► E.D.I.T.O. Bref, j’ai testé un jeu.
La semaine dernière je revenais sur la naissance et l’interprétation des notes dans les tests Ludovox.
Aujourd’hui, je souhaiterais vous expliquer pourquoi nous appelons ça des « tests ».
Il se trouve que certaines personnes dans le milieu ludique pensent que ce terme « test » est insultant et lui prêtent un pouvoir hautement nocif pour le monde du jeu.
Cela aurait pu rester des petits feux de paille comme facebook en produit tous les jours, mais nous souhaitons en profiter pour donner clairement notre avis sur ce fameux mot qui fait donc débat, et ré-expliciter au besoin le pourquoi de cette appellation sur notre site, toucher deux mots sur la nature du jeu de société au passage, avant de vous délivrer le sens de la vie pour ensuite pouvoir revenir à des choses plus légères.
L’insoutenable légèreté de l’andouillette
Au fond, une démarche qui consiste à s’efforcer de rendre un mot méprisable n’est jamais tout à fait anodine, et comme personnellement j’ai une tendance naturelle à me méfier des ostracismes quelque qu’ils soient (et peut-être tout particulièrement quand ils touchent à la richesse d’une langue), je ne peux rester sans rien dire.
Comme vous avez pu le constater en lisant l’édito sur la création des tests Ludovox, il y a derrière eux une réflexion et une démarche spécifique.
On ne dit pas que c’est parfait, génial, immuable, mais on dit qu’on a fait de notre mieux jusqu’ici, pour avoir un format assez exhaustif et compréhensible par tous, en expliquant point par point le pourquoi du comment de notre approche.
Auteur de test
Bien sûr, l’appellation est importante à nos yeux. Il fallait bien nommer ce format spécifique après tout…! On avait pensé à « review » mais c’était encore un mot anglais. Après « Just Played », on trouvait que ça faisait beaucoup. À force de le provoquer, ce vieux Toubon allait finir par apparaître dans un nuage de fumée. Brrr…
Dommage. « Critique » ne collait pas à l’idée, qui est ici sensiblement différente. Alors… Que restait-il : un mot qui soit court, efficace, compréhensible ?
« Tester » (un mot d’origine latine qui vient de « témoigner ») en français signifie expérimenter, éprouver. C’est quelque chose que « l’on fait pour vérifier la véracité d’une hypothèse, un fait ». Très bien. Alors laissez-moi vous dire ceci : quand nous testons un jeu, nous prenons la boite entre nos mains et nous lisons ses promesses, comme le ferait n’importe quel joueur dans sa boutique avant d’acheter. Nous lisons alors, par exemple : « 2 – 4 joueurs, 60 minutes, un jeu de pose d’ouvriers qui saura tenir en haleine toute la famille ! – 50 €». Ceci est donc l’hypothèse, le fait, que nous souhaitons vérifier.
À partir de là, nous allons donc nous en tenir à une certaine approche, méthodologique si vous voulez (mais pleine d’amour quand même), pour tester le jeu dans différentes configurations (2-4 joueurs), avec différents publics (« toute la famille » dites-vous ?), garder un œil sur le temps de partie annoncée (60 minutes), réfléchir à ce qui avait été promis en terme d’ambiance (« tenir en haleine ») et de mécanique (« jeu de pose d’ouvriers »), apprécier la direction artistique, tout en recueillant les impressions des joueurs qui auront expérimenté le jeu avec nous. Noter tout ça, prendre des photos, sonder notre propre ressenti, comparer, analyser, laisser reposer, y revenir, saler, poivrer. Puis écrire.
Et voilà, nous y sommes : à partir du moment où il y a un véritable protocole, nous pouvons dire qu’il y a un test. Nous ne jouons pas juste « pour le fun » sans arrière-pensée quand ça nous fait envie, entre le gigot et le fromage. On a une approche guidée par le test : on prend d’abord conscience du contexte dans lequel on joue, puis on regarde la qualité du matériel, on réfléchit à tout ce qu’il y a derrière, on jauge la durée de vie en expérimentant plusieurs fois le jeu sur une longue durée, etc.
Peut-être voudrait-on nous voir bêtement recopier le communiqué officiel de l’éditeur sans le questionner (« questionner » mot synonyme de « tester ») ?
Oui, apparemment, nous ne devrions pas utiliser le mot « test » car, d’après certains, les tests sont déjà faits en amont par l’éditeur. Je crois que tous les chroniqueurs ludiques sont profondément soulagés de savoir que toutes les durées et configurations efficaces sont toujours celles annoncées, et qu’il n’a aucun jeu bugé, déséquilibré, ou ne tenant pas ses promesses en terme d’ambiance et de mécanisme, qui ne sort jamais en boutique. Ha bah ça aurait été sympa de nous prévenir !
Vous testez ? J’en suis fort aise. Et bien, ajustez maintenant !
Personnellement, je crois qu’il y a un abus de langage du mot « test » … du côté des éditeurs. Car tester ne signifie pas équilibrer. Cela signifie vérifier si le jeu correspond à nos attentes, mais pas agir dessus ensuite : ça c’est l’équilibrage. Les éditeurs font un prototype, le testent, puis le règlent, l’équilibrent, et l’essayent encore, et réajustent derrière, etc. Essai ET ajustement. Toute la démarche est appelée « test » pour simplifier, soit, ça ne me gêne absolument pas, si vous saviez, mon petit monsieur, j’ai d’autres chats à fouetter ! – mais bon, qu’entre nous soit dit, si vous banalisez le sens d’un mot selon vos habitudes, ce n’est pas à nous, humbles rédacteurs, d’en pâtir derrière.
Car oui, ne vous en déplaise, nous aussi, nous testons. Nous aussi nous expérimentons.
Nous essayons un jeu, vous savez quoi ? Un peu comme on essaie une fringue. C’est joli sur cintre, mais une fois qu’on se glisse dedans, ça dit quoi, c’est pour qui, ça tourne comment ? Par contre, hors cas particulier, nous ne réglons et n’équilibrons pas. Ho, parfois, juste, on reprend un petit ourlet, on reprise un peu les manches pour que ça colle mieux à nos morphologies de gamer. Rarement plus, c’est pas notre job. Mais oui nous vivons, nous éprouvons, nous essayons, nous risquons, nous examinons, nous lisons, nous goûtons, nous vérifions, nous questionnons, nous inspectons, nous sentons, nous ressentons, nous usons, nous regardons, nous tâtons, nous pratiquons, nous manipulons, nous partageons, bref, oui, nous testons. Puis nous écrivons.
J’avoue, il y a une connotation un peu concrète, manuelle, physique, sensuelle presque, à ce terme « tester », que d’ailleurs j’ai appris à aimer, justement de par son aspect ancré dans le réel – loin du terme « critiquer » un peu plus salonnard. Mais là n’est pas le sujet.
Le contre-argument choc qu’on nous oppose, c’est de dire qu’un jeu, comme un film, est une « œuvre d’art » qui doit être « critiquée » et non « testée » (sous peine d’être insultant pour le jeu considéré alors comme un vil objet de consommation). Problème : croire que le jeu de société est une œuvre d’art comme le cinéma, c’est nier l’essence même du jeu de société, qui a la spécificité de placer le spectateur en acteur central.
Et oui c’est nier la nature même du jeu que vous avez dans votre ludothèque : Le jeu de société n’est PAS une oeuvre fixée que vous recevez « passivement », c’est un contenu et un contenant comme l’analysait Winnicott, qui changera de physionomie selon le nombre et le tempérament des personnes autour de la table, selon le temps que vous investirez dedans, selon le soin avec lequel vous le manipulerez, selon vos décisions.
Concrète, manuelle, physique, sensuelle presque.
Quand vous jouez, vous ne contemplez pas une œuvre spirituelle et finie : Pour qu’elle ait lieu vous devez parler, agir, vous devez communiquez, faire des choix, déplacez des éléments, et j’en passe : en un mot, c’est une expérience interactive. Concrète, manuelle, physique, sensuelle presque, oui ! Et en cela, le jeu de société est beaucoup plus proche du jeu vidéo qu’il ne l’est des autres arts. Donc on peut le critiquer oui, on ne s’en prive pas, et on peut aussi le tester (sans quoi on ne peut pas le critiquer d’ailleurs).
Affirmer que le jeu de société que l’on achète est une œuvre d’art que l’on ne peut pas tester, c’est avoir un positionnement élitiste en décalage avec la réalité des joueurs, une posture qui pour le coup, elle, est vraiment nocive pour la démocratisation de notre passion.
Nos tests, eux, de par leur forme même, ont justement été conçus pour être une grille de lecture à la fois complète et lisible par le plus grand nombre, même par les nouvelles générations des 14-25 ans qui sont habitués aux tests des jeux vidéo, même par les non-addicted qui ne s’y retrouvent pas dans la jungle des sorties. Si nous voulons vraiment ouvrir le jeu de société au grand public, à nous d’utiliser les codes du grand public.
Enfin, s’il vous plait messieurs, cessons l’hypocrisie des dogmatismes extrêmes ! Tous les jours j’entends des joueurs utiliser le mot « test » dans des phrases telles que : « T’as testé le dernier Pearl games ? », « Je l’ai acheté mais pas encore testé. »
Oui on ose dire « tester » pour dire « expérimenter », gros rebelles que nous sommes qui respectons les synonymes du dictionnaire français ! Ha, les jeunes, c’est plus ce que c’était…
Vous avez déjà dit : « T’as testé le dernier Tarantino ? » vous ? À priori, non (sauf si vous osez jouer avec les mots, petit coquin que vous êtes). C’est bien que la nature même de l’expérience est différente, la façon dont elle se reçoit, se perçoit, se conceptualise. Et j’adore le cinéma, hein. J’ai passé un Bac cinéma pour tout vous dire. Je pense d’ailleurs que c’est la même chose avec la musique, moi qui continue un peu à l’enseigner. Avant de critiquer une musique, on l’écoute, on reçoit les sons, sans pouvoir agir sur leur déroulement. Tiens, d’ailleurs, pour boucler la boucle : mon second sur Ludovox, Umberling, est auteur de roman. Dire que le jeu de société est une œuvre d’art qui devrait se percevoir de la même façon qu’un livre le fait tiquer de la même façon que moi. On ne teste pas un livre, on ne teste pas un film, on ne teste pas une musique, mais on teste un jeu, ça oui. Jouer est antithétique avec la posture même de spectateur.
Art appliqué
D’ailleurs, n’en déplaise à certains, le jeu de société, celui que vous avez dans votre ludothèque, n’est pas une œuvre d’art. (J’aimerais bien, je serais probablement richissime à l’heure qu’il est). Les philosophes vous expliqueront que c’est une œuvre de l’art et les économistes, toujours si bassement pragmatiques, diront que c’est un objet culturel (comme le jeu vidéo) qui jouit d’une reproductibilité ouvrant sur la consommation de masse. C’est subtil, mais cela ne recouvre pas les mêmes réalités, ni les mêmes dimensions symboliques. Une œuvre d’art possède un caractère artisanal, tandis que le produit, lui, est de conception industrielle. « Œuvre » d’après le Littré, signifie « ce qui est fait et demeure fait, à l’aide de la main ». Une œuvre d’art est donc une production originale conçue « à la mano » par un artiste. Ce qui signifie si vous voulez que le protoype de Citadelles est une œuvre d’art, mais pas le Citadelles que l’on trouve en boutique. Car entre les deux, le jeu a été déposé dans les mains d’un éditeur, puis d’un distributeur puis d’un commerçant, et il est ainsi devenu le produit d’une industrie tout en étant une oeuvre de l’art. C’est le boulot de l’éditeur d’ajuster l’œuvre initiale pour en faire le gain d’une activité commerciale (quitte à le modifier plus ou moins profondément au passage).
