ISS Vanguard : L’univers inside you

Il y a quelques années sortait un O L N I dans le monde du jeu vidéo : No man’s sky, bac à sable d’exploration spatiale nous faisant voyager à travers une innombrable quantité de planètes. Arrive maintenant dans l’écosystème des jeux de société un titre qui semble en être une déclinaison « jeu de plateau » : ISS Vanguard.

 

ISS Vanguard ne vient pas de nulle part. Il est la nouvelle œuvre de Krzysztof Piskorski, et du studio polonais Awaken Realms, qui nous a proposé des titres qui ont marqué le monde ludique. Citons ici Tainted Grail, avec son univers funeste de la légende arthurienne, la trilogie SF horrifique Nemesis dont le dernier opus a été un gros carton dans le monde du financement participatif, ou encore le déprimant (par le thème qu’il aborde) This War of Mine. Vous le savez sans doute, le succès de ces jeux, toujours proposés en financement participatif et généralement généreux en matériel de jeu, ont permis à Awaken Realms de lancer leur propre plateforme de financement participative, Gamefound, venant grignoter de manière significative la grosse part de marché monopolisée jusqu’alors par Kickstarter. ISS Vanguard fut le fer de lance de cette nouvelle plateforme (voir notre article ici).

 

Une boîte volumineuse bien remplie

 

ISS Vanguard suit la ligne éditoriale des jeux d’Awaken Realms.

Un Financement participatif pleinement réussi (la bagatelle de 5 millions d’euros pour 29 000 contributeurs à la clôture de la campagne…),  une communication finement orchestrée pour attirer le backer, une proposition ludique innovante, intrigante, ambitieuse portée par des illustrations dont le style crayonné est une marque de fabrique des illustrateurs du studio polonais.

Un jeu dont le volume de la boîte (et son contenu pléthorique) est à faire hurler de douleur mon étagère ludique, avant que je lui susurre que ce n’était que la première boîte, celle des stretch goals arrivant dans un an (Oui, mon étagère ludique s’est renversée à cette annonce). 

 

Note : Les images de cet article ne montrent que ce qui est accessible au tout début de la campagne, et je m’efforcerai de ne rien dévoiler du scénario de la campagne

Mais qu’est-ce donc que cet ISS Vanguard ? Qu’a-t-il de si exceptionnel pour qu’il se hisse en haut des jeux les plus financés ?

Sachez avant de commencer que la cartographie de l’univers est en nous. Enfin, plus exactement dans l’ADN des insignifiants grains de poussière terriens que nous sommes. Nous hébergeons les coordonnées de destinations stellaires lointaines, inconnues. Et, aventuriers et découvreurs infatigables, nous nous lançons dans l’exploration de ces coordonnées à partir d’une épave reconstruite de vaisseau extraterrestre trouvé sur Terre, l’ISS Vanguard, afin de savoir ce qui se cache derrière ces points GPS qui se cachent en nous. Le décors SF est planté. L’immensité nous attend dans ce jeu coopératif d’exploration de l’univers inconnu.

Nous sommes donc aux manœuvres de l’ISS Vanguard, prêts à se perdre dans les galaxies. Les joueurs ne vont pas incarner un membre de l’équipage du navire, mais carrément une section entière de l’équipage. Nous aurons ainsi les sections sécurité, science, reconnaissance et ingénierie.

Le but du jeu va être d’explorer ces fameuses destinations stellaires, de comprendre qui aurait mis ces coordonnées en nous, et qui nous sommes.

Pour se repérer, on disposera d’un livret, l’atlas des systèmes, nous permettant de naviguer d’un système à un autre, d’une planète à une autre. On s’aperçoit vite qu’on ne pourra pas tout atteindre dès le début du jeu et que des améliorations technologiques de notre vaisseau seront indispensables. 

