Ce week-end de mi septembre a eu lieu la première partie de la cinquième édition du Festival des Jeux de Vichy. 

Pour ses quatre premières éditions, il y avait en même temps mais dans des espaces différents, un salon pro à destination des boutiques et de la presse (et des auteurs et Cafés Ludiques à la demande de leurs réseaux), et un festival Public.

Cette année, pas assez de place pour tous les éditeurs, pour tous les publics intéressés, même dans l’immense Palais des Congrès. Le festival ne se divise plus dans l’espace mais dans le temps. Nous sortons du salon pro qui a réuni 800 personnes, et le week-end prochain aura lieu le festival public. Deux week-ends de suite, Vichy est envahi par le jeu de société.

Le Rendez-vous prend de l’ampleur, la localisation centrale étant accessible des cinq coins de la France, et à quelques semaines de Noël, les ludicaires peuvent ainsi faire le tour de tous les distributeurs pour savoir comment remplir leur hotte.

Est ce que nos yeux ont été remplis d’étoiles ? Vous pourrez suivre nos reportages en plusieurs parties, à l’instar de PEL, FLIP, FIJ

Avant de présenter les nouveaux jeux, revenons un instant sur la remise du prix du Groupement des Boutiques Ludiques. La cérémonie a débuté avec un prix spécial pour récompenser le travail d’Accessijeux qui œuvre depuis des années pour rendre accessible les jeux de société aux personnes en situation de handicap, avec d’abord la création d’une ludothèque avec des jeux accessibles aux déficients visuels, puis une boutique en ligne, et même du travail d’édition avec déjà quatre jeux à leur actif : Quarto, Mow, Toutilix et TTMC.

Et voici les trois trophées 2022 :

Aurignac

Remontons à l’époque où cohabitaient les tribus Neandertal et Sapiens. Installons-nous pour plusieurs saisons dans cette vallée d’Aurignac, afin d’incarner soit une tribu sapiens par le biais de son deckbuilding, soit Neandertal et ses ouvriers à poser, soit Mère nature, qui n’aime pas les hommes et utilisera ses cartes pour entraver leur avancée vers leur victoire. Si elle parvient à ce que les hommes ne l’emportent pas au bout d’un certain nombre de saisons, elle nous aura débarrasser de l’Humanité en plus de remporter la partie. Pour les tribus humaines, il y a d’autres conditions de victoire. Nous sommes, vous l’avez compris, plongés dans un jeu complètement asymétrique, et c’est très attirant.

Lors de cette partie, en jouant la tribu Neandertal, les choix étaient assez scriptés, et Mère Nature se déchaînant, certains tours se sont passés à vide, quitter la table n’aurait pas gênés mes adversaires. Le thème m’est cher, je suis encore très loin des sensations organiques d’un Paléo.

Un jeu de Loïc Lamy
Illustré par Loic Vaiarello
Edité par okaluda

Galileo Project

L’invitation sur Jupiter est alléchante, nous retrouvons dans ce jeu qui se situe dans l’univers de Ganymède, les autres satellites de la planète gazeuse, satellites que nous allons aménager grâce à des robots, et avec l’aide d’experts. En avançant sur la piste de chacun des satellites, nous ouvrons des droits et des bonus en points de victoire. La particularité du jeu tient dans la gestion de sa capacité d’achat, les spécialistes nous apportant du pouvoir d’achat en plus de leur compétence et scoring de la piste Terre ou Mars. Ces deux pistes sont un dilemme du jeu, car nous contraignent dans nos choix. Grâce aux bonus apportés par les pistes de satellites, ils pourront être levés.

Un jeu à moteur, objectifs et combo de technologies, alléchante invitation illustrée par David Sitbon.

Un jeu de Adrien Hesling
Illustré par David Sitbon
Edité par Sorry, We Are French (SWAF)

Le trésor de Davy Jones

Chers pirates, le navire est légèrement en feu, ramassons les trésors au plus vite avant que tout ça ne nous pète à la gueule !

