Participatif, la sélection naturelle N°107 du lundi 11 mars 2019
N° 107
Salutations ludico-participatives !
► Mon emploi du temps est toujours aussi aléatoire et imprévisible mais la semaine passée, c’était dans le bon sens. En effet, j’ai pu trouver quelques heures pour vous faire une petite chronique à l’ancienne. J’ai tout de même été obligé d’élaguer et j’ai donc volontairement zappé certaines campagnes non financées.
► En effet, cette période se distingue par le fait que nombre de campagne réussissent fort bien, même s’il n’y a pas de gros carton, mais aussi parce que beaucoup d’autres peinent à réunir les subsides nécessaires voire n’y arrivent simplement pas.
Bonne lecture, et à je ne sais pas quand !
Évolution des campagnes en cours la semaine passée
► La campagne de Napoleon 1807 par Shakos s’avère être une sympathique réussite. Elle devrait au final réunir au moins le double de soutiens que celle de l’opus précédent ce qui est un très bon indicateur de la qualité du jeu (actuellement 62 000/10 000 $ et 530 soutiens. Fin le 22 mars).
► Aeon’s End: The New Age par Indie Boards & Cards, a continué tranquillement sur le même rythme que les semaines précédentes, autour d’une quarantaine de contributeurs par jour. Tranquillement, mais sûrement donc. Les 4 000 soutiens sont dépassés et le financement à 10 fois approche à grands pas (actuellement 395 000/40 000 $ et 4 200 soutiens. Fin le 15 mars).
Les projets qui ont le plus attiré mon attention (en bien comme en mal)
► Je passe très rapidement sur la campagne de Valeria Card Kingdoms : Crimson Seas par Daily Magic Games puisqu’elle a fait l’objet d’une news détaillée il y a peu. Je vous incite donc à vous y référer, je n’ai pour le moment rien à ajouter à ce que j’y ai écrit (actuellement 71 600/15 000 $ et 1 450 soutiens. Fin le 14 mars).
► Je disais la semaine dernière que les jeux abstraits semblaient faire un retour en force sur Kickstarter et ce n’est pas avec Iwarï par ThunderGryph Games que je vais changer d’avis.
Œuvre de Michael Schacht, Iwari est la réimplémentation sérieusement modifiée de son jeu Kardinaal & Koenig devenu ensuite Web Of Power en 2000, puis China en 2005 et finalement Han en 2014. C’est ce qu’on appelle du recyclage !
Le thème est à mille lieux de l’original, et pour s’en faire une idée un peu plus précise, je ne ferai pas mieux que l’éditeur lui-même : « De plus en plus, ils ont parcouru le monde d’Iwari. De plus en plus, ils ont incarné son esprit et façonné ses terres. Ils sont les intendants de la terre. Cinq Titans qui font respirer le cosmos. Sur Iwari, il n’y a pas de masses grouillantes, pas de civilisations à l’échelle du continent. L’humanité n’en est qu’à ses balbutiements, vivant en tribus dispersées dans la forêt, la toundra et le désert. ». Ça fait rêver hein ?
Mais qu’est-ce qu’il faut donc faire dans ce jeu ? Les joueurs représentent les tribus qui peuplent Iwari et qui vont partir à la recherche de leur identité en voyageant et en créant des colonies sur les cinq régions du plateau de jeu.
Iwari est un jeu de majorité puisque le but va être d’avoir le plus de tentes à soi dans un maximum de territoires adjacents et de construire des totems à la gloire des Titans en fonction des majorités de Totems dans les territoires adjacents. Je vous ai déjà parlé de mon amour immodéré pour les jeux abstraits (je HAIS les jeux abstraits) et donc là, théoriquement, je devrais avoir lâché l’affaire et être passé à autre chose. Mais mon devoir est de continuer, et je continue donc.
Parce que si je n’aime pas les jeux abstraits, j’adore les beaux jeu. Et avec Iwari, à cet égard on est servi. ThunderGryph Games a su se faire remarquer au cours de ses campagnes passées par le fait qu’il est un éditeur espagnol et qu’il propose de superbes jeux (beaucoup ne savent que trop de quoi je veux parler. En effet, sur Kickstarter les faits nous ont démontré que ces deux éléments étaient très souvent purement et malheureusement antinomiques). Pour ThunderGryph Games, je ne nommerai pour exemple que Tao Long et Tang Garden. De quoi se forger une très belle réputation.
