Vichy Pro 2023 – Reportage partie 1 : Discordia, Fake Crystal, Foret Mixte, Lanfeust de Troy, Oxono, Spirit, Vampire Village
Le salon professionnel de Vichy qui se tient pour la sixième édition mi septembre a su se faire une place de choix dans le milieu du jeu de société.
La date est idéale pour les boutiques qui peuvent ainsi voir les jeux qui garniront leurs étagères en vue de finir emballés et offerts pour Noël. Le centre de la France (on approxime un peu) est pour bien des français plus accessible que Essen. Le grand salon international allemand n’est pas égalé par Vichy, pas du tout la même ampleur, mais pas le même nombre de visiteurs non plus. Mais pour découvrir les nouveautés française, la proposition est quasi idéale.
Pour la deuxième année, le festival pro du 17 au 19 septembre sera suivi par un festival public du 23 et 24 septembre.
C’est ainsi que toute l’équipe de Ludovox s’est rendue au centre approximatif de la France, pour une série de reportages sur les jeux découverts auprès des éditeurs durant ces trois jours.
Reportages vidéos et écrits sur des jeux sortis récemment ou à venir.
Fake Crystal
Il y a de fausses pierres précieuses, elles brillent aussi, et peuvent parfois coûter plus cher que des vraies. C’est un peu ce qu’on va trouver dans Fake crystal, du vrai pas cher, du faux très cher, mais comme les offres sont faites face cachée, allez savoir si l’adversaire vous fait croire que c’est vrai parce que c’est cher ou juste parce qu’il préfère le garder pour lui. Règle simple : parmi les quatre tuiles en main, chacun en pose deux en indiquant le type de pierre, et met en jeu sa valeur, par exemple 10 pièces pour ce saphir double. Puis à tour de rôle, on achète chez un adversaire, révélant ainsi l’objet de la transaction, ou on reprend son offre. À la clé, objectif de collection, de course mais aussi de piécettes, car tout cela se passe en vase clos, l’argent ne fait que circuler, il n’est pas magique.
Il faut être bien roublard pour s’en sortir dans ce jeu du nouvel éditeur Arkham society. Fake crystal est pur comme émeraude, il exige de vous cette part de négociation que vous maîtrisez déjà ou qu’il vous faudra vite apprendre pour devenir riche. Que le plus roublard l’emporte !
J’apprécie la pureté des règles, mais comme je transpire beaucoup quand le jeu me pousse à mentir, j’ai bien sûr eu du mal à sortir mon épingle en diamant du jeu. Ça ne m’empêchera pas de retenter ma chance.
-Natosaurus
Un jeu de Sergio Halaban
Illustré par Maud Chalmel
Edité par Arkham Society
Sortie prévue très vite
Oxono
Nouveau jeu qui vient étoffer la collection des jeux de stratégie abstrait chez Cosmoludo, ce qui est leur spécialité, en dehors des rééditions de jeux de Claude Leroy, et Kamon de Bruno Cathala, l’éditeur nous avait déjà fait découvrir Jérémy Partinico avec Yoxii, le revoilà avec ses X et ses O dans Oxono.
Toujours un totem (deux en fait) qu’on déplace pour ensuite placer en adjacence un pion X ou O en fonction du totem le X ou le O. Le but de la manœuvre est d’aligner quatre pions de sa couleur ou d’un symbole. Ça semble trivial n’est-ce pas ? Et bien pas du tout ! On va aborder le jeu en tâtonnant et se féliciter d’avoir coincé l’adversaire avec une belle fourchette le forçant à vous laisser le degré de liberté nécessaire pour finaliser la ligne, mais on se rend compte rapidement que le jeu a une autre profondeur, que les coups se préparent, qu’il ne faudra pas compter longtemps sur l’erreur de l’adversaire mais monter le piège, et que finalement la partie peut se jouer sur l’obtention d’une liberté de mouvement, qui arrive quand on est bloqué dans son déplacement. On reconnait la patte de l’auteur, mais qui cette fois avec seulement des X et des O, Oxono va nous essorer encore plus le neurone que Yoxii.