Le navire, nous le construisons à chaque tour en ajoutant des tuiles, qui viennent avec leur dé ainsi qu’un jeton tiré du sac, derrière ces jetons des trappes d’où sortiront des damnés, ou des squelettes qu’il faudra combattre pour remporter le rhum, le sabre ou le trésor. De multiples actions sont à votre disposition pour fouiller le navire, éteindre l’incendie (il en revient toujours de ce maudit feu), enrayer la dissémination des damnés, trouver le trésor et le ramener péniblement sur le canot. Vous êtes un pirate, ne soyez pas effrayé des nombreuses morts qui vous attendent. Plusieurs façon de perdre en équipe dans ce coopératif où on retrouve l’urgence que Kane Klenko décline dans tous ces jeux. Beaucoup de maintenance tout au long de la partie, difficile de ne pas involontairement tricher, mais ça sent bien le pirate grillé, et l’explosion en chaîne vous guette si vous ne gérez pas la chaleur des dés qui monte.

Un jeu de Kane Klenko
Illustré par Chris Ostrowski
Edité par Minion Games, origames

Fun facts

Une boîte quelque peu « Boule à facettes » de Kasper Lapp chez Repos Prod, à l’intérieur huit pointes de flèche sur lesquelles les joueurs vont écrire l’évaluation de leur capacité à la question posée. « À quel point aimez vous les comédies musicales ? », de 0 à 100 ? moi je dirai 61. je le note face cachée sur ma flèche de ma couleur, chacun fait de même, puis on va placer nos flèches face cachée, avec à chaque tour le choix de l’emplacement de ma flèche par rapport à ce que je pense que les autres ont estimé pour eux même. Comme c’est coopératif, le but n’est pas de polémiquer, pourtant c’est quand même ce qui est fun dans ce jeu. Il semble moins créatif que Top Ten dans les réponses que nous fournissons, il a cependant le mérite de bien provoquer la rencontre des individus autour de la table, même s’il est plus drôle d’y jouer avec des amis dont on saura mieux estimer les réponses. Un titre où on ne laissera pas son jugement dans le couloir.

Allez, celle là, juste pour vous : « Combien de jeux de société possédez-vous ? »

Un jeu de Kasper Lapp
Edité par Repos Production

Mysterium kids

Dans la famille faire deviner en faisant un son, je voudrais le tambourin ! L’adaptation de Mysterium vu par le binôme de I’m a banana, ne pouvait pas être aussi sérieux que son grand frère. Antonin Boccara et Yves Hirschfeld nous proposent chacun notre tour de faire deviner la ou les images parmi cinq présentes à la vue de tous, en faisant du bruit sur le tambourin. 

Alors comment faire pour le pinceau, l’oiseau ? Le canon ça semble plus évident, mais quand il y a également le strike du bowling, il va falloir trouver le petit indice discriminant.

Coopératif toujours, bien plus facile à mettre en place que Mysterium, une durée de partie adaptée à la cible des 6 ans, c’est un format bien taillé, pour un jeu amusant, qui tombe un peu en même temps que d’autres jeux de reconnaissance de sons. Fun, rapide, agréable et amusant en famille.

Un jeu de Antonin Boccara, Yves Hirschfeld
Illustré par Olivier Danchin
Edité par Libellud, Space Cow

Farm Club

La bonne odeur de la ferme, avec ses cochons et ses canards.