Ce n’est pas dégradant. Sans cela, personne n’y jouerait.
Et oui, notre jeu chéri est un produit : d’ailleurs quand on le crée, on parle bien de « prototype ». Du coup, si je poursuis la logique de nos contradicteurs, le terme proto aussi devrait être considéré comme insultant. Devrions-nous parler « d’ébauche » ou même « d’esquisse », sous peine d’être repris en permanence comme si nous étions des mauvais élèves abrutis et obtus ?
Qu’on s’arrête là : Plaquer arbitrairement tous les mots des arts traditionnels sur notre passion nous ferra juste passer pour des prétentieux en recherche désespérée d’identité et de reconnaissance. L’art ludique est un genre moderne qui existe aujourd’hui en tant que tel, nous en sommes convaincus. Mais il faut du temps et des actions politiques pour se faire une place. Le jeu vidéo est encore largement perçu par le grand public comme un produit de consommation et non comme un bien culturel. Et pourtant, eux, ils ont droit à des expos dans les musées nationaux, à des fonds d’aides gouvernementales, etc. Autant dire que la route est encore longue les amis… Si on pouvait éviter de se mettre des bâtons dans les roues entre nous, ça serait bien.
Notez qu’en anglais, on ne dit pas « auteur », mais « designer ». Car le jeu de société est un mix de bricolage et d’idées, d’esthétique et de fonctions, d’inventions et de story arc, de trick et de gimmicks, d’émotions et de conceptions, artistique et interactif, parfois commandé par un distributeur, parfois imaginé par un auteur et remanié par un éditeur… Du coup j’ai le sentiment que le terme designer convient plutôt bien. Dommage, là encore, c’est de l’anglais…
Cacher ce test que je ne saurais voir
Bref : non, le fait de tester n’est pas sale, c’est faire honneur à la nature même de ce qu’est le jeu, qui doit se vivre.
Notre démarche de test Ludovox, qui contient aussi de la critique, ainsi que de l’analyse, énonce clairement les conditions dans lesquelles nous avons testé le jeu, dans quelles configurations, pour vérifier les hypothèses annoncées par la boite.
Nous ne sommes pas les premiers à appeler ça des tests, et nous ne sommes pas les premiers à imposer une structure fixe à un article non plus. C’est une méthode de travail, formalisée pour être rendue lisible au plus grand nombre, rien de plus. Il y a peut-être, ailleurs, des sites qui utilisent le mot « test » de façon galvaudée, je ne saurais dire.
Mais ici, nous avons mis en place une structure spéciale et pensé une démarche tout autour du format en question, dans un objectif d’exhaustivité (et non d’objectivité comme nous l’avons déjà expliqué maintes fois, car nous ne pensons pas qu’une telle chose existe), qui fait que ça a du sens ici, d’appeler ça comme ça.
Je pense vraiment que si nous souhaitons faire progresser le monde ludique et le démocratiser, il faudrait veiller à ne pas s’enfermer dans notre tour d’ivoire à coup de lexique ultra-rigoriste.
Personnellement, quitte à voir des gens partir en croisade, j’avoue que je préférerais faire ça autour d’un bon vieux Fief ! 😉
- Il y a 15 jours, nous avions fait le bilan de l’année, désormais nous l’avons complété avec une sélection, triée sur le volet, de 10 jeux familiaux qui vont bien pour les fêtes de fin d’année.
- Le Tokyo Game Market 2015, on vous en parle avec notre reporter très spécial, Izo bien sûr ! Premier retour à chaud rien que pour vous, c’est par là.
- Du bon podcast bien frais from TGTB&TM que nous félicitons au passage car il vient d’être papa ! L’occasion de vous aiguiller vers le Lugeek News #11 qui revient sur l’éternel débat euro/ameristrash, la BGG Con et plein d’autres trucs fun, le tout en 5 minutes. En plus de ça, il conclut sa série d’année Lugeek avec un 8e épisode qui revient sur l’année… 2015 bien sûr !
- À côté de ça, on a du bon Just Played comme d’hab’ ! Raptor, Trickerion, Harbour … Et des chroniques en mode « coup de coeur » sur Jamaïca et Claustrophobia.
- Enfin, ne ratez surtout pas deux petites participations que nous vous proposons en ce moment : le concours Mysterium et les premiers Vox Art (votez pour votre cover préférée… où justement le dit-Mysterium est bien parti !).
nono781 02/12/2015
Le propos est fort argumenté et je suis plutôt de votre avis. On peut bien parler « d’auteur » et de « Test » ce n’est pas incompatible quand ça concerne le jeu.
Fred la loutre 02/12/2015
Clinc Clinc !
jmt-974 02/12/2015
Entièrement d’accord avec ça…
shaudron 02/12/2015
Beau papier, bravo. 😉
Djinn42 02/12/2015
On voit que le jeu de société est effectivement vivant à la manière dont il soulève les débats.
Guillaume LEMERY 02/12/2015
Merci pour cet excellent article. Je n’ai pas voulu rentrer dans la polémique de M Bruno (encore une, décidément, je le soupçonne de faire du marketing déguisé), parce que je n’en avais ni le temps, ni l’énergie, ni l’envie.
Mais fondamentalement, je pense toujours qu’on peut parler de test quand on dissèque un jeu sur nos sites. Et ton article résume tout ça excellement bien, bravo et merci !
Nous aussi chroniqueurs avons un bifteck à défendre, non mais ! 🙂
Cycnos 02/12/2015
Vraiment un excellent article que je partage totalement ! De plus, très argumenté et formidablement bien écrit…
Un grand Bravo Shanouillette ! 🙂
TSR 02/12/2015
Bravo pour ce magnifique édito Dame Shanouillette !
La Team LV commence à me connaître, j’ai horreur des polémiques stériles. Je pense que Bruno Faidutti est sincère dans son propos, mais je pense aussi que la ligne éditoriale de Ludovox mérite d’être défendue. C’est un peu comme l’expression corporelle, c’est beau quand c’est bien fait 😉
Vous savez quoi ? Même pas de point Goldwin ! Oh, wait….
fouilloux 02/12/2015
Le point Goldwin, c’est la preuve que le silence est d’or? 😉 (j’ai pas trouvé de meilleur jeu de mot)
M3th 02/12/2015
Merci pour ce bel edito. J’aurais eut grand peine à expliquer aussi clairement et avec autant de références mon avis sur la question. C’est chose faite, notamment pour l’élitisme,la musique et le cinéma, et évidemment l’objet produit. J’ai bien tenté sur FB, mais c’était ‘hachement moins bien écrit. Ne changez rien Ludovox.
morlockbob 02/12/2015
Citer Molière et Winnicott dans le même article, alors là…. 🙂
atom 03/12/2015
Et tu oublies les Monty Pythons ^^
El Cam 02/12/2015
Je te savais adepte de la belle langue mais la tu me laisses coît. 😀
Je cautionne complétement l’utilisation du mot « test » dans ce contexte et il me semble naturel.
Cela dit, moi je tique quand tu décris les jeux comme différent des autres arts parce que interactifs, et donc « plus proche des jeux vidéos qui est un bien de consommation ». Déjà, quelque fâcheux pourrait y lire quelque chose de désobligeant pour les jeux ou les jeux vidéos (ça dépend de comment il est fâcheux). Ensuite, ça n’a rien à voir avec la choucroute : c’est comme dire que l’écriture est fondamentalement différente des autres arts parceque ça repose sur des symboles, et donc c’est plus proche du code de la route. Interactivité et art ne sont en rien des notions contradictoires, et la plupart des arts utilisent une interaction à un moment où à un autre.
Ne fournissons pas des excuses pour une prochaine guerre de chapelles.
PS : et j’ai testé le dernier Hunger Games et comme prévu, c’est naze… (Utiliser « tester » pour parler d’un film… check!)
Shanouillette 02/12/2015
« plus proche des jeux vidéos qui est un bien de consommation » : attention mon cher, je n’ai pas du tout dit cela. Là, tu fusionnes deux phrases très différentes pour détourner mon propos. (Mais…C’est en effet bien ce que les guerres de chapelles risquent de donner, ceci dit 😉 )
Je dis « Et en cela, le jeu de société est beaucoup plus proche du jeu vidéo qu’il ne l’est des autres arts. » (car il est interactif). Et plus loin, je dis « Le jeu vidéo est encore largement perçu par le grand public comme un produit de consommation et non comme un bien culturel. » Car c’est (malheureusement) bien le cas : il y a encore beaucoup de débats sur le sujet, notamment du au fait de l’interactivité. Cela a donc tout à fait à voir avec la choucroute. ^^ Ce que je dis aussi c’est, si le jeu vidéo fait encore débat, imagine le chemin qu’il nous reste à nous pour le jeu de société. Ça prendra du temps.
fouilloux 02/12/2015
A voir avec l’andouillette, à voir avec l’andouillette.
Djinn42 02/12/2015
Le jeu de société a pour lui le passage du jeu vidéo et du jeu de rôle avant lui. Le fait que le public est plus large dans l’esprit des gens joue probablement aussi.
Les joueurs ne sont plus perçus comme des attardés asociaux ou des satanistes maniérés.
Juste de grands enfants. Jusqu’à ce qu’ils mettent le nez dans une boîte de jeu.
On a sauté l’étape des babes, tant pis.
Shanouillette 02/12/2015
Quand je dis « jeu de société », ça laisse les gens drôlement dubitatifs. On me répond soit « du jeu vidéo ?? » soit « quoi, le Monopoly ?? ».
J’espère qu’on profitera de l’expérience des jeux vidéo oui. Mais tout (ou presque) reste à faire politiquement pour que les lignes évoluent.
fouilloux 03/12/2015
Rhooooo mais c’est vrai ça, on a manqué l’étape des babes… pourtant vu la représentation des femmes dans les illustrations de beaucoup de jeux (c’est pas le pire milieu non plus pour ça faut pas déconner quand même) on aurait pu.
TSR 03/12/2015
Eh, les gars, rester coit ? Il n’y a que moi que ça fait rire bêtement, écrit comme ça ?
Shanouillette 03/12/2015
c’était jouissif de me lire, c’est tout ^^
Sha-Man 03/12/2015
Non non moi aussi je me suis marré;-)
Grovast 02/12/2015
Clap clap
Zuton 02/12/2015
Un bien bel édito !
