Kitchen Rush : Il jouait du piano debout

– Bonjour, je vois que vous avez pris rendez-vous pour un bilan de compétences, vous avez un projet particulier en tête ?

– J’en ai marre de mon boulot, je voudrais changer… Moi, mon truc c’est la cuisine, mes amis me le disent « tu aimes la bonne bouffe, tu devrais travailler dans un restaurant », et je crois qu’ils ont raison. Depuis que j’ai vu « Ratatouille », j’arrête pas d’y penser.

– Vous avez 40 minutes devant vous ? J’ai exactement ce qu’il vous faut !

 

Avec Kitchen Rush, plongez au cœur de la restauration, réglez les factures, contentez les clients, cherchez les bonnes épices, réalisez les recettes sans les faire brûler, lavez les assiettes, travaillez en équipe et… gardez le sourire !

 

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Kitchen Rush est un coop’ qui partage avec Santa Maria (à lire : Santa Maria, un petit miracle siouplait ?) le goût de la tromperie. Avec ses dessins ronds, amusants, ses meeples légumes et ses cuisiniers débonnaires, on n’imagine pas dans quoi on met les pieds (dans le plat, en ce qui nous concerne) !

Le plateau de Kitchen Rush est divisé en zones représentant votre restaurant. Nous avons accès à la salle des commandes, celle où mangent les clients « je voudrais une entrecôte saignante avec des flageolets » et aux coulisses du restaurant : fours, tiroirs à épices, bureau de la direction (chouette, les factures), sortie directe sur le marché, chambre de stockage, vaisselier et bien sûr, la plonge !

 

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le calme avant le rush

 

Un peu comme un Magic Maze où il faut se coordonner pour sortir du labyrinthe, il faudra ici pourvoir à tout ce dont nous avons besoin, nous ET les autres. « J’ai plus de riz », « Il faut acheter de la viande », « On n’a plus de sous », etc. Ce jeu est un véritable coopératif où tout le monde court afin que tout le monde puisse avancer et satisfaire clients et employés.

Vos employés justement, qui sont-ils ? C’est la trouvaille du jeu. Ceux-ci sont symbolisés par des sabliers de 30 secondes. Pour réaliser une action, retournez votre sablier sur un emplacement. Vous avez 30 secondes, ou plus (vous pouvez continuer votre action une fois le temps écoulé) mais jamais moins. C’est parfois long, 30 secondes, quand vous avez juste besoin d’augmenter la chaleur du four. Et alors ? Oui, c’est un problème, voilà 30 s où vous n’avez pas fait grand-chose, 30 s qui de toute façon sont décomptées sur le temps total qui vous est imparti pour réaliser vos commandes (soit 4 minutes). Le temps est précieux et il faut le gérer au mieux. Le cœur du jeu sera donc d’être présent et utile au bon moment, ne pas occuper un espace pour rien, avoir la présence d’esprit de « faire quelque chose » (laver les assiettes, préparer des épices…) lorsque l’action que vous vouliez faire n’est pas disponible. Travailler pour soi et la collectivité. Presque un jeu social.

 

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les cuisiniers prêt pour le coup de feu

 

Dans Kitchen rush, il y a « rush »  

Le jeu se divise en 2 phases :

  • La première, chaotique si mal orchestrée, où chacun vaque à sa tâche : prendre une commande, faire cuire le plat, aller en course… On court partout, on est partout, on manque de tout. Un exemple de tour pourrait se résumer à ça : « Il n’y a plus de viande, qui va chercher de la viande ? / on n’a pas d’argent, il faut débloquer les commandes / ok je le fais / qui va aux épices ? / je peux pas, je dois faire cuire ça / il faut aller absolument aux épices / hey j’ai pas de pain ! / il faut vraiment de l’argent, on n‘a plus de pain, j’ai besoin de pain… ». Un pour tous, tous pour un !
  • La seconde phase où, après 4 minutes, on fait l’état des lieux (noir) : les commandes ont-elles été servies, peut-on payer les employés ? Un plat mal cuit, du sel à la place du poivre et la commande repart en cuisine vous faisant perdre du prestige (à -4 points la partie s’arrête net). Des employés non payés ne reviennent pas et vous commencez la nouvelle manche avec des sabliers en moins, donc moins d’actions, soit une difficulté accrue.

 

Ajoutons une phase 0, la phase « réglons nos montres ». On peut très bien, avant de lancer le décompte (par bande son via QR code ou n’importe quelle montre, téléphone, minuteur) mettre sur pied (de porc) un plan d’action : « On aura besoin de 8 viandes, tu iras faire les courses, je m’occupe de laver les assiettes… ».
Il est également important de bien regarder les objectifs : on vous demande beaucoup de sous et peu de prestige, ne visez pas le guide Michelin, ouvrez un Kebab ou un routier, réalisez des commandes simples qui rapportent, plutôt que des plats complexes qui augmentent une réputation dont tout le monde se moque.

Au bout de 4 services, a-t-on rempli notre contrat ? Les objectifs sont basés sur le même modèle : nombre de plat réalisés, points de prestige et argent.

 

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Du fromage dans la quiche lorraine, WTF !?!

 

Pour information, il nous aura fallu 3 parties pour gagner en mode facile, le manque d’argent ayant été l’instrument de nos défaites.

Je dis mode facile, car, vous vous en doutez maintenant, il y a un mode difficile et des variantes.

