin de métagame.

Pour en savoir plus : vous pouvez lire le Just Played ou le Test et vous pouvez aussi visionner le Ludochrono.

Un jeu de Christian Kudahl, Laura Kudahl
Illustré par Fanny Pastor-Berlie
Edité par Iello, Nerdlab Games

Behind

Vous aimez les puzzles, eh bien Behind n’en est pas un. Pourtant ces tuiles, il va bien falloir les assembler de façon logique, visuelle. Tout part d’une énigme à résoudre, et de proche en proche nous faisons nos avancées, jusqu’au moment où nous pensons avoir compris et résolu, et nous retournons alors l’assemblage, le rectangle, tuile après tuile, pour vérifier notre résultat. Et derrière ? il y a une image, recomposée comme un puzzle, qui valide nos hypothèses. Behind est un jeu d’énigmes et de logique coopératif en trois histoires très différentes, à assembler grâce aux intelligences unies de un, deux ou trois joueurs. Cet As d’or Initié va avoir une suite cet automne, et on a hâte de la découvrir.

Pour en savoir plus : vous avez entre autres la lecture du Just Played, mais vous pouvez aussi visionner le DLV ainsi que le Ludochrono.

Un jeu de Cédric Millet
Illustré par Martin Vidberg, Maud Chalmel, Pierô
Edité par KYF Edition

Bomb Busters

Bomb Busters est un jeu de déduction coopératif généreux. À notre tour, il faut désigner un fil chez un autre joueur en annonçant sa valeur. Si notre supposition est correcte, on révèle un fil de même valeur chez nous et tout continue normalement avec le joueur suivant. En revanche, si l’on se trompe, le compteur d’échecs baisse d’un cran… et comme on s’en doute, s’il tombe à zéro, la partie est perdue. Voilà vous avez déjà les bases ! La force (et le plaisir !) de Bomb Busters réside dans sa courbe de progression concernant nos capacités de déduction. La logique va peu à peu être poussée de plus en plus loin au fil des 66 missions proposées (oui on avait dit généreux). Parfois, une erreur volontaire peut être une stratégie valide, parfois il faudra jouer sur la coupe solo (si je suis le seul à avoir encore des fils d’une certaine valeur), etc – on parvient progressivement à se mettre dans les neurones des autres (s’il ne fait pas tel geste, c’est qu’il n’a pas tel valeur…). Bref, un jeu original qui valorise la coopération de manière ultra satisfaisante !  

Pour en savoir plus : vous avez entre autres la lecture du Just Played, mais vous pouvez aussi visionner le DLV ainsi que le Ludochrono.

Un jeu de Hisashi Hayashi
Illustré par Dom2D
Edité par Cocktail Games

Château combo

Un des derniers gros hits de la maison Catch Up, Château combo s’est indéniablement fait une place grâce à son efficacité redoutable. Ce n’est pas tant révolutionnaire que bien ficelé, bien édité, bien illustré. Un tableau building et de combo (oui, son nom est plutôt bien trouvé) avec seulement 9 cartes dans une matrice de trois par trois. 9 cartes personnages qui vont vous donner un effet immédiat donnant de l’or ou des clés pour construire votre moteur de jeu et un objectif de fin de partie, parfois en fonction des autres cartes de votre jeu. Un double dilemme intéressant à chaque action. Château combo réussit à rester familial tout en offrant une belle profondeur pour les amateurs d’optimisation. Une recommandation pour les amateurs de jeux de cartes modernes et rapides. 

Pour en savoir plus : Vous pouvez visionner le DLV  ainsi que le Ludochrono.

Un jeu de Gregory Grard, Mathieu Roussel
Illustré par Stéphane Escapa A.K.A. Staff
Edité par Catch Up Games

Endeavor Eaux Profondes 

Endeavor Eaux Profondes : le Kennerspiel des Jahres reprend la mécanique de Endeavor, mais dans un univers sous-marin où le thème est central : on scanne les profondeurs avec le sonar, découvre de nouvelles espèces, les protège, etc. La zone de jeu se construit avec les actions des joueurs. Le jeu propose dix missions allant de la cartographie des abysses au sauvetage d’espèces marines d’une marée noire. Des façons subtiles de modifier le jeu sans le complexifier, mais qui enrichissent son excellente durée de vie. Un opus pas compliqué, très fluide, où les amateurs de tempo et d’optimisation seront dans leur élément. À noter qu’il existe une version coopérative. Un excellent titre dans la biodiversité ludique.

