Lorsque Conan n’était encore qu’un Meeple…
Conan by Monolyth
Ce soir chérie, Conan s’invite à la maison, CROM !
Merci à l’aimable présentation de David de chez Monolith, et merci à Monolith de faire jouer son jeu en prototype partout en France.
Le village Picte
Le jeune Conan, à l’âme fougueuse et aventurière s’enrôle pour une mission de sauvetage d’une des filles du comte de la bourgade avoisinante, Bérénice…
C’était par une chaude journée, battue par les vents brûlants que nous avons attaqué le village des pictes. La plupart d’entre eux étaient partis en chasse, il n’en restait qu’une poignée ainsi que Zendar, leur chef, un puissant Shaman.
Crom ! Que cette fille était belle lorsque je l’avais aperçue une semaine avant…
Je n’étais pas seul dans cette mission périlleuse : Valéria la guerrière, Shevatas le voleur et Hadratus le mage m’accompagnaient, et croyez-moi, ils valaient une vingtaine de pictes à eux seuls !
Ne sachant où était enfermée Bérénice, nous nous sommes dispersés sur deux des entrées du village pour inspecter plus rapidement avant que les pictes ne rentrent de la chasse.
La surprise fut de taille pour eux alors que nous pénétrions dans une hutte où trois hyènes dormaient paisiblement. Nous n’en fîmes qu’une bouchée et leurs crocs acérés n’eurent pas le temps d’effleurer ma cuirasse. Pendant ce temps-là, le mage usait de sa téléportation pour visiter plusieurs huttes à la surprise générale des pictes qui ne réagissaient pas…
C’est alors que nous entendîmes le cri strident de Valéria qui se débattait avec des pictes nombreux.
Zendar même était là, et la guerrière encaissait difficilement. Les pictes tombaient malgré tout.
Le bruit montait tout autour alors que les ennemis réagissaient enfin et sortaient des huttes.
Ni une ni deux, je courrais rejoindre Valéria pour mettre le Zendar à bas : c’était lui le danger.
D’un coup de hache puissant je lui tranchais un bras net et Valéria finit le travail, sa tête roula au sol dans un bruit mat.
Notre mage continuait à se téléporter de huttes en huttes et finit par tomber, non pas sur la fille mais nez à nez avec un énorme serpent !
Mitra ! Deux fois plus grand que lui, la bête était bien éveillée et le frappa puissamment d’un coup de queue, alors que son bouclier magique cédait sous la pression, il réussit à se téléporter hors de la hutte pour éviter le pire !
Notre voleur, pendant ce temps-là, était aux prises avec trois hyènes féroces qu’il maintenait à bonne distance. Il prit finalement l’initiative et courut entre les rangs fouiller une grande hutte abandonnée… La fille était là, les vêtements en lambeaux, inconsciente.
Il nous fallait la sortir d’ici, et les pictes grouillaient ! Le soleil aussi commençait à faiblir…
Ni une ni deux, notre bon voleur prit la belle sur l’épaule et sortit pendant que notre ami voleur sortait ses boules de feu pour libérer le passage !
La voix était libre et Valéria pris la fille par les cheveux et la traîna hors d’atteinte des pictes, la tête du chef ballottant à sa ceinture…
La récompense fut généreuse, la fille moins… dommage !
Analyse du jeu, du haut de la version prototype
Faisons d’abord un rapide tour d’horizon des règles du jeu à proprement parler…
Le jeu est rythmé par l’alternance du tour de l’overlord et celui des joueurs. Le tour des joueurs est commun, chacun pouvant utiliser une action quand bon lui semble.
Au début de chaque tour, les héros/l’overlord regagnent des points de vigueur. Chaque action (de l’overlord ou des joueurs) demande des points de vigueur, que ce soit pour grimper, courir, attaquer ou défendre… Il est toujours possible de dépenser des points pour relancer des dés.
Le nombre et la couleur des dés sont fixés par nos aptitudes et notre équipement.
Un certain nombre de capacités spécifiques par héros ne sont disponibles que si l’ont est pas surchargé en matos ! Oui transporter la princesse ne nous permet plus de courir au milieu des hyènes en furie !
L’overlord a un fonctionnement légèrement différent. Grace au livre de Skelos, il peut activer deux tuiles, chacune représentant toutes les unités d’un certain type, ceci en payant le coût associé. La tuile ainsi activée retourne immédiatement au fond de la file, et l’activer une seconde fois immédiatement coûtera si cher qu’il faudra y réfléchir à deux fois !
Le terrain propose enfin des cases larges et de formes variées. Adieu les sempiternels quadrillages et ses lignes de visées, ici, nous sommes en face d’un système de blocage : Si vous êtes en surnombre sur une case, il sera facile d’en partir, dans le cas contraire, s’en extraire demandera beaucoup de vigueur !
Voici l’essence des règles. Le reste n’est que la description des différentes aptitudes de chaque héros/monstre (comme celle de Conan, de défoncer les murs des huttes ! Ou celle de Zendar à lancer des sorts…). Simple, non ?
Sabre & Sorcellerie : Heroic Fantasy !
