PAX UNPLUGGED 2022 – Parfum d’Essen à Philadelphie

Les États-Unis sont constellés de myriades de salons tout au long de l’année. Si la Gencon reste le plus grand, le second qui se démarque depuis quelques années est celui-ci : PAX UNPLUGGED. Notre chroniqueur Thegoodthebadandthemeeple s’y est rendu, et nous propose une visite des lieux, et un retour sur les jeux qu’il a pu pratiquer.

Suivez le guide !

 

Tous les ingrédients d’un bon salon

Le lieu

Philadelphie est une grande ville Nord Américaine à l’image de New York. Elle abrite un « Convention Center » en plein centre ville. D’une taille proprement immense, il est si grand que deux événements y rentraient cette année. Il y a donc matière à agrandir le lieu pour y accueillir encore plus d’exposants et de visiteurs.

Le lieu est particulièrement bien placé, en plein centre ville, dans un coin magnifique. Le marché attenant offre aussi un choix de repas santé à prix abordable. Enfin, beaucoup d’événements ludiques étaient proposés en marge, étant donné l’excellente situation géographique du centre.

 

 

Les organisateurs

PAX, ce sont quatre salons aux États-Unis. Trois sont dédiés aux jeux vidéos, et celui-ci uniquement aux jeux de société. C’est donc une professionnalisation à l’année, qui offre un gros salon parfaitement maîtrisé :

  • Exit l’attente, pratiquement inexistante malgré les milliers de visiteurs.
  • Une sécurité maîtrisée avec des portiques anti-armes et des restrictions covid claires et sans appel (Masque en tout temps et deux doses de vaccins pour tous).
  • Une application dédiée pour planifier son salon avec les plans, listes d’exposants, outil de recherche sur plan…
  • Un salon tout compris comme Essen, pas de nombreuses activités payantes comme a Origins ou Gencon.
  • Et bien d’autres choses bien fichues encore…

 

La date

Encore un choix parfaitement judicieux que de tenir le salon un mois après celui d’Essen. Cela permet aux éditeurs de présenter leurs dernières nouveautés ET aux organisateurs de proposer des tables de toutes les sorties notables qui n’ont pas encore été éditées aux États-Unis et qu’ils ont ramenées d’Essen. Le tout dans un espace « First Look » dédié avec une centaine de tables. Dingue ça !

Sans oublier les plaisirs de décembre, le marché de Noël à deux pas, la parade du père Noël, et toutes les décorations. De quoi donner envie de revenir !

Bilan : J’ai joué, beaucoup. Et c’est ce qu’on attend d’un salon finalement !

Silence, on joue !

J’y suis allé pour la première fois (et pas la dernière) avec ma grande fille de 7 ans, ici nommée Petit Pika, les photos parleront d’elle-même. Voici donc toutes les nouveautés familiales auxquelles nous avons jouées. Avec un feedback de salon, bien évidemment à prendre avec des pincettes.

 

Scout

Chez Oink Games, la nouveauté de l’année, nominée au Spiel est Scout. Un jeu présenté sous le format petite boite pour un jeu de plis hors normes.

Difficile d’imaginer aujourd’hui qu’on puisse sortir un jeu de pli novateur, retord et extra simple. Pourtant celui-ci en est un. Dans Scout vous avez une main de cartes de chiffres de 1 à 9, chaque carte ayant un chiffre en haut et un chiffre en miroir en bas. S’il est possible de retourner les cartes, c’est un gimmick qui offre juste un peu plus de choix.

La main de départ est fixe et on ne peut pas ordonner ses cartes, seulement retourner son jeu pour choisir la meilleure main.

Le sel du jeu vient du principe de combinaison. Chacun son tour, les joueurs doivent

  • soit poser une combinaison supérieure au joueur précèdent (suite < cartes de mêmes valeurs < Nombre de cartes de la combinaison), et convertir la combinaison dépassée en points,
  • soit lui offrir un point et prendre l’une des cartes de l’extrémité de sa combinaison dans le sens qu’il désire.

La manche se termine lorsqu’un joueur se débarrasse de toutes ses cartes.

La subtilité réside dans la préparation de sa main pour obtenir la meilleure combinaison tout en prenant des points. Embellir sa main est la clé. Mais cela demande une certaine gymnastique pas évidente pour tirer le meilleur parti de sa main de départ.

Un excellent jeu, qui termine dans notre ludothèque par sa simplicité et sa profondeur. Petit Pika y jouera et prendra autant de plaisir que ses parents.