Oui, Iwari est un jeu très beau. Du magnifique plateau de jeu double-face aux très belles illustration des cartes, des jolis meeples tentes imprimés aux magnifiques sculptures des totems en plastique, tout concours à donner envie de jouer. Et tout ceci est encore amélioré par les stretch goals qui tombent dru grâce au succès de la campagne, lesquels apportent tant de l’amélioration matérielle (meeples en place des marqueurs carton, totems plastique plus gros) que du gameplay (version coop, ajout de petites variantes, 3 nouvelles maps) au point qu’on se demande pourquoi le jeu n’a pas bénéficié d’emblée d’une appellation Deluxe. En effet, je parle là de la version de base, car il existe une version Deluxe, mais un peu particulière.
À mon sens, l’appellation « luxe » peut être ici considérée comme totalement usurpée si on prend en comparaison la version de base. Nulle amélioration de matériel, genre jeton en carton remplacé par des meeples ou des figurines comme dans tant d’autres jeux, mais uniquement du (très beau certes) matériel supplémentaire. Et pour cause, cette version dite Deluxe apporte « seulement » un surplus de gameplay, et donc les éléments qui vont avec (nouveau totems « void », meeples ruines, plateau de jeu alternatif avec nouvelle façon de jouer, version solo avec tout ce qu’il faut pour elle). Du coup, cette Deluxe s’avère en fait être bien plus une extension à la boîte de base, ce qui dans l’absolu n’enlève rien à son intérêt potentiel, d’autant plus que les 20 € supplémentaires demandés me semblent assez justifiés.
Toi qui me lis qui, comme moi, est sensible aux beaux jeux et qui, comme pas moi, aime les jeux abstraits, évites soigneusement cette campagne si tu as décidé de limiter tes dépenses ludiques. Dans le cas contraire, fonce ! (actuellement 302 000/30 000 € et 4 200 soutiens. Fin le 21 mars).
► Shem Philips a depuis longtemps bonne réputation dans le milieu du jeu de plateau, réputation qui s’est renforcée avec la trilogie des « …Of The North Sea » dont chaque opus (Shipwrights Of The North Sea, Raiders Of The North Sea et Explorers Of The North Sea, les deux derniers étant respectivement localisés par chez par Pixie Games sous les noms de Pillards De La Mer Du Nord et Explorateurs De La Mer Du Nord) a été salué par les joueurs.
Il y a tout juste un an, Garphill Games embrayait sur une nouvelle trilogie, que l’on peut nommer « … Of The West Kingdom » avec Architects Of The West Kingdom, également localisé en France par Pixie sous le titre Architectes Des Royaumes De l’Ouest.
Exit les vikings, bonjour le royaume des Carolingiens de notre bon vieux sacré Charlemagne (qui a eu cette idée folle…), et plus précisément à ce qui est aujourd’hui la France (presque). Le jeu fut un beau succès tant sur Kickstarter (plus de 5 000 soutiens) qu’en boutique après que les retours élogieux eurent fait leur petit effet.
Qui dit trilogie dit nouvel opus, et voici donc que débarque Paladins Of The West Kingdom (Paladins des Royaumes de l’Ouest in french) composé avec S. J. Macdonald. Le thème est plutôt guerrier : le royaume est sous la menace constante d’ennemis et les nobles décident de se sortir les doigts d.. prendre les choses en main et de constituer des défenses, aidés par le roi qui va leur envoyer ses meilleurs chevaliers (les paladins du titre). Thème guerrier certes, mais mécaniques de placement d’ouvriers, comme d’hab’ avec Shem Philips.
Pour glaner les tant convoités points de victoire, les joueurs vont construire des avant-postes et des fortifications, commissionner des moines et aller se friter avec les étrangers qui tentent de franchir les frontières. À chaque tour, les joueurs feront en sorte de bénéficier de l’aide d’un Paladin spécifique et assigneront des tâches à leurs petits meeples ouvriers. Il faudra surveiller son niveau de foi, de force et d’influence, ces facteurs étant d’une importance vitale pour prétendre à la victoire. En effet, ils ont une influence sur le score final mais surtout ils déterminent l’importance des actions à effectuer.