Pour en savoir plus : vous avez le Just Played, le Test et vous pouvez aussi visionner le DLV  ainsi que le Ludochrono.

Un jeu de Carl de Visser, Jarratt Gray
Illustré par J.Cappel
Edité par Grand Gamers Guild, Super Meeple

Unsettled

Unsettled est un coopératif d’exploration spatiale ambitieux qui vous transporte sur des planètes étranges et hostiles. Chaque mission est une aventure unique, mêlant survie, découverte et adaptation constante. Ici pas d’exploitation ou d’extermination – nous sommes des scientifiques et nous voulons juste survivre. Et pour cela, il va falloir explorer et comprendre l’environnement qui nous entoure. L’un des grands points forts du jeu est sa modularité : chaque planète propose ses propres règles et mystères à résoudre. Le matériel est superbe et immersif sans en faire trop. La coopération est primordiale, car seule une bonne coordination permet de surmonter les dangers et les imprévus. Live long and prosper! 

Pour en savoir plus : vous pouvez lire le Just Played, le Test et visionner le DLV ainsi que le Ludochrono.

Un jeu de Marc Neidlinger, Tom Mattson
Illustré par Bartek Fedyczak, Krista Zimmerman
Edité par Lucky Duck Games, Orange Nebula

Zenith 

Encore un jeu à deux, oui c’est vrai ! Zénith nous propose de gagner de l’influence sur 5 planètes à la fois dans un multiple tir à la corde qui crée une tension très forte, car si l’on fait avancer le marqueur d’une planète, on laisse l’adversaire grappiller sur une autre. Que faire, comment reprendre l’avantage ? Chaque choix est important et crucial. Autre axe de jeu aux dilemmes permanents, les pistes de technologie de chaque peuple qui nous donnent des bonus très puissants, plus ceux que l’on a déjà activés, de la combo en cascade comme on l’aime.

Zenith est un jeu très prenant, pas de répit, pas le temps de reprendre son souffle il faut s’adapter et réagir aux coups de l’adversaire. Zenith se joue aussi en équipe de deux contre deux, chaque joueur pouvant interagir avec les deux planètes de son côté plus la Terre, (planète centrale) commune aux joueurs, ce qui implique une collaboration et une discussion forte pour remporter la partie. Probablement la version que l’on préfère d’ailleurs, c’est dit ! 

Pour en savoir plus : vous pouvez lire notre Just Played, et regarder le Ludochrono.

Un jeu de Gregory Grard, Mathieu Roussel
Illustré par Naïade
Edité par PlayPunk

Les coups de cœur des Ludovoxiens

► Coup de cœur spécial Alex : Présages

Vous voyez ces jeux dont on ne refuse jamais une partie ? Présages est clairement de cette trempe. On joue en équipe, on a des cartes en main et on cherche à les défausser jusqu’à n’en avoir plus qu’une seule pour au moins un membre de l’équipe. Les cartes ont soit un effet immédiat, soit un effet de fin de tour, et quand tout le monde a joué sa carte, on passe alors à la résolution du tour : on défausse la ou les carte(s) concernée(s), et les autres sont reprises en main par leur propriétaire. On a alors dorénavant une meilleure idée de quoi sont capables les autres joueuses et joueurs, ce qui va bien entendu orienter notre façon de jouer pour le reste de la manche.

Le principe est simple, le jeu intuitif, les parties intenses et le plaisir immédiat ! Le jeu est bien plus profond qu’il n’y paraît sans être pour autant complexe, lui conférant un véritable côté addictif. Ajoutez à cela de superbes illustrations et une édition particulièrement soignée, et vous avez là un jeu d’une élégance et d’un raffinement rare. 

Pour en savoir plus : ne ratez pas le Just Played, le DLV, ainsi que le Ludochrono.