 
Un jeu de Kei Kajino
Illustré par Jun Sasaki, Rie Komatsuzaki
Edité par Oink Games

 

 

The Diamond Swap

Chez Oink Games toujours, nous découvrons The diamond swap, un jeu d’observation qui vous met dans le rôle d’un voleur de diamants, ou d’un surveillant. Chacun possède des faux diamants de tailles différentes (mais très proches). Pendant la phase de fermeture des yeux, le voleur va échanger l’une de ses fausses gemmes avec celle du coffre et essayer de ne pas se faire prendre.

S’ensuit un débat sur la gemme qui a été échangée. Si elle est trouvée, ce sont les surveillants qui remportent 1 point, dans le cas contraire, le voleur est récompensé. Il est évidemment permis de mentir. À chaque gemme est associé un chiffre estimant sa taille, et nous savons ce avec quoi chaque joueur débute. Il faut donc jouer d’observation et d’arguments pour embobiner son ou ses adversaires.

Atypique, mais pas exceptionnel à notre gout.

 

Un jeu de Jun Sasaki
Illustré par Jun Sasaki
Edité par Oink Games

 

 

Town 66

Chez Oink Games encore, la sortie de l’année dernière était Town 66, un jeu de tuiles, plutôt abstrait, où vous devez placer vos tuiles chacun votre tour et être le dernier à le pouvoir. Chacune a une couleur et une caractéristique. Le tout sur un carré de 6×6 en partant du coin en haut à gauche.

J’avoue n’avoir pas saisi la subtilité du jeu. C’est assez hasardeux et difficile à maîtriser.

 

Un jeu de Jun Sasaki
Illustré par Jun Sasaki
Edité par Oink Games

 

 

Quickity Pickity

Et la toute dernière sortie Oink Games, c’est Quickity Pickity, un jeu de rapidité haut en couleur ! Vous avez toute une série de tuiles avec un fruit, une face et un motif différent. Le but est de piocher à l’aveugle et faire des sets de fruits avec toujours deux critères identiques, en temps réel.

Les contraintes varient beaucoup, parfois ce sont les séries de grande taille, ou uniquement les séries paires qui valent la peine, ou encore certains fruits particuliers. La manche se termine lorsque les trois tuiles singes sont révélées. Et c’est reparti avec de nouvelles contraintes !

C’est rapide, c’est la foire d’empoigne, et on rigole bien à confondre une pile pour tenter d’avoir le plus de points. Petit Pika approuve malgré la frustration.

 

Un jeu de ましう(Mashiu)
Illustré par Jun Sasaki, Rie Komatsuzaki
Edité par Oink Games

 

 

Challengers

FFG n’était pas présent sur le salon, mais plusieurs boites de Challengers avaient été ramenées d’Essen. Voila une promesse curieuse qu’offre ce jeu : vous proposer un tournoi de deck building par paires. La thématique rejoint plus ou moins Millenium blade, mais la profondeur est nettement moins importante.

La portion deck building est présente, mais la portion jeu de la carte est inexistante puisque chaque manche consiste a simplement dérouler son deck carte par carte en suivant les règles.

Cela donne un jeu probablement rigolo entre amis autour d’une boisson, mais franchement très limité en stratégie. J’en attendais mieux.

 

Un jeu de Johannes Krenner, Markus Slawitscheck
Illustré par Jeff Harvey
Edité par Z-Man Games

 

 

Coral

Dans Coral, vous devez faire évoluer votre espèce de corail pour qu’elle recouvre le plus d’espaces possible lorsqu’il est vu d’en haut.

Vous avez à votre disposition des pièces en 3 dimensions fort jolies, en forme de coude. La règle de placement est simple et subtile :

  • Posez un corail adjacent à la position de votre pion.

ou

  • Déplacez votre pion dans une zone hors de la couleur de votre corail et sa couleur actuelle.

Tout ceci donne un jeu abstrait rafraîchissant et zen. Ça fonctionne bien à 2, 3 ou 4 et Petit Pika a bien aimé.

 
 
Un jeu de Tangi Tabuteau
Illustré par Tatiana Boyko
Edité par 2Tomatoes

 

Applejack

Dans Applejack, vous allez réaliser un verger rempli de fleurs et de pommes. Le thème est bien respecté et de nombreuses variétés de pommes, bien réelles y sont représentées.

Le principe de sélection (sur une sorte de roue qui alterne chaque joueur) en fait un jeu d’optimisation pure sans la moindre interaction. On y combine ses tuiles pour maximiser les profits et acheter de nouvelles tuiles.