Il s’agit dans ce jeu de créer une belle ferme et de faire cohabiter les différentes espèces animales. Non, pas de ressources, pas d’agricolisme, Farm Club, c’est plutôt la hiérarchie en mode animale qui va nous guider. Vous connaissez La Ferme des animaux ? Le voilà adapté dans une grille de 4 x 4 animaux. Ainsi à chaque tour, vous prenez un couple animal / carte de scoring. Vous placez l’animal dans une case de la ferme, et conservez la carte de scoring pour la fin de partie si elle présente un sablier ou bien validez la carte si la contrainte est réalisée. Cette contrainte peut être un placement d’animaux, une domination d’une espèce sur une autre, ou ne posséder exactement qu’un animal de cette espèce. Possible de remplacer tous les animaux ou toutes les cartes du marché en dépensant un jeton durement gagné. Laissez les animaux quelques temps sans chef, et vous savez ce qu’il se passe ? Le monde n’est pas prêt pour une vie en autogestion, il va falloir désigner un animal chef, qui bien sûr va aller habiter dans la maison des humains au centre de la ferme. Une fois dans la partie, vous pourrez, à la place de votre tour, prendre également un animal et une carte présentant les animaux à admettre dans sa ferme pour marquer les 6 points. L’animal va habiter la ferme, et les vaches seront bien gardées.

Simple, concis, malin, un peu d’embetage de voisin, Farm Club est attendu pour la rentrée de septembre. Le cochon sur la couv fait flipper !

Un jeu de Alexandros Kapidakis
Illustré par Gaetan Noir, Jeanne Landart
Edité par BLAM !

District noir

Un nouvel éditeur sur le marché nous propose cette petite boîte de cartes qui vont voir s’opposer deux joueurs à la tête d’un gang de mafia. Ambiance prohibition. visuels sobres et colorés, très attirants.

Cinq cartes en main pour chacune des manches et des joueurs. À chaque tour, on pose une carte sur une ligne commune, et lors de chaque manche on va pouvoir décider de prendre les cinq dernières cartes posées afin de constituer sa collection. Collection qui sera comptabilisée à l’issue des quatre manches, sous forme de majorité de chacune des quatre familles, et des séries de famille. Ça à l’air benêt présenté comme ça, seulement on va pouvoir rajouter des cartes qui enlèveront des points afin de piéger l’adversaire, lui donner envie de pousser un peu plus loin le nombre de cartes avant de prendre. En fait, chaque pose est un choix très engageant. Et il y a une fin immédiate si l’un des joueurs a collecté les trois bâtiments du jeu. On connaît le nombre de cartes de chaque famille, on peut donc calculer ce qui va rester en dernière manche dans les mains, et se prêter au jeu des pronostics, tout en étant quand même soumis à un aléa de départ, trois cartes étant écartées secrètement de la partie.

Throne and the grail sorti en 2016 a subi un gros relookage et thématisation. Spiral Editions a choisi ce jeu bien taillé et de belle facture pour sa première sortie.

Un jeu de Nao Shimamura, Nobutake Dogen
Illustré par Vincent Roché
Edité par Spiral Éditions

Challengers

Voilà un jeu assez modulable en nombre de joueurs d’une façon assez originale : on va affronter des adversaires en duel, à chacune des sept manches un adversaire, c’est à dire un joueur, différent. On a un deck identique pour se combattre en début de partie, puis avant de passer à la suivante, on va pouvoir rajouter des cartes issues de paquet A/B/C, de plus en plus puissantes, et on pourra assez librement épurer notre deck entre chaque manche.

Le combat est simple, c’est une bataille. L’attaquant ajoute des cartes pour égaliser la valeur de la carte du défenseur. Une fois égalisé, le défenseur défausse ses cartes, bien alignées sur son banc. S’il n’y a plus de place, il perd la manche. Il perd également s’il n’a plus de carte à jouer en contre.

On va donc essayer d’avoir un deck assez étoffé, avec des pouvoirs qui pourront apporter des bonus situationnels, des cartes plutôt de même type, car lors de la défausse sur le banc, elles iront au même emplacement et ne prendront pas de place supplémentaire.

Un jeu de deckbuilding qui laisse une belle part à la chance, mais qui est est très abordable et agréable, par les auteurs Johannes Krenner (MARI) et Markus Slawitscheck  (Hot&cold).

Un jeu de Johannes Krenner, Markus Slawitscheck
Illustré par Jeff Harvey
Edité par Z-Man Games

On vous donne rendez-vous dans quelques jours pour la suite de nos impressions à chaud en vidéo, et dans un deuxième reportage.

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