 

Une phase importante du jeu, et de chaque partie, va être l’exploration de la planète atteinte. Ah, l’exploration d’une planète ! Son environnement accueillant, sa faune et flore paisible… Oubliez tout cela, vous êtes là pour en baver !

On commencera par une étape d’atterrissage qui pourra être plus ou moins tumultueuse selon la navette choisie ainsi que les améliorations qu’on lui aura apportées (Tips : Avoir renforcé le blindage ou sa manœuvrabilité n’est jamais une mauvaise idée). Il peut ainsi arriver que vous atterrissiez déjà fortement esquinté. Qui a dit que ce voyage allait être un long fleuve tranquille ?

La section sécurité

Nos quatre sections seront nécessairement sur site (quel que soit le nombre de joueurs – en solo on incarne donc les quatre), et le terrain d’exploration sera dans un livret à spirale : la planètopedie.

La planète à explorer (ou le bout de caillou où on s’est posés) se matérialise par un ensemble de lieux visibles sur une double page, où on déplacera la figurine du courageux membre de section qu’il représente. Les figurines plastique ne sont ici qu’esthétiques et on peut choisir celle de son choix parmi les différentes proposées.

De nombreuses cartes viendront se placer sur les lieux de notre exploration au fur et à mesure de notre progression. Nous aurons beaucoup de défis à réaliser, ce qui se joueront via des pools de dés dont dispose chaque joueur.

 

L’interaction entre les joueurs est ici très forte, car les dés sont tous différents sur les symboles qu’ils proposent et chaque section a ses spécialités. Il faudra optimiser au mieux les choix de lancer de dés pour s’en sortir, car tout dé utilisé est épuisé et devra être restauré via des provisions (forcément limitées) ou des cartes. Et on va en épuiser, des dés, croyez-moi ! Cela sera parfois presque des comptes d’apothicaire pour s’économiser au mieux ou réussir rapidement un défi, tout en s’aidant des avantages de chaque section.  

 

 

Les recherches scientifiques seront aussi de la partie, car toute découverte (minéral, floral, …) sur ces planètes étranges  pourra être exploitée dans une seconde partie du jeu afin d’acquérir connaissances et nouvelles technologies. Il faudra donc faire des choix entre progresser dans la trame principale de l’exploration et volonté de crafter un maximum de découvertes. Quoi qu’il en soit, vous ne pourrez pas tout ramener.

L’exploration d’une planète est fortement scénarisée, via des cartes missions et fréquemment une piste de temps. La narration est suivie par un journal de bord contenant des centaines d’entrées à lire, nous plongeant dans les communications de rapport d’exploration entre les membres sur le terrain et le staff de l’ISS Vanguard, restés à bord. La narration est impeccable, signe d’excellence de Awaken Realms en la matière, et permet une immersion totale. On a parfois l’impression d’être dans un film SF à grand spectacle.

 

Cela dit, la manipulation du matériel lors des phases d’exploration est parfois un peu poussive, et manque de dynamisme, notamment dans la gestion des pools de dés. Je n’ai pas encore testé d’y jouer en solo, mais j’ai peur que toute la phase de gestion des pools de dés soit rapidement prise de tête si on doit gérer les quatre sections seul. L’excellence en matière d’exploration proposée par Unsettled n’est pas atteinte ici [Note de la relectrice : rien ne peut atteindre Unsettled ^^].

Bon, une fois l’exploration terminée, il est temps de retourner à bord. Ici commence la seconde grande phase du jeu : la maintenance de notre navire interstellaire ISS Vanguard. À partir d’un classeur (je vous ai déjà dit que le contenu était pléthorique ?), vous allez pouvoir gérer les différentes parties de votre vaisseau : Etudier des technologies, lancer la fabrication de nouveaux objets et améliorations sur vos chaînes de montage, traiter vos blessés de retour de mission à l’infirmerie, gérer des crises potentielles, recruter des nouveaux membres de section, et même gérer votre mémorial.