 

 

Et c’est d’une platitude extrême. Sans parler d’une qualité de matérielle indigne de n’importe quelle production actuelle. (Plateau ultra fins, carton qui vrille partout). À ceci s’ajoute une lisibilité mauvaise. Les pommes sont belles et réalistes, mais n’espérez pas les distinguer avec une lumière d’ambiance ni y jouer avec vos amis qui ont des troubles de la vue…

 

Un jeu de Uwe Rosenberg
Illustré par Lukas Siegmon
Edité par The Game Builders

 

Super Mega Lucky Box

Gamewright propose toujours une gamme de bons petits jeux familiaux. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont pour partenaire Cocktail Games.

La sortie récente Super Mega Lucky Box, au titre outrageusement tapageur et au look définitivement sorti des années ’70 (mais remanié de façon plus actuelle par Cocktail Games, justement) propose un jeu de flip & write ultra familial et efficace.

En bref, chacun a ses grilles de chiffres et doit barrer le chiffre sorti. Les lignes et colonnes pleines déclenchent des bonus en cascade, à l’instar d’un Très futé en simplifié. Il est possible de modifier les valeurs grâce aux éclairs, et le jeu ne s’éternise pas. Trois manches et c’est fini. On peste, on espère et on combote.

Ça fonctionne comme une horloge, et ça ravit Petit Pika. Nous ne repartirons pas avec, car je préfère le design Cocktail Games, en attendant qu’il traverse l’Atlantique.

 
Un jeu de Phil Walker-Harding
Illustré par Serge Seidlitz
Edité par Cocktail Games, GameWright

 

 

Teeter Tower

Voila probablement la sortie Gamewright de la période. Ce petit jeu d’adresse qui nous a été présenté par ses auteurs ne paie pas de mine. Il propose un Jenga coopératif à base de dés pour soutenir des tuiles. À votre tour, brassez quatre dés, et choisissez la plateforme la plus adéquate. En effet, vous ne pouvez que placer des dés de la couleur de plateforme sur les emplacements sans valeurs, ou des dés de la bonne valeur dans leur zone. Sueurs froides garanties !

On réfléchit un peu tous ensemble, on essaie, et patatras, tout s’écroule. Et on y retourne 🙂 C’est bon signe !

 

Un jeu de Aaron Crow, Ryan Scott
Illustré par Mitch Morris
Edité par GameWright

 

Shifting Stones

Shifting stones propose un défi de combinaisons purement abstrait. Chacun son tour peut utiliser sa main de cartes pour déplacer/retourner des tuiles ou réaliser l’objectif demandé, sur un carré de 3×3. C’est aussi simple que ça, mais il faut tout de même penser à son coup.

Probablement meilleur à deux joueurs pour éviter la malchance, cela reste un beau jeu, mais qui tombe à plat pour moi.

 

Un jeu de J. Evan Raitt
Illustré par Kwanchai Moriya
Edité par GameWright

 

Starship captains

CGE avait le privilège d’avoir son salon dédié, avec beaucoup d’espace et des horaires élargis. Qu’à cela ne tienne, c’était la meilleure occasion de ne pas faire la file samedi matin, et s’asseoir pour tester Starship Captains, la nouveauté CGE dans l’univers de Galaxy Trucker, et dans le calibre des ruines perdues de Narak.

Le premier contact visuel avec le jeu est vraiment aguichant. Très coloré, bien illustré et très lisible, le jeu propose un plateau personnel multi couche et beaucoup de meeples colorés en plastique. Le jeu ne révolutionne rien. Il propose de gérer son vaisseau, et se balader dans la galaxie pour réaliser les meilleurs contrats et botter les fesses de méchants pirates.

La gestion de ses meeples est subtile en ce sens que chaque couleur a une fonction particulière, mais que tous sont capables de réparer le vaisseau, la besogne de bas étage, parfois essentielle quand même. Le jeu est donc un jeu de pose d’ouvriers non bloquante, où gérer son affaire sera au cœur du jeu, en combinant au mieux les effets, et en se plaçant sur les pistes galactiques pour gagner toujours plus de points.

Le jeu est rempli de petites combos satisfaisantes, et tombe pile dans le registre familial plus sans prise de tête. Je regretterai personnellement le manque d’interaction. L’époque vous me direz ? oui, hélas.