Un jeu de Maxime Rambourg
Illustré par Ben Renaut
Edité par Spiral Éditions

► Coup de cœur spécial Atom : Dame Nature

J’avoue, j’aime beaucoup les jeux coopératifs et les jeux coopératifs de Julien Prothière en particulier, notamment car cet auteur s’attache toujours à brimer et compacter l’effet leader. Dame Nature nous propose de retisser la trame du vivant. Le défi nous oblige à trouver des formes de communication, construire des codes communs, car, pendant la phase dite de programmation, c’est bouche cousue ! Le moyen de communiquer reste le non verbal et les indices que l’on va utiliser, les rares éléments que l’on peut se partager. Il ne vous restera plus qu’à aborder les défis plus corsés sous forme de “chemin” thématique – ainsi s’ajoutent la pollution, les espèces invasives, etc. Je n’avais pas vraiment apprécié Kreus l’ancienne version qui me semblait un peu lourde et manquait de fluidité. En revanche, Dame Nature a su épurer l’expérience, la rendre meilleure, et tisser une trame poétique.

Pour en savoir plus : ne ratez pas le Just Played, ainsi que le Ludochrono.

Un jeu de Julien Prothière
Illustré par David Boniffacy A.K.A. Bony
Edité par Jeux Opla

► Coup de cœur spécial Fredo : Toy Battle

Dans cette année 2025 qui fait honneur aux jeux à deux, il est difficile de sortir du lot. Nous avons d’ores et déjà retenu Zenith et Agent avenue dans notre sélection, mais il ne faudrait pas oublier Toy Battle qui nous a fait forte impression. Sous ses airs tout mignons se cache un jeu d’affrontement tactique très retors, dont les sensations se rapprochent plutôt des grands classiques abstraits d’affrontement. Dans ce titre inspiré des jeux vidéo comme Clash Royale, on se retrouve à la fois stratège et tacticien : il faut préparer ses coups à l’avance tout en réagissant aux actions adverses, à la manière d’un jeu d’échecs moderne. On apprécie particulièrement son accessibilité qui le rend réellement jouable par tous, et sa rejouabilité avec ses 8 plateaux renouvelant très fort les sensations de jeu.

Pour en savoir plus : vous n’avez qu’à lire le Just Played, ce reportage et vous pouvez aussi regarder le Ludochrono.

Un jeu de Alessandro Zucchini, Paolo Mori
Illustré par Paul Mafayon
Edité par Repos Production

► Coup de cœur spécial Fouilloux : Hantise

Un jeu de Damien Falkouska, Marc Antoine Doyon
Illustré par Cowboy tatoo
Edité par Grrre Games

Pour en savoir plus : Réaction à chaud à Cannes

► Coup de cœur spécial Natosaurus : Guilty Monaco 1955

Ces dernières années ont vu naître pas mal de formats de jeux d’enquête, et quand on aime se mettre dans la peau d’un détective, il faut reconnaître que certaines expériences sont mémorables. Guilty Monaco 1955 fait partie de ces souvenirs-là. Une histoire bien ficelée, bien écrite, le temps qui passe, les choix à faire, l’Histoire, l’immersion. L’enquête est exigeante. Elle vous prendra toute la soirée, elle ne se laissera pas comprendre si facilement… L’expérience est cinématographique, du générique de début jusqu’à la scène post-générique. Et ce personnage qui mène l’enquête, que l’on incarne, aura une part à jouer lui aussi. Prenez votre temps, c’est une enquête à savourer dans les meilleures conditions !

Pour en savoir plus : vous pouvez lire ce Just played, et vous faire un second avis dans ce Small is beautiful 52. 