Tu as juste oublié quelques termes importants dans la liste d’essayage de « fringue-jeu » : nous échangeons, nous apprenons, nous respectons, nous gagnons (parfois), nous sondons, nous réfléchissons, nous perdons (souvent), nous parlons, nous rigolons, nous testons (des stratégies entre autres nombreuses choses), nous regardons, nous décrivons, nous chouinons, nous agissons, nous poussons (des kubenbois), nous prenons du plaisir, nous pointons du doigt mais surtout le plus important : nous jouons ! La liste pourrait être encore plus longue mais elle se suffit à elle-même pour démontrer que le joueur est l’acteur principal du jeu et en perpétuel interaction avec lui, ce qui laisse largement la place à un ressenti , une expérience comme lors d’un test pour savoir si cela nous plait ou non. Ce n’est que mon humble avis et je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit.
Donc choisir « test » ou « critique » me semble bien futile tant que les notes sont argumentées et la revue accompagnée du contexte des parties jouées.
Chacun a ses arguments et je crois que les 2 parties ont bien exposé leur point de vue, tout un chacun pourra ainsi se faire sa propre opinion.
SVP, stoppons la polémique et passons maintenant au « JEU » (et non le ‘JE’), sans lequel nous serions pas là à échanger ! Nous pourrions commencer par exemple par parler de la dernière perle ludique découverte par hasard sur les étals ludiques, aller jouer à Mysterium sur le site en échafaudant des hypothèses loufoques…ou bien aller voter sur le site pour la plus belle des pochettes de jeu ! 🙂
Micha 02/12/2015
le processus analytique du test s’opère pour le jeu mais pour toutes tâches cognitives finalement
Mais tu lis un livre, tu joues un à jeu
Cette expérience te permet de savoir si tu as aimé le jeu ou pas
Mais tu n’as pas testé le jeu mais tu y as joué, le test étant intrinsèque à ta partie
Oui mais, un professionnel (blog ou boutique par exemple) est-ce qu’il teste un jeu pour pouvoir informer son auditorat? Là encore le test est intrinsèque et je suis venu à etre d’accord pour utiliser le mot jouer dans tous les cas
Ce qui me chagrine c’est de dire que pour les auteurs les tests existent mais pas pour les joueurs. Cette hiérarchie divine ne tient pas la route. Soit tu acceptes la notion de test, soit pas. Si tu l’admets alors elle existe pour auteur et joueur. Elle n’a pas la même finalité. Voir si le jeu tourne pour l’auteur. Voir si le jeu plait pour le joueur. Mais dans les deux cas c’est du test : mécanique d’un côté sentimental de l’autre.
Soit tu l’admets pas, dans ce cas tout le monde joue, même l’auteur avec son proto et le processus expérimentale du test est compris dans l’expérience de jeu.
Bruno Faidutti 03/12/2015
Je suis d’accord avec vous sur deux points – utiliser le mot test pour parler des parties faites par les auteurs et éditeurs est aussi un peu excessif – c’est mon point de désaccord avec les auteurs comme Bruno Cathala, qui acceptent le mot test dans ce sens. De même s’il y a un peu de mécanique dans un jeu, il serait sans doute meilleur de parler d’ébauche que de prototype – cela viendra sans doute. J’ajoute que pour ma part, ayant une préférence pour les jeux un peu déséquilibrés, je n’ai jamais cherché à trop équilibrer les miens. L’équilibrage, à supposer qu’il soit absolument nécessaire, n’est que l’un des points auxquels on s’attache en jouant. Limiter la finition d’un jeu à l’équilibrage, c’est un peu comme dire que la relecture d’un livre ne vise qu’à corriger la grammaire.
Sinon, vous avez pensé à l’anglais review, mais vous n’avez pas envisagé sa traduction française qui, dans ce contexte, est « critique » ? C’est quand même curieux 😉
De même pour les fringues – on ne teste pas une veste pour vérifier qu’elle a deux manches, on l’essaie pour voir si elle nous va – la subjectivité peut heureusement aussi concerner des objets techniques.
Que l’on soit plus actif face à un jeu qu’à un livre, c’est évident, même si on n’est jamais tout à fait passif en le lisant, mais cela n’implique pas que le jeu soit ou non un produit culturel, que le mot « test » ou « critique » lui convienne plus ou moins. Cela n’a juste rien à voir.
Vous laissez entendre que « tester » est le terme qui vient naturellement. Ce n’est pas vrai. C’est celui qui est utilisé, par habitude, dans le petit monde des gros joueurs, mais il surprend généralement les personnes qui viennent de l’extérieur. L’idée de cette petite croisade pour la critique m’est d’ailleurs venue lorsqu’une amie romancière, totalement étrangère au monde du jeu mais qui m’avait vu travailler, m’a dit avoir été très surprise de l’utilisation du mot test sur un site web – pas nécessairement le vôtre – au sujet de mes créations. Elle n’avait pas trouvé cela vraiment désobligeant, juste bizarre. En effet, dans les autres domaines de la création, les livres ou les films, on parle toujours de critique. « Test » n’est guère utilisé que dans le jeu vidéo, et là aussi les auteurs se battent pour lui voir préférer « critique », et commencent à remporter quelques succès (ça, je ne le savais pas quand j’ai commencé mon article, mais des auteurs de jeux vidéos me l’ont appris depuis).
Je souhaite autant que vous que le jeu de société devienne plus populaire encore, même si je pense que nous avons atteint un palier. Le terme « critique » n’a rien d’élitiste, on l’emploie pour les séries télé les plus débiles et les spectacles les plus vulgaires. Il est juste plus approprié, plus correct.
Désolé de ne pas être d’accord avec Umberling, mais même si créer un jeu est infiniment plus facile qu’écrire un roman, en tout cas pour moi, je pense que les expériences sont très proches. De même, et malgré la dimension interactive du jeu dont nous parlions, l’expérience qui me semble se rapprocher le plus du jeu est celle de la lecture, on se remémore un roman comme on se remémore une partie, et un jeu, même abstrait, n’est au fond qu’une machine à raconter des histoires.
Et puis, quand même, il y a un paragraphe de votre argumentaire qui me choque profondément, c’est celui où vous écrivez « L’art ludique est un genre moderne qui existe aujourd’hui en tant que tel, nous en sommes convaincus. Mais il faut du temps et des actions politiques pour se faire une place. Le jeu vidéo est encore largement perçu par le grand public comme un produit de consommation et non comme un bien culturel. Et pourtant, eux, ils ont droit à des expos dans les musées nationaux, à des fonds d’aides gouvernementales, etc. Autant dire que la route est encore longue les amis… Si on pouvait éviter de se mettre des bâtons dans les roues entre nous, ça serait bien. »
Le jeu vidéo est en avance sur le jeu de société en ce qui concerne la reconnaissance culturelle. Il va se passer pour lui ce qui s’est déjà passé pour la BD, et c’est pour soutenir ce mouvement que les auteurs de jeux vidéos, eux-aussi, essaient d’obtenir que l’on emploie « critique » et non « test » pour parler de leurs créations. Ils ne manquent pas une occasion de mettre en avant le fait qu’ils travaillent comme le cinéma et avec les mêmes outils, tout comme je ne manque pas une occasion d’expliquer que nous travaillons comme des romanciers ou des scénaristes. J’espère que nous parviendrons à les suivre, mais cela suppose, justement, que l’on ne nous mette pas des bâtons dans les roues – et c’est ce que vous faites en utilisant un terme en principe réservé aux mesures techniques et objectives, test, et non celui de critique utilisé dans tous les autres domaines culturels. Ce n’es pas moi, c’est vous qui avez utilisé l’expression « art ludique » 😉
Vous n’êtes pas les seuls « acteurs du milieu » à contribuer ainsi involontairement à dévaloriser culturellement le jeu de société. L’utilisation du vilain anglicisme « jeu de plateau » au lieu de « jeu de société », La manie tric-tracienne d’ajouter délibérément des fautes de grammaire dans les titres, les règles de jeu écrites ou traduites sans le moindre souci de style, voire dans un français approximatif, les commentaires de trois mots avec quatre fautes d’orthographe, tout cela aussi nous nuit beaucoup. La route est longue, raison de plus pour ne pas nous ralentir, voire nous faire reculer (On reculerait sacrément si designer remplaçait auteur)
Si, un jour, la question de la nature culturelle ou non du jeu doit être tranchée juridiquement, ce ne sera sans doute pas un choix politique, nous ne pesons pas assez lourd pour cela; ce sera la décision d’un petit juge, faisant jurisprudence, ou d’un fonctionnaire dans le bureau d’un ministère. Il regardera sans doute nos contrats, puis comment le problème a été réglé ailleurs, mais il étudiera peut-être aussi la manière dont les joueurs eux-mêmes parlent du jeu – et c’est pour cela aussi que l’usage des termes auteur et critique est essentiel. Or, si les jeux ne sont pas des créations culturelles, la plupart des contrats d’auteur sont illégaux, les fonctionnaires comme moi ne pourront plus que très difficilement publier des jeux, certains salariés devront demander l’autorisation de leur patron, la rémunération en droits d’auteur va poser problème, bref ça va compliquer les choses pour beaucoup, beaucoup d’entre nous. Ce serait absurde parce que, j’en suis intimement convaincu, nos jeux sont réellement des créations culturelles complexes, peut-être un peu plus techniques que des romans mais pas moins que des films.
Donc, conservez votre structure formalisée. Après tout, je connais des profs qui notent des dissertations avec des grilles de correction à quinze critères. Mais, au moins, je vous supplie – le mot n’est pas excessif – de cesser de mettre des bâtons dans les roues des auteurs avec un terme qui n’est peut-être pas désobligeant, mais qui est au moins inadapté car il laisse entendre que le jeu est avant tout un produit technique. Cessons de scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis.
Fred la loutre 03/12/2015
Pour ma part je suis exaspéré du fait que vous défendez votre point de vu en disant « nous », de telle manière que vous semblez représenter tous les auteurs de jeu.
Je suis auteur de jeu, j’assume mon statut de « game designer » et non pas d’auteur au sens culturel, et je ne suis pas du tout de votre avis. Il serai beaucoup plus honnête de votre part d’assumer vos propos en disant « je pense que » plutôt que « nous » qui n’est là que pour donner du poids à une opinion, et sur un sujet qui n’a de réelle importance que pour très peu de gens. (pour en avoir discuté avec des collègues auteurs, clairement, on s’en bat les steaks de cette classification, et cela ne nous fait aucun tors)
J’aime le mot test, je l’assume et le revendique. Comme le jeu vidéo, on peut essayer un jeu et dire « ah bah là, ça marche bien » ou au contraire « ah, c’est un peu déséquilibré, ça ne fonctionne pas super bien ». Jamais en lisant un livre vous n’aurez de tels propos…
M3th 03/12/2015
Merci.
grogro 03/12/2015
Quelqu’un a t’il nourris le troll? :p
Sha-Man 03/12/2015
Toi,a l’instant ? 😉
grogro 03/12/2015
ventre saint gris, je suis découvert!
Cycnos 03/12/2015
M. Faidutti,
Je suis particulièrement choqué par certains passages de votre pavé (césar), surtout quand vous parlez du secteur du jeu vidéo. Reconnaissance culturelle ? Laquelle ! Le grand public ne sait même pas qu’il existe autre chose que Mario & co ! Et trentenaire que je suis, quand je dis à mon entourage néophyte (perso ou pro) qu’il m’arrive de jouer aux jeux videos, je passe pour un « enfant » dans le meilleur des cas, pour un « attardé » dans le pire.