Le tout se fait par des intercalaires où vous pourrez y insérer les cartes acquises en mission. Et il ne faut pas négliger la manière dont on gère notre développement car ce sera d’une grande aide pour la suite ! Mieux vaut fabriquer en premier cette combinaison anti-corrosion ou ce moteur supra-luminique pour atteindre le système suivant ? Choix cornélien… Dans tous les cas, la gestion du vaisseau est particulièrement bien guidée dans le classeur, et s’avère d’une aisance déconcertante, là où je m’attendais à me perdre dans les règles.

 

 

Moins longue (environ 40 minutes) que la phase d’exploration (environ 1h30), la phase de maintenance n’est pas sans rappeler un vénérable titre du monde du jeu vidéo : UFO ennemi unknow (XCOM), alternant phase d’action et gestion de sa base. En tout cas, sachez qu’une session complète dure dans les deux heures, mais que la sauvegarde est ultra rapide. 

Si les premières explorations font office de tutoriel pour appréhender les mécanismes du jeu, on sent qu’un potentiel scénaristique énorme se cache derrière l’histoire qui se met en place, et que des choses vont nous sauter à la figure au moment où on s’y attend le moins.

Attention, le jeu est néanmoins truffé de petites règles, surtout dans la phase exploration, avec un manuel qui aurait pu être mieux construit. Les règles sont en effet expliquées via le tutoriel, et retrouver un point précis n’est pas chose aisée ensuite. Certaines sont imprécises. Il est préférable d’enchaîner rapidement plusieurs parties au début pour assimiler et se familiariser avec l’ensemble des actions possibles. Cela se fluidifie néanmoins au bout de quelques sessions de jeu, mais il vaut mieux garder les mêmes joueurs pour la campagne !

 

Car vous l’aurez compris, ISS Vanguard est un jeu à campagne, où les éléments scénaristiques vont s’enchaîner d’explorations en explorations. Donnée pour une soixantaine d’heures, la campagne aura de quoi nous tenir en haleine jusqu’au bout, comme a pu le faire Tainted Grail. Ce n’est pas le millier de cartes à notre disposition qui viendront me contredire. Et c’est sans compter les extensions débloquées durant la campagne (Deadly frontier et The last fleet). Léger spoil (passez la souris pour mettre en surbrillance) : J’imagine que nous aurons à faire, à un moment où à un autre, à des espèces extraterrestres avec qui il faudra interagir, peut être dialoguer. Je ne le sais pas au stade de la campagne où je suis. 

Une chose est sûre, ISS Vanguard saura nous occuper, en espérant qu’il y aura suffisamment de nouveautés et de surprises pour nous tenir en haleine jusqu’au bout. Personnellement, au bout de 15 heures de campagne, j’ai vraiment envie de continuer, ce qui est plutôt bon signe. 

Comme cela a été proposé dans Tainted Grail, Awaken Realms a mis le paquet pour le développement de son jeu, proposant une application mobile bien construite pour la gestion de la campagne, se substituant à un narrateur du carnet de bord (en anglais uniquement malheureusement). De nombreuses figurines plastique sont aussi disponibles, en plus des 8 figurines de la boîte de base, via une extension, mais, comme pour Tainted Grail, bien que magnifiques, elles sont loin d’être nécessaires à l’expérience de jeu.

ISS Vanguard est un jeu qui ravira tous ceux qui oseront se lancer dans l’aventure, s’investir dans un OLNI ludique, bac à sable d’exploration spatiale, bien que fortement scénarisé.
L’expérience est riche, ambitieuse et tient ses promesses sur les premières parties. Reste à s’en assurer sur toute la durée de la campagne. 

