The Artemis Project, rendez-vous sur la Lune… de Jupiter !
Super Meeple est une société d’édition parisienne depuis 2014 qui, lors de ses premières années d’existence, s’est illustrée avec brio dans la réédition et le dépoussiérage (au niveau des illustrations & du matériel) d’anciens jeux tels que Mexica, Tikal ou encore Mississippi Queen. Fort de son succès, Super Meeple s’est ensuite lancé dans l’édition de projets originaux comme Mafiozoo, Couleurs de Paris, Tajuto ou Genesia, et a élargi son champ d’actions en multipliant des localisations (Pour une poignée de meeples, Magnastorm, Crystal palace, Glen more II, Dice Hospital…).
Pour continuer sur sa lancée, la traduction française de The Artemis Project, de Daniel Rocchi et Daryl Chow, devrait voir le jour « prochainement », elle était initialement prévue au premier semestre 2020, mais comme chacun sait, les prévisions de sortie des éditeurs furent toutes bousculées par la crise sanitaire actuelle.
Le nouveau voyage dans la lune
Le projet Artémis vous embarque dans l’exploration et la colonisation de Europa, la lune de Jupiter. Le gameplay repose sur un système de pose d’ouvriers-dés qu’il faudra optimiser au mieux pour récupérer des ressources, améliorer son équipe, partir en mission ou construire des bâtiments rapportant des points.
Vous pourrez faire s’affronter jusqu’à 5 joueurs pendant 1 à 2 heures dans l’ultime but de faire de ce satellite un foyer habitable pour l’humanité. Un thème vraiment dans l’air du temps, dans la lignée de Terraforming Mars ou encore Underwater Cities.
Le Projet Artémis nécessite six tours, au déroulé identique, pour se développer correctement : les trois premiers se passent sous la glace et nous permettent de récupérer des ressources, tandis que les trois derniers permettent l’expansion en surface et ainsi de marquer des points de victoire.
En début de tour, les joueurs lancent simultanément leurs dés et les placent à tour de rôle sur les différents lieux d’action, mais ils ne seront résolus qu’en fin de tour, quand tous les dés auront été posés, et dans un ordre précis.
Pour un rapide tour d’horizon : les missions d’exploration offrent de jolis bonus, ou directement des points de victoire, la récolte de minerais ou d’énergie est nécessaire pour recruter des colons (voire les réchauffer pour éviter qu’ils ne se transforment en stalactite géante) ou construire des bâtiments qui, une fois activés par des colons, peuvent optimiser les productions et rapporter des points de victoire en fin de partie.
Certains de ces emplacements sont des lieux d’enchères : les missions d’exploration offrent des bonus aux deux premiers joueurs, tandis que construire un bâtiment nécessite que le vainqueur de l’enchère en paye le prix en minerais (attention aux vilains adversaires qui voudraient vous faire perdre des dés ou vous faire cracher vos ressources !).
Les autres emplacements permettent plus classiquement de récupérer des ressources en fonction de la valeur du dé.
Oui mais attention, sur ces derniers lieux les dés sont placés et résolus par ordre croissant, alors que les ressources sont en nombre limité. Vous me voyez déjà venir avec mes gros sabots : un dé 6 placé sur le spot des Minerais peut donc vous en faire récolter une bonne quantité… sauf si vos adversaires ont joué des dés plus petits et ont raflé tout avant vous !
Un joli petit twist qui induit une belle notion de prise de risque : les petits dés sécurisent la collecte, mais ne font pas avancer vite, tandis que les gros dés rapportent beaucoup dans l’hypothèse où il reste quelque chose à récupérer !
Ce système semble d’ailleurs gommer une partie de l’aléa inhérent aux dés, puisque quelque soit sa valeur, il est toujours possible d’en faire quelque chose d’intéressant : les petites valeurs assurent quelques ressources tandis que les grandes aident aux enchères.
Les blocages ne sont donc pas légion, il est toujours possible de valoriser des dés qui nous semblaient peu intéressants, notamment grâce aux boîtes à outils, ces jokers qui font varier la valeur d’un dés de +/- 1. Sans compter que revenir bredouille d’un lieu offre un système compensatoire de ressources, de quoi rager un peu moins !
Pour pimenter le tout, des Événements sont tirés aléatoirement en début de tour, ils peuvent être positifs ou négatifs, mais ont une grande tendance à nous impacter au point parfois de nous détourner de nos planifications initiales.
