Vous fêtez la “Sans” Valentin(e) ce soir ?

Tout. Va. bien !
Certains plaisirs partagés peuvent aussi parfaitement se pratiquer en solitaire. Oui monsieur, oui madame, en 2018, le jeu de société se jouer aussi tout seul. “Hérésie ! Apostasie ! Déviationnisme ! Dans jeu de société il y a société !” crieront les vieux bougons réac’. Mais laissez-les s’égosiller dans leur coin, il n’y a aucune honte à s’adonner aux joies des plaisirs en solo. Après tout, le Solitaire, le bien nommé, serait déjà décrit dans un texte d’Ovide. Autant dire que le jeu solo a toujours fait partie du paysage ludique en réalité. Et si aujourd’hui le “mode solo” est devenu le nouvel argument requis pour vendre son jeu de société c’est parce qu’en réalité, une telle offre peut recouvrir plusieurs besoins. Bien sûr, il y a le plaisir de découvrir et de pratiquer un jeu qui nous plait même quand la soirée jeux avec les potos est tombée à l’eau pour cause de deux centimètres de neige sur la capitale, même si votre moitié préfère se vautrer devant la dernière série Netflix, même quand vous êtes coincé dans un hôtel au fin fond de la Croatie pour voyage professionnel et que vous ne parlez pas un traître mot de croate.
Le mode solo permet d’assouvir nos envies ludiques quelles que soient les circonstances. Une envie de jeu, qu’il soit de cartes, de plateau, de dés, hybride, vidéo ou quoi ou qu’est-ce, hé bé, c’est comme une envie de chips, ça ne prévient pas, après tout.

Et puis, le mode solo offre aussi un avantage de poids : se mettre toutes les règles dans les jambes tranquillement, tout seul, sans pression, pour dompter la bête avant de l’exhiber à d’autres sans hésitations ni erreurs.

Vous avez compris, le solo est la nouvelle hype. Alors ne vous cachez pas dans la salle de bain pour regarder notre petit tour du best of de l’offre actuelle en la matière.

Ex Libris arrive en VF et il propose un mode solo ! Jeu de collection et de pose d’ouvriers avec pas mal de contraintes à gérer dans tous les sens, vous devez poser vos bouquins dans vos étagères pour former la meilleure bibliothèque de la cité. Chaque livre porte un nom parodique, et vu qu’il y en a quand même 510 dans la boîte, on peut dire sans s’énerver que ce (très joli) jeu est un vrai cri d’amour à la littérature.

Si je vous dis Vendredi vous me répondez c’est presque le week-end ! Certes, j’aime beaucoup cette douce hystérie qui vous habite, mais sachez que c’est surtout un jeu du Teuton Friedmann Friese sorti en 2011. Du deckbuilding en solitaire, c’est possible et c’est même très bien !
Si vous aimez jouer les Robinson, sachez que le jeu éponyme de Portal est aussi jouable en solo. Par contre, si votre truc c’est plutôt le côté deckbuilding, mais que vous préférez les thèmes plus urbains, tournez-vous vers Shadowrun Crossfire qui est désormais traduit.

Rune Age. Concrètement, je ne peux pas écrire sur les jeux de deckbuilding se pratiquant en solo et ne pas citer Rune Age sans risquer ma place (et le divorce). Tiens, j’avais un petit point rouge qui se déplaçait sur le front, et là, il a disparu. Jouez à Rune Age. Rune Age est sous-estimé. Il y a les règles pour les scénarios solo dans le livret alors pas d’excuse. Bon en vrai, c’est mieux à plusieurs, mais on ne se permettra pas de mettre en doute la moindre de ses qualités. 😉 Et surtout lisez notre dossier sur la bête.  

En jeu “pur solo” qui arrive en ce moment citons Hostage Negotiator où vous jouez le rôle d’un agent chargé de négocier la libération des otages retenus par un forcené. Attention par contre, allergiques au hasard, abstenez-vous.

One-Deck Dungeon : voilà une petite boîte qui peut se jouer à deux mais c’est vraiment tout seul qu’il prend tout son sens. Des mécaniques plutôt cool pour un jeu de ce gabarit, type RPG minimaliste à base de dés.

