Terrorscape : Meuuurs pourriture communiste !*

On avait aperçu Terrorscape à Vichy chez Iello. Impossible de le rater avec son manoir gigantesque en 3D servant de paravent. Dans ce jeu asymétrique, un joueur incarne un tueur, tandis que les autres tentent de survivre à ses assauts. Deux rôles bien distincts dans ce jeu du chat et de la souris. 

Jeffrey CCH, son créateur, est aussi à l’origine de Eila et l’éclat de la montagne, un titre original et marquant (notre article). Il est également à l’origine de « Âge of Civilisation » et « Galaxy ».  Un deuxième volet de Terrorscape a été lancé en financement participatif (il a récolté plus d’un million de dollars).

 

 

 

C’est Émile le tueur : Émiiiiiile !

D’un côté du paravent, notre tueur. Trois tueurs au choix : le boucher, l’assassin  ou le spectre. On nous propose le boucher pour une première partie. Quoi qu’il en soit, il gagne s’il tue l’un des survivants. De l’autre coté, les survivants pris au piège du manoir, vont devoir s’échapper, pour cela ils doivent trouver les clés dans le manoir (5 clés) avant de s’enfuir par la porte principale, ou réparer la radio pour appeler la police, qui va mettre un peu de temps pour venir (5 tours). Ils peuvent aussi partir par la sortie cachée s’ils trouvent le plan secret (et qu’ils ont les 5 clés). Mais survivre ne sera pas une mince affaire, même s’ils savent où se trouve le tueur.

 

 

 

Il ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant ! 

On ne sait pourquoi les survivants sont rentrés dans le manoir, on leur avait pourtant dit qu’il ne fallait pas s’y rendre. À peine entrés, le piège s’est refermé sur sa proie. Si le jeu est imposant, côté survivants, le gameplay est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît. Nous avons trois survivants au choix (parmi cinq) avec leurs spécificités. Chacun d’entre eux aura la possibilité d’effectuer une seule des six actions (se déplacer, éliminer un obstacle, explorer une pièce…) ainsi que quelques actions supplémentaires gratuites comme se transmettre des objets :

– Johnson prends cette boite à outils, elle te sera utile !

Le truc, c’est que nos personnages ne sont pas discrets. En se déplaçant, ils signalent leurs présences au tueur (on place des jetons pour les bruits). À moins qu’ils ne se servent de leurre (on y reviendra). Si on peut incarner un personnage dans la réalité, on discutera ensemble d’une stratégie. Attention, les murs ont des oreilles : il faut rester discret ou bluffer en jouant. C’est assez drôle de dire une chose et d’en faire une autre : ça désoriente le tueur.  

À la fin de la manche, les joueurs doivent dire où ils ont fait du bruit, cela indique qu’ils sont là. Réparez la radio pour appeler la police c’est une bonne idée, mais pour la discrétion on repassera.

 

Sophia et son équipement

 

Le tueur entre en scène 

Le gameplay du tueur est différent, il a un deck de cartes avec des actions comme se déplacer, ou détecter les joueurs (pour savoir dans quelle partie du manoir ils se trouvent). Il demande s’il y a quelqu’un dans une zone de couleur, ce qui lui donne une idée approximative de l’endroit où sont les personnages, ou rechercher, dans ce cas il cible une pièce spécifique. Avec les jetons bruit il peut le déduire, mais les joueurs peuvent avoir lancé des leurres, et souvent quand il parvient dans une zone, un tour a passé, le survivant a pu quitter la pièce.

Notre boucher peut placer des obstacles qui vont empêcher les mouvements des survivants (ils pourront dépenser une action pour l’enlever). Être coincé dans une pièce fermée avec le tueur : l’horreur absolue.

Quand le tueur détecte un joueur, il peut lancer une attaque en jouant une carte qui indique une force, le survivant peut lancer les dés et jouer et dépenser des cartes équipement pour augmenter sa défense. Si l’attaque est plus forte que la défense, le tueur inflige une blessure. Je rappelle qu’avec deux blessures, un personnage est déclaré décédé par le médecin légiste au petit matin (et surtout, la partie est perdue).

La peur peut être aussi un moyen efficace, celle-ci peut avoir plusieurs effets, ajouter des jetons peur peut amener les joueurs à faire plus de bruits. Faire une crise de panique quand un tueur rôde n’est décidément pas une bonne idée. Et avec certaines cartes, la peur peut même blesser les survivants. Les jetons Peur réduisent le nombre de dés pour se défendre.

 

Les 3 survivants avec leurs états : blessés, ou effrayés.

 

Mais laissons la parole à Dondonge qui a joué de ce côté du plateau :  

Dondonge : Au fur et à mesure des tours, on ressent la pression. Le tueur est peut-être le côté le plus difficile, car on ne sait jamais où sont les survivants. Surtout avec « Le Boucher » qui est très lent (il ne peut se déplacer que de 1, tandis que les survivants peuvent bouger de 2), il ne peut pas vraiment les détecter.

 Il peut poser des barricades pour gêner les déplacements, mais sans savoir si ça les bloque réellement. Par contre il est puissant, il est intéressant de vider son deck rapidement pour augmenter encore sa puissance et récupérer son pouvoir spécial (quand il vide son deck il monte sa puissance et sa force).