La rejouabilité s’en retrouve d’autant plus augmentée que chaque tour voit naître une configuration différente en ressources, bâtiments et cartes exploration.
Très (trop) rapidement, la fin des 6 tours annonce le début du décompte, en mode salade de points – une petite aide de jeu n’aurait pas été de trop – : points de victoire glanés au cours de la partie, rapportés par les Bâtiments, et par les ressources, boîtes à outil et colons restants,…
Les sources de points sont tellement multiples que le suspens peut rester jusqu’au bout et ménager un bon effet de surprise : lors de ma première partie c’est la joueuse qui avait zéro point avant la phase de décompte qui a fait une envolée spectaculaire et qui nous a coiffé au poteau !
Découverte en terres (in)connues
Je n’ai que quelques parties à mon actif, je ne peux pas me lancer dans une analyse profonde du jeu à ce stade, mais mon ressenti global a été plutôt positif.
Même si le thème de l’expansion de l’humanité commence à être un filon qui peut s’épuiser à la longue, on apprécie ici la petite originalité de se développer sur un satellite et de devoir coloniser sous et sur la glace. Mais restons honnête, le thème – même s’il reste cohérent – a tendance à très vite s’effacer au profit de la mécanique.
The Artemis Project boxe d’ailleurs dans la catégorie des jeux « amateurs/experts », malgré cette mécanique relativement simple (mais diablement efficace). Si les lieux semblent fourmiller en début de partie, tout devient très vite limpide après deux tours. Et même si le hasard s’avère présent, la stratégie et la réflexion d’optimisation et de planification sont loin d’être en reste.
D’ailleurs, la partie peut souffrir de quelques situations d’analysis paralysis si l’on n’y prend garde, mais tout le jeu se déroule en flux tendu, les possibilités étant nombreuses mais le nombre de dés et de tours trop limités, ce qui d’ailleurs amène assez rapidement une certaine frustration que tous n’apprécieront pas (alors je vais prendre X Minerais pour acheter ce Bâtiment dans lequel je vais mettre mes fraîches recrues et… ah zut j’ai pas de quoi les réchauffer, ils vont crever les idiots ! Un peu comme Agricola quoi !).
Forcément, l’interaction dans The Artemis Project est centrale et importante : surveiller le jeu et les dés des adversaires est primordial pour être prompt à anticiper leurs placements et éviter de se faire avoir sur un lieu ! Le principe des enchères pimente forcément la donne en mettant en concurrence directe les joueurs, même s’il n’est pas rare d’observer quelques alliances : « Dis tu viens m’aider à finir cette enchère que j’ai commencée ? Je te laisse choisir la récompense ! » L’histoire ne précise pas s’il faut ou non honorer ses promesses par la suite…
Ma configuration préférée reste à 3 et 4 joueurs, en duo le jeu est beaucoup moins tendu, plus prévisible et moins pétillant. Concernant le solo, j’avoue ne pas avoir du tout accroché, le fait de lancer les dés de 2 joueurs fictifs, avant et après notre tour, rend les choses beaucoup trop hasardeuses et frustrantes.
Je n’ai eu que la VO en main, mais au vu de la ligne éditoriale de Super Meeple, il y a fort à parier que le matériel sera d’aussi bonne qualité, avec un plateau dont l’iconographie est bien pensée (malgré l’absence d’une aide de jeu bien pratique au décompte) et une boîte pile poil bien ajusté (assez rare pour être souligné).
Une petite mention pour l’ajout qui permet au joueur ayant le moins de ressources en fin de tour de choisir le prochain premier joueur, puisqu’être dernier à jouer n’est parfois pas plus mal pour s’adapter aux choix des autres joueurs.
Au final, j’ai globalement bien aimé The Artemis Project, avec ses jolies illustrations, sa mécanique assez originale, son flux tendu de ressources, son interaction omniprésente, même si j’aurais tendance à le conseiller uniquement au-delà de 3 joueurs pour mieux apprécier les parties !
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Umberling 06/04/2020
J’avoue que le jeu me laisse un peu froid, de l’extérieur, mais tes retours font plaisirs à lire. Merci !
Shanouillette 06/04/2020
A découvrir !
TheGoodTheBadAndTheMeeple 06/04/2020
Il fait partie de la tonne de bons euros qui sortent, mais pas forcement trop mis en lumiere, et pis on les oublie…