Sherlock Holmes Detective Conseil. Un livre-jeu culte (ou plutôt deux), proche des livres dont vous êtes le héros (à ce titre, on vous conseille aussi de regarder du côté des BD dont vous êtes le héros), où il vous faudra résoudre une enquête dans le Londres victorien en suivant les pistes qui vous semblent les plus logiques. Attention, les enquêtes sont tendues, et vous ne pourrez pas vous reposer sur l’intellect flamboyant de vos camarades de jeu !

Vous pouvez bien sûr aussi vous tourner vers les créations de Shadi Torbey qui s’est fait une spécialité de concevoir des designs pour un ou deux joueurs, si bien qu’on lui demander parfois de travailler sur les modes solo d’autres jeux. Urbion, Castellion, Nautilion, Onirim, Sylvion, il a un ensemble de titres présentant une belle cohérence artistique et mécanique pour un à deux joueurs.

Vous le savez, par ici, on a certains adeptes acharnés du jeu de cartes du Seigneur des Anneaux. Vous pourrez y passer du temps (vraiment beaucoup si vous ne craignez pas de dépenser plein de vos euros dans plein de leurs extensions) tout seul, puis y mettre votre moitié. Eh oui, c’est un jeu à deux mais qui tourne aussi au poil tout seul.

Dans un autre univers mais chez le même éditeur (FFG), citons Horreur à Arkham, son jeu de cartes de base et ses extensions offrent lui aussi un très joli challenge pour un ou deux joueurs. Le jeu faisait partie de nos coups de coeur en septembre dernier.

L’Auberge Sanglante. Quitte à passer une soirée glauque, autant y aller à fond avec un thème bien creepy. 😉 Vous voilà dans un coin paumé de l’Ardèche. Une famille de paysans du cru a décidé d’investir dans une auberge pour détrousser ses hôtes et les faire disparaître sans éveiller les soupçons des forces de l’ordre… Les cartes voyageurs arrivent, vous leur donner une chambre, et parfois la mort. Pensez bien à enterrer les cadavres !

Ghost Stories. Ce Bauza-là est aussi un “Solitaire Game” et autant vous dire que depuis 2008 il n’a pas pris une ride. 10 ans déjà ! Vous jouez des moines taoïstes qui défendent un village contre l’invasion de spectres avec l’aide des villageois aux cours des phase Yin et Yang qui structurent le jeu. Mais tiendrez-vous jusqu’au grand boss final ?  

Vous aimez les jeux de patience ? Alors The Game est fait pour vous (et The game extrême si vous êtes un extrémiste de la patience). Il vous faudra parvenir à poser toutes les cartes numérotées de 2 à 99 en les jouant sur 4 tas, avec valeurs ascendantes et descendantes. Voilà. Vous savez jouer. Attention, on dirait pas comme ça, mais on nous a remonté quelques problèmes d’addictions autour de ce jeu. 

7th continent. Vous avez écumé les livres dont vous êtes le héros et mourez d’envie de vous replonger dans une aventure épique, alors que vous êtes en famille et qu’on vous tanne pour jouer au Uno pour la vingt-sixième fois ? Isolez-vous et sortez le 7th Continent. Partez à l’assaut de ses jungles hostiles, explorez ses recoins les plus sombres, désamorcez ces anciennes malédictions qui vous assaillent… Et avec le système de sauvegarde, vous pouvez rapido tout ranger et revenir à la vraie vie quand on vous demande d’aider à faire la bouffe pour les trente personnes qui vont se mettre à table sous peu. 

Les EXIT et Unlock! dont nous vous avons abondamment parlé en tant que jeu, et en tant que trend global sont à mettre dans le même panier. Ici, comme dans Sherlock Holmes Détective Conseil, on se frottera à un puzzle en soi : le but sera de le résoudre. Mais là où les différents types d’intelligence peuvent s’entraider, vous n’aurez, en solo, que votre brillant esprit. Si vous appréciez les escape room, le challenge mental et les chronos serrés, ces deux gammes de jeux sont là pour vous.