J’en veux pour exemple les récents dérapages de Nagui ou De Caunes & co qui parlaient d’un loisir pour « prépubères boutonneux »…
Et puis, doit on mettre au même plan culturel des jeux comme « Alan Wake », « This war of mine », « Soldats inconnus Mémoire de la Grande guerre » ou « Ori & the blind Forest » face à des « Battlefield », « Call of Duty » et autres jeux « pan-pan-boom-boom » sans saveur ni intérêt (pour moi bien sûr) !?
Bref, la route est encore trèèèèèèèèèèèèès longue pour le jeu vidéo aussi, et je dirais même plus, le jv prend une route qui n’est pas la bonne ces dernières années pour plein de raisons.
Nier le fait qu’il est largement considéré comme un bien de consommation (de masse) bien plus que comme un bien culturel, c’est montrer une grande méconnaissance de ce secteur ! Avec des modèles économiques plus discutables les uns que les autres, et des scandales financiers plus nauséabonds les uns que les autres (…mais je m’égare) ! Faut il vous rappeler que le produit « culturel » le plus vendu au monde est un jv ? En France également ? En outre, quel est le produit « culturel » qui rapporte le plus d’argent au monde ? Dernièrement, pensez vous que Vincent Boloré cherche à mettre la main sur la compagnie Ubisoft pour le caractère culturel de leurs créations ou plutôt sur les « licences » (hou le vilain mot aussi) qu’elle possède qui vont leur rapporter des milliards (oui oui, des milliards !)…
Bref, je me suis égaré, j’ai conscience d’être parti dans tous les sens…
Pour finir, une seule phrase de votre argumentaire met en lumière nos points de désaccord et le fait que c’est un dialogue de sourd : « l’expérience qui me semble se rapprocher le plus du jeu est celle de la lecture »… j’ai failli tomber de ma chaise… Vraiment.
XRipper 03/12/2015
L’acquis du jour, c’est que j’adore lire Shanouillette même quand je ne suis pas d’accord avec elle 🙂
Je suis au boulot, j’ai posé la question à des collègues (tous non joueurs a priori) sur l’usage des mots test et critique dans un média culturel. Car j’aime considérer Ludovox comme tel.
Tout le monde est d’accord pour dire que « test » fait penser à Auto-plus mais surement pas à un media culturel.
Shanouillette 03/12/2015
Merci 🙂
pour ton sondage, je n’étais pas là mais je pourrais objecter que c’était une question orientée 😉
oui à mon tour ! à mon tour ! laissez-moi vous troller un peu svp : pourquoi que l’automobile ne serait-elle pas un art ? Ça en est un pour beaucoup de gens figurez-vous.
Il n’y a personne sur terre qui en a plus rien à foutre des voitures que moi, hein. Je ne m’y connais rien.
Pourtant ce mépris affiché pour le travail des journalistes d’Auto + me dérange un peu.
Je crois que pour certaines personnes, la conduite est un art, et il me semble que la voiture en elle-même fait partie de ce qu’on appelle les arts décoratifs : un mélange de design et de technologie, avec une histoire, un patrimoine, des collections, etc. Il y a beaucoup de voitures considérées comme des oeuvres d’art contemporaines (voir ici).
C’est quelque chose qu’on test, et qui procure des émotions après tout. Si, si, même moi qui m’en fiche, quand je passe de 0 à 200 kms en moins de 30 sec, j’ai des émotions. 😉
Alors bien sûr, on n’est peut-être pas sensible à ce combat là, mais il me semble que « objet culturel » pourrait être une terminologie tout à fait valable pour l’automobile. C’est un objet qu’on peut tester, et qu’on peut critiquer. Les deux font sens. Un peu comme chez nous.
Bruno Faidutti 03/12/2015
Nous sommes bien d’accord pour dire qu’il y a un continuum. Il y a de la technique dans un roman, il y a de la culture dans une automobile. Ce continuum n’est même pas vraiment linéaire, la position de tel ou tel item, et pas seulement le point où l’on fixe la limite arbitraire entre culture et technique, dépendant de données sociales et (on tourne en rond) culturelles. Il reste que nous sommes ici pour les jeux, et que je souhaiterais les rapprocher autant que possible du pôle culturel, par conviction autant que par intérêt. Vous dites que c’est aussi votre conviction, je pense que c’est aussi votre intérêt, mais l’usage du terme « test » les tire très fortement vers le pôle technique.
fouilloux 03/12/2015
Marrant, moi c’est plutôt l’inverse. Je suspecte que ça a un lien avec la façon dont on pose la question. Mais bref, let’s agree to disagree!
Shanouillette 03/12/2015
Lapin compris. L’andouillette ?
fouilloux 03/12/2015
En fait je répondais à XRipper, mais tu as du poster ton commentaire juste avant le mien. (d’ailleurs c’est rigolo on dit la même chose. Les grands esprits tout ça)
Angie 03/12/2015
Shanouillette, on pourrait écrire un petit scénario bref j’ai testé un jeu, ce serait tellement drôle…
grogro 03/12/2015
Je voudrais pas donner l’air d’exprimer un avis. (moi non plus)
Mais Télérama (par exemple,hein , j’aurais pu dire Première), qui est un « media culturel » reconnus, n’utilise pas le mot test.
(et c’est vachement fort de leur part, à la vu de leur activité)
Alors bon, comparer des films avec des jeux de société… c’est un peu fort me direz vous (?)
C’est vrai… Mais je trouve pas ça moins intelligent (optimiste!) que comparer des JdS avec des voitures
(qui sérieusement ont plein de similarités)
Paix et amour.
(et poivre, et sel)
(et cumin)
Sha-Man 03/12/2015
@bruno-faidutti Comme nous avons dejà échangé et que je ne vois ici que des arguments de redite qui ont tendance à chaque passe d’armes a repartir comme s’il n’y avait eu aucun autre échange sur la question, je vais tenter de rebondir sur un aspect moins dévéloppé : la comparaison avec le jeu vidéo et la terminologie d’auteur associé a la question de l’œuvre et du produit culturel.
Tout d’abord vous indiquez que le jeu vidéo est en avance sur le jeu de société, mais puis-je me permettre de vous indiquer que vous vous tirez un balle dans le pied avec cet argument ?
Les dernières fois ou on a vu de manière flagrante sur une boite de jeu video « un jeu de X » de manière régulière date d’il y a 10-15 ans avec les grands noms des « designers » comme Peter Molyneux chez Bullfrog, maintenant on a du Ubisoft ou autre nom d’éditeur. Car le jeu est un produit d’un travail d’équipe œuvrant a plusieurs niveaux, au mieux a-t-on un « idée originale de… ». En dehors du livre je ne vois pas l’utilisation du terme « auteur » que vous semblez brandir comme un argument imparable contre le test et pour la critique.
D’ailleurs vous vous appelez vous-même game designer en anglais se traduisant par concepteur et certainement pas auteur, alors que vous pourriez très bien utiliser le terme author.
Que ce soit en anglais comme en français je ne connais personne dans le jeu vidéo se qualifiant d’auteur/author.
Si vous allez dans une boite de jeu vidéo et demandez l’auteur personne ne saura vous indiquer de qui il s’agit car il y a des developpers, des story tellers, des scénaristes, des graphistes, des artistes, des designers de différentes parties et celui qui aura surement le plus le rôle de contrôle sur le résultat final est souvent appelé « chef de projet ».
D’ailleurs regardez donc le crédit de certaines boites de jeux de société américaines et vous verrez quelque chose qui se rapproche du jeu vidéo : chef de projet, main designer, second designer…etc.
Vous semblez confondre la notion d’œuvre artistique et de produit culturel, vois refusez de voir la composante technique inhérente aux jeux vidéos et jeux de société qui intervient autant dans la réalisation du produit final, sa conception et son appréhension par les joueurs. Pourtant j’ai bien vu sur les statuts facebook passés (parfois disparus) des remarques de personnes connues du milieu le soulignant.
Personnellement j’estime que chacun est libre d’utiliser le terme dans lequel il se reconnait.
J’en viens a être exaspéré par le fait que vous sembliez vouloir imposer une terminologie avec des arguments qui, je vous le dis clairement de mon point de vue, ne font pas mouche.
Nous pourrions simplement laisser ce débat au niveau d’une discussion ou chacun émet ses opinions et débat sereinement en défendant ses choix et ses positions.
Mais vous ramenez continuellement le débat a l’affirmation publique et péremptoire que nous faisons du tort a des gens et au milieu, ce que je n’accepte absolument pas.
Vous semblez faire partie de ces gens qui pensent savoir ce qui est mieux pour le bien collectif et estiment avoir comme devoir sacré d’être le chevalier blanc des causes justes.
Votre cause est peut-être juste pour vous même et les gens qui partagent votre opinion mais elle ne l’est pas de l’autre cote du débat, au contraire vous ne faites que radicaliser des gens qui pensent que la liberté d’expression est attaquée dans votre approche.
De notre côté, nous n’en faisons pas une juste cause en postant des statuts FB ou articles taclant nominativement les détracteurs.
Nous défendons notre position et nos choix.
Être dans le débat est une bonne chose, mais votre démarche est contre-productive car elle n’est pas seulement dans la défense d’une opinion mais dans l’attaque des gens qui la contredisent appelant a l’opinion publique contre l’ignoble infamie qui aura des conséquences néfastes sur nous tous.
Bruno Faidutti 03/12/2015
Je réponds d’abord sur le dialogue de sourds.
Vous avez remarqué, j’espère, que ma longue réponse reprend le plan de votre éditorial, en argumentant point par point lorsque je ne suis pas d’accord. C’est pour cela que je l’ai postée ici et non sur mon site. De mon côté aussi, j’ai le sentiment pénible de ne jamais recevoir de réponse sur le fond, et de parler à un mur.
Vous avez raison de pointer le paradoxe qui veut que le jeu video soit en avance sur le jeu video en ce qui concerne la reconnaissance culturelle, notamment institutionnelle, alors que la culture et logique l’auteur y sont moins développées.
J’y vois au moins deux explications.
La première est triviale. Le jeu video concerne plus de monde et brasse plus d’argent. Les médias le connaissent donc mieux – il y a toujours un joueur dans le plus petit journal -, et les institutions publiques sont allé y voir de beaucoup plus près.
La seconde est liée à un point que j’ai déjà abordé dans ma réponse, à savoir que le jeu video s’apparente plus au cinéma, et notamment en ce que les jeux sont souvent le travail d’une équipe. Un jeu video n’a le plus souvent pas un auteur, il a un générique dans lequel sont présentés tous ceux qui ont contribué à cette œuvre collective. Je remarque cependant que, dans les petits jeux indépendants, lorsqu’il y a un auteur unique ou principal, son nom est de plus en plus souvent mis en avant.
