Huns : l’herbe ne repoussera pas

Huns est une création de Fneup édité par la Boîte de Jeu. Notre chroniqueur Grovast avait essayé le prototype et nous en disait déjà beaucoup de bien alors qu’il s’appelait encore Ynavi. Il s’agit d’un jeu de cartes et de draft de dés plutôt épuré. Nous l’avions essayé sur les tables de Cannes mais nous n’avions pas pu le ramener, celui-ci étant distribué en avant-première avec quelques boîtes seulement sur le salon, et donc assez vite en rupture de stock. Profitant du festival de Valence, j’ai offert le jeu à ma chère et tendre. Huns envahira-t-il nos tables et nos cœurs ?

 

La mécanique de pillage

Le but du jeu est de piller des ressources pour remplir nos chariots. Cela sera le principal moteur de points de victoire, mais pas seulement, nous allons le voir.

La mécanique est simple, nous vous l’avions déjà expliqué dans cette petite news. Dans l’ordre du tour, chaque joueur choisit un dé parmi les 5 (ou les restants) et peut soit prendre autant de cubes que la valeur du dé soit piocher autant de cartes et en choisir une qu’il va placer devant lui.

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Comme je le disais, le but du jeu étant de prendre des ressources et de les placer sur ses cartes chariots, il serait simple de s’accommoder des ressources, mais les cartes nous donnent aussi d’autres opportunités.

Nous avons des cartes :

  • Mercenaire
  • Équipement
  • Razzia
  • Fléau
  • Trésor

 

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Chaque type de cartes propose un type de bonus : les équipements sont des facilitateurs, les mercenaires, pour peu qu’on leur donne les ressources nécessaires, nous donneront des pouvoirs plutôt efficaces.

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Les fléaux quant à eux sont des cartes que l’on refile aux adversaires pour leur pourrir la vie, ou simplement ralentir leur progression. Mais attention aux retours de bâton.

Déjà, l’adversaire a le choix : soit il fuit le fléau, ce qui lui coûtera des points de victoire à la fin de la partie, soit il va courageusement décider de placer des ressources dessus pour désactiver son effet délétère.

Les razzias sont plutôt puissantes mais ont des pouvoirs utilisables une fois dans la partie. Enfin, les trésors offrent des points de victoire si l’on est majoritaire sur une condition.

La fin du jeu se déclenche quand un tas de cartes ou de ressources est vidé, par conséquent il faudra surveiller cela pour ne pas se couper l’herbe sous le pied (ce qui serait le comble pour un Hun).

 

La razzia des Huns !

Commençons par la plastique, c’est un inconnu (pour moi) qui illustre le jeu, M. Anthony Wolff. D’ailleurs, la Boîte de Jeu fait de nouveau appel à lui pour les illustrations de son prochain jeu, Montana. Concernant Huns, il le fait avec brio ; la cover est magnifique, les illustrations des cartes, superbes.

Un petit mot sur l’édition : l’iconographie est impeccable, une aide de jeu est présente pour rappeler quand un type de carte se déclenche. Les 66 cartes du jeu ont des illustrations uniques.

 

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J’ai trouvé dommage ce boîtage un peu démesuré avec ce thermoformage qui cache un peu le vide. Le jeu aurait pu se loger dans une boîte moitié moins grande et on a la vague impression de gâcher de l’espace. Alors, oui, le thermoformage est tout à fait efficient, mais si j’avais eu une boîte plus petite pour un jeu de ce calibre, j’aurais sûrement plus facilement transporté Huns un peu partout. Et je ne parle même pas des contraintes écologiques. Dommage.

Cependant, je comprends aussi ce choix malgré tout, et si j’expose mes doléances envers l’éditeur, je me dis que nous, les joueurs, avons notre responsabilité. On en veut pour notre argent et la taille de la boîte influe sur le prix perçu du produit. Le consommateur tend à oublier que le prix du produit n’est pas seulement lié à la taille de la boîte et son contenant, mais aussi à son développement en amont. Il faut faire travailler l’auteur, l’illustrateur, l’éditeur, l’imprimeur, le distributeur et la boutique qui contribuent tous à faire parvenir le jeu dans nos petites mains. Et, dans le cas de Huns, on ne se sent pas lésé sur le contenu : les illustrations sont belles et uniques, le matériel de qualité, le jeu clairement travaillé. Le seul argument restant pour ce satané boîtage est donc le prix psychologique d’un jeu.

La solution, je ne l’ai évidemment pas, mais si modestement je peux aider à faire prendre conscience de ce problème à mon échelle, peut-être qu’un jour une idée pourra germer. Éditeurs, faites s’il vous plaît des efforts pour réduire les packagings. Quant à nous autres, joueurs, arrêtons de nous comporter comme des lemmings et regardons ce qu’il y a derrière la boîte. Fin de la parenthèse. 

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Revenons au jeu

Huns est très simple : un choix parmi 5 tas de cartes ou de ressources, puis un choix (carte ou cubes) qui en découle. Au fur et à mesure de la partie, comme dans tous les jeux de draft, on va choisir un dé aussi pour éviter de se faire punir par les adversaires, pour prendre les ressources nécessaires, ou pour empêcher nos copains d’acquérir la couleur dont ils ont absolument besoin. C’est le principe même draft, qui induit du contre-draft.

