LE TEST DE CARTOGRAPHERS : A ROLL PLAYER TALE
Un jeu de Jordy Adan
Illustré par Lucas Ribeiro, Luis Francisco
Edité par Intrafin Games, Thunderworks Games
Distribué par Intrafin Games
Langue et traductions : Anglais
Date de sortie : 2019-00-00
De 1 à 10 joueurs
A partir de 10 ans
Durée d'une partie entre 30 et 60 minutes

Thèmes : Aventure
Mécanismes : Dessin, Flip-and-Write, Pioche
Types de jeu : Jeu de cartes
Complexité du jeu : Amateur
Nombres de parties jouées : 8
Configurations testées : 2, 3, 4 joueur(s)

Introduction

Cartographers est un flip and write original puisque nous allons cartographier un territoire qui sort tout droit de l’univers de Roll Player, un autre jeu du même éditeur (mais avec une mécanique totalement autre). Le jeu était en lice pour le Kennerspiel mais c’est The crew qui l’a emporté. 

Nous avons ici la mécanique du duplicate, on a chacun une feuille devant nous et nous devons tous simultanément dessiner le polyomino illustré sur la carte que nous tirons, où on le souhaite sur notre fiche. Le jeu se joue en 4 saisons. À la fin de la première saison, le printemps, nous scorerons les points de la carte décrets A et B ; puis en été ça sera les décrets B et C, etc, chacun d’eux sont autant d’objectifs différents. On retrouve ce principe de scoring changeants mais connus à l’avance dans Isle of Skye par exemple. Dès le début de la partie on connait les conditions pour marquer des points et on essaie pendant la partie de composer au mieux selon ces contraintes, d’anticiper en laissant des cases vides, etc.

Plus d’infos ? Je vous en parlais par ici et nous vous proposons la chronique spéciale jeu solo par

 

Contexte

Principalement joué avec les enfants, 7 et 10 ans (précisions : ils ont joué avec moi, non en autonomie).
Je l'avais découvert pendant le festival de Cannes et était sorti mitigé, la partie était longue, le jeu m'avait semblé peu lisible, mais j'avais envie de lui donner une seconde chance.

Flip & Write, Roll & Write, Draw & Write, jeu à cocher... c'est pas tout à fait mon style de jeu, mais c'est un genre qui s'adapte bien à cette saison estivale et pour jouer avec des gens peu habitués aux jeux modernes. J'apprécie Welcome to, qui a été un précurseur dans le genre. Mais celui qui a convaincu ma fibre de joueur, c'est Demeter et ses combos qui le rendent moins statique et plus jouissif.

J'ai été un peu étonné par la nomination au Kennerspiel, non pas qu'il soit mauvais, mais je ne l'aurais pas personnellement intégré dans une sélection des 3 meilleurs jeux de l'année. Ce choix du jury montre néanmoins la prédominance du genre, n'oublions pas que l'année passée Très futé était présent dans le trio de tête.

 



ACCESSIBILITE DES REGLES
11
Clarté du livret de règles
Livret correct, sans plus
Clarté des explications. Pertinence, quantité, et précision des exemples
Explications assez confuses
Erreurs de règle, questions sans réponse après lecture, points flous
Gêne sur certains points de règle
Besoin de retour aux règles, facilité à retrouver l'info. Clarté et pertinence des aides de jeu
Retours pendant les premières parties. Aide de jeu basique

Les règles sont plutôt bien réalisée, sauf sur un point précis : les cartes ruines. Quand une carte ruine est piochée on doit dessiner notre polyomino sur une des cases ruines (elles sont quelques unes sur notre feuille), sauf si l'on n'a plus de cases ruines disponibles sur notre feuille de marque. Mais il y a sur notre feuille 8 case ruine donc il n'est pas possible que les cases ruines soient toutes complètes. Sauf si (et la règle ne le précise pas implicitement) quand on réalise un polyomino on peut le réaliser sur une case ruine. J'ai beau chercher ce point précis je ne le trouve nulle part sur la règle. 

QUALITE DU MATERIEL
13
Organisation de la boîte. Éléments de rangement fournis
Rangement assez simple et organisé. Éléments en bon nombre
Qualité des éléments et des matériaux
Correct
Ergonomie des éléments de jeu. Facilité de manipulation des éléments de jeu
Problèmes de lisibilité et de manipulation
Qualité des illustrations
Efforts appréciables sur les graphismes


Une petite boite facile à transporter, des cartes de bonne qualité avec des illustrations sympathiques et des feuilles de marques double faces.

4 crayons à papier (chez moi on dit gris, na ! ^^). On va dessiner nos polyominos sur notre feuille et pour les reconnaitre réaliser le petit dessin idoine, comme les arbres pour la forêt, les traits obliques pour les champs, les vagues pour la mer, etc. Si vous avez des crayons de couleur, c'est beaucoup plus agréable, on délimite assez bien nos zones, et les décomptes sont facilités. En réalité les crayons de couleurs deviennent rapidement indispensables.

La feuille de marque est agréable, elle est parcheminée, indique notre nom, notre titre (ça c'est pour le solo). J'aurais apprécié des cases plus grandes pour les décomptes, d'autant qu'il y avait la place. Tant pis. Nous avons un gros bloc note double face avec un côté différent. On va pouvoir faire un sacré nombre de parties.

Les cartes décomptes ou Décrets (4 par parties) auraient mérité un peu de clarté, certes elles sont explicitées dans les règles, mais on est dans un jeu qui se veut assez familial et on est obligés de s'arrêter pour les expliquer, les reprendre en main, réouvrir le livret de règle. En soit sur chacune d'elles nous avons un dessin qui nous donne son champ d'application, mais qui ne se suffit pas à lui-même, il faut lire le petit texte en-dessous qui est minuscule avec une police en blanc sur fond noir qui sied bien au thème du jeu certes, mais qui rend le tout encore moins lisible. Une vrai erreur d'édition. Même après plusieurs parties alors que nous sommes des joueurs on est obligés de se référer au manuel de règle à chaque fois. Dommage. 

THEME
12,5
Objectifs du jeu clairs
Les joueurs comprennent de quoi ça parle
Histoire racontée par la partie. Evolution dans la thématique.
On peut se refaire l'histoire après la partie
Cohérence des mécanismes et de la thématique
Ça colle à peu près
Cohérence du thème
Effort pour que les éléments de jeu collent au thème

La reine nous demande de cartographier son royaume, et elle nous récompensera en fonction des cartes décrets. Le thème me fait sourire et mon fils y a vu une contradiction lors de la première partie : mais la reine elle veut que l'on cartographie selon ses souhaits, c'est bien cela ?

- oui tout à fait, enfin c'est le thème du jeu.
- Donc, la reine elle veut qu'on lui mente en fait
- C'est pas faux

Bref. Chaque tour nous allons piocher des cartes et nous pourrons réaliser un polyomino où on le souhaite sur sa feuille, les cartes correspondant aux types de polyominos, par exemple la grande rivière sera un paysage lac, avec une exploitation agricole on aura le choix entre un paysage ferme ou village, etc. Cela fait plutôt sens ici.
Pour les cartes de scoring c'est un peu plus alambiqué, il faudra un petit peu d'imagination pour se figurer que les bois de la sentinelle représentent des bois sur les bords de notre parchemin.

Quoiqu'il en soit, ça reste agréable de composer sur son parchemin le territoire du royaume de Nalos. L'éditeur a été bien malin de l'intégrer dans la licence de Roll Player, voilà qui donne du corps au jeu en créant un lignage avec cet univers cohérent dans lequel on a plus envie de s'impliquer.
Quel plaisir de contempler notre réalisation à la fin de la partie (surtout si l'on s'applique et que l'on utilise des crayons de couleurs). 

 

DUREE DE VIE
14,5
Facilité à sortir : durée, profil de joueur, configurations de joueurs.
Il faut un peu de temps, sur quelques configurations.
Renouvellement : modularité des composantes de jeu / évènements aléatoires décisifs
Les parties se différencient assez sérieusement
Contenu additionnel
De petites variantes
Essouflement du jeu
On ne sait pas à quoi s'attendre

La durée de vie est assez conséquente, d'abord nous avons 16 cartes (divisées en 4 piles) scoring. Chaque partie se fera avec 4 d’entre elles et selon l'ordre d'arrivée, on jouera pas de la même façon. En plus la feuille de marque est recto verso et sur le recto nous avons une feuille légèrement différente (un gouffre se trouve au milieu et on ne pourra pas dessiner dessus). Il existe aussi une petite extension qui se compose de 8 cartes de compétences : en début de partie, on en place 3 visibles pour tous les joueurs. Une fois par saison on peut activer une des 3 cartes mais cela demande de dépenser nos pièces et vu que celles-ci nous donnent des points à chaque fin de saison, on y réfléchira à deux fois. Cette mini extension ne révolutionne pas le jeu, mais elle est comprise dans le jeu vendu en boutique. Certains reprochent aux cartes ennemis d'être trop peu nombreuses, cela aurait sans doute pu apporter plus de rejouabilité encore, mais c'est pas quelque chose qui m'a dérangé.

MECANISMES
12,5
Fluidité du tour
Fluide
Interaction et implication pendant le tour des autres joueurs
Interaction souvent présente
Équilibre : viabilité des stratégies, martingale / retard irrattrapable, fin de partie, Kingmaking.
Du choix dans les stratégies
Contrôle sur le déroulement : équilibre opportunisme / planification
Mélange de stratégie planifiée et de choix opportunistes

The Cartographers fait partie de ces jeux qui se jouent en simultané, on tire une carte et tous en même temps on dessine sur notre feuille. Néanmoins cela n'empêche absolument pas le phénomène de constipation neuronale et avec certains joueurs ça sera fluide, tandis qu'avec d'autres, ça va être plus long, le temps qu'ils réfléchissent quel(s) polyomino(s) (quand on a un choix sur la carte) il va dessiner et l'endroit où il va le dessiner.

Concernant l'interaction, elle reste assez faible, même si parfois des cartes monstres apparaissent et dans ce cas on devra réaliser la forme indiquée sur la feuille de son voisin (de gauche de ou de droite), une façon de l'embêter puisque ces cases monstres font perdre des points si on ne les entourent pas avec des paysages. Cette mécanique de passage de feuillet à son voisin n'est pas totalement nouvelle (on la retrouvait dans Penny Papers ou Doodle Island) elle est à double tranchant car certes elle ajoute un peu d'interaction, mais elle peut aussi légèrement frustrer, car tout à coup on se retrouve avec une épine dans le pied et on ne peut plus continuer notre village. Petit effet déséquilibrant si votre voisin bénéficie d'un joueur plutôt sympa qui lui place la tuile dans un lieu qui finalement ne le dérangera pas (avec les enfants ça arrive).

Chaque carte de scoring se comptera deux fois dans la partie : par exemple le premier scoring est compté à la fin de la saison 1, mais aussi à la fin de la partie.

On retrouve ce principe de scoring évolutif dans Isle of Skye par exemple. Dès le début de la partie on connait les conditions pour marquer des points et on essaie pendant la partie de tout prendre en considération. Le risque dans un jeu avec une mécanique de duplicate, c'est que l'on va peut-être tous faire la même chose et entre joueurs experts ça manque pas, on a peu de différence au final et les scores sont très serrés. Peut-être manquerait-il une carte privée qui nous forcerait à sortir de ce rail.

Quoiqu'il en soit, on planifie au mieux ; ce qui est intéressant c'est les cartes qui nous offrent deux choix, soit un petit territoire et une pièce, soit un grand territoire, mais sans pièce par exemple (sachant que les pièces vont scorer à chaque saison !). Entourer les montagnes est aussi un bon point car là aussi ça offre des pièces.



11
13
12,5
14,5
12,5


69%

L'avis de atom

Testeur Ludovox.fr

Publié le 23/07/2020

Commençons par ce qui fâche : des petits soucis d'édition dans les détails, la règle aurait pu être plus explicite sur certains points, et surtout, les crayons de couleurs s'avèrent rapidement indispensables (on aurait apprécié les avoir dans la boite). Je conçois que cela aurait fait monter la facture, mais sans couleur on est rapidement perdu dans nos zones qui se ressemblent, et pour décompter et visualiser c'est quand même beaucoup plus confortable. Pour être fair play il faut rappeler que la version française est à 20€ prix public, ce qui reste raisonnable.

Comme dans d'autres jeux du genre, l'interaction demeure limitée, même si ici on peut s'enquiquiner en posant des monstres sur la feuille du voisin.

Cartographers est un flip and write bien conçu, où l'on aime dessiner la carte du royaume de Nalos. D'ailleurs, comme souvent avec ce genre de jeux, on va garder les feuilles pour contempler nos réalisations en fin de partie. Il y a un petit sentiment d'accomplissement pas désagréable. Mais attention, ça peut être assez calculatoire tout de même !


  • game design solide

  • Dur à lire sans les crayons de couleurs
  • les cartes scorings peu lisibles.
L'AVIS DES JOUEURS

3 avis pour ce jeu

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