Bitoku Resutoran : Itadakimasu !
Bitoku avait marqué les esprits à cause de son titre prêtant à rire grassement et inspirant même les Canadiens d’Es-tu Games pour leur sketch de cérémonie à l’as d’or. Bitoku, on en parlait dans ce Just Played au moment de sa sortie à Essen. Pourtant au-delà de l’humour licencieux qu’il suscite, cela reste à mon sens un bon eurogame, il faut toutefois accepter, son plateau chargé qui brûle la rétine et une surabondance mécanique à la limite de l’indigeste, pourtant comme je disais dans le test, j’apprécie toujours les sessions, la jolie courbe d’apprentissage, les combos, les mixages mécaniques très Feldien.
Bitoku Resutoran est une extension à modules, de nouvelles tuiles Kodama, de nouveaux rochers Iwakura, et comme son nom l’indique des cartes mets qui vont twister le jeu et des cartes Bagarre avec des effets « take that ». Son nom et son illustration évoquent Le voyage de Chihiro, spécifiquement la scène où ils mangent tous comme des cochons de succulents mets de la cuisine japonaise, on retrouve donc la filiation à l’univers de Miyazaki que l’on avait aussi dans le jeu de base, même si ça reste un jeu mécanique où le thème est complètement plaqué.
Détaillons par le menu
Commençons par les cartes qui vont pouvoir twister le jeu, nous débutons avec deux d’entre elles et nous pouvons en récupérer dans certaines conditions. Ces cartes vont ajouter des moyens de réaliser les actions autrement, par exemple avec Soba je peux refaire l’action d’une de mes cartes placée sur mon plateau au lieu de celle que je viens de jouer. Avec Mochi, je peux même réaliser l’action d’une carte présente sur la colline au lieu de ma carte. D’autres permettent des bonus plus ou moins forts, citons Pilaf qui vous fait gagner point et ressources si vous traversez la rue (non) le pont.
Le gros problème de ces cartes, c’est qu’elles sont très circonstancielles, vous pouvez comme moi en avoir plusieurs en main sans jamais trouver de moyen intéressant de les utiliser (ce n’est pas totalement perdu, vous gagnez ½ points par cartes non utilisées).
Quelques cartes festivals
D’autres ajoutent du chaos : en jouant une carte un joueur vous bloque un accès, chose que vous ne pouviez pas anticiper. Mais ce n’est pas tout, l’équilibrage semble aux fraises : Pingguo vous rapporte deux ressources de votre choix, monsieur est trop généreux, fallait pas:). Avec Tteokbokki, vous pouvez carrément placer un de vos nouveaux Pèlerins sur une case illumination déjà occupée, à vous les points de victoire, sans effort conséquent, au bon moment ça peut faire jusqu’à 8 points sans fatigue. Avec Samgyeeopsal, en plus de réaliser l’action de votre carte Yokai vous pouvez marquer autant de points que si vous la défaussez au moment de la phase Vertu, ce qui peut aller jusqu’à 12 points, sans la défausser, vous pouvez donc potentiellement la faire deux fois. Je vous accorde que pour marquer 12 points, il faut l’avoir anticipé, mais tout de même cette différence de traitement pose question…
Je n’ai même pas parlé des cartes Bagarre, la règle vous incite à les enlever si vous n’appréciez pas le chaos. J’ai testé pour vous, ces cartes sont un non-sens dans un eurogame de deux heures (au bas mot), avec Yegouzi, vous choisissez deux bâtiments et vous échangez les pions des propriétaires, dans un cas ça ne changera peut-être rien, dans un autre, si vous avez construit votre scoring de fin de partie (comme moi) sur un type de bâtiment, vous perdez des points pendant que votre adversaire en gagne. Betobeto-San vous permet d’échanger la carte Yokai jouée par celle d’un adversaire, imaginons que vous ayez planifié de la défausser à la fin du tour pour gagner 8 points, hop disparu, sans que vous ne puissiez l’anticiper. Un non sens total, vous pouvez aussi réduire la valeur d’un dé adverse. Bref, ces cartes sont à proscrire totalement si vous aimez avoir un peu de contrôle.
Quelques cartes festival plus offensives.
Ce n’est pas tout, vous avez aussi de nouvelles tuiles Kodama, et je dois dire que c’est l’ajout que le trouve le plus intéressant : au lieu d’avoir que de la course à la majorité, vous aurez des tuiles avec des effets de seuils, qui vont vous donner des points selon une condition et vous pouvez axer votre stratégie dessus pour marquer jusqu’à 10 points de victoire. Si vous décidez de jouer avec, vous gardez toutefois 2 tuiles Kodama avec de la majorité, ce qui permet de gagner plus de tension sur ces deux tuiles et d’ouvrir le jeu vers d’autres axes, un ajout vraiment bienvenu. Enfin vous avez plus de matériel, de nouvelles cartes avec deux familles, de nouveaux rochers Iwakura, et j’allais oublier que l’on pouvait personnaliser nos meeples avec des autocollants, qui sinon ne ressemblaient à rien, déjà leur utilité était discutable, puisqu’ils ne servent qu’à avancer sur des pistes ou compter les points. Au moins maintenant ils ressemblent à quelque chose.
Extension gourmande ?
Pour conclure, vous l’avez compris, je ne suis guère convaincu par l’ajout de ces cartes Festival, je proscris totalement les cartes Bagarre (orange) qui n’ont rien à faire dans un jeu de ce type, sauf si vous voulez juste vous pourrir toute la partie et que vous acceptez de n’avoir aucun contrôle sur celle-ci. Les normales (les bleues) me semblent très très déséquilibrées, donc pas convaincu non plus. On aura plus apprécié les nouvelles tuiles Kodama qui peuvent s’intégrer même dans une première partie. L’extension est plutôt dispensable, sauf si vous avez beaucoup joué au jeu de base et que vous voulez un peu de renouveau, ou du pimpage avec les autocollants meeple, à vous de voir. 🙂
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