Un jeu de Yohan Servais
Illustré par Adrien Rives, Jocelyn Millet
Edité par Iello

► Coup de cœur spécial Shanouillette : Daybreak

Daybreak est un coopératif qui plonge les joueurs dans l’un des plus grands défis de notre époque : la lutte contre le changement climatique. Chaque joueur incarne une puissance mondiale avec ses spécificités et doit mettre en œuvre des solutions concrètes pour réduire les émissions de carbone. L’un des grands atouts du jeu est son approche pédagogique : il rend limpide un sujet complexe grâce à un ensemble de règles accessible et dynamique. La coopération est bien présente, puisqu’il faut s’entraider et jouer de nos forces pour équilibrer les priorités. Le jeu pousse à la réflexion sans jamais perdre le plaisir ludique en mettant en avant des solutions inspirantes backées scientifiquement. Un titre rare, intelligent et engagé, qui sort du lot pour s’adresser au plus grand nombre.

 Pour en savoir plus : vous pouvez lire le Just Played, et vous aussi visionner le DLV ainsi que le Ludochrono.

Un jeu de Matt Leacock, Matteo Menapace
Illustré par Mads Berg
Edité par CMYK

► Coup de cœur spécial Shaman : Dead Cells

Si vous ne devez lire qu’un seul coup de cœur, lisez celui-ci, pas ceux des autres, ils ne comprennent rien aux vrais jeux de société. Est-ce qu’il y a des persos cool qui n’ont pas de tête mais un truc en flamme à la place dans leurs coups de coeur ? non.

Est-ce qu’il y a une mécanique fun et efficace à base de “on pose une seule carte et on résout”. Et bah non, parce que le seul jeu qui vaille vraiment le coup dans cette sélection, c’est Dead cells. Voilà.

Vous allez vous embarquer dans des niveaux bourrés de monstres et de trésors ensemble, pousser le plus loin possible, peut-être même jusqu’au boss et puis… Mourir souvent… Réussir parfois dans une explosion de joie sincère.

Parce que oui, c’est un rogue lite, avec une boîte évolutive qui vous permettra d’améliorer vos maigres chances de départ, jusqu’à être capable de planifier vos builds pour vaincre la boîte.

Ce jeu m’a fait un choc, car avec le temps, les jeux que j’aime, ceux qui proposent un défi varié, équilibré tout en proposant une aventure à se raconter, incluent souvent un fardeau de règles à potasser et stocker dans son cerveau, ainsi qu’une mise en place laborieuse.

Le jour où nous avons reçu Dead Cells, nous avons joué 8 parties l’après-midi même et 9 le lendemain, plus 6 de découverte dans une soirée café jeu la même semaine.

Le tout sans reset la boîte et la campagne.

En plus, on peut jeter des pièces dans le puits !

Voilà, est-ce que j’ai besoin de rajouter quelque chose de plus ? J’en ai parlé dans le podcast, donc allez l’écouter si vous voulez m’entendre hurler les mêmes arguments.

Pour en savoir plus : vous pouvez lire notre Just Played, et regarder le Ludochrono.

Un jeu de Antoine Bauza, Corentin Lebrat, Kaedama, Ludovic Maublanc, Théo Riviere
Illustré par Laure de Chateaubourg, Naïade, Paul Vérité, Robin Lagofun
Edité par Le scorpion masqué

► Coup de cœur spécial Umberling : Dune Imperium : Insurrection

Ça m’ennuie. J’aimerais ne pas avoir à répéter que Dune Imperium est un super jeu. Bon, il avait ses petits travers, son économie de solaris un peu bancale, un feeling un peu trop abstrait. Arrive Insurrection et tout est meilleur : les potards sont tous poussés à 11, la cinématographie du jeu aussi avec les espions, les vers, les crochets permettant de les dompter, les montagnes à atomiser. De la bonne pose d’ouvriers, du deckbuilding tendu, un univers présent.

Dune Imperium : Insurrection n’est toujours pas un jeu tranquille. C’est un jeu qui me fait me tenir au bord de ma chaise, frémissant : j’ai besoin de cet emplacement, de cette ressource, pour mon plan du tour. Je réfléchis en permanence à des plans de rechange, et je finis chaque partie heureux mais rincé. Et je replonge toujours avec plaisir dans l’épice enivrante.

Pour en savoir plus : vous pouvez lire notre Just Played, et regarder le Ludochrono.

Un jeu de Paul Dennen
Illustré par Clay Brooks, Derek Herring, Nate Storm, Raul Ramos
Edité par Dire Wolf Digital, Lucky Duck Games

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