Face à certains survivants, c’est une galère. Par exemple, Anna ne fait pas de bruit et est indétectable. Sophia peut prendre les passages secrets tranquillement. Cependant, une fois un survivant bloqué, il est plaisant de l’attaquer et de ne pas le lâcher. Bref, il ne faut pas espérer beaucoup de stratégie, c’est vraiment un jeu d’ambiance, avec sa part de chaos.

 

 

 

Atom : Côté survivant, on a d’abord été tranquilles, le tueur étant lent, comme le dit Dondonge, et s’il coince des lieux, au début, il ne nous dérangeait pas vraiment, bloquant des lieux où l’on n’était pas, mais cela réduisait nos possibilités. La partie avançant, il est monté en puissance, chaque rencontre se soldant par une blessure, il a fallu fuir, pour se soigner. Anna est très forte, vu qu’elle ne fait pas de bruit quand elle cherche dans un lieu “clé”. Elle est beaucoup restée au même endroit pour fouiller et trouver les clés justement.

Cependant, à la fin, tout s’est tendu. Sophia s’est retrouvée coincée avec le tueur, celui-ci ayant bloqué un couloir avec deux salles. À notre tour on pouvait soit laisser la malheureuse dans cette salle en espérant que le tueur se déplace la chercher dans l’autre, ou bien au contraire aller dans l’autre salle. Une chance sur deux, et la chance a été de notre coté, le tueur agissant dans la mauvaise salle et surtout tapant dans le vide.

 C’est Anna qui est venu débloquer le lieu pour que Sophia puisse s’enfuir, mais évidemment, Anna est devenue la nouvelle cible et a été blessée à son tour.

Au final, on l’emporte sur le fil, la police finira par arriver sur les lieux. 

 

Montée en puissance du tueur.

 

La grande force du jeu reste son thème, de par le visuel et le décorum. Ce manoir en 3D est impressionnant, même s’il sert uniquement de paravent, de présentoir, et de tour à dés. Mais surtout, les actions du tueur sont thématiques. On se sent vite acculé : le tueur joue de sa tronçonneuse et nous effraie avec ses cris. La peur peut nous tuer avec certaines cartes. Avec Larme d’Effroi, tous les survivants doivent révéler leurs positions par exemple. Ou bien il se précipite en effrayant tout le monde. 

 

 

Terrorscape, ça tue ou on est mort d’ennui ?

On a déjà assez parlé du matériel. Il sert réellement le jeu et favorise l’immersion, un vrai gros plus. On regrettera qu’il faille tout démonter à chaque session, mais c’est le prix à payer (si vous y jouez souvent, ne le démontez pas, ça fait un beau décor sur votre étagère). Mais surtout, tout est pensé pour éviter les erreurs. Chaque camp a un livret de règle pour éviter de poser des questions qui pourraient donner trop d’informations. Les aides de jeux sont double face avec un côté Survivant et un côté Tueur. Parfait pour suivre le jeu.  Tout est rangé dans des compartiments fermés pour installer le jeu en quelques minutes. La version boutique comprend des standees au lieu de figurines. Tout ça pour 50€, ça force le respect. 

Au final, on est légèrement mitigé, notre tueur a semblé trop souvent faire chou blanc, mais c’est peut-être lié au personnage du boucher qui est vraiment très lent. Les autres personnages semblent être un peu plus vifs avec un gameplay plus nerveux. Le gameplay des survivants est assez basique finalement, mais ça permet aussi de le proposer à n’importe qui ou presque.

Il faut tout de même dire que les jeux un contre tous demandent l’implication d’un joueur qui se “sacrifie” pour le bien des autres. Dans ce genre de jeu, le rôle du “méchant” ou du “chasseur” est plus difficile et plus frustrant. Il ne doit pas tant jouer pour la “gagne” et doit être endossé par un joueur qui va donner de l’atmosphère au jeu, qui instille une ambiance, une forme de narration. Dans Terrorscape notre tueur est seul dans le noir, face à un groupe qui s’organise, et se coordonne. Cela peut être frustrant, mais si vous avez le bon profil vous risquez d’adorer ça. 

Dans le genre, on pense à des titres comme La Bête ou la Fureur de Dracula ou encore la Traque de l’anneau. j’ai aussi pensé à Mind MGMT qui garde ma préférence, mais en beaucoup plus compliqué. En beaucoup plus léger on peut également vivre la traque et avoir un peu peur en jouant à Revolver noir, le microgame duel. Il faut voir Terrorscape comme un party game, et une expérience ludique à part entière, aidée par son édition et son corpus de règles très simple au final. La tension est palpable autour de la table et souvent la fin est épique. Un bon jeu assurément qui peut-être s’essoufflera avec le temps, même s’il existe des variantes. (on ignore si des extensions sont prévues ou si la version à 2 sera localisée par Iello).

 

* Le titre de cet article, ainsi que certains intertitres sont des références à La cité de la peur, le film de Les Nuls. Aucunement une incitation à la violence.

si vous aimez les jeux de déduction asymétrique 

 

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1 Commentaire

  1. Guilou 15/11/2025
    Répondre

    Pour moi c’est clairement le meilleur dans sa catégorie.

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