Il est vrai que les jeux de société aussi, plus ou moins selon les cas, sont aussi des œuvres collectives. Il y a l’auteur initial, parfois un développeur, un illustrateur…. de quoi faire un générique, et nous le faisons. C’est d’ailleurs pour reconnaître cela que je préfère « générique » à « Credits » ou « Remerciements ». Il n’en reste pas moins qu’il y a le plus souvent un auteur principal, comme l’auteur du texte dans un livre illustré. Principal ou plus précisément primordial – le jeu existait dans l’absolu avant d’être illustré. Disons que nous sommes de ce point de vue quelque part entre l’œuvre purement individuelle, le livre, et l’œuvre totalement collective, film ou gros jeu video.
Il reste que si les auteurs de jeu video essaient aussi d’être appelé auteurs, si beaucoup sont fiers de faire des « jeux d’auteurs », et s’ils pestent aussi contre la vilaine habitude française (et allemande) d’appeler test les critiques, c’est parce qu’ils font face à des problèmes très similaires.
Bruno Faidutti 03/12/2015
En outre, oui, je pense que l’usage du terme test nous fait du tort à tous – aux auteurs, mais aussi aux gens comme vous. « Critique de jeu », ça a quand même plus de gueule et ça fait plus professionnel que « testeur de jeux ».
Tout comme pendant des années je reprenais tous ceux qui me disaient « inventeur de jeux », je vais désormais systématiquement reprendre tous ceux qui prétendront avoir testé mes jeux, ou d’autres. Je leur dirai qu’ils y ont juste joué, s’ils entendaient par tester faire une première partie, et qu’ils les ont critiqués, s’ils entendaient par là rédiger une opinion argumentée. Et dans les deux cas, je leur signalerai que c’est non seulement plus correct, mais également plus élégant et plus valorisant.
Sha-Man 03/12/2015
Autant je ne vous dénie pas le droit d’exprimer des opinions contradictoires sur un sujet de discussion (sur notre site ou ailleurs), sur un article traitant du sujet, sur facebook ou sur votre site (c’est votre droit inaliénable).
Autant je préfère vous prévenir immédiatement, si je vous vois systématiquement détourner le sujet de nos articles et discussions et reprendre les gens, pour en faire votre sujet polémique sur le terme test/tester, je n’hésiterai pas un seul instant à vous modérer en supprimant purement et simplement le commentaire sur le motif de hors sujet.
Cet article et tous ceux traitant de la raison et justification du mot test vous sont ouverts pour tout débat et argumentation, pour le reste il y a le forum où vous êtes libres de créer un sujet et d’y exprimer vos idées.
Les gens qui viennent lire des articles sur tel ou tel jeu sur notre site ont autre chose à faire que d’y entendre des récriminations sur la terminologie alors qu’ils se posent des questions légitimes sur les jeux en eux-mêmes.
Je pense que c’est parfaitement raisonnable et vous le comprendrez, c’est mon rôle de maintenir les débordements.
Je pense également que pas mal de gens ici apprécieraient que vous participiez à d’autres discussions que celles concernant le mot test de par votre statut d’auteur, votre travail de création et le temps que vous avez pratiqué ce milieu.
Bruno Faidutti 03/12/2015
Je ne pense pas avoir jamais pollué les discussions sur votre forum? Je suis intervenu une fois sur le mot test, la première fois où je l’ai repéré, puis ici….
Et si je participe à cette discussion, c’est parce que je considère qu’elle est infiniment plus importante que toutes celles concernant tel ou tel de mes jeux. Je pense en outre y défendre l’intérêt de l’ensemble des auteurs – ils sont une trentaine à m’avoir fait part de leur soutien après mon éditorial – et suis donc plus motivé que pour défendre l’un de mes jeux.
J’essaie d’ailleurs par principe, et pas seulement sur ce site, de ne pas trop intervenir pour discuter les critiques et opinions sur mes propres jeux. Je ne l’ai fait sur Raptor que parce que l’auteur de l’article me l’a demandé.
Sha-Man 03/12/2015
Je fais seulement référence à la phrase « je vais désormais systématiquement reprendre tous ceux qui prétendront avoir testé mes jeux, ou d’autres. ».
Je préfère vous prévenir que nous n’apprécierons pas que vous veniez poster dans chaque article pour dire « ne dites pas tester ».
Sha-Man 03/12/2015
Je ne vois a aucun moment en quoi le produit culturel est opposé a l’aspect technique quand il y a apprehension et manipulation, a moins de confondre celui-ci avec une oeuvre d’art.
Et encore certaines oeuvres de performance ne se situent que sur la demarche de realisation technique, cela ne parle peut etre pas a tout le monde mais ça reste un fait.
Pour moi le jeu de societe est un produit culturel avec une composante artistique mais je ne le considere reellement pas comme une oeuvre d’art bien qu’arrivant a en comparer certains a des oeuvres de par leur realisation artistique generalement liée au travail graphique.
Bruno Faidutti 03/12/2015
Je n’ai jamais dit qu’un jeu de société était une pure œuvre d’art. J’ai dit que c’était au moins aussi culturel qu’un film et presque autant qu’un bouquin. Je ne me considère pas comme un artiste, mais je me considère comme un créateur et non un technicien.
Bruno Faidutti 03/12/2015
Tout cela me rappelle, il y a une dizaine d’années, lorsque j’avais expliqué à Phal que, pour très exactement les mêmes raisons, il nous faisait énormément de mal en truffant ses posts de fautes de grammaire délibérées. Il avait fait mine de ne pas me comprendre, mais après il s’est peu à peu mis à en faire moins, et a quasiment arrêté depuis. Malheureusement, certains de ses imitateurs continuent.
Sha-Man 03/12/2015
Personnellement je ne fais pas le lien, car l’un est sujet à l’interprétation et l’autre non.
Notre sujet ici relève de l’interprétation et c’est pourquoi nous ne faisons que défendre des opinions et que je reste persuadé que personne ne possède la vérité au dela de ses propres convictions.
Pour ma part je ne vais pas au dela de « les sites font bien ce qu’ils veulent et je me garderai bien de leur imposer le mot test ou critique, mais ce que nous faisons ici, ce sont des tests ».
Finalement ça va plus vite à résumer en 2 lignes.
Bruno Faidutti 03/12/2015
Pour moi, les cas sont extrêmement similaires, et l’impact sur l’image du jeu à peu près le même. Vous n’êtes pas d’accord. Je m’en moquerai si je pensais que cela n’a pas d’impact, j’en suis triste parce que je pense que votre site est suffisamment important pour que cela en ait un.
J’ajoute que ce que vous faites, vous appelez ça des tests, vous pensez que ce sont des tests, mais en français ça s’appelle des critiques, et en dehors d’une partie du tout petit monde du jeu, tout le monde appelle ça une critique. Mais bon, là on repart en effet au point de départ de mon argumentation sur mon site, et je commence à en avoir marre.
M3th 03/12/2015
Oui nous aussi. Vous n’avez pas un jeu à créer?
Bruno Faidutti 03/12/2015
Si, j’ai du boulot, et j’aimerais bien m’y remettre, mais je pense que ce que je dis ici est au moins aussi important, car j’y défends, justement, mon boulot.
grogro 03/12/2015
Question:
Est ce que le point Godwin du commentaire sur Ludovox n’est pas atteint quand quelqu’un est comparé à Phal?
(Concour du kiki du dernier mot? #JeParticipe)
PS: vous avez tous raison! Maintenant faites vous des bisous.
fouilloux 03/12/2015
J’approuve le PS. Nous ne sommes pas d’accord mais pensons tous que ce que fait l’autre est plutôt bien, à part sur ce sujet, alors c’est dommage de se fâcher non? Bisounours Powa
Nelijah 03/12/2015
j’avouerai que j’ai pas la force de lire tous les commentaires qui sont plus longs que l’article mais merci car celui-ci fut très intéressant^^
Meeple_Cam 03/12/2015
Je dois avouer que tout cela me semble un peu puéril, au final. J’aime jouer, j’aime tester des jeux. J’aime lire des tests de jeux. Au final, c’est ça qui compte et ce que j’attends, moi, humble joueur. Ça ne m’était même pas venu à l’idée, avant tous ces échanges, que les 4 lettres T E S T puissent porter tant d’oppositions. Malgré tous ces écrits, très bien argumentés, est-ce que c’est si important ? Et ce n’est pas pour relancer le débat ! Est-ce que le monde du jeu va s’écrouler parce que les magazines et sites écrivent « tests » ou « review » ou « trucmuch » ? Est-ce que cela vaut la peine de s’étriper la dessus ? En fait, je partage le post de fred la loutre : clinc clinc. Et je passe à autre chose. Tiens, tester une nouveauté fraîchement acquise, justement.
Fred la loutre 03/12/2015
Clinc clinc a toi aussi meeplecam
Cormyr 03/12/2015
Je ne réagis que sur cette affirmation de Bruno
Je ne suis pas d’accord avec cette affirmation. Et même si lors de nos discussion avant la mise en ligne des tests, j’étais pour review et contre test. Dans ce contexte pour moi la traduction qui serait la plus proche et « Revue » au sens « Passer en revue ». Je rappelle qu’un mot anglais peut avoir plusieurs sens en français. D’ailleurs le verbe review est lui plus souvent traduit par passage en revue. Le nom review peut même avoir le sens Inventaire. Mais le premier sens est examen.
Et finalement , les tests de Ludovox sont plus proche d’un examen détaillé du jeu que d’une critique. Je propose donc Examen ! Et puis comme ça la note sera dans le contexte. Quant à la moyenne qui est contestable, elle ne l’est pas plus qu’une moyenne du bac mélangeant histoire, sport et math ! 😉
Djinn42 03/12/2015
C’est bien. Continue comme ça et la ministre de l’éducation nationale va s’en mêler. On aura l’air bête si on doit coller des gommettes vertes, rouges et orange sur notre écran.
Bruno Faidutti 04/12/2015
A book review (à ma connaissance l’usage le plus fréquent du mot review), c’est une critique de livre. A movie review, c’est une critique de film. Il me semble logique que a game review devienne une critique de jeu.
Examen, en général, c’est…. test !
Cormyr 04/12/2015
Si l’on regarde un bon dictionnaire, review a 4 sens :
critique
revue (magasine)
étude, examen, bilan
révision
La notion d’étude, d’examen et de bilan correspond bien aux articles « Test » tels qu’ils sont développés ici et comme tu dis que Examen, c’est Test, j’en déduis que le mot test est donc bien approprié 😉
Tout ceci pour dire, qu’il n’est pas si évident d’affirmer que review=critique. Comme toujours pour une traduction, cela dépend du contexte. Et si test a été choisi, c’est bien parce qu’on est plus dans un bilan complet de tous les éléments, y compris technique (matériel, etc…). Le seul problème que je veux bien entendre dans la terminologie utilisée est que les mots étant polysémiques, certains peuvent ne pas y voir le sens que Ludovox a voulu y mettre. Faudrait-il encore trouver un meilleur mot, étant entendu que critique ne correspond pas à ce qui est fait dans ces articles.
Bruno Faidutti 04/12/2015
Le contexte, c’est très exactement le même que pour une critique de livre ou de film. Si les américains disent a book review, a movie review, a game review, c’est parce que c’est pour eux la même chose. En traduisant book review par critique de livre, movie review par critique de film et en refusant de traduire game review par critique de jeu, on affirme très clairement rement un refus d’accorder au jeu un statut culturel comparable à celui du livre ou du cinema. C’est la seule explication logique de ce traitement différencié, et vous ne devriez pas vous étonner que les auteurs de jeux trouvent cela désobligeant.