On a un certain contrôle sur les cartes, car selon la valeur du dé on choisit une carte parmi plusieurs, les suivantes sont placées sous leur tas.

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L’interaction est au cœur du jeu ; certes on peut très bien se croire un pur gestionnaire, mais cette posture ne tiendra pas dès qu’un joueur lancera les hostilités… ou si quelqu’un part en tête. Pour l’arrêter, rien de mieux qu’une bonne razzia ou un petit fléau des familles. L’interaction est aussi humaine, avec un zeste de diplomatie : il n’est pas rare que l’on tente d’influencer l’autre. Mais si vous vous laissez manipuler, vous ne pourrez pas vous plaindre : pour devenir un bon Hun, il faut un sacré caractère !

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Rattrape-moi si tu peux

À deux joueurs, le jeu se montre très tactique et on se rend coup pour coup. À 3 ou 4 joueurs, Huns intègre un peu de négociations et les pleureuses sont de sortie, tentant de diriger les coups bas vers les autres joueurs.

C’est le point qui peut déranger certains joueurs : il n’existe pas de mécanismes de rattrapage (aussi appelé catch up. Nous en parlions ici). Pour arrêter un joueur qui prend de l’avance, il n’y a pas trente-six solutions : il faut le bloquer et ne pas hésiter à déchaîner les fléaux et carte razzia. C’est un parti-pris assumé qui peut déranger. Je le répète, le jeu n’est pas fait pour les âmes sensibles !

Au final, c’est un jeu que l’on prend plaisir à jouer tant il s’explique facilement, et les parties se suivent sans se ressembler. La connaissance des cartes donnera une certaine profondeur à l’ensemble.

Alors oui, Huns ne réinvente pas la poudre, nous sommes dans un jeu avec de la réalisation d’objectifs (les chariots) et des cartes qui nous donnent des effets, des pouvoirs ou des points. Bref : rien de réellement nouveau, mais cela fonctionne à merveille, tout en étant simple et épuré.

Un vrai coup de cœur qui se confirme pour ma part : après chaque partie, on a envie de remettre ça. Par contre, à éviter pour les joueurs qui n’aiment pas l’interaction car ça va couiner sur les champs de bataille.

 

 

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7 Commentaires

  1. morlockbob 18/04/2018
    Répondre

    Bien dit. Ce jeu ne réinvente pas l’eau chaude (je change), est un peu répétitif mais attirant. il y a plein de petites choses à faire et après une partie on voit qu’il faut surveiller les autres et trouver des petits combos. A essayer de toute façon.

  2. Terry.V 18/04/2018
    Répondre

    Petite question annexe concernant ce bon article :
    Si c’est Fneup, c’est Fneup, pourquoi mettre son nom ?

  3. SyrOse 20/04/2018
    Répondre

    Un jeu qui donne envie même si il ne revolutionne rien.

    Sinon complètement d’accord sur le fait de réduire la taille des boîtes au juste nécessaire. Encore faut il en faire régulièrement la pédagogie auprès des joueurs, le « vrai » prix d’un jeu ne doit pas se juger à la taille de sa boite. On compte sur vous pour essayer de faire passer le message le plus souvent possible 😉

  4. CinéKino 23/04/2018
    Répondre

    Bien d’accord sur la taille de la boîte. J’étais impatient d’acheter ce jeu… jusqu’à ce que je vois la boîte en boutique. Acheter du vide ça me pose doublement problème (en plus d’avoir l’impression de me faire escroquer) : pas écolo, et pas assez de place chez moi. J’apprécie tellement les mini-boîtes de la gamme Tiny Epic de Pixie Games (pas données pour autant, 30 € mais on en a largement pour son argent). Bon au final j’ai acheté Ex-libris et Photosynthesis, c’est encore plus gros mais plus justifié (en tout cas pour Photosynthesis).

    Autres exemples récents :

    – Micropolis qui n’a de micro que les fourmis mais pas la boîte ;

    – Magic maze : j’ai casé sans difficultés le jeu complet ainsi que son extension… dans la boîte de l’extension !

    Bref, comme je dis à mon revendeur de jeux, j’achèterais bien plus de jeux si les boîtes étaient de taille adaptée, depuis quelques mois je boycotte les boîtes disproportionnées. Heureusement l’inverse se produit aussi comme Las Vegas que je vais enfin pouvoir acheter puisqu’il arrive en plus petit format (avec le même matériel si j’ai bien compris).

    • atom 25/04/2018
      Répondre

      Réponse pour toi et SyrOse. Comme je disais, je n’en blâme pas forcément les éditeurs, on a notre part la dedans. Par contre il existe quand même des jeux qui ont fait le pari de la petite boite pleine et qui ne sont pas pour autant boudés par les joueurs. Je pense aux Tiny Epics, mais aussi One Deck Dungeon ou Burgle Bros.

      • Umberling 25/04/2018
        Répondre

        ODD & Burgle Bros sont très indépendants et KS est passé par là. On peut parler de Xenoshyft dans les cas horribles, et de Gateway: Uprising dans les bons, pour des jeux de la « grande » distrib.

  5. abaleen 29/04/2018
    Répondre

    J’ai aimé le principe mais le les cartes razzias me font trop penser à la carte feu rouge du mille bornes et donc très rageant parfois selon avec qui on joue

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