Si gagner du prestige n’est pas toujours utile (suivant les objectifs), il permet de débloquer des cartes bonus (tirées au hasard) qui peuvent vous aider (parfois intéressantes, parfois moins, visez les bonus lorsque l’objectif est axé sur les points de prestige, sinon laissez tomber, c’est perdre du temps pour un résultat qui peut s’avérer minime).

Vous êtes trop fort, vous pouvez donc passer dans la catégorie supérieure avec des objectifs demandant plus de plats à servir, plus de prestige et d’argent dans la caisse à la fin du jeu.

 

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amélioration, objectif, bonus et malus… la vie en cuisine.

 

Pour vous aider des cartes améliorations sont disponibles contre une certaine somme, elles sont visibles et vous aident (débloquer un commis supplémentaire, avoir accès à une nouvelle réserve). Vous pouvez aussi dévoiler des évènements en début de chaque manche : la viande est avariée dans vos frigos, les clients sont pressés vous avez moins de temps, quelqu’un a tapé dans la caisse, vous êtes à sec… rarement bénéfiques, on frise parfois le masochisme avec ces cartes. Gardez-les en réserve pour vos premières parties, vous n’y arriverez pas sinon !

La mode étant au solo, le jeu vous propose de rusher tout seul dans votre cuisine avec à votre disposition 4 sabliers et la possibilité d’en acquérir un de plus. 5 minutes sur le chrono et vous voilà prêt. Alors oui ça fonctionne, mais quel intérêt de placer un mode solo dans un jeu où la communication est importante (pour l’entraînement ?).

 

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le staff

 

 

Au menu aujourd’hui

Kitchen Rush fait partie des rares jeux où le thème colle parfaitement à son propos. Si certains d’entre vous ont déjà travaillé en restauration, ils retrouveront cette ambiance survoltée où il faut tout faire en même temps.
Le matériel est agréable et clair : le plateau est coloré, divisé en zones, précises, les meeples nourriture, bien que ressemblant parfois assez peu à leur modèle, sont de couleur reconnaissable (on évite le marron clair et le marron foncé), il n’y a que les plateaux perso et la piste de score qui sont un peu cheap, mais on s’en sert peu en définitive. Les nombreux sabliers sont un vrai plus, tant au niveau ludique (ambiance, originalité, prise en main, pose d’ouvriers dynamique) qu’au niveau visuel.

 

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qui a les clés de la réserve ?

 

Malgré ce côté mignon, le jeu ne se gagne pas aisément. Il faudra une partie de chauffe (plat) pour se familiariser avec les actions et vos partenaires. Les erreurs de débutant (j’ai confondu le sel et le poivre, si, si, c’est possible), vous vaudront les engueulades du chef. Une fois à l’aise avec le système, il faudra savoir interpréter les objectifs et gérer son appétit si je puis dire (mieux vaut faire moins de commandes et les réussir que de la jouer risqué en ayant les yeux plus gros que le ventre).

Le jeu est plus tendu, même si on n’est plus à l’aise dans nos actions, après une première partie car on connaît les erreurs possibles et on se concentre dessus, ce qui n’empêche pas de se planter en beauté (oups j’ai pas lu la deuxième ligne de la commande, si, si c’est possible). Voilà un excellent exercice de team-building où vous espérez que vos décisions soient les bonnes, où la communication est maximale, même si chacun réalise SON plat. Une fois encore, le rendu et l’ambiance sont très bons. À noter qu’ici, l’effet leader (le fameux mâle Alpha qui fait sa loi) est minime, il y a trop de choses à faire en même temps, celui qui voudrait tout diriger le ferait au détriment de ses propres obligations.

 

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Bizarrement, il n’est pas si facile de fouiller dans le sac à épices, même si on en voit le contenu

 

Ce jeu ne conviendra pas aux poseurs de cubes en bois qui ont besoin d’analyser leurs actions et n’ont pas la capacité de réagir vite quand le chaos sonne à leur porte. Pour ceux qui veulent du fun et de la tactique, ce sera parfait. Seul souci possible, le fait d’être obliger de jouer avec une équipe qu’on connaît afin d’avancer dans les niveaux supérieurs.

En bref : Un jeu attirant par son design, facile à comprendre et à manipuler, alliant fun, gestion du temps, des actions, et de l’espace avec un vrai fond de complexité. Pour info, la version française est prévue le 25 mai chez Geek Attitude Games. 

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À noter qu’une extension dessert « Piece of cake » vient de voir le jour récemment (Kickstarter avril 2018, encore en late pledge, livraison fin d’année). Encore en anglais pour le moment, elle introduit la notion de dessert dans le jeu grâce à l’ajout de nouvelles commandes, de nouveaux ingrédients, nouvelles actions et un nouvel employé-sablier de 60 secondes.

 

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Bon appétit !

 

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7 Commentaires

  1. TheGoodTheBadAndTheMeeple 08/06/2018
    Répondre

    Pour nous le jeu a cruellement manqué de fun par rapport a Overcooked le jeu vidéo qu’on adore. Il manque vraiment un max pour apprécier et rigoler. C’est plutot un grosse réussite en tmeps réel.

  2. fouilloux 09/06/2018
    Répondre

    Comme morlock clairement un de mes jeux préféré découvert en 2018 pour le moment. Frénétique, thématique, top.

  3. Umberling 13/06/2018
    Répondre

    Personne ne parle de la SUPER BANNIÈRE de cet article ? 😀

    • morlockbob 13/06/2018
      Répondre

      Merci. J essaie de mettre les jeux en situation

  4. fouilloux 13/06/2018
    Répondre

    Ohhhhhhh punaise je l’avais pas vue! Enorme.

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