Cormyr 04/12/2015
Disons que je ne suis absolument pas d’accord avec cette affirmation péremptoire. Ce n’est, pour moi, qu’un point de vue (et non pas une vérité absolue) qui se respecte et que je respecte. D’ailleurs d’autres auteurs ont exprimé ici qu’ils pouvaient eux aussi avoir un avis différent de cette affirmation.
J’ai donc un autre point de vue sur la question, qui n’est d’ailleurs pas plus une vérité absolue que la votre. Et ce point de vue, tout en considérant qu’on peut évaluer certains aspects du jeu, inclut le respect des auteurs et l’aspect culturel du jeu de société. Et ce alors que j’ai été moi-même auteur d’un jeu vidéo qui a été « testé », sans que je me sente humilié, ou rabaissé.
Peut-être est-ce du au fait que j’ai certainement une conception de la culture moins élitiste et moins connotée Art (avec un grand A intentionnel) ?
Jules Prototypaire 03/12/2015
Merci à chacun d’entre vous et en particulier à Bruno Faidutti, Sha-Man et Shanouillette d’échanger avec tout votre engagement… ça montre surtout qu’il y a de grands passionnés dans ce monde ludique, engagés dans leur travail et ça c’est de très bonne augure pour le futur du jeu de société ! MERCI
chrisaugwai 04/12/2015
Après cette longue lecture de l’ensemble des interventions ci dessus, loin de moi l’idée de remettre de l’huile sur le feu, mais plutôt l’envie de partager quelques réflexions…
De mon point de vue de joueur, compte tenu du nombre toujours croissant de sorties de jeux, il me semble de plus en plus important d’avoir a disposition ce qu’on pourrait qualifier d’OAD (outil d’aide a la décision) pour me guider lors de l’achat.
En effet, si je vais acheter un livre, un DVD, un CD ou même un jeu vidéo a la Fnac, je vais pouvoir m’appuyer sur la dénomination du rayon en premier lieu (thriller, historique, action, comédie, jazz, rock, fps, rpg…), autant de petites cases globalement objectives dans lesquelles on a pris l’habitude de classer tous ces biens culturels. Ensuite, je vais m’attarder sur les noms : auteurs, réalisateurs, acteurs, compositeurs, interprètes … Je vais également lire la 4e de couverture, écouter un extrait, ou regarder la bande annonce pour me faire une idée plus précises. Enfin, je vais peut-être consulter quelques reviens (pour rester sur ce termes accepté de tous) qui reflètent toujours le sentiment du reviewer et qui me semble toujours assez subjectif. Il suffit en effet de lire les critiques de livres, de films, de disques de libé et du figaro, de Télérama ou de Femme actuelle ou d’entendre les débats incessants sur Jerome Garcin et son équipe de critiques pour s’apercevoir que toutes ces reviens ne sont ni plus ni moins que l’expression d’un sentiment personnel qui peut d’ailleurs parfois confiner au lynchage public ou au copinage le plus éhonté .
Quoi qu’on en dise, le climat dans le monde du jeu de société n’est pas le même et je ne pense pas qu’il soit souhaitable qu’il le devienne.
Je m’explique.
Tout l’abord, il me semble plus difficile de classer les jeux dans les cases dont je parlais plus haut. En effet, un jeu c’est essentiellement une ou plusieurs mécaniques et un thème. Trions par thème, on se retrouve avec Zombicide, Dead of Winter et Zombies Kids dans la même case… pas très pertinent. Trions par mécanique… on va être embêté avec les jeux de Feld. Rabattons nous sur la différence Ameritrash / Eurogames… les passerelles entres ces deux mondes sont de plus en plus nombreuses. Essayons enfin de classer les jeux par grands genres… surement le plus pertinent, mais je remarque que la ligne entre jeu familial et jeu expert pour des jeux à la limite entre les deux est parfois difficile a placer et dépend finalement plus du joueur que du jeu lui même.
Tout ça pour dire que le choix d’un jeu est pour moi plus ardu que celui d’un autre bien culturel et que j’ai besoin de plus m’appuyer sur des OAD dont je parlais plus haut.
Pour moi, la meilleur de ces OAD reste la vidéo expliquant les règles, puis présentant une partie (ou un début de partie) de manière neutre, sans idée d’une quelconque critique. Libre a chacun ainsi de déterminer si le jeu lui fait suffisamment envie pour l’essayer et/ou l’acheter. Il me semble que ce type de review est propre au monde du jeu (vidéo ou de société).
Toutefois, vu le nombre ahurissant de jeux publiés chaque année, il est illusoire de penser pouvoir voir ce genre de vidéo pour tous les jeux dont on voudrait a priori connaître plus.
C’est là que les tests interviennent.
En effet, détailler les caractéristiques d’un jeu selon des thématiques précises et y attribuer une note n’est pas réaliser une critique a proprement parler selon moi. Il s’agit plus d’évaluer de manière la plus objective possible ce qui définit le jeu : son matériel, la lisibilité de ses règles, les mécanismes présents… autrement dit toutes les informations qu’un joueur pourrait vouloir connaître pour savoir si un jeu peut l’intéresser.
Pour grossir le trait, je pense qu’un jeu peut être traité a l’écrit de 2 manières distinctes et complémentaires et qui ont des buts complétement différents:
– le test, le plus objectif possible type test (et non critique) de voiture dans Auto Plus avec des notes, des étoiles ou ce que l’on veut pour évaluer des caractéristiques précises et aider au choix dans un marché de plus en plus riche (d’aucuns diraient chargé).
– la critique : plus littéraire, plus subjective, traduisant le ressenti d’un individu à un moment donné et par rapport a son vécu, avec l’auteur, avec l’éditeur… et restant a considérer comme un point de vue parmi d’autres, pouvant ouvrir le débat.
A ce propos, une dernière reflexion. Le monde du jeu reste relativement bienveillant, les différents protagonistes de la sphère médiatique adoptant une posture d’une certaine auto-censure et préférant souvent ne pas parler d’un jeu plutôt que d’en dire du mal.
Messieurs les auteurs, vous voulez uniquement des critiques de votre production ? Soyez alors prêts a supporter que des critiques auto-proclamés viennent déverser leur fiel de manière apparemment totalement subjective et injustifiée comme cela existe dans les autres productions culturelles. Je ne pense pas que le secteur du jeu soit prêt pour cela (2 exemples pour étayer cette affirmation : les polémiques Gus/Matagot et Proxi Jeux/Emmanuel Beltrando).
Pour conclure, je ne pense pas tester les jeux car je n’en donne jamais un résume objectif, je ne fais que les essayer (sic) pour voir s’il me conviennent, les jouer si c’est le cas et donner un simple avis si l’envie m’en prend.
Bruno Faidutti 04/12/2015
Dans une longue discussion avec quelques autres auteurs, quelqu’un a suggéré de vous proposer « présentation ». C’est un terme culturellement neutre qui ne nous servira pas comme critique, mais qui ne risque pas de nous nuire comme test.
Cycnos 04/12/2015
[Flash info] Monsieur Faidutti dans le rôle de Bill Murray dans « l’Histoire sans fin, le retour »…
Plus sérieusement, je crois qu’on a TOUS compris sur Ludovox qu’on ne sera JAMAIS d’accord. Et personnellement, je commence à en avoir marre de lire TOUJOURS la même chose. Je veux qu’on parle de JEUX… de jeux ! Je viens sur le Vox pour cela, pas pour lire des pseudo-guéguerres stériles et interminables !
Ludovox a choisi une voie, c’est LEUR choix et, malgré tout le respect que j’ai pour vous, vous n’avez pas à leur imposer quoi que ce soit. Un grand merci !
jim 04/12/2015
Road to 70 comments ?
Il manquait ma pierre utile, je vous assure, à cet édifice !
Sha-Man 04/12/2015
Tu sais ce qui m’inquiète ? C’est que Shanouillette n’a pas encore posté sa réponse à elle et perso je pense que ça va piquer et propulser cet article dans le top des commentaires pour un bon moment…
JoJo Says No 04/12/2015
Parce que je suis certain que mon point de vue vaut la peine d’être lu : le fait-même qu’un jeu puisse fonctionner avec un de mes groupes de joueurs et pas l’autre appelle nécessairement à une notion de test. Je rejoins en cela certains autres intervenants pour qui l’interactivité place le protagoniste au centre de l’oeuvre ‘au moment de sa réalisation’. Cf aussi la notion de « fiction partagée » introduite par les tenanciers du blog de la Cellule (pour le jdr).
Geoffroy
eolean 04/12/2015
Et moi qui croyait que tout ce qui était inutile était indispensable…
Vous parlez tous de la même chose, ça prouve bien que la terminologie utilisé vous a permis de communiquer et qu’elle est donc comprise et acceptée par tous, qu’ils le veuillent ou non.
Res Ipsa loquitur
Jeffyciacos 04/12/2015
Ça devient quand même vachement philosophique tout ça…
Vae victis, SPQR, Ca mem bert.
Shanouillette 04/12/2015
Monsieur Faidutti,
Vous nous avez exprimé votre opinion ici, puis sur les réseaux sociaux, puis sur votre blog, traduit en anglais, repartagé sur les réseaux, repris par les plus gros médias anglophones, et vous venez de ré-écrire un dernier article qui, en gros, résume les mots « interdits ».
Là, je crois que le monde ludique dans sa globalité vous a entendu… et qu’il vous a d’ores et déjà répondu.
Il faut savoir raison garder désormais, par respect pour vous-même.
Les arguments que vous avez brandis reposent sur l’induction (la généralisation de vos impressions et de vos croyances personnelles), des témoignages sans source, des appels à l’émotion et quelques contradictions et invraisemblances, dont des arguments qui font fi du sens polysémique d’un certain nombre de termes (parmi lesquels je compte « équilibrage », « test » évidemment, mais aussi « review » en anglais ou encore « critique »…).
C’est ce que les philosophes appellent des « critiques faibles » et vous nous voyez navrés de n’avoir pas été convaincus.
J’essayerais bien de vous expliquer une énième fois notre position, mais nous croyons tous ici que c’est désormais bien vain.
Vous avez décidé qu’il fallait ostraciser des mots, car ine fine, cette entreprise peut flatter votre égo. J’imagine que vous auriez aimé être un grand artiste et que vous souhaitez prendre une revanche, ou quelque chose comme ça, quoi qu’il en soit, cela me dépasse.
Aujourd’hui, nous sommes nombreux à penser qu’il est temps de cesser les polémiques stériles qui ne mènent nulle part, par respect pour le monde ludique.
Vous souhaitez éradiquer la terminologie du mot « test » car il fait appel au « pôle technique » du jeu, avertissant que la prochaine étape sera d’éradiquer le mot « prototype » pour les mêmes raisons. Cela me fait frémir. Et donc, l’étape suivante c’est quoi ? Il faudrait cesser également de parler de « mécaniques » d’un jeu alors ? C’est beaucoup trop technique comme terminologie si je vous suis bien. Il faudra dire quoi alors, dites-nous professeur ? Pouvez-vous nous donner tout de suite un dictionnaire Faiduttien qu’on sache comment on aura le droit de penser, de parler ?