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6 Commentaires

  1. ihmotep il y a 14 jours
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    Il y a quelques années je rêvais d’un jeu coopératif narratif dans l’esprit « Star Trek ». C’est alors que le grand spécialiste du genre, Awaken realms, lança sa campagne pour ISS Vanguard. Après une (très) longue attente, il est là et nous ne sommes pas déçu. Nous faisons la campagne à 4 joueurs, le jeu étant parfaitement calibré pour ce format (chaque joueur joue l’un des 4 « départements » du vaisseau). Le jeu est incroyablement complet : gestion du vaisseau, des recherches scientifiques, choix des productions, management de l’équipage et bien sûr exploration de planètes. Le tout aurait pu, aurait dû être une grosse usine à gaz mais non, tout est noté dans le classeur, il suffit de suivre les étapes. Finalement les règles sont très simples. Un très gros travail a été effectué par Awaken Realms durant la campagne. Une bêta test à l’échelle mondiale a été organisé par l’éditeur pour corriger, peaufiner, revoir les points de règles. Là où beaucoup de jeu perdent en immersion car les règles sont trop intrusives, dans ISS Vanguard nous restons dans le partie avec un système dés / cartes tactiques et collaboratifs. Et comme d’habitude le travail d’écriture est excellent, rendant l’histoire passionnante à vivre.
    Tels les pyramides d’Egypte ISS Vanguard est un projet titanesque qui au final est très impressionnant.  J’ai pris l’extension « figurines » car pour moi elles ajoutent encore plus d’immersion. Tout le monde est ravi de cette campagne avec pour seul bémol les temps de session de jeu (3 à 4h pour un run complet).
    Dommage toutefois que sur un projet à pratiquement 5 Millions Awaken Realms n’est pas traduit l’application en français ce qui aurait vraiment amené le côté immersif à son paroxysme.

    • Meeple_Cam il y a 14 jours
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      Pour ma part, on y joue à 4, et au boulot sur la pause de midi, une fois par semaine. On sépare donc les runs en 2 sessions de 1H30 et ca passe. La mise en place se fait en 5 min (avec l’aide de photos si on est au lieu de l’exploration d’une planète). donc en général, on fait les 3/4 d’une explo  la première session et la fin + maintenance sur la seconde. j’avais peur que la session maintenance soit peu intéressante et pénible à faire une semaine sur 2, mais il n’en est rien car elle est très fluide et apporte pas mal de débat sur comment on veut faire évoluer le vaisseau, traiter les crises, etc…

      • Ihmotep il y a 13 jours
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        Ca c’est des collègues de travail qui sont bien 🙂

  2. Mélanie Gibert il y a 13 jours
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    Merci pour ce bel article qui permet de présenter le jeu au public francophone !
    Nous y jouons avec mon partenaire (version anglaise), et je voulais simplement me permettre une correction : vous indiquez que l’on doit incarner les 4 sections à tout moment du jeu, et que cela pourrait devenir épuisant en solo de gérer tout le monde en même temps lors des explorations.
    Je ne sais pas si la version française des règles a mal compris ce point ou non, mais il est bien indiqué dans la version d’origine que, à 2 joueurs ou moins, toutes les sections devaient être contrôlées par au moins un joueur, mais que seules 2 sections au minimum devaient se rendre sur les planètes ! Donc en solo, on contrôle 2 sections à la fois. À 2 joueurs, on en choisit une chacun (ce qui nous forcera à alterner les sections qu’on envoie pour ne pas prendre de retard, bien entendu).
    Donc pas de panique de ce côté pour une partie solo, pas besoin de jouer les 4 sections en même temps sur les explorations ! 😉

    Pour référence, ce point de règle se trouve dans la section Nombre de joueurs (p.8) dans les Notes (Planetary Exploration requires an Away Team of at least 2 Crewmembers from different sections).

    En espérant que ça vous aide si vous décidez de tenter à moins de joueurs ! Bonne séance o/

    • Ihmotep il y a 13 jours
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      Merci pour la précision ^^. Bonne exploration spatiale

      • Meeple_Cam il y a 13 jours
        Répondre

        Merci pour la correction. Effectivement, vous avez raison. ça me rassure pour quand je me lancerai dans les nouvelles campagnes, probablement en solo.

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