Tea for Two but also pour moi tout seul si j’veux

Rosenberg aime que vous jouiez seul. Peut-être pense-t-il que vous n’avez pas d’ami..? ;p En tout cas, Aux portes de Loyang, Agricola, Le Havre, Cottage Garden, A feast for Odin, Terre d‘Arle, La route du verre, Ora & Labora, Caverna, sans oublier Caverna Cave vs Cave ont TOUS un mode solo ! Si vous êtes du style à aimer poser de l’ouvrier en masse et produire de la tourbe dans le haut Moyen-Age, ne boudez pas votre plaisir.

Terraforming Mars fait beaucoup parler de lui depuis fin 2016, et c’est aussi parce qu’il peut s’y jouer de 1 à 5, une amplitude plutôt confortable pour un jeu de ce type. Ce qui nous intéresse ici, le mode solo, fonctionne au poil. Combo de cartes et placement sur sol rouge avec thème SF pour jeu à moteur bien huilé et plus si affinités.

Vous aimez vous triturer les synapses en profondeur jusqu’à ce qu’il ne reste plus que du jus ? Nous avons pour vous Projet Gaia, le nouveau Terra Mystica. Attention, ne vous faites pas mal, c’est du lourd, mais c’est du bon. Grosse richesse stratégique, grand renouvellement, des fins de parties tendues une crampe mais comptez bien une heure d’expli de règles.   

L’in-con-tour-nable saint Graal du moment qu’est Gloomhaven se joue aussi tout seul. Attention si vous commencez à y jouer tout seul, prévoyez une table pour le laisser sorti pour des semaines. Gloomhaven, on vous en parlait récemment par ici. Le test, c’est là. Trame narrative non linéaire sur 95 scénarios en mode Legacy, combats tactiques avec de la gestion de main exigeante et finaude, univers original… Gloomhaven cumule et culmine.

Mage Knight. Il faudra surement prévoir sa soirée (au moins parce qu’il faudra se remettre les règles en tête et installer le jeu ^^), mais voilà une pièce de résistance Chvatilienne qui nous permet de vivre une belle aventure où l’on se concentre sur l’évolution de son personnage et sur l’exploration immersive du monde.    

Dans un registre pas si lointain mais avec un corpus de règles plus accessible, l’excellent Runebound 3e édition se joue aussi tout seul, oui mais seulement en possession du non moins excellent “Liens Indissolubles”, cette extension coopérative et/ou solo pour la boîte de base, très bien ficelée avec une intelligence artificielle gérant les monstres simple et efficace.

Le complexe et superbe Spirit Island. Un jeu coopératif se mue aisément en jeu solo, ou du moins est-ce courant. Il est évident qu’un challenge que l’on doit résoudre à plusieurs a souvent le potentiel pour se transformer en casse-tête pour un seul joueur. Mais avec Spirit Island, vous pouvez incarner un seul esprit, ou plusieurs, selon vos préférences. Le fait de pouvoir jouer un seul esprit signifie que pour une fois, vous avez un jeu coop’ qui se dit solo sans jouer la carte du “vous jouerez tous les joueurs en même temps”. Pour en savoir plus, lisez le Just played. 

► Bon, on ne vous a pas tout dit, loin de là, et si vous en voulez plus, n’hésitez pas à relire nos chroniques datant de 2016 : Le point sur l’offre solo et Le jeu solo. 

Et bien sûr, n’oubliez pas toutes les version numériques de nos jeux préférés, jouables sur les toilettes ou dans le métro. Aventuriers du Rail, Splendor, Lords of Waterdeep, Smallworld, Catane, Carcassonne, Tigre et Euphrate, Agricola… mais aussi Joe Dever’s Lone Wolf ou les Hearthstone et compagnie.

Et si vraiment vous jouez en mode solo faute de Valentin(e) et que cela vous rend triste, ne laissez pas la douleur vous égarer : nous connaissons un site de rencontre sympa, qui permet d’approcher des geeks filles et des geeks gars. Ça s’appelle Geekmemore, c’est des copains, allez-y de notre part ! 😉    

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