Vous rendez-vous compte ce que cette façon de faire à d’affreusement absolutiste ? Peut-être que oui et que vous vous jouez de nous avec tout cela, peut-être qu’au fond, vous faites tout ce bruit juste pour faire parler de vous et qu’il s’agit d’une vaste campagne de com’ (très réussie j’avoue). Certains le disent, et je décide ici – dans le doute -, que je ne remettrais pas de pièce dans votre jukebox.
Si, comme vous l’avez écrit, vous nous autorisez à « conserver notre structure formalisée de test » (et nous vous en remercions), alors on conservera aussi son appellation, puisqu’on vous a expliqué en long, en large et en travers que le nom était adapté à la démarche en question, et vous l’avez même reconnu dans d’autres fils de discussion.
Un jeu est un bien technique mais aussi culturel, les deux termes ne sont pas antithétiques. Vous l’avez dit vous-même d’ailleurs, le jeu est une « machine à raconter des histoires » : oui, une machine avec un mode d’emploi (les règles de jeu) et des mécanismes, sans lesquels le jeu n’existe simplement pas.
Sur Ludovox, nous parlons de tous les aspects du jeu, la mécanique en fait partie. Une mécanique, ne vous en déplaise, peut-être testée.
Ainsi les mots « test » ET « critique » font sens. Nous n’avons pas le pouvoir de changer cela. Seule peut-être l’académie française le pourrait-elle.
Pour conclure, je dirais juste ceci : vous nous accusiez publiquement il y a quelques mois d’être un site « sans personnalité ni ligne éditoriale », j’ai le sentiment qu’au moins ce débat vous aura permis de vous faire changer d’avis… Sur ce point. Je ne désespère donc pas pour la suite du coup.
TheGoodTheBadAndTheMeeple 04/12/2015
Juste, merci pour le clin d’œil 🙂
Bruno Faidutti 04/12/2015
J’essaie d’argumenter, je me fais insulter. Depuis votre démarrage, je pense être l’un des auteurs qui vous a le plus régulièrement soutenu. J’étais l’un des rares auteurs à votre pot de lancement, je me suis prêté volontiers au petit jeu de la video à plusieurs reprises, j’ai posté très régulièrement des liens vers votre site, et si j’ai pu faire un jour UNE remarque sur votre ligne éditoriale, c’était dans un esprit constructif. Mon inimitié avec Phal faisait en plus de moi un de vos alliés objectifs. Résultat, je me fais insulter dès que, sur un point certes essentiel, je suis en désaccord avec votre choix de vocabulaire. Je n’en reviens pas mais j’ai compris, je m’en vais et ne posterai plus sur ce site.
Sha-Man 05/12/2015
Pardon, mais nous nous sommes efforcés de rester calmes au mieux de notre possible dans l’argumentation.
Vous avez changé de sujet a chaque fois que nous vous avons fait remarquer vos contradictions ou l’aspect non factuel de vos positions.
Nous avons fait appel a votre esprit critique pour accepter la
nuance et le relativisme.
Vous nous avez insulté a la premiere mention de notre site sur votre FB puis effacé le statut, vous avez traité notre demarche pourtant expliquée rationnellement de delirante et absurde.
Je me souviens parfaitement de vous lors du lancement de notre site, car figurez vous que j’ai été choqué de voir une personne au premier rang lire un livre pendant que je présentais notre projet, si ce n’est pas assez factuel pour vous, on a des photos du lancement pour vous rafraichir la mémoire.
Si vous souhaitez vous draper dans votre dignité offensée c’est votre droit, mais ne venez pas dire que vous n’aurez pas tout fait pour pousser à bout des gens qui ont eu une certaine patience jusque là face a votre irrespect généralisé à leur égard.
Djinn42 05/12/2015
Lire un bouquin au premier rang c’est classe. Il a bien fait de rappeler cet épisode.
Cycnos 04/12/2015
Dans la mythologie égyptienne, Maât est la déesse de l’ordre, de l’équilibre du monde, de la vérité et de la justice.
Je suis heureux d’apprendre (je me coucherais moins bête), qu’il existe une mythologie ludique au sein de laquelle des auteurs se sont autoproclamés dieu de la vérité absolue, de la bonne pensée et de la juste expression !
Vive le jeu ! Et vive l’Andouillette sauce moutarde (ma préférée) ! Amen !
Tom Vuarchex 05/12/2015
Pas sûr que votre site y gagne à ne pas modérer ce genre de message. Je ne suis pas sûr d’avoir envie de suivre Bruno dans sa croisade sémantique (même si je suis assez d’accord avec lui) ni dans la forme d’opposition frontale de vos échanges mais il y a quand même des limites au Faidutti bashing.
Sha-Man 05/12/2015
Je suis parfaitement d’accord qu’il le faut pas tomber dans le Faidutti bashing, je pense qu’il est temps que tout le monde redescende un peu. Je vais m’occuper de ça des que je serai de retour devant mon pc.
@Cycnos j’apprecie sincerement que tu soutiennes Ludovox. Nous avons tous eu des mots qui ont parfois depasse notre pensee sur le coup de la colere (moi y compris). Bien que je comprenne la position que tu defends car elle rejoint le sentiment de revolte face au fait de vouloir « imposer » une maniere de s’exprimer, je souhaiterais que tu reformules ta pensee de maniere un peu moins aggressivement directe envers Mr Faidutti.
Je pense que nous sommes plusieurs coupables d’avoir quelque peu franchi la ligne d’un cote comme de l’autre de ce debat, ayant moi meme tempete contre certaines marques d’irrespect.
desole pour les accents et l’orthographe je suis sur mon tel.
jmt-974 05/12/2015
Il manque un bouton j’aime sur les commentaires
(je suis en total désaccord avec la “croisade” en question, encore plus avec ses raisons profondes, mais je trouve que là c’est « un poil too much » et « hors sujet »… argumenter musclé ok, mais là… on atteint une sorte de point de Godwin…)
Cycnos 05/12/2015
She-Man,
Edité !… dans un esprit d’apaisement, mais vraiment à contre coeur.
Mon post n’était vraiment pas destiné à heurter, mais hier soir, je lis Ludovox puis FB puis BGG… et je tombe à chaque fois sur ce débat stérile et complètement inutile (à mes yeux) qui inonde la sphère ludique, comme si son sort en dépendait, et surtout qu’on ne parle plus jeux… mais sémantique…et c’est ça le plus triste ! Et puis la lecture du blog de Monsieur F m’a « choqué »… En outre, le spectacle donné est d’une tristesse affligeante, et au lieu de se rassembler autour d’une juste cause ludique, nous nous divisons… et je trouve cela profondément « con » !
Et enfin, je n’accepterais pas (jamais) qu’on vienne me dire que je ne rends pas service à la cause ludique, ou pire que mes propos sont nocifs, car je ne n’utilise pas les « juste mots » quand je m’exprime. J’achète des jeux, je suis adhérent d’une asso, je joue, j’en parle et je partage ma passion chaque semaine…& co, et je ne crois pas, à aucun moment, faire du tort à la sphère ludique… bien au contraire.
Bref, je ne posterais plus sur cette page… et je vais de ce pas dans mon bar à jeux lyonnais préféré pour partager cette passion avec des amis et/ou inconnus et « tester » de nouveaux jeux, autour d’une bonne bière, dans la joie et la bonne humeur.
jim 05/12/2015
Et c’est un gros GG !!!!
Seagull 05/12/2015
Je suis surpris de voir que « review » serait la solution miracle, car si je lis occasionnelement des « movie review », des « game review », il m’arrive souvent de lire des « smartphone review » la bonne nouvelle si j’ai bien suivi c’est que la TVA sur les smartphone va baisser. Ce sont les auteurs Tim Cook et John Ive qui vont être content.
Thierry 'kipik' Trégaro 05/12/2015
C’est intéressant car une question que je me suis aussi posée au moment de lancer cwowd. OK, on a quelques différences car les projets KS, ce ne sont pas vraiment des jeux qu’on peut manipuler… en général. Du coup, j’ai pu botter en touche. Mais j’avoue que le terme « test » laisse beaucoup à désirer car nettement mieux adapté à un objet dont on vérifie les fonctionnalités. Et rend mal compte de l’ambiance qui devrait être un des critères principaux pour choisir un jeu. Critiqué non plus, ceci dit.
Ce qui n’a rien de surprenant. Parce que, finalement, un jeu n’est ni vraiment un objet culturel (livre, film, musique). Ni réellement un objet fonctionnel. Il est composé de mécaniques qu’on peut parfaitement tester (encore que fixer un référentiel de test risque d’être coton). Et d’une bonne part de subjectif (aucun jeu ne fonctionne avec tout le monde, ni de la même façon) qui tient de la critique. A l’inverse, critiquer les mécaniques d’un jeu n’a pas trop de sens. Alors que tester est un abus de langage puisqu’on ne peut étayer sur des critères objectifs, quantifiables.
Inutile d’en recourir pour autant à l’anglais qui a tendance à mettre derrière Review aussi bien des ressentis personnels que des tests en labo (et les USiens eux-mêmes ont tendance à sortir de ce schéma du Review pour un jeu qui est en anglais aussi trop réducteur/généraliste). Le français est riche de possibilités: pensée, compte-rendu, opinion, point de vue, revue, avis, analyse, ressenti… Ou test pour qui souhaite appeler ça un test. Ou critique pour d’autre. Au final, tout le monde (ou presque) se fout royalement de savoir sous quel nom chacun préfère exprimer son avis.
XavO 05/12/2015
Personnellement, je pense que le débat est passionnant car au delà du mot, il y a de véritables différences de points de vue et d’approches des jeux de société qui se discutent.
Quelles sont les intentions de l’auteur ?
Toutes les créations, y compris ludiques, ne sont-elles pas le fruit d’intentions ? Il est bien difficile parfois, l’objet en main ou sous nos yeux, de les appréhender. Néanmoins, c’est une étape essentielle pour déterminer, de mon point de vue, s’il s’agit d’un produit, un objet qui a une fonction dut-elle être le dépaysement ou le plaisir, ou d’une œuvre qui doit selon moi porter un message, une émotion, un propos. Pour moi, il est impossible de dire qu’un type d’objet (tableau, jeu ou PQ) est un produit ou une œuvre sans analyser l’intention de son créateur. Il me parait ainsi vain de disserter longuement de ce sujet en utilisant pour unique grille de lecture des catégories d’objets qui ne recouvrent – forcément – pas les intentions de l’auteur.
Pourquoi opposer une approche technique et artistique ?
Comment peut-on imaginer ne serait-ce qu’un seul instant que la technique n’est pas un moyen de parvenir à une démarche artistique (qui je le rappelle selon moi consiste à avoir, pour résumer, un truc à transmettre, message, émotion ou propos) ? Les deux ne s’opposent aucunement. Le chef d’œuvre va être cette création qui met au service de l’intention artistique de l’auteur une technique parfaite et à propos. La critique cinématographique telle que l’on peut la lire dans les cahiers du cinéma me semble particulièrement parlante. Les critiques y jugent si la technique est au service de l’œuvre et (presque) rien d’autre. Ainsi, ils vont encenser la captive du désert de Depardon, film entièrement en plans fixes, que je me permets de qualifier de soporifique, mais parfait pour retranscrire l’enfermement de la dite captive. Enfin, pour ce que j’en ai compris !
