► E.D.I.T.O. Coups de coeur Ludovox 2017
Des vacances (ou presque)
C’est la rentrée et les têtes blondes reviennent sur les bancs de l’école… bon, le marronnier passé, vous savez tout à fait ce que cela signifie pour le monde ludique : Essen se profile à l’horizon, et Noël derrière lui ! Les éditeurs reviennent de vacances et…
Ah. Une minute. Les vacances ! L’équipe a pris des vacances d’été pour la première fois cette année. Et c’était biien… On en a profité pour voir du vert ou un peu de bleu, jeter du dé et abattre de la carte, bronzer pour ceux qui ne sont pas aspirine ascendant jambon.
Mais bon. On est pas du genre à abandonner Ludovox accroché à un arbre pour pouvoir se la couler douce. Alors on a fait des tours de garde. Tu pars la première semaine, je pars la deuxième. Comme ça, vous avez quand même eu de quoi vous mettre sous la dent côté vidéo et article (oui bon ok, en fait on a encore un peu de mal avec le concept de vacances, mais on se soigne).
Des coups, oui mais de coeur
Et puis, il faut le dire, on a aussi fait quelques petites choses originales pendant l’été. Outre le partenariat avec le site Geekmemore qui s’est lancé, le partenariat avec Es-tu Game pour couvrir la Gencon… on a aussi réfléchi (ça nous arrive) à comment faire évoluer Ludovox.
Et on s’est demandé s’il ne fallait pas récompenser un peu le jeu et vous dire franchement ce qui nous fait vibrer, à la Rédac du Vox. Ce qui nous semble mériter de l’attention, ce qui nous plaît à nous. Et pour ça, on aurait pu employer plein de termes, plein de formules. Celle sur laquelle on s’est arrêtés est finalement la formule du Coup de cœur.
Cela permet de jeter une lumière sur des jeux que la rédaction aime, des jeux sur lesquels on arrive à se mettre d’accord pour jouer ;). Et oui, pas si simple vu qu’on a tous des goûts très variés ! Et puis, on voit tellement passer de jeux… pourquoi ne pas pousser davantage ceux qu’on apprécie le plus ?
Pour ne pas être redondant avec les autres prix, nous avons choisi de ne pas l’attribuer en fonction du public, de catégories, ou d’autres critères : On présente juste ce sur quoi on a craqué nous, à la Rédac, les jeux qui parviennent l’exploit de nous réunir tous avec un même plaisir.
Le terme de “coup de cœur” est passionnel, car oui, le jeu est notre passion. Mais ce n’est pas un feu de paille non plus. On s’est posé la question “est-ce que je voudrai encore jouer à ce jeu dans un an, dans cinq ans ?” à chaque fois. Difficile d’y répondre fermement, bien sûr, mais tout de même, ça pose les choses avec une certaine optique. On s’est demandés si la qualité d’édition était au niveau. On s’est tous concertés pour savoir ce qui se passait dans nos têtes et dans nos tripes en jouant. Qu’est-ce qui avait touché la corde sensible, qu’est-ce qui était novateur aussi. Le seul vrai critère (autre que notre amour) : que les jeux soient sortis en français entre juillet 2016 et juillet 2017.
Notez que certains titres ne sont pas passés loin du coup de coeur, mais n’ont pas transformé l’essai. On a donc fait une petite liste à part : les mentions.
Allez. Assez causé. Roulement de tambour…
Les voici dans l’ordre alphabétique :
Horreur à Arkham : le jeu de cartes
Dans toute la vague de rethématisation version dés, version cartes, Horreur à Arkham fait allumer tous les voyants du radar chez nous : jeu de cartes évolutif, donc extensible à l’envi (et toujours moins cher que le jeu de plateau éponyme et ses extensions !), artwork magnifique, auteurs en vue, narration forte.
Parlons-en un peu, de la narration, d’ailleurs : grâce à ses livrets de campagne, Horreur à Arkham le jeu de cartes propose différentes issues et vous aurez envie de recommencer les campagnes une fois les scénarios finis. On n’est clairement pas dans un “play & burn”, mais plus dans une mouvance de rejouabilité, de profondeur. Et rarement thématique et mécanismes auront été aussi imbriqués.