 

Un jeu de Peter B. Hoffgaard
Illustré par František Sedláček, Jakub Politzer, Jiří Kůs, Jiří Mikovec, Mergen Erdenebayar, Radim Pech
Edité par Czech Games Edition, Iello

 

Cat in the box

Si le buzz d’Essen était ce petit jeu de plis, il n’en a pas été ainsi ici. La faute peut-être à un prix abusif (25$ à Gencon, 40€ à Essen, 35$ à PAX, cherchez l’erreur)…

Ceci étant dit, Cat in the box propose un jeu de plis particulièrement profond et technique, jugez vous-même :

Les valeurs de cartes du jeu n’ont pas de couleur définie. Mais chacun a un plateau, et le joueur qui débute détermine la couleur du pli. Les autres joueurs peuvent servir, couper en rouge ou pisser. Mais attention, s’ils ne servent pas, ils perdent pour la manche le droit de jouer la couleur qu’ils ont posée.

Ok, mais pourquoi une couleur ou une valeur plutôt qu’une autre ? Parce que un plateau centrale figure chaque couleur avec un emplacement par chiffre. Et à chaque fois que vous jouez, vous devez le faire dans une case vide et y placer un de vos jetons. Tout cela ne serait pas assez retors sans cette couche supplémentaire :

  • En début de manche, vous devez miser sur le nombre de plis que vous ferez, si vous visez juste, vous aurez un bonus équivalent à votre cluster de jetons le plus grand joué lors de cette manche.
  • Pensez donc à deux fois lorsque vous jouez une carte, car ce bonus peut vous rapporter plus que les simples plis.
  • Notez aussi que les couleurs ne sont pas équivalentes. Sur le plateau central, elles ont un ordre particulier qui rend le vert moins pénalisant à abandonner que le bleu qui vous coupe du rouge pour le cluster de la manche…

Cat in the box propose donc un vrai challenge pour un jeu de plis, riche et à la fois exigeant.

 

Un jeu de Muneyuki Yokouchi
Illustré par Osamu Inoue
Edité par Hobby Japan

 

Nanga Parbat

Au détour du salon, j’ai passé le temps d’une partie chez Dr Finn Games, à qui l’on doit l’illustre Biblios, mais qui hélas ne m’a jamais convaincu sur un autre titre. Nanga Parbat ne sera pas non plus celui-ci.

Au menu, un thème népalais atypique pour un jeu à deux, typiquement abstrait. J’ai eu plaisir à jouer avec Ms Finn, avec un matériel de qualité. Le gameplay en lui même est imbriqué et très abstrait.

Pas pour moi.

Un jeu de Steve Finn
Illustré par Julian Tunni, Ossi Hiekkala
Edité par Dr. Finn’s Game Co

 

Shake That City

AEG présentait son prochain Kickstarter. Un jeu familial de pose de tuiles sans grande interaction, avec un gimmick cartonné permettant de sortir 3×3 cubes aléatoirement d’une petite boite magique. Le joueur actif va choisir une couleur et son pattern associé pour le placer dans sa ville, les autres joueurs pourront alors choisir seulement l’une des autres couleurs.

Chaque couleur score différemment, ainsi que des points sont octroyés aux lignes et colonnes remplies correctement.

Cela donne un jeu familial sans grande profondeur ni saveur à mon gout. Si un Cascadia peut vous emporter par son thème et son matériel, Shake that city est beaucoup plus fade. Chacun optimise dans son coin, et le meilleur analytique a gagné !

 

Un jeu de Kåre Torndahl Kjær, Mads Fløe
Illustré par Olga Kim
Edité par Alderac Entertainment Group

 

Evergreen

Voici un jeu magnifique, au principe d’ombre déjà vu dans Photosynthesis, mais sur un jeu moins abstrait et dans une thématique de terraformation de planète. Lors de quatre manches où le soleil éclairera de quatre cotés la planète, vous allez faire grandir vos forêts sur cette planète de façon à maximiser vos points. Ceci grâce à un draft de région et de pouvoir. Ce dont personne ne voudra, déterminera une partie du scoring final.

 

 

Le matériel aide à se projeter et la mécanique subtile de pousse des arbres, des buissons et des lacs. Un jeu intéressant au scoring évolutif et pas facile à anticiper.

Un jeu agréable, probablement le plus technique de tous les jeux « verts » que j’ai pu essayer.

 

Un jeu de Hjalmar Hach
Illustré par Wenyi Geng
Edité par Horrible Guild

 

Le salon

Place au salon en quelques photos pour vous imprégner de ces moments ludiques !

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