Et à ce moment de l’article, je suis obligé d’émettre une alerte : « WARNING ! ACHTUNG ! ATTENTION ! ». Le succès des jeux précédemment cités dans cet article provient en très grande partie de ce que leur gameplay est accessible tout en offrant une profondeur de jeu à même de satisfaire un large panel de joueurs. Il semble bien que ce Paladin soit fait d’un tout autre bois et qu’il lorgne méchamment du côté du jeu de gestion à l’allemande un tantinet hardcore. Ludovox en a parlé dans la deuxième partie des retours de Cannes, on est nettement plus dans le brise-neurones et les interactions entre les joueurs sont très limitées. Bref, les habitués de la première trilogie et de Architectes Du Royaume De l’Ouest pourraient bien tomber de haut et le gars Shem est clairement sorti de sa zone de confort. Ce n’est pas pour autant que ces Paladins de l’ouest soient un mauvais jeu, simplement peut-être qu’une partie du public habituel sera un brin décontenancée.
Si toutefois vous êtes toujours intéressé, un pledge groupé qui devrait vous faire faire une petite économie de vos sous durement gagnés est en place ici.
Quoi qu’il en soit, la campagne se porte mieux que bien. Elle a été financée à presque 16 fois au premier jour par plus de 3 500 soutiens. C’est ce que j’appelle un départ correct 😉 . Depuis ça roule tout seul même si le week-end a vu le rythme baisser à tout juste 160 soutiens par jour. Une misère quoi… Ha oui, dernier détail, le jeu est disponible en français, encore une fois grâce à Pixie Games (Grâce leur soit rendue) ! (actuellement 535 000/23 000 NZ$ et 5 000 soutiens. Fin le 22 mars).
Mais aussi, en bref…
ATTENTION !! Texte avec de gros morceaux d’ironie caustique dedans ! (c’est que de nos jours, vaut mieux prendre ses précautions…).
► Age Of Steam : Deluxe Edition par Gryphon & Eagle Games est, je vous le donne en mille, la réédition en version Deluxe du vénérable jeu éponyme de Martin Wallace sorti en 2002. Du coup, c’est très simple : soit vous êtes un de ces joueurs aux goûts bizarres amoureux de ce style de jeu et pour vous c’est un autopledge, soit vous êtes normal ( ;-p ) et vous étudierez attentivement la pertinence d’aller dépenser 99 $ (79 + 20 $ de port, parce qu’on ne va pas parler de la version pour petits bras moins chère mais moins bien) dans un jeu de petits trains au look… heu… disons… épuré (la mode du minimalisme a encore fait une victime, dio mio…!).
Le côté « Deluxe » de la chose est justifié par le nouveau look du jeu (vous aurez compris que je n’en suis pas trop fan, encore que les plateaux individuels sont plutôt jolis) et surtout par les jetons de poker remplaçant avec bonheur les horribles disques de plastique de l’édition d’origine. Il faut absolument prendre la version à 79 $ dont j’ai causé plus haut car elle apporte 150 jolis meeples locomotives, sans ça cette édition deluxe n’en est pas vraiment une. D’ailleurs, le fait que deux fois plus de soutiens l’ai choisie par rapport à la « normale » abonde dans mon sens. À noter que les stretch goals, au moins pour l’instant, ne sont constitués que de nouvelles maps, gros plus pour l’amateur.
Comme toujours pour une réédition d’un jeu iconique, le financement n’a été qu’une formalité puisque 1 140 contributeurs ont apporté dès le premier jour 3 fois la somme nécessaire.
Tout cela étant dit, nous nous devons maintenant de vous souligner qu’une grosse polémique est en cours sur cette campagne : Martin Wallace, considéré historiquement comme l’auteur du jeu, affirme que cette réédition s’est faite sans son accord. « Je considère la nouvelle édition d’Age of Steam comme un bien volé. » écrit-il clairement sur BGG (voir aussi : Martin Wallace accuse Winsome/FRED d’une infraction de copyright et Martin Wallace VS FRED). Les commentaires et discussions abondent sur le net. N’ayant pas suivi l’affaire, je me garderai soigneusement de prendre parti et je vous laisse seuls juges de l’opportunité de pledger ou non. (actuellement 125 700/230000 $ et 1 550 soutiens. Fin le 22 mars).
► Un petit jeu sympa et pas cher, ça vous dit ? J’ai ce qu’il vous faut sur Ulule. Boss Quest par Débâcle Jeux est un jeu d’ambiance à tendance amusatoire (oui nous avons quelques termes techniques) dans lequel les joueurs vont devoir aller libérer une princesse (ou un prince, pas de sexisme) latter des monstres sur une mécanique de stop-ou-encore proche de celle du black jack.