Aller plus loin : le just played d’Horreur à Arkham JCE
Inis
Inis est un gros jeu. Un titre exigeant, original et pourtant, son moteur tient en un mince paquet de cartes dont il ne reste que l’essentiel, un paquet de cartes qu’on apprend à dompter d’un tour sur l’autre, d’une partie sur l’autre. Les façons d’arriver à la victoire étant multiples, il n’est pas rare de dominer par un aspect, mais de se faire damer le pion par un joueur discret qui vient réduire vos espoirs en bouillie d’un coup d’éclat.
On pourrait croire à un gros 4X un peu lourd, mais les règles sont si étonnamment simples qu’elles en ont quelque chose de fascinant. Vous aurez souvent à juger par vous-même s’il faut se jeter dans tel ou tel combat ou s’il faut simplement co-exister avec vos adversaires. Prendre des risques à bon escient, et toujours se souvenir des velléités rivales lors du draft tendu comme une corde de vielle à roue. Et tout ça avec l’habillage d’une édition somptueuse aux visuels léchés, complètement hors des sentiers battus (et rebattus). On aime cette prise de risque, ce positionnement en marge des gros blockbusters qui mesure leur qualité au kilo de plastique. On s’estime gâtés.
Aller plus loin : un test dithyrambique (que vous faut-il de plus ?) et une interview de l’auteur, Christian Martinez.
Kingdomino
Dès qu’on a posé les mains sur Kingdomino à Essen 2016, on a senti qu’on avait affaire à quelque chose de fort. D’universel. De simple et de très bon. Kingdomino est LE jeu fédérateur de cette liste. Employant un mécanisme évident (les dominos, le scoring multiplicatif), il lui ajoute une légère surcouche de profondeur avec ce choix de tuiles et d’ordre de tour, tout en restant intuitif à souhait.
On pourrait y jouer (et d’ailleurs on l’a fait !) avec des grands-parents, des enfants très jeunes, des gamers ou des néophytes du jeu, et ça fonctionne. À. Chaque. Fois. Une révélation bleue comme une orange, sortie des mains chevronnées de Mr Cathala qui est parvenu ici à extraire le pur jus de son expertise.
Aller plus loin : le test, et la partie de Kingdomino avec Lana et son papa en action !
Magic Maze
Lors du festival de Cannes dernier, nous choisissons Magic Maze pour “coup de cœur cannois” : cela sans doute a été le déclencheur de l’idée de ces récompenses made by Ludovox, d’ailleurs.
Dans Magic Maze, on joue en silence, mais qu’est-ce qu’on aurait envie de parler ! Eh bien non, justement, débrouillez-vous, connectez vos cerveaux, et restez ouverts d’esprit car les autres ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde que vous ! Observation, synergie, collaboration, combinaison, organisation, prise de décision, télépathie : voilà des compétences impressionnantes que demande Magic Maze. Et le tout en amusant la galerie, et en se corsant si on le souhaite avec l’aide de ses divers scénarios. On apprécie grandement l’originalité du titre, qui apporte quelque chose de frais et sans leadership au royaume chargé du coop’. Oui, Magic Maze, sorte de jeu d’ambiance un peu gamer, nous ravit.
Pour aller plus loin : une interview de l’auteur qui nous parle de l’extension !
Not Alone
Un alien contre des rescapés. Un combat simple, direct, graphique, asymétrique. On se croit à mi-chemin entre Alien et Predator, avec encore une fois une histoire assez forte. Les survivants doivent courir au Rover pour pouvoir explorer d’autres parties de l’île, mais l’esprit de la planète les surveille, les guette, les traque.
Le jeu d’esprits qui se mène est au départ déroutant, mais au final simple et accessible. On peut facilement se trouver dans des dilemmes cruels, et la tension monte vite autour de la table : si la créature doit agir sans traîner et efficacement, les rescapés doivent gérer leurs mouvements au mieux, sans trop pouvoir communiquer, et parfois, souvent, le désespoir n’est pas loin… Gagne en ampleur si les joueurs savent bluffer, efficace dans tous les cas, Not Alone donne souvent envie de faire d’autres parties en changeant de Créature. Le signe d’un jeu qui réussit son pari !