Force est de constater que nous avons pris pas mal de plaisir malgré le fait que nous avions un vrai prototype en main ! (Meeples de couleurs et plateau papier ! Seul le livre de Skelos envoyait du lourd).
Qu’avons-nous en face de nous comme jeu ? Un corpus de règles relativement simple avec une bonne dose d’aptitudes aux effets variants selon le terrain et la situation.
À mon sens le jeu est :
- Plus simple qu’un Descent/Assaut sur l’Empire
- Beaucoup moins narratif et rocambolesque que les Demeures de l’épouvante
- Certainement beaucoup plus stratégique que bon nombre de ses frères ludiques…
- Une très belle épure de mécanique.
Tout ceci pour différentes raisons :
– Le jeu est peu basé sur la découverte avec peu d’éléments cachés aux joueurs, l’overlord a peu d’effets de surprises, tout est sur le plateau, aucune carte cachée aux héros n’est disponible. Cela amène une stratégie beaucoup plus poussée, mais moins de surprises !
– La phase de coopération est le point fort du jeu. Elle est très agréable en ce sens que les joueurs ne jouent pas chacun leur tour, mais de façon coordonnée pour donner le meilleur de la coopération ! Un vrai plus. Attention à l’analyse parallèle qui peut faire durer les premiers tours un peu trop longtemps si vos joueurs sont des aficionados de gros coop. Malgré cela, chaque joueur joue en son âme et conscience. L’effet meneur est possible si le niveau des joueurs est déséquilibré.
– Nous nous retrouvons finalement devant un jeu à deux camps qui déploie toute sa force tactique. L’overlord commande une horde de petits monstres, tandis que les héros incarnent de puissants personnages à même de défaire des poignées d’ennemis.
– Un jeu dont la rejouabilité est très forte, un jeu situationnel finalement. Oui, la façon dont les joueurs vont coopérer fera basculer chaque partie vers des lieux différents du plateau. Dans la partie que nous avons joué, le guessing était de mise car la fille était cachée par l’overlord parmi les 8 huttes. La trouver vite aurait déclenché toutes les forces de l’overlord, prendre son temps est plus subtil et tend à pousser la partie à l’usure pour que les héros n’arrivent pas à s’en sortir dans le nombre de tours imparti…
– Le système de points à dépenser est par ailleurs très flexible et donne une grande latitude aux joueurs sans les perdre dans de multiples systèmes. Tout le jeu tient dans la gestion de ses points de vigueur : taper quand l’adversaire est faible, et avoir un peu de vigueur quand l’ennemi attaque en masse pour encaisser ! On conserve la variété des possibilités d’un Tikal, en y ajoutant une dose d’attente par la conservation des points d’un tour sur l’autre pour concentrer ses forces. Les points de vigueurs servent aussi de points de vie. Très bien trouvé et d’une grande simplicité.
– Les dés, parlons-en, ils sont différenciés et ne donnent que des valeurs entre 0 et 3, et ont donc une variance faible, sur laquelle on peut compter en général. Cela n’empêche pas des coups puissants et des loose royales. C’est un très bon compromis pour les allergiques au hasard comme moi !
– Difficile de parler des scénarios, nous n’en avons joué qu’un seul, peu orienté baston, mais plus tactique qu’il n’y paraissait. Nous n’avons pas vu beaucoup d’objets non plus, mais le seul trouvé (une fiole explosive) fut un tournant du combat !
– L’ambiance est, pour moi, une vraie réussite. Sans fioriture et sans concession à l’univers de Howard, on s’y croit ! L’univers Conan est servi par un scénario d’escarmouche, ici dans un camp picte pour sauver une fille, un classique. On sent que les héros sont capables de défaire des hordes d’ennemis. Les cases sont larges et peuvent contenir autant d’ennemis que leur taille… Quel tumulte.
Le plateau, en version imprimée est immense et de toute beauté. On n’a qu’une envie y retourner pour cette fois-ci mettre à mal les fiers héros.
En attendant la version définitive et ses centaines de figurines !
Le contenu qui va arriver en 2016
Le jeu est prévu pour le premier trimestre 2016, dans sa boite de base. Les heureux contributeurs du King Pledge auront une troisième grosse carte recto verso ainsi que de nombreuses figurines/cartes supplémentaires/scénarios supplémentaires.
Les extensions ainsi que le livret de campagne n’arriveront que pour l’été 2016. C’est assez dommage, surtout pour le livret de campagne. Ce sont trois extensions qui sont prévues, chacune réalisée avec la collaboration d’un grand nom du jeu de société (Bruno Cathala, Croc, Antoine Bauza, Ludovic Maublanc) arrivant avec quelques figurines, tuiles jetons et deux plateaux recto verso, de quoi renouveler tout cela.
Pour couronner le tout, Monolith a demandé à la communauté de réaliser une bonne cinquantaine de scénarios supplémentaires, nombre de groupes de joueurs y travaillent d’arrache-pied ! Si cela se concrétise, ce sera pas moins de 100 scénarios à jouer… Un vrai plus pour la variété et la rejouabilité du jeu ! Ils devraient être disponibles sur un site web dédié si Monolith tient ses promesses.
