First Rat est né dans le cerveau de Gabriele Ausielo dont c’est une des premières créations, et Virginio Gigli connu pour ses collaborations sur Lorenzo le Magnifique, Coimbra, Golem, etc. Il est sorti en 2022 chez Pegasus Spiel et arrive chez nous en octobre, distribué par Tribuo. First Rat se présente comme un jeu de parcours compétitif, mais aussi de gestion et transformation de ressources dans un univers décalé où l’on va chercher à ratatiner les autres joueurs.

Le rat montre la lune et l’imbécile regarde la décharge…

Les rats vivent dans la décharge pour trouver leur pitance faite de tout ce que les humains jettent. Mais on a beau être un rongeur, il n’est pas interdit de rêver. Depuis des générations, nos rats désirent aller sur cette boule de fromage géante qui luit dans le ciel. Cela tombe bien, cette décharge contient tout ce dont on a besoin pour construire une fusée : boite de conserve, calculatrices, bicarbonate de soude, etc.

À son tour, un joueur peut déplacer un rat de 1 à 5 cases dans la décharge et collecter les ressources sur la case qu’il atteint. Ou bien déplacer autant de rats que souhaité d’une à trois cases, mais seulement s’ils atteignent tous sur une case de la même couleur. À la fin de votre tour, vous pouvez dépenser vos ressources pour construire une partie de la fusée. Nous sommes dans une course, les premières gagnant plus de points, mais atteindre le bout de la décharge permet d’envoyer un Ratstronaute et cela donne aussi des points. La fin de partie se déclenche quand un joueur n’a plus de rats disponibles ou s’il a placé ses 8 cubes sur des objectifs, comme la construction d’une partie de la fusée, la réserve de fromage, le garde-manger, etc.

Si je vous dis jeu de parcours, ça peut vous évoquer des jeux comme le jeu de l’oie, ou Cartagena. On a un jeu plus malin qu’il n’y parait et qui offre de jolis dilemmes. Déjà, il faut anticiper ses actions. Mais les ressources que l’on va collecter ont toutes leurs utilités, commençons par le fromage, pour préparer une expédition comme celle-ci, il faudra en collecter, et, en dépensant 10 fromages, on va placer notre cube sur la piste correspondante et gagner des points de victoire. Mais il faudra aussi donner un fromage à un joueur si l’on arrive sur une case occupée par un rongeur adverse. Et on ne pourra pas y déroger, car ça coute des points en moins. Mine de rien, cela crée une interaction substantielle.

Avec l’ampoule, on construit sa ligne électrique et une case éclairée rapporte une ressource de plus. De plus, atteindre certains seuils donne des points de victoire, vous avez compris le principe. Comme on va repasser plusieurs fois dans la décharge, l’éclairer nous permet de parier sur le long terme et de gagner plus de ressources. Les trognons de pommes nous permettent de déplacer un marqueur dans le terrier. 

Ils nous laissent un choix, soit on avance, soit on bifurque pour gagner un bonus, mais cela nous éloigne des bonus et points de victoire. Oui, en fin de galerie, vous l’avez compris, on gagne des points de victoire (étonnant non ?). Mais, en bifurquant, on peut gagner des pouvoirs de super héros et héroïnes, ou encore des rats supplémentaires. Choisir, renoncer, toi-même tu sais !

Quand je dis qu’on jette n’importe quoi dans cette décharge, les petits rats découvrent le plaisir des comics, grâce auxquels on va choisir un effet comme des déplacements en plus, ou bien, pour vous, les cases rouges et vertes c’est la même chose (ce qui est bien pratique !), etc.

Arnold Ratznegger

Ils découvrent aussi des personnages de superhéros ou de la pop culture, et l’un de nos rats devient Arnold Ratznegger, tellement fort qu’il collecte désormais une ressource de plus à chaque déplacement. Ou encore Ratswoman, qui ne paie plus de fromage aux autres joueurs, ou Neil Ratstrong (oui, ils s’en sont donné à cœur joie !).

Cette piste de galerie est maline, car elle nous offre un choix assez important : avoir plus de rats c’est toujours bien, ça laisse plus de choix et une optimisation plus fine, mais les pouvoirs sont intéressants et aller chercher les points au fond aussi, n’oublions pas que cela reste une course…

Je peux passer par des ratscourcis raccourcis, mais je vais devoir payer une ressource, comme cette calculatrice qui sert à la construction de la fusée.

Dernier point et non des moindres, sur le chemin, j’ai accès à trois magasins : le tout premier permet d’acheter un type de sac à dos, désormais, je collecterais plus de ressources de ce type. Mais ça me coute 6 fromages. Ouh c’est cher ! Depuis quand les rats sont-ils honnêtes ? Et si on le volait tout simplement ? Certes, mais, ce faisant votre rat est persona non gratra et repart tout en bas de la décharge.

Les deux autres magasins sont bien plus hauts, mais plus chers aussi et donnent d’autres types de bonus. Les canettes de boisson énergisantes permettent de doubler les ressources sur un tour, ce qui permet, joué au bon moment, de faire des coups incroyables, ou au dernier magasin des jetons capsules qui donnent des points de victoire selon une condition. First Rat est une véritable de salade de points où c’est vous qui déterminez votre stratégie.

Autant voler le premier magasin, en termes de déplacements perdus, ça se fait. Mais quand on atteint ceux tout en haut, ça se réfléchit, car, après tout, notre rat était tout prêt de devenir un ratstronaute. C’est en tout cas une décision que le jeu nous laisse avec des avantages d’un côté et des inconvénients de l’autre.

Les axes stratégiques

On ne collecte pas n’importe quoi, on va chercher les ingrédients pour la fusée, ou bien foncer sur d’autres axes, le fromage, par exemple. L’interaction est bien présente, on se surveille, on compte les morceaux de formage d’un joueur pour voir si l’on peut lui passer devant. C’est pour ces raisons que je le préfère à partir de trois joueurs, même si à deux, ça fonctionne quand même bien avec des cubes d’un joueur neutre pour ajouter une simili tension.

Ce que je retiens c’est surtout cet espace de décision permanent sans être trop lourd pour autant. En termes de poids, sur BGG il plafonne à 2.27, on est dans un jeu de type familial/initié. Cela en fait un bon titre pour jouer entre joueurs habitués et avec des joueurs moins aguerris, mais curieux et prêts à s’investir.

Côté rejouabilité, on est plus dans une forme de variabilité avec des petits éléments qui changeront à chaque partie. Il est possible de retourner le plateau pour changer la structure du chemin avec des tuiles (numérotées) que l’on va placer au hasard, cassant probablement les habitudes des joueurs, mais honnêtement, on n’en a pas senti le besoin. 

First Rat est un jeu que l’on sort de temps en temps quand on cherche un jeu léger, mais qui ne manque pas de profondeur ni d’interaction. Pas trop long non plus, et fluide, avec un thème décalé et mignon, un espace de décision plus important qu’il n’y parait au premier abord, plutôt tactique mais aussi un peu de développement. Finalement, sans être radicalement révolutionnaire, il renouvelle assez bien le jeu de parcours !

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