-Natosaurus
Un jeu de Jeremy Partinico
Illustré par Tom Delahaye
Edité par Cosmoludo
Sortie prévue autour du FIJ 24
Vampire Village
Vampire Village se présente comme un Tower Defense, mais un peu à l’instar de Bad Bones, ce n’est pas coopératif, et même pire ! Si dans la première partie du jeu on construit son petit village, dans la seconde on pourrit les villages des adversaires afin de faire céder leurs murailles et assister à leur destruction dans un rire sardonique.
La toute première phase on édifie son village par un draft, afin qu’il puisse résister à des hordes de loups garous qui vont venir du nord, des sorcières de l’ouest et des vampires à l’est, sans oublier quelques démons tenteront de s’infiltrer aussi pour participer à la fête.
Les cartes village ont plusieurs informations : des éventuels bonus comme le nombre de villageois qui feront les points de victoire en fin de partie (enfin s’ils survivent), on a aussi des boucliers contre les trois abominations dont on parlait. Le placement et la construction de notre village est donc important pour parer à toutes les attaques. Seulement choisir c’est renoncer, vous le savez, et notre village aura ses failles, heureusement on peut aussi placer des héros qui se sacrifieront courageusement contre les monstres.
Une fois cette phase de draft réalisée, notre village tout pimpant va recevoir sa horde d’infamies, mais pas n’importe comment : encore dans une phase de draft on va recevoir trois cartes monstres, en choisir une pour notre village, et une pour nos voisins de gauche et de droite, puis on recommence jusqu’à ce que l’on ait devant notre village nos six abominations. C’est là que l’on va voir toute la perfidie de nos voisins qui vont cibler en particulier nos faiblesses – et naturellement on fera de même. D’autant qu’il y a un ordre de résolution des infamies, et si vous pensez que vous alliez résister aux sorcières, vous ne vous attendiez pas à ce qu’une horde de loups-garous ait détruit une partie de votre village, si bien que vos sorcières entrent dedans comme dans du beurre et continuent le ravage. Il n’est pas rare de terminer avec deux pauvres cartes à la fin de la phase un, et il faudra reconstruire pierre par pierre à la phase deux. Les renversements de situation font partie du jeu. Le but est de préserver les villageois, ils rapportent des points, également les créatures qui rôdent encore autour de ce si beau village et qui n’ont pas réussi à entrer.
Oui Vampire Village est un jeu méchant, pour les gros vilains qui aiment faire du mal à leurs semblables ! Amateurs de jeux dans votre coin, passez votre chemin, les autres vous allez pouvoir laisser libre cours à toute votre cruauté, et vous délecter de cette bonne surprise.
-Atom
Un jeu de Maxime Rambourg
Illustré par Guillaume Tavernier, Jérôme Lereculey
Edité par Studio H
Sortie prévue le 10 novembre 2023
Lanfeust de Troy
Et si on partait à l’aventure dans un univers qui fleure bon l’ monstre, l’imprévu, le risque ? Un roll and write dans le monde de Lanfeust, en plusieurs étapes. On incarne dans ce jeu, chacun un personnage des aventures de Lanfeust. Chacun son tour, on pourra jeter quatre dés, et les relancer jusqu’à trois fois afin de les agencer en une forme qui nous intéresserait. Pas de panique, une grille nous sert d’aide de jeu pour former notre polyomino. Cette forme sera l’avancée de notre personnage sur le terrain quadrillé, fait de cases de nature tranquille, mais surtout de portes, de coffres et de rencontres. En atteignant ces cases d’aventures, il faudra confronter les compétences des dés aux prérequis pour remporter XP et bonus.
Traverser la belle nature sauvage de l’univers de la BD avec des dés ne me fait pas vraiment peur. Pourtant il faudra beaucoup compter sur la chance pour que d’une part l’agencement voulu sorte, et d’autre part que les combats et les rencontres soient couronnés de victoire et point d’expérience. On ne sait jamais ce que l’on va trouver dans une aventure certes, mais quand la résolution tient à la somme des dés, pair ou impair, on ne sent aucun contrôle possible.
Les personnages auront des caractéristiques très asymétriques, et c’est peut-être un manque de connaissance de mon perso qui m’a fait pesté toute la partie contre le sort, car Lanfeust s’en est sorti sans égratignures lui. Et la promesse du jeu étant de vivre l’aventure sur plusieurs scénarios, attendons de voir ce que nous réserve la suite. Ici c’est le chapitre premier : Evilhëne. Ne connaissant pas trop le monde de Lanfeust, je crois comprendre que le chaos est inhérent à son univers, on est alors bien dans le thème.