Mais pourquoi avoir choisi de tant prévoir d’un seul coup ? En voilà une bonne question !
Il y a plusieurs raisons pragmatiques à ceci qui s’expliquent par la campagne Kickstarter rondement menée. Les bons ingrédients y étaient réunis. Au-delà de l’équipe de choc qui était présente 24/24 [NDLR : le projet Conan, c’est près d’une trentaine de personnes comme le soulignait Umberling dans son article] et de l’appui du géant Asmodée pour la distribution, une grosse campagne se doit de présenter assez de niveau de pledges dans le but de montrer la variété du jeu et de pousser au full pledge pour les dingues de l’univers (à plus de 500$, mais où va-t-on ?) ! Ceci associé au renom des auteurs qui ont apporté leur soutien… ça n’est pas rien.
Il y a aussi l’envie du projet, du groupe Monolith (crée pour l’occasion), de proposer un maximum de contenus. Le tout sera finalement orchestré en deux étapes de production. Je pense d’ailleurs que nombre de jeux de ce style sont déjà livrés à l’éditeur avec une palette d’extensions par les auteurs. L’éditeur choisit sa ligne éditoriale, souvent celle de distiller le contenu petit à petit pour vendre plus, et faire vivre sa licence. Pour Conan, et pour les KS en général, les petites boutiques sont globalement laissées de coté pendant la campagne. J’espère bien que le jeu arrivera jusqu’à elles et que tous les acteurs du jeu de société bénéficieront de jeux à succès.
L’univers de Conan est très riche, ses écrits multiples, et le comics qui en fut tiré est une œuvre immense… (plusieurs milliers de pages). Si le jeu poursuit son succès, de nouvelles extensions devraient fleurir dans les années à venir. C’est tout le mal que l’on puisse souhaiter au jeu !
Y aura-t-il de nouveaux tirages du jeu ? Ce n’est pas gagné d’avance. Un KS de ce calibre (rempli de figurines) coûte extrêmement cher à produire (les moules principalement), et la somme à engager est colossale. C’est encore plus risqué pour les extensions. Je ne veux pas pousser à la consommation, mais c’est un simple calcul arithmétique, associé à une prise de risque. Si ça se vend comme des petits pains, la boite de base reviendra !
Ce que chaque fan de Conan espère, c’est que le jeu se hisse au rang de légende, dans le respect de l’univers de Howard, tel un HeroQuest, fédérant une grande communauté autour de lui pour le plus grand plaisir des joueurs. Verdict début 2016 !
« I live, I burn in life, I love, I slay, and am content ! »
Un jeu de Antoine Bauza, Bruno Cathala, Croc,Frédéric Henry, Laurent Pouchain, Ludovic Maublanc, Pascal Bernard
Illustré par Adrian Smith, Georges Clarenko,Gueniffey Durin, Kekai Kotaki, Paolo Parente,Xavier Collette
Edité par Monolith
Langue et traductions : Anglais, Français
Date de sortie : 2015
De 2 à 5 joueurs , Optimisé à 4 joueurs
À partir de 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 60 minutes
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Djinn42 21/11/2015
Autant qu’il veut pourvu qu’il puisse payer le coût d’activation, non ?
Il y a tout de même une histoire de ligne de visée aussi, il me semble. j’ai fait un scénario qui demandait à Conan et sa bande de libérer une fille (une autre) d’une geôle gardée et d’échapper à des hyènes dans la cour et des archers sur les remparts.
Pour avoir joué côté overlord, c’était très sympa. Ce n’est pas un rôle ingrat. On gère des unités quand les autres gèrent leur propre perso en coop avec les autres « héros ».
Concernant le succès boutique du jeu, je pense que justement les extensions sont d’un calibre idéal pour elles. Avec le travail effectué, en particulier sur les modèles de figurines (moules, fichiers 3D), le jeu de base pourrait bien faire une belle entrée aussi en boutique. Une fois que la première vague de joueurs aura eu le jeu en main et en aura fait la promo, il devrait vivre un second cycle.
PS. Mention spécial au meeple « Princesse » sur la photo.
TheGoodTheBadAndTheMeeple 22/11/2015
Lorsque j’ai joué overlord, j’ai joué avec 2 tuiles à activer au maximum par tour, donc deux groupes d’unités. La règle est peut-être toujours en cours d’évolution !
Quant au Meeple princesse, tellement décalé de l’univers de Howard ou la… princesse n’a pas vraiment la grande robe de bal… c’était bien fun !
jmt-974 23/11/2015
2 par tour c’est bien ca… 🙂
TheGoodTheBadAndTheMeeple 23/11/2015
Vous avez failli me mettre le doute ^^
Ya-VyemmA 24/11/2015
Merci TGTBATM pour cet article. Par contre, ça m’a fait rappeler que j’avais un ENORME pledge qui arrive en début d’année prochaine… Et mon impatience recommence à se faire sentir… C’est pas facile d’attendre ce jeu sans devenir fou ^^