La technique est belle et bien pour moi au service de l’intention ou des intentions de l’auteur. Il ne fait aucun doute que l’on peut l’évaluer, et, en l’occurrence pour des créations interactives, la tester au sens où l’on fait fonctionner l’interaction qui nous ai proposée.
C’est quoi une critique ?
Pour moi, c’est un propos qui disserte de l’intention artistique de l’auteur et du fait que la technique employée soit ou non appropriée. Là, j’ai envie de dire, pour avoir des critiques, il faut simplement les mériter. Je suis curieux d’entendre nos auteurs de jeux de société m’éclairer sur leurs intentions artistiques afin de me prononcer… j’avoue que pour l’heure, je reste très dubitatif sur le fait de jouer à des œuvres pour la plupart des jeux. Je ne parle évidemment pas ici du travail graphique.
C’est quoi un test ?
Un test va permettre de valider si la technique est maitrisée. Ni qu’elle est adéquate, comme Sheila, ni que l’intention de l’auteur est discutable ou pertinente, mais juste que le créateur maitrise son truc et que l’effet recherché se produit bel et bien.
Dans le cas des jeux de société, il n’est pas toujours évident de deviner quel est cet effet recherché : parfois, on prend un jeu par le mauvais bout, avec la mauvaise grille de lecture, se trompant sur son genre. Néanmoins, si l’on ne se trompe pas, il est bien possible de montrer dans quelles conditions l’effet va se produire ou pas.
J’ai la chance à la fois de réaliser des avis sur les jeux de société depuis 16 ans (d’abord sur La Guilde de 1999 à 2004 env, puis sur Ludigaume, toujours aujourd’hui de temps en temps), de bien connaitre ce qu’est un produit ludique pour donner des cours à l’ENJMIN (école national du jeu et des médias interactifs) et d’être un ergonome dont une partie de l’expérience professionnelle a consisté à réaliser des tests dits « tests utilisateurs ». Je sais, je me la pète, mais avouez que cela donne du poids à ce qui va suivre !
Je n’ai JAMAIS vu un test de produit conduire au fait que le testeur donne son propre avis. En d’autres termes, celui qui teste le produit ne le teste pas vraiment mais le fait tester par d’autres personnes qui eux, donnent leur avis. Ces avis sont recueillis et synthétisés par le testeur puis associés à des données variées (comportementales, erreurs/incompréhensions, questionnaire…) qui vont permettre d’évaluer la qualité du dit-produit. C’est la démarche qu’adopte nombre d’auteurs de jeu de société, avec plus ou moins de rigueur et de connaissance en la matière (cela ne s’improvise pas, c’est un métier). Si cela vous intéresse, R.Kinizia détaille sa propre démarche dans l’ouvrage Rules of Play.
Dans leurs tests/avis/critiques de jeux de société sur internet, les personnes ont une autre démarche. Ils jouent et donnent leur avis. Ils ont ce que l’on appelle en ergonomie une approche experte : la majorité du résultat vient d’eux-mêmes. Il s’agit d’une démarche bien différente de la précédente car le résultat est fortement déterminé par la personne. Pour le faire moi-même, je sais que l’on échange pas mal avec ses camarades de table pour se faire un avis… mais cela ne change pas grand chose : au final, il s’agit de NOTRE avis, pas celui d’un échantillon représentatif.
Le problème qui apparait selon moi ici est double.
Le premier est que beaucoup de tests/avis/critiques de jeux de société sur Internet n’ont guère d’intérêt tant l’absence de protocole et de communication sur ce protocole est patente. Ce n’est pas le cas sur Ludovox qui, chose trés rare, prend la peine de mentionner et le nombre de parties, et les configurations testées. Rien que pour cela, on devrait leur foutre la paix et aller casser les pieds aux dilettantes qui sévissent ailleurs, mais passons. Donc, même fait avec l’approche experte décrite plus haut (faut suivre hein !), cela ne dispense pas d’un protocole, transparent, c’est important.
Le second problème est plus fondamentale et plus complexe. je vais essayer d’être clair mais ce n’est pas ma spécialité. Nous ne donnons pas notre avis sur des longueurs ou des temps aisément mesurables. Nous donnons notre avis sur une expérience très subjective : jouer. Cette expérience est le fruit d’une rencontre entre une attitude, la notre, et un objet, le jeu (ce n’est pas moi qui le dit, c’est à la base de nombreuses théories sur le jeu). Ceci implique que tout le monde ne joue pas à tous les jeux juste sous prétexte que c’est un jeu ou un jouet. Il faut également avoir la bonne attitude : l’envie de se fixer des limites et une aptitude à éteindre sa crédulité. Ce n’est pas rien. Ceci rend l’expérience de jeu extrêmement fluctuante et personnelle : en fonction de son état, de qui joue avec nous, du thème du jeu…etc. Tout cela est très versatile et complexe. Du coup, je trouve, personnellement, qu’être en mesure de décliner un protocole qui va maitriser cette variabilité est une gageure. C’est pas faux.
Alors que faire ?
Aujourd’hui, quand j’écris sur Ludigaume, j’essaye de raconter cette rencontre avec un jeu, renouvelée quelques fois ou non, relatant un vécu, des expériences situées comme on dit pour faire bien. Le fait de ne pouvoir tout maitriser m’incite à être le plus transparent possible sur ce que j’ai vécu, les contextes ou tout autre déterminant qui me paraitrait essentiel. J’essaye de transformer les « ce jeu est patati patata » en « je me suis amusé/ennuyé et voilà pourquoi à mon avis ». Il ne s’agit pas juste d’une précaution sémantique, il s’agit bel et bien de fixer dans quelles limites mon avis est vraie.
Conclusion en forme de synthèse
Je pense que l’on peut très bien critiquer un jeu comme l’on peut donner son avis, voir faire l’un puis l’autre. Ou l’inverse. On peut même trahir une personne mille fois … mais…euh je m’égare.
Concernant les critiques, je crois qu’elles arriveront quand les jeux les susciteront.
Concernant les tests, je crois que c’est bien moins trivial qu’il n’y parait, c’est un métier et qu’il faut vraiment réfléchir à deux fois avant de se lancer.
Voilà, voilà…
Bon ben, je vais aller me coucher moi.
PS : c’est quoi cette idée Shanouillette que nous (?) « souhaitons faire progresser le monde ludique et le démocratiser ». Faire jouer ce qui veulent, ok. Fournir de l’info ok. Partagez sa passion, ok. Pour le reste… ça me fait penser à un missionnaire armé de ses jeux franco-belgo-allemands face aux primitifs hasbro/mattel. Le monde ludique a surtout besoin d’un coup de pied au cul anti-consumériste. Non…moi je dis vive le communautarisme ludique. Mais bon c’est un autre débat, voire plusieurs, et je ne suis toujours pas couché du coup !
PS 2 : tu peux remettre un sous dans le jukebox de Bruno, cela fait venir du monde sur Ludovox, la preuve je viens de m’inscrire 🙂
Shanouillette 06/12/2015
Merci XavO pour cette intervention brillante, étayée et construite, je partage complètement tout ce que tu décris là… De l’importance du protocole, la technique au service du jeu, à l’expérience subjective… À travers ça, tu décris bien toute la complexité de l’exercice du test et sembles bien comprendre ce que nous essayons de faire sur le Vox, et sincèrement, ça fait chaud au coeur .. alors juste merci 🙂
Concernant le consumérisme et la démocratisation, c’est en effet un autre débat et je vois bien ce que tu veux souligner ici. Pour moi, et ce que je voulais dire dans l’article par « démocratisation » c’est pas tant d’amener le j2s moderne au grand public via une colonisation évangéliste forcée, que d’ouvrir le j2s moderne vers une potentielle ouverture de droits pour les professionnels du milieu – et peut-être aussi de le faire découvrir à un public intéressé qui ignore juste son existence. Mais sur ce dernier point, c’est vrai que c’est parfois difficile de savoir à quel moment on évangélise et à quel moment on répond à une véritable curiosité naturelle émanent de l’autre…
Jeffyciacos 06/12/2015
C’est marrant, personne n’a parlé des notations (où alors ça m’a échappé…) qu’amènent les tests ET les critiques ET tout le reste…
Pour moi, critique, review, présentation, test, c’est quasi pareil. Car au final, je les utilise pour me forger une base d’avis sur le jeu que je souhaite acheter ou découvrir (ouais, les lecteurs / joueurs sont importants aussi… non?). Le test, c’est juste un travail plus approfondi d’une critique / review… Dans une critique, on donne notre avis global… Dans un test, on approfondi, c’est tout. Au final, il y aura toujours une même conclusion…
Critique ou test, chacun donne son avis par le procédé qu’il préfère, avec une conclusion et une note finale. (oui oui, on note aussi des films et des BDs (c.f. allociné, planèteBD…)). Parfois, on note même des personnes…
Le jeu, aujourd’hui, a quand même atteint un certain niveau de qualité… et un jeu dégueulasse (au vu de l’immense panel mondial et global des internautes joueurs) s’en prendra plein la gueule. Et un super jeu très réussi recevra des éloges… Donc, je pense que certains ont peur des notes, et d’autres non. Comme à l’école. Moi j’en avais peur car j’étais mauvais élève; je détestais être testé.
Si un auteur ou un éditeur ont confiance en leur travail et kiff vraiment ce qu’ils font, alors ils ne craindront ni les tests, ni les critiques, etc. J’en suis persuadé. Et si ce n’est pas le cas, alors il faudrait peut-être changer soi-même, plutôt que de chercher à faire changer les autres. ça leur met sans doute une certaine pression… Et c’est peut-être pour ça que ce sujet fait tant débat? Les critiques font sans doute moins réagir car ce sont juste des mini tests, sans grosses notes bien mises en évidences. Si les notes n’existaient pas, le débat n’existerait pas non plus. J’en suis presque certain.
Dans une critique, on donne notre avis après avoir joué à un jeu; dans un test, on donne notre avis détaillé après avoir joué à un jeu.
(Aussi, je pense qu’il ne faut pas oublier que critique ou test… ça ne concerne pas seulement le travail d’auteur hein… mais aussi et surtout celui d’éditeur.)
Pour moi, c’est le résultat final qui compte.
Après, nous, les pauvres petits internautes qui ont l’air d’être en bas de l’échelle pour certains… on est des grands garçons, et même si les tests sont très influents, on sait bien qu’un test ne sera JAMAIS représentatif à 100% de tout ce que pourrait nous apporter un jeu. Comme une mauvaise note à l’école… ça ne veut pas dire qu’on est mauvais et qu’on ne va pas réussir dans la vie. Et non, ça n’enlève en rien à la crédibilité recherché dans les tests de Ludovox, car ils sont pertinents.
Et puis franchement, les gens teste et critique ce qu’ils veulent. Qu’est ce qu’on s’en tamponne? Où est le réel danger? Des tests ou critiques qui peuvent tuer un jeu… ça doit arriver une fois par an…