small is beautiful # 55 : Regicide, long short stories, Tiny epic crimes, clans & glory, panda panda, cake master, wizards cup, suspects pocket, similo jurassic world, duck & cover
Décembre était le mois de l’amour et du bonheur, janvier c’est plutôt la gueule de bois. En décembre, je vous avais proposé des jeux à mettre sous le sapin, des jeux que nous avions aimés et rejoués. En janvier, peu de nouveautés et beaucoup moins de surprises. Même si…
Sinon, qu’avez vous reçu à noël ?

Fan de Tichu… Merci maman
Entre décembre et janvier qu’avons-nous joué ?
Regicide
Un paquet de clopes qui, loin de vous donner le cancer, titillera vos neurones et vous apportera du plaisir. Voilà un petit format plus qu’efficace aux illustrations sobres, élégantes et on ne peut être qu’admiratif (et satisfait) devant l’inventivité des concepteurs. Un paquet de cartes classique (As, Roi…), et un pouvoir associé à chaque couleur. Jeu coopératif ou solo, il faut poser ses valeurs pour vaincre les ennemis. On commence par affronter les valets, puis les dames, et enfin les rois, douze ennemis au total, de plus en plus puissants.
En posant une carte, il faut, à la fois, atteindre ou dépasser leur niveau de points de vie mais aussi absorber les dégâts de l’attaque en retour en défaussant des cartes de sa main. Selon les pouvoirs des couleurs, on peut doubler son attaque, réduire celle de l’adversaire, récupérer des cartes (défausse, pioche). Sauf si on pose la même couleur que l’adversaire, dans ce cas l’effet ne fonctionne pas (un joker peut nous éviter ce désagrément). Il faut donc taper mais aussi avoir de quoi fournir en défense. Quelques petites subtilités sont encore au programme avec les Animal Companions qu’on peut associer à une autre carte, les Jester (annulant l’immunité de l’ennemi à partir de trois joueurs) et les Combos (combinaisons de 2/3/4 cartes identiques ne dépassant pas la somme de 10).
Il faudra s’y reprendre à plusieurs fois, avoir un peu de chance et se concentrer autant sur le moyen de récupérer des cartes que sur l’attaque (vaincre l’ennemi avec la valeur exacte permet de récupérer cette carte et de la placer sur le haut de la pioche et vous donner ainsi une force de frappe conséquente). Encore une fois, bravo, c’est éblouissant. (joué en VO, mais disponible en VF chez Iello avec une plaquette pour le décompte bien utile). Et puisque j’entends que ce n’est pas nécessaire d’acheter le jeu, car un paquet de 54 cartes suffit, rétorquons que 1/ les illustrations sont chouettes 2/ on peut aussi soutenir les auteurs. Et de toute façon, vous avez bien acheté le Skyjo qui peut aussi se jouer avec un paquet normal. Pfff!

Regicide vo
Regicide date de 2020, une suite est disponible en vo, Regicide Legacy (on en parlait dans cette news). Une suite qui propose d’affronter de nouveaux ennemis, d’acquérir des améliorations tout au long de 12 missions.
Un jeu de Andy Richdale, Luke Badger, Paul Abrahams
Illustré par D.J. Phillips, Sketchgoblin
Edité par Badgers from Mars, Iello, TGG Games
Tiny Epic Crimes
Fidèle à son concept, Tiny Epic est comme un colt 45 en pleine guerre de territoire, chargé jusqu’à la gueule : cartes formant la ville (et non les quartiers comme dit dans la règle) ou donnant pouvoir/événement, meeples gangster, voitures, jetons par dizaines, pochettes et loupe, fiche enquêteur, enquêtrice, les dés en forme de balle… Nous voilà gâtés.
Cette fois, nous sommes en plein film noir. Nous avons 48 heures pour résoudre un crime (piste de temps). On peut se déplacer dans la ville, trouver des indices, fouiller, retourner des planques, arrêter des gangsters, etc. Tout cela coûte des unités de temps… et ce dernier nous est compté. Toutes ces actions permettent d’avancer sur notre piste insigne (plateau personnel) et gagner des cartes bonus de force (réussir automatiquement des arrestations en masse (renfort), se déplacer plus loin pour 1 temps, mais aussi, malheureusement, déclencher des événements qui sont autant de contraintes (se déplacer coûte plus de temps, on ne peut pas effectuer certaines actions…). Le but est de réunir un certain nombre de jetons (fouille, gangster…) Pour valider un indice de la carte suspect (son rang dans la hiérarchie du crime, l’arme qu’il utilise…) qu’on a glissée au début de la partie dans une pochette.

Ce Tiny Epic lorgne vers un Cluedo plus fouillé et, là où on avait un manoir, nous voilà avec un décor urbain. La partie découverte est amusante, grâce au matériel, aux surprises des cartes à effets, et au décor en général. Les événements sont bienvenus pour coller la pression, nous forcer à agir et briser un rythme qui peut s’avérer répétitif (on se déplace, on essaie de glaner un jeton). J’ai préféré le mode coopératif, le mode compétitif appuyant trop sur la chance avec le tirage du bon jeton (la fouille, par exemple). On évite les parties à deux (trop longues) et le solo qui n’est autre que le jeu à deux, mais seul ! Crimes propose évidemment une extension (non testée). Cet épisode, malgré une rejouabilité certaine (16 coupables possibles), des événements et pouvoirs, se mord vite la queue. Aucune enquête donc dans ce jeu (au cas où vous pensiez avoir trouvé un jeu d’enquête perpétuel), c’est un principe de collection bien vu, mais quelque peu redondant. Pour les fans de Cluedo qui en veulent plus, c’est une bonne idée pour passer le pas et prendre du galon.
Un jeu de Scott Almes
Illustré par Nikoletta Vaszi
Edité par Gamelyn Games
Clans of Glory

Des terrains en ligne comportant 6 (7 pour ceux du bout) emplacements et des cartes avec des couleurs/valeurs que l’on va placer sur ces terrains. La contrainte de pose est simple : même valeur ou même couleur. On peut décider de poser un jeton blason, validant ainsi le fait qu’on récupère une partie des valeurs posées sur ce lieu. Sauf que la pile de jetons, puisque tout le monde peut s’y mettre, se retourne lors du décompte. Le premier sera le dernier et le premier gagne la plus petite valeur. C’est assez tordu comme raisonnement et penser à l’envers permet des rebondissements qui font couiner (encore plus sur les terrains avec 7 cases). On peut aussi s’allier indirectement contre un joueur qui serait bien placé.
Mais qui a pondu ces illustrations qui donnent une fausse image du jeu ? Il n’est pas vraiment familial (sauf si tout le monde est du même niveau). Des mécaniques épurées pour un jeu stratégique et rapide où la diplomatie a sa place (oui on peut s’allier), la tension est présente et où le jeu demande une certaine maîtrise dans une courte durée. J’avoue que je n’ai pas réussi à rentrer dedans après quelques essais, alors que ce titre est pourtant intéressant. Lorgnant clairement vers Schotten Totten (principe, ambiance, décor), ce combat est plus complexe et risque de refroidir ceux qui pensent y trouver un parallèle. Il peut par contre se jouer à plus que deux. Quoi qu’il en soit, il serait dