QUOI DE NEUF SUR LA CROISETTE – PARTIE 4 – FIJ 23 : Café Del Gatto, Fish and Cheat, Kites, Sa-ré, Scout, The Great Split
L’équipe est de retour du Festival International des Jeux de Cannes, quatre jours bien chargés où nous avons pu découvrir les jeux qui sont sortis et sortiront bientôt au cours de l’année 2023. Déjà le 4e volet de nos retours Cannois, pour en lire plus n’oubliez pas la partie 1, 2, et 3 !
The Great Split
Celui-là m’intriguait fortement car il propose une mécanique que j’apprécie particulièrement, le I split, you choose, en français « je partage et tu choisis ». C’est exactement ce que nous allons faire : au début d’une manche, nous avons tous plusieurs cartes en main, tous en même temps on va les glisser dans un portefeuille en carton à notre voisin de gauche. Mais avant cette petite opération, on va arranger les cartes comme on le souhaite et séparer en deux paquets. Une fois en main votre adversaire devra choisir l’un des deux paquets, et vous rendra le reste. Une fois que vous avez récupéré vos cartes, vous appliquez leur effet pour avancer sur des pistes ou pour des points de victoire. Au bout des six manches, vous marquerez des points en fonction de l’évolution de ces pistes et de leurs multiplicateurs. Bien sûr, il y a des petits twists, par exemple, de temps en temps, avancer sur une piste vous permet d’avancer sur une autre.
Si l’on excepte la mécanique de partage, le reste s’avère assez classique, on retrouve des scorings de fin, des scorings en cours de partie qui orientent votre jeu et les partages. The Great Split n’est pas désagréable loin s’en faut, mais j’ai tout de même eu du mal à m’enthousiasmer ; j’ai souvent eu la sensation que je devais équilibrer au mieux pour ne pas être perdant, sauf peut-être vers la fin où je pouvais faire des propositions un peu plus piquantes.
L’édition est très qualitative avec ses plateaux double couche plutôt classieux, et ses illustrations sobres et lumineuses signées Weberson Santiago que je n’avais jamais vu dans cet exercice Art moderne (il est fort le bonhomme). The Great Split se joue en 45 min et jusqu’à 7 joueurs en simultané, et c’est peut-être un atout à considérer.
Atom
Illustré par Weberson Santiago
Edité par Horrible Guild, Iello
Kites
On pourrait décrire Kites comme un Kitchen Rush épuré. Six sabliers de couleurs et durées différentes sont disposés sur la table. Les joueurs ont des cartes cerf-volant en main qu’il devront jouer une par une dans l’ordre du tour. Celles-ci sont associées à un ou deux sabliers de même couleur que l’illustration. Pour que le groupe remporte la partie il lui faudra avoir joué la totalité des cartes de la pioche sans qu’un sablier ne se vide. A chaque fois qu’une carte est jouée le ou les sabliers correspondant sont retournés.
On peut parler librement à ses partenaires pour se coordonner. Parfois on attendra qu’un sablier soit presque vide pour le retourner et avoir ainsi un peu plus de répit pour la suite, d’autres fois au contraire il faudra jouer vite pour refaire sa main et espérer piocher enfin une couleur de sablier que personne n’avait et pouvoir ainsi le retourner à temps.
Le mode normal nous a semblé assez simple à quatre, puis nous sommes passés au mode expert qui rajoute des cartes Intempéries et qui relève franchement le niveau de difficulté (celles-ci imposent un draft ou de retourner l’ensemble des sabliers ou enfin de jouer un tour de table sans parler).
Kites n’est pas soumis à l’effet leader puisque la pression des sabliers qui défilent ne laisse pas le temps d’avoir de longues discussions. Il ne faut pas non plus sombrer dans la frénésie car on risque de renverser les sabliers un peu trop souvent ! Il ne s’agit pas tant d’un jeu de rapidité que de communication et de coordination entre coéquipiers. Il s’adresse à un public familial.
Personnellement je l’ai apprécié, mais je me demande si je ne m’en lasserai pas assez rapidement, car je crains que les parties ne se ressemblent un peu trop les unes des autres.
Après Time of Empires il y a quelques mois (qui boxait plutôt dans la catégorie expert), j’ai l’impression que la mécanique de gestion de sabliers a le vent en poupe (comme un cerf-volant ?).
Manu
Scout
Ce jeu de cartes est remarquable par plusieurs aspects : le dernier de la gamme Oink, éditeur japonais réputé pour ses petites boites visuellement attractives qui peuvent renfermer de belles propositions, une nomination au Spiel 2022, et une proximité évidente avec Carro combo. Comme dans ce dernier, la main de cartes n’est pas à reclasser, autrement dit notre main reste dans l’ordre de distribution, seulement nous allons pouvoir retourner et révéler l’autre côté de la carte (haut/bas) où les chiffres sont différents et offrent d’autres combinaisons.
Autre différence, dans le fait de pouvoir recruter une carte précédemment jouée, le tout étant non pas de survivre aux tours des autres joueurs, mais de faire des combinaisons plus fortes, qui remportent des cartes (PV).
Des différences fines, oui mais qui en font un jeu qui a son attrait particulier. Personnellement, j’ai beaucoup aimé, par contre comme Carro combo c’est à bannir à 5 joueurs.
Natosaurus
Un jeu de Kei Kajino
Illustré par Jun Sasaki, Rie Komatsuzaki
Edité par Oink Games
Fish and cheat
Un joueur va poser une question et montrer la réponse à tous les joueurs autour de la table. On aura au préalable distribuer des tuiles de poissons. Chaque joueur va devoir donner une réponse : les poissons rouges vont raconter un peu ce qui leur passe par la tête, tandis que le possesseur de l’unique tuile poisson bleu, va lui devoir dire la vérité. Le joueur qui a posé la question va éliminer une par une chacune des réponses en évitant soigneusement la bonne réponse.
Évidemment ce genre de jeux est plutôt drôle, surtout si vous avez les joueurs adéquats sous la main (comprendre, pas moi ^^) à savoir les joueurs qui vont savoir broder et raconter n’importe quoi tout en essayant de rester crédible, dans la forme et dans le fond. Si vous connaissez J’y crois j’y crois pas ou le Fictionnaire, rien de nouveau à vous mettre sous la dent, mais sinon vous vous laisserez surprendre par ce petit jeu qui devrait plutôt s’appeler « Noyer le poisson » !
Atom
Un jeu de Rob Piesse
Edité par Gigamic
Sa-Ré
L’Égypte ancienne, ses pharaons, ses architectes, ses pyramides, une grande civilisation de bâtisseurs… Mais saviez-vous que la clé de l’approvisionnement des indispensables matériaux se faisait avec une prise de risque ? C’est le parti pris de Sa-Ré, deuxième jeu de l’éditeur Nostromo et de son auteur François Bachelart, suite à une campagne participative avortée. Dans ce jeu, vous allez devoir construire des bâtiments, ainsi que votre pyramide, à l’aide de ressources. Jusque là, rien de nouveau sous le soleil du Nil. La nouveauté vient de la méthode de récupération des ressources, qui se joue via une mécanique de stop ou encore. Cœur du jeu, on va successivement piocher une carte pour espérer obtenir suffisamment les ressources requises et éviter la rébellion de nos ouvriers, car cela nous ferait perdre notre tour avec une faible compensation. Certains bâtiments permettent de réduire les coûts de construction, stocker plus, construire plus. La finalisation de votre pyramide sera la clé de la victoire.
Mécanique surprenante pour un jeu de construction et d’optimisation ? Assurément. Néanmoins, pas sûr que les grands architectes égyptiens auraient validé le concept. En effet, une grande frustration naît de cette mécanique. Louper un tour suite à un mauvais tirage, là où d’autres progressent en mode win-to-win avec leur réduction de coûts grâce aux bâtiments construits, et c’est l’assurance d’un sentiment d’injustice. Ajoutons à cela un zeste de hasard (cartes piochées face cachée dans certaines situations récurrentes, progression de la rébellion plus ou moins forte), et cela suffira à faire maugréer autour de la table et avoir un sentiment d’insatisfaction, là où on attend généralement l’inverse (surtout quand on rate un bâtiment à une ressource près). Sa-Ré, avec sa boîte superbe et son thème très parlant pour moi, était une de mes grosses attentes, mais finalement je repars déçu. Rien ne vaut une bonne méthode kanban pour construire une merveille, plutôt que l’incertitude.
Meeple Cam
Un jeu de Francois Bachelart
Illustré par Mara
Edité par Nostromo Edition
Cafe Del Gatto
Nous sommes des Charistas (des félins baristas), dans notre café, nous servons plusieurs boissons, et ça tombe bien car on va devoir en réaliser cinq pour terminer la partie. Pour cela, il nous faut acheter des tuiles dans un présentoir vertical organisé en deux colonnes, soit de café soit de lait, et les placer dans une de nos tasses. Le petit twist ici c’est que l’on paiera le coût de la tuile adjacente, si l’on achète une tuile lait on paye le coût de la valeur de la tuile café adjacente, et vice versa. L’effet Kiss-cool ? cela décale la colonne et les valeurs à payer. Au lieu de prendre une tuile café, on peut prendre deux sous, mais évidemment, c’est moins bien car nous sommes dans une course…
Une fois une boisson terminée, on prend le jeton point de victoire correspondant à la valeur cumulée des tuiles. Voilà comment on va faire des points ici, mais aussi gagner quelques pièces selon sa composition, en préférant composer sa tasse avec des symboles identiques.
Café Del Gatto a eu du mal à nous emballer, il reste très classique et n’apporte rien de très nouveau. Peut-être qu’il s’avèrera plus captivant pour un jeune public avec sa jolie édition, son présentoir et ses tuiles en bakélite, et surtout ses petits chats baristas aux gros yeux gourmands.
Atom
Un jeu de Julia Wagner, Lena Burkhardt
Illustré par Robin Struss
Edité par Schmidt
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frédéric ochsenbein 02/03/2023
The Great Split me fait penser à San Marco, mais San Marco apportait en plus les interactions de pose sur la plateau de jeu (à quand une réédition ^^)
atom 03/03/2023
Ah, je ne connais pas San Marco, je vais regarder, merci 🙂
morlockbob 04/03/2023
tu connais peut être sa version poche Canal Grande