The Wolves – Le loup est un loup pour le loup

The Wolves : le titre, un œil de loup dans lequel se devine une scène, du pelage. Une boîte à l’allure étrange. Et on l’ouvre, on découvre de quoi il s’agit, d’un jeu où chaque joueur incarne une meute. À vous de la faire prospérer en marquant votre territoire d’un pipi rapido ou plutôt d’un terrier, à vous de chasser les délicieux animaux de la forêt, à vous de convertir les solitaires… ou les autres joueurs. Et si les auteurs, Clarence Simpson et Ashwin Kamath, sont relativement frais dans le monde du jeu de société, ils ont pour autant le bagage d’être développeurs, respectivement chez Funko Games et dans le jeu vidéo.

 

Chandail de loup

Chaque joueur commence la partie avec son plateau personnel et quelques loups, placés stratégiquement autour d’une rivière centrale : la forêt est alors à nous. Enfin, la forêt ; disons plutôt que c’est la forêt, la plaine, les montagnes gelées ou rocailleuses. Et chaque joueur a son espèce de loup, avec son terrain de prédilection. Au-dessus de votre plateau : des tuiles réversibles qui représentent des terrains. Ce sera votre moteur d’actions. Sur votre plateau : des tanières, des repaires, des loups, savamment placés. Vous libérerez les espaces plus tard.

 

Et c’est parti. Le go est lancé pour nos loups qui s’élancent : les joueurs enchaînent les tours, chacun à réaliser deux actions. Une action peut coûter une, deux ou trois tuiles. Vous voulez déplacer vos loups ? Choisissez une de vos tuiles et déplacez autant de loup que votre stat de Meute, chacun d’un nombre de cases maximal équivalent à votre stat de Vitesse. Par contre, vous devez finir sur une case de destination à la couleur de la tuile activée. Puis retournez la tuile en question. Ces tuiles, je dois bien avouer que j’en avais peur au début : je craignais qu’elles ne soient trop limitantes, qu’elles créent de l’analysis paralysis. Que nenni : elles sont parfaites.

 

Chaque espèce de loup a un terrain de prédilection et une tuile terrain « garantie ». Ici, la forêt.

 

Mis à part le déplacement, on peut, avec un loup alpha, hurler pour récupérer un loup solitaire dans sa meute (ou ennemi, pour trois tuiles !), établir une tanière, pour deux tuiles, ou transformer une tanière en repaire. Les tanières améliorent votre plateau : elles sont retirées d’un emplacement et confèrent des bonus, mais aussi des points de victoire. Les repaires, quant à eux, sont impossibles à retirer du plateau et sont assez intéressants en termes de PV. Mieux, même, ils servent à des majorités.

 

Sélène, pas sereine

Trois fois dans la partie, la lune changera de phase. En effet, chaque pièce retirée du plateau, que ce soit un jeton loup solitaire, un repaire ou un loup ennemi, cela viendra sur un plateau de temps. Dès qu’une lune est atteinte, les zones correspondantes marquent des points en fonction de qui les contrôlent. Les loups donnent des points de contrôle, mais les tanières et les repaires aussi : de quoi vous inciter à les construire histoire de vous hisser en haut des meilleurs podiums. Ainsi, les zones du plateau ne se vaudront pas, et on espérera déplacer sa meute, créant des allées et venues très organiques sur le plateau. Cependant, si la carotte de ces lunes est assez attirante, ce n’est pas une fin en soi et on aura meilleur compte à surtout optimiser son développement avec des repaires et des tanières. Autre vecteur de points, vos animaux peuvent chasser. Si trois loups encerclent une proie, croc, c’est fini pour le petit animal, et vous récupérez des points et un jeton conférant, lorsque dépensé, une action supplémentaire.

 

Ça paraît si vaste en début de partie… et puis les meutes se lancent.

 

D’autres jetons, acquis lors de constructions particulières, confèrent un “terrain” supplémentaire, comme si vous utilisiez une tuile de plus. Pratique pour convertir les loups ennemis : comme il vous faut forcément trois tuiles, vous ne pouvez normalement convertir les loups ennemis que s’ils s’aventurent sur votre terrain de prédilection. Avec ces jetons aux vagues allures de camembert de Trivial Pursuit, vous vous sentirez puissant. Menaçant. Les simples placements de vos repaires, le choix des tanières, la densité des rangs de votre meute sont tous des facteurs qui viennent creuser une certaine asymétrie dans ce jeu avant tout systémique, dans cet environnement qui mute en permanence. L’adaptation est la clef.

 

Faire meute à part

De The Wolves, j’ai envie de retenir le nomadisme, cette sensation de territoire qui se crée, qu’on s’approprie, qui veut pousser la frontière jusqu’à l’infini. Et puis cette beauté dure de la nature. Les meutes ne sont pas là pour se faire des bisous : lorsqu’on se fait convertir une tanière ou un loup de meute (encore une fois, les alphas sont intouchables), on n’a d’autre choix que d’accepter, de repartir de l’avant, à moins de vouloir s’épuiser contre la meute adverse, au profit d’une troisième qui ramasserait les miettes du conflit. Mais le game design de The Wolves ne vous prive pas, ne vous fait pas retourner à la case zéro : puisque les pièces retirées du plateau sont envoyées sur le plateau Lune, chaque amélioration débloquée l’est pour le restant de la partie.

 

Avec son côté presque abstrait de prise de contrôle et de prise tout court, le tout thématisé mère nature bien vénère, The Wolves me fait penser à d’autres jeux au fonctionnement aisé et organique. Photosynthesis, sans nul doute, un côté mouvant et, qu’on me pardonne la répétition, organique à la manière d’un Living Forest, et peut-être même, surprenamment, le récent Ankh. On retrouverait presque les poncifs du dudes on a map, mais avec une aise et une liberté de mouvement qu’on ne voit pas tellement ailleurs – des airs d’eurotrash à s’y méprendre. Je ne dis pas que le jeu a une profondeur infinie, et il me semble même manquer un peu de leviers pour ça, mais, au termes de quelques parties, j’imagine que cela peut devenir un jeu à metagame, dans lequel on maîtrise les coups des adversaires avec des réponses appropriées et connues, dans lequel on a établi des codes sauvages… ensemble.

 

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7 Commentaires

  1. frédéric ochsenbein 05/12/2022
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    Un jeu qui a sa patte ^^

  2. Starfan 05/12/2022
    Répondre

    Bonjour,j’adore Photosynthesis bien que je le trouve un poil trop long. The Wolves me fait un peu penser à Barony avec son design,ses plateaux et ses jolies pièces en bois. Un joli jeu qui donne presque envie de lever la patte un peu partout dans le salon ou d’aller hurler sa joie à la pleine lune dans le jardin du voisin. Merci pour le joli article

  3. Nicolas 08/12/2022
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    Bonjour. Une édition française est prévue ?

    • Chips 09/12/2022
      Répondre

      Peut-être chez Catch Up Games qui a un partenariat avec l’éditeur (par ailleurs sur la sellette en ce moment)  ?

      Umberling, j’ai lu un retour plus que mitigé sur les parties à 4 et 5 joueurs (en gros vu le tempo avec lequel fonctionne le déclencheur de score les derniers joueurs dans cette config n’auraient aucune chance), est-ce que tu as pu jouer avec ces configurations ?

      • Umberling 07/07/2023
        Répondre

        Pas trop eu cette sensation à quatre, mais j’imagine qu’à cinq, ça peut être assez impitoyable, en effet.

  4. Umberling 13/02/2023
    Répondre

    Sera localisé par Gigamic sous le nom de Les Clans des loups !

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