-Natosaurus
Un jeu de Nathalie Saunier, Saunier Rémi
Illustré par Didier Tarquin
Edité par okaluda
Sortie prévue bientôt
Spirit
Vous vous rappelez Nouvelles contrées, ce jeu de marque-page qui avait fait connaître l’éditeur Olibrius ? Voila un nouveau jeu qui sortira pour Halloween chez cet éditeur. Et oui Halloween ce n’est en rien un hasard. Vous allez parler avec les esprits – c’est ce qui se passe durant la nuit de Samain en toute logique. Comment on cause avec les esprits nous pauvres humains vivants ? Grâce à une table de divination. Les personnalités ont un message à nous faire passer, et l’un d’entre nous va jouer le médium qui va lui poser une question (au choix parmi des cartes) comme « dans quelle ville tu as grandi ? » « quel était ton métier ? » et y répondre avec l’anneau qui va se déplacer le long des lettres figurant sur la zone de jeu, façon table de ouija.
Le but étant à la fin des trois questions que les joueurs retrouvent son souhait le plus cher parmi les différentes cartes. Facile non de cibler si c’est d’écouter sa fille chanter ou gagner aux échecs ? Ça serait le cas si chacun des joueurs n’avait pas une contrainte antinomique lors du déplacement de l’anneau sur la table de ouija. Placer un R en troisième position, le E doit être suivi d’un A, avoir un et un seul N mais pas en position 1 ou 2, etc toutes ces lettres en trop qui viennent brouiller le propos.
La sensation que Julien Prothière et Baptiste Laurent ont concoctée est de nous faire supposer le mot – essayant de ne pas trop le perturber quand il faudra placer sa contrainte. Toutes les contraintes ne seront pas résolues et ce sera alors moins de chances de communiquer avec l’esprit. Pas évident au début, puis on commence enfin à dénouer les fils, quand le jeu évolue et nous fait subir des contraintes plus complexes encore – oui, il y a des enveloppes à ouvrir. Les sensations évoluent au cours de la campagne et avec de plus en plus d’expérience, on pourra sentir quel joueur est en train de pousser/tirer, vers où, et dans quel but.
C’est un bel objet ludique qui côtoie le paranormal et l’insolite tout en nous faisant vivre une aventure collective forte et étonnante. Les esprits rodent autour de la table soyez vigilants !
-Natosaurus
Un jeu de Baptiste Laurent, Julien Prothière
Illustré par Simon Caruso
Edité par Olibrius Editions
Sortie prévue pour Halloween
Forêt Mixte
Dans Forest Mixte nous allons créer un écosystème avec des arbres de différentes essences, des animaux, des fleurs, des champignons, des papillons etc. Nous sommes dans un jeu de collection dans lequel des cartes vont nous donner des points en fonction d’une condition : par exemple si j’ai le plus de tilleul ou si j’ai des papillons différents, ou en fonction de mes insectes, mes batraciens, etc. Les cartes vont être jouées à droite, gauche, haut ou bas d’un de mes arbres. Certaines donnent aussi des bonus.
Le tour de jeu est relativement simple puisque l’on a le choix entre piocher deux cartes dans la rivière clairière de cartes ou la pioche, ou bien jouer une de nos cartes que l’on paye avec nos cartes en main. Cartes qui vont revenir dans la rivière clairière commune aux autres joueurs.
Le jeu se termine quand la troisième carte hiver aura fait son apparition. Surtout, Forêt mixte offre un nombre important de cartes, qui contiennent beaucoup d’informations que je vais devoir croiser pour réaliser la meilleure partie, ce qui induit, au début du moins, beaucoup d’analyses. Ces cartes fonctionnent en synergie : par exemple je peux marquer 10 points si j’ai le sanglier, mais aussi un marcassin – problème, le marcassin est rare et je peux passer la partie à en chercher un pour finir de guerre lasse, par utiliser cette carte autrement… pour voir le tour suivant se pointer le marcassin qui me nargue. Plus positivement, le hasard peut me donner les cartes qui fonctionnent parfaitement avec mon jeu. Forêt mixte est très (trop) opportuniste.