Pour aller plus loin : la BD de Nem, le Ludochrono et le Just played
Twelve Heroes
Douze simples et petites cartes par joueur. Un conflit ardu. Une guerre psychologique. Une guerre de position. Lente et stratégique, violente et sans appel. Dans Twelve Heroes, on va se mesurer à un seul adversaire (autre tendance de ces dernières années, le jeu à deux explose) pour contrôler des zones. Mais contrôler signifie tenir un certain temps, et tenir signifie nourrir son armée ou les laisser pourrir.
Twelve Heroes parle d’attrition, de perte, on essaie de faire au mieux dans des conditions exigeantes. On apprend comment fonctionne son armée. Et puis quand on connaît bien les cartes, quand on commence à taquiner un peu, on pourra drafter. Composer ses unités à soi, et emmener ses douze salopards jusqu’au bout de la terre. Renversant de simplicité et de profondeur, Twelve Heroes a su nous marquer, tous, à sa façon.
Pour aller plus loin : le test de Twelve Heroes et le Ludochrono.
Nous arrivons au bout de notre distribution de macarons ! Mais ce n’est pas tout.
Nous tenons également à mentionner des opus remarquables, qui ont manqué de peu de se hisser dans nos coups de cœur. Ces jeux sont tous très bons, sans exception, mais… Ils ne faisaient pas l’unanimité, pour une raison ou une autre. Il fallait choisir, et, croyez-nous, le choix a été déchirant dans la Rédac !
Mentions
Là aussi, on vous les trie par ordre alphabétique :
Captain Sonar : du fun en barres ! À huit joueurs, c’est un des meilleurs jeux qu’on ait.
Fabulosa Fructus : du Legacy familial ! Le jeu bouge sous vos doigts, est malin, jamais exclusif.
Flamme rouge : La course cycliste c’est votre dada ? Le mécanisme de gestion de l’énergie des coureurs nous rend les genoux tout faibles.
Mot pour mot : on s’amuse beaucoup dans ce tir à la corde de vocabulaire ! Et ce n’est pas qu’une question de taille : les grands (gros) mots ne sont pas forcément les meilleurs. La stratégie compte aussi !
Profiler : la coopération en party game c’est rare, et le cocktail que propose Profiler détonne. Très original pour son genre, il fonctionne bien ! Un jeu à jouer plutôt entre adultes, qui vous forcera à vous creuser les méninges et à déboulonner des stéréotypes…
Scythe : l’empereur multiprimé de 2017. Des atours mirifiques avec une édition aux petits oignons : entre les illustrations splendides de Jakub Rozalski, l’univers intrigant et l’ensemble mécanique, presque convenu mais très soigné, on a un bon gros hit des gamers.
Terraforming Mars : les adeptes de combo ont eu de la chance avec Terraforming Mars. Un jeu expert, qui se sait exigeant, proposant un nombre hallucinant de combinaisons de capacités et de positionnement avec des cartes toutes uniques.
Unlock! : comment passer à côté d’Unlock! ? Ce jeu réunit les ingrédients d’une escape room avec un paquet de cartes et une application. D’accord, vous payez votre jeu une fois pour trois parties et puis c’est fini, mais une boîte d’Unlock est aussi chère que la place d’une personne en escape room… et comporte 3 scénarios ! Une vraie expérience.
Umberling et Shanouillette pour la Rédaction
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-Nem- 06/09/2017
J’ai toujours pas testé horreur à Arkham (c’est pour très bientôt) mais je suis ok avec vos autres coups de coeur à 200 % 🙂
Particulièrement content d’y voir 12 heroes et Inis car ces deux jeux ont émus mon petit coeur ludique comme peu de jeux l’ont fait !
Djinn42 06/09/2017
Je vous rejoins sur beaucoup de ces jeux. Et content que ça ne soit pas catégorisé pour une fois. Bonne idée.
On aura le plaisir d’avoir, entre autre, Christian Martinez aux Vendanges ludiques (23 ET 24 septembre à St Vincent de Boisset). Le travail en amont de la sortie d’Inis doit être vraiment très intéressant.
GeekLette 06/09/2017
Ravie pour Twelve Heroes qui mérite carrément sa place.
Umberling 07/09/2017
Ravis que ça vous plaise ! La sélection a été cornélienne 🙂
FX 07/09/2017
Si seulement terraforming mars n’était pas épuisé… EDIT : en novembre on a enfin pu l’avoir.