Le principe est simple. Pour aller combattre, chacun peut s’équiper de toutes les armes qu’il désire, chacune ayant une valeur d’attaque. Mais seulement voilà, il faudra toutes les utiliser et si par malheur la résistance du boss est inférieure au total d’attaque de votre équipement, les dégâts supplémentaires sont pour le joueur ! Ça fait réfléchir et ça invite à la prudence : GrosBill s’abstenir !
Comme je le disais, le jeu n’est pas cher du tout. 14 € port compris, difficile de faire moins. Surtout qu’à ce prix, viennent s’ajouter les stretch goals, à savoir le pack Guerrières, qui permet de féminiser un jeu d’origine un peu trop empreint de testostérone, et une mini-extension, les Compagnons, des bestioles qui peuvent accompagner le héros dans sa quête. La campagne est un succès, à sa mesure certes, mais quand même. Vous pouvez donc pledger les yeux fermés si le jeu vous tente (actuellement 7 300/4 200 $ et 340 soutiens. Fin le 21 mars).
Ils débarquent cette semaine
► Fuji Koro par Game Brewer – le 12 mars
Il va falloir sauver des reliques dans un temple menacé par l’éruption du Mont Fuji en 1707.
► Glen More 2 : Chronicles par Funtails – le 13 mars
Version revue et corrigée de Glen More agrémenté de 8 petites extensions (Chronicles). Umberling en causait ici il y a une semaine.
► Exploration par Ply Games – le 14 mars
Des corporations s’affrontent pour la conquête de Mars.
Note : une traduction (en pdf) est envisagée selon le nombre de souscripteurs français.
► Root (Third Printing) par Leder Games – le 14 mars
Reprint, extension et nouveaux plateaux de jeu ! Pour ce faire une idée sur la bête, le petit Just played qui va bien.
► For Treasures ! par Wee Robin Games – le 14 mars
Sur un fond de dungeon crawler, un PvP où chacun positionne les tuiles du donjon et les actions des monstres pour ennuyer le plus possible ses adversaires.
► Khârn-âges par TGCM – le 15 mars
Jeu d’escarmouche par l’équipe derrière Briskars. Univers medfan joué avec des figurines au format 54mm représentant de valeureux et féroces guerriers aux allures d’animaux anthropomorphiques.
: Désigne les campagnes conseillées par Shanouillette. : Désigne les campagnes conseillées par Gougou69. : Désigne les campagnes dont tout ou partie des éléments sont en français. € : Désigne les campagnes particulièrement intéressantes sur le plan financier. : Désigne les campagnes que nous déconseillons fortement.Légende des symboles utilisés
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Garion 11/03/2019
Rooooot !
Par contre c’est bizarre, il est déjà en prévente sur Philibert à 80 euros environ (vf). C’est ce re-print – là?
Gougou69 12/03/2019
Ben non, sur Phili c’est la VF, pas le reprint de la VA. C’est un hasard que sa sortie soit concomitante de la campagne KS du reprint. Du moins, je pense.
fouilloux 11/03/2019
Alors plein de réactions (deux en fait):
– Il va y avoir de nouvelles extensions pour Root?????????????????????? Yiha!!!!!
– Thundergryph: moi j’ai pledgé Tang Garden. Qui devait être livré en janvier. En fait j’ai pas vraiment pledgé: on est en mars, et ils ont toujours pas encaissé les sous du Pledge Groupé auquel je participe. Autant dire que la patience semble de mise avec eux
– Root!!!!!!!!
Garion 14/03/2019
Merci de ta réponse… ça semble logique et je pense que tu vois juste. Mais du coup ça devient un peu compliqué : pledger pour le reprint et prendre le nouvel addon en passant, ou prendre la vf qui facilitera la vie de certains de joueurs autour de la table mais qui ne bénéficiera ni des améliorations du reprint, ni du nouvel addon (si on ne souhaite pas mélanger les langues)
TheGoodTheBadAndTheMeeple 11/03/2019
merci pour la note sur sur Age of steam, je l’avais rate, et c’est juste dingue…
Shanouillette 15/03/2019
Pour info, le différend concernant Age of steam semble avoir trouvé un happy ending.
Martin Wallace a écrit qu’il cédait les droits et qu’il était OK pour que EGG utilise son nom pour AOS. « Nous sommes tous les deux prêts à tourner la page et à aller de l’avant avec nos projets respectifs. »
Il encourage même les personnes qui le souhaitent à pledger la campagne en cours.