En tout cas, on termine avec une belle zone de jeu, pleine de papillons, fleurs, champignons, etc. Les illustrations de Toni Llobet sont sublimes. Le reproche principal réside pour moi dans le manque d’interaction. On reste principalement concentré sur notre sylve, on a déjà fort à faire pour aller regarder le jeu des autres et quand bien même on garderait en main ce papillon qui lui donnerait tant de points, rien ne l’empêcherait d’en trouver un autre… J’ai un peu le même feeling que Earth, on est dans un puzzle solitaire, et j’ai personnellement pas spécialement envie de repartir dans les bois.
– Atom
Un jeu de Kosch
Illustré par Toni Llobet
Edité par Lookout Games
Sortie prévue le 6 octobre 2023
Discordia
Dans Discordia on va développer une ville romaine, alors ça c’est pour le thème, mais en réalité on est surtout dans un jeu d’optimisation avec un feeling de Roll and Write (le joueur actif choisit un des trois dés, les autres jouent leur action en prenant en compte un des dés restants).
Discordia se démarque singulièrement par sa finalité, puisque le but est de mettre tous nos ouvriers au travail, et on gagne la partie si on a le moins d’ouvriers, mais on la termine (victorieusement) aussi si à tout moment on n’en a plus du tout, qu’on les a tous envoyé travailler.
Pour cela on va pouvoir jouer un dé pour agrandir notre terrain, ajouter des tuiles de bâtiments sur notre plateau, avancer sur une piste de technologie etc. Tous les moyens sont bons pour comboter. Si jamais le dé que vous avez choisi est de la même couleur et valeur qu’un (ou plusieurs) de vos bâtiments, vous allez envoyer vos ouvriers au travail, enfin si vous avez la bonne couleur. Une course au décret pour envoyer le premier plus d’ouvriers sur les chantiers, des pouvoirs à gagner etc.
Petite subtilité, quand vient la fin de la manche, vous allez refaire le plein de nouveaux ouvriers, un peu frustrant parce que vous pouvez avoir un sentiment de surplace. Au final, ça donne un jeu intéressant et très original, j’ai moins accroché que je le pensais, car c’est très mécanique, mais le jeu reste solide. L’interaction réside dans la prise de dés et c’est tout, quelque part heureusement parce que si un joueur venait casser mes plans, dans un jeu comme ça j’aurais envie de retourner la table. Néanmoins ça ne me donne pas spécialement envie de jouer à plus de deux pour cette raison. Fait amusant, j’ai préféré le mode solo. Il est est très simple à mettre en place, chaque tour une tuile indique le dé qu’on ne pourra pas jouer, ainsi que l’action qu’il réalise. Le casse-tête en solitaire a le mérite de ne pas faire attendre mes adversaires surtout si j’ai envie d’analyser toutes les possibilités.
– Atom
Un jeu de Bernd Eisenstein
Illustré par Lukas Siegmon
Edité par IronGames, Maldito Games, Sylex édition
En boutique
Dans la partie 2 du reportage, on reviendra sur la remise des prix du Groupement des Boutiques Ludiques, et on vous parlera d’autres jeux découverts ! À très vite !
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morlockbob 06/10/2023
Foret Mixte ravi ses joueurs quelques tours et puis cela devient long, froid, répétitif et artificiel, mécanique. On se demande si ce n est pas l’oeuvre d une IA. Bien fait mais sans âme.
Schaal 09/10/2023
Bonjour, 3 parties de forêt mixte au compteur… J’ai trouvé de l’interaction, de l’échange des discussions à chaque partie. C’est un jeu de combo, alliant opportuniste mais aussi stratégie. Entre cascadia et meadows, si vous aimez ces deux jeux, vous aimerez forêt mixte sans souci.
Bon jeu!
atom 10/10/2023
J’aime beaucoup Cascadia, je n’ai pas joué à Meadows. Je nedirais pas que je n’aime pas Forêt Mixte, mais je lui trouve pas un grand intérêt, Cascadia je joue avec mes voisins un minimum. Forêt mixte je passe mon temps à attendre des cartes hypothétique pour viser un scoring éventuel.