L’empereur : il a tout pour polaire

J’avoue bien apprécier les jeux Opla, bien que je n’en possède pas. C’est paradoxal, je sais. J’aime bien leur esprit empreint de poésie, que ce soit dans la relecture de jeux traditionnels (la série des Hop la bille / les puces / le j’ton) ou de boîtes au thème nature (La glace et le ciel, Migrato, Il était une forêt). Un éditeur qui pousse son concept en produisant en France et en créant des partenariats avec les structures / associations nature, ça mérite notre attention.

Ce jeu est inspiré du film de Luc Jacquet, qui fait « suite », douze ans après, à La marche de l’empereur.

L’été étant en ligne de mire, c’est le bon moment pour s’intéresser doublement à cette course fraîche.

 

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BRISONS LA GLACE

Le jeu vous propose d’incarner un manchot, c’est original, ça vous change des explorateurs, tueurs de zombies, cultistes de tous poil… Vous allez mettre les deux pieds dans la même jambe de pantalon et tentez d’imaginer que vous vous promenez sur la banquise, affrontez la météo afin de rejoindre l’océan (pour pêcher) et revenir à la maison. Le premier à compléter l’aller-retour gagne la partie.

 

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Les 8 types de tuile composant la banquise

 

La boîte va vous permettre de construire chez vous une banquise (qui n’en n’a jamais rêvé ?) de 8 tuiles sur 4, qui sera votre terrain de jeu et étonnera vos amis. On ne dispose pas les tuiles n’importe comment, il y a une progression, disons d’un bord à l’autre, du sol à l’eau. Chaque rangée ainsi placée doit contenir les 4 couleurs des manchots.

 

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Le Beatles de la banquise

 

À votre tour, vous aurez 2 actions : vous pourrez vous déplacer dans tous les sens, même en diagonale (c’est assez rare pour être signalé) et déplacer un jeton météo.

La météo, c’est l’un des plus du jeu, elle va permettre à la fois de bloquer l’adversaire et de vous aider à avancer plus vite.

Mais reprenons depuis le début.

 

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Prêt pour un aller-retour ?

 

« Oh bon sang, il est déjà cette heure-là ! J’ai la dalle, je me ferais bien un poisson frais » dit le manchot (qu’on ne confond pas avec le pingouin, bien qu’en anglais manchot se dise penguin. Merci les notes pédagogiques à la fin du livret).

Le manchot va donc se déplacer d’une case, on vous rappelle que c’est une course. Jump, jump ! Ou glisse glisse. En arrivant sur cette case, s’il n’y a pas de jeton météo, le joueur actif retourne la tuile banquise. Le dessin du manchot sur le dessous de la tuile est de la même couleur que votre manchot en bois ? C’est un déplacement supplémentaire ! Il est d’une couleur différente ? On s’arrête. Si la case contient un jeton météo noir (déposé précédemment par un joueur), on s’arrête et on ne retourne pas la tuile. Si c’est un jeton météo blanc, on continue sans se soucier de la couleur de la tuile. Rebond !

 

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Quelques situations possibles : Vert est sur une tuile rose. Il doit donc s’arrêter. Bleu est sur un jeton météo blanc, il peut continuer à se déplacer. Jaune est bloqué par le jeton noir. Rose est sur une tuile de sa couleur, il peut continuer.

 

Certaines tuiles sont agrémentées d’un œil… Effet du jeu « classique » qui vous permet de regarder secrètement une tuile afin de savoir où aller… ou pas.

 

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Autre subtilité importante, mais si elle est un peu floue sur le papier : ensemble, c’est mieux.

Vous avez tout à fait le droit d’être à plusieurs sur une tuile. Dans ce cas, si vous bougez votre manchot, vous devez emmener les autres avec vous (on pense aux tortues de Mahé), mais idem pour eux si vous êtes sur leur tuile (youpee !). Cela offre un déplacement gratuit en dehors de votre tour, et ce n’est pas négligeable. C’est mieux si vous en êtes le bénéficiaire, moins si c’est vous qui conduisez. On va parfois même tenter de se positionner de façon à obliger un copain à nous covoiturer. Étrangement, il aura fallu une partie de chauffe pour que les joueurs s’emparent de ce mécanisme. On n’est pas très corporate chez nous… quôôôa !

 

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Bleu et violet vont marcher main dans la m… ensemble

 

Y a-t-il un moment où l’on peut se séparer de son colocataire, ou nous deux c’est pour la vie ?

La règle précise bien que lorsque le manchot actif se déplace depuis une tuile de sa couleur, ou depuis un jeton beau temps, alors il emmène avec lui les autres manchots de la tuile. Donc à l’inverse, quand il se déplace depuis une tuile qui n’est pas de sa couleur, il laisse les autres manchots sur place. Eh oui, il faut bien se quitter un jour car si jamais vous êtes deux à rentrer au même moment, c’est le joueur actif qui gagne !

 

Qui a dit MEMORY ?!

Si vous avez bien tout suivi, L’Empereur est donc une course agrémentée d’un memory.  Si vous avez mémorisé les tuiles de votre couleur, vous irez plus vite sur le chemin du retour. C’est ça le secret.

 

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Avec un peu de chance, et s’il se souvient où sont les tuiles de sa couleur, Rose, avec l’aide de la météo, va traverser la banquise de façon supersonique !

 

Je parlais de l’importance des jetons météo : ils vont palier votre manque de mémoire ou votre manque de chance (« Ouiiiin, mes tuiles manchots elles sont toujours à l’autre bout de la banquise et super loin les unes des autres ! »). Pensez jeton blanc dans ce cas.

Si, à la première partie, nous avons usé de téléportation de climat (une erreur) et du coup torpillé cette partie, la règle spécifie bien que tous les déplacements sont adjacents, ce qui force à réfléchir un peu plus. Pas trop non plus, car la banquise n’étant pas si grande, vous pouvez toujours être victime d’un voisin taquin ou favoriser l’adversaire.

À notre seconde partie, jouant de chance, le manchot vert a traversé la banquise en deux coups. Deux tuiles vertes et des jetons blancs au bon endroit auront accéléré sa course de façon considérable. Hasard de la disposition des tuiles, le jeu, c’est ça aussi.

Memory donc mais également petite gestion : celle des jetons météo et des déplacements à plusieurs. Sans dire que le jeu est hyper calculatoire, alors qu’on a plutôt tendance à réagir, du moins à l’aller, au jeu des autres et à tracer sa route en solitaire, on s’aperçoit vite que repérer les tuiles adverses (je sais que la tuile devant le manchot adverse est de SA couleur, je m’empresse de le coller au cas où) et user des déplacements à plusieurs a un vrai intérêt tactique. Surtout dans une partie à deux. Tout cela est bien entendu tributaire d’un certain aléatoire puisqu’on ne sait jamais vraiment ce que va jouer le voisin.

 

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Un éditeur qui pense en termes de respect de la nature

 

L’Empereur reste, malgré quelques coups stratégiques possibles, un petit jeu familial avec, en bonus, un vrai thème qui va au-delà de la partie. Le livret détaillé qui fait suite aux règles en est la preuve. Il permet en quelques pages d’en apprendre plus sur les manchots, leur mode de vie, de faire la différence entre Arctique et Antarctique et d’être sensibilisé à leur situation (merci l’homme).

Ce jeu ne déroge pas à la qualité de la gamme « nature »  de l’éditeur et propose une mécanique simple, comprenant à la fois memory, tentatives de blocage, covoiturage écolo et hasard.

Deux variantes permettent de jouer à partir de 5 ans ou de tester un peu plus votre mémoire en intervertissant les tuiles en cours de partie. Bref : petite boîte, petit prix pour une belle collection !

 

Les autres articles de morlock_bob ici

Vous aimez la nature ? => L’Arbre (Just Played) par meeple_cam

Vous êtes taquin.e ? => Maître Renard (test) du même auteur que l’Empereur, par Shanouillette

 

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3 Commentaires

  1. Grovast 29/05/2017
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    Ah tiens, j’avais raté le fait que Mr Vuagnat était un des deux auteurs de ce jeu.

    Le système aller-retour et les manœuvres, tout ça me semble assez malin. Hop, sur la liste des trucs à essayer si ça passe à portée.

    Merci pour l’éclairage.

  2. elniamor 29/05/2017
    Répondre

    Gros + à l’éditeur pour la démarche de localisation de la production (et la diminution, à priori, de l’empreinte CO2 qui va avec), encore trop rare à mon gout (ça va venir !).

  3. Fred la loutre 30/05/2017
    Répondre

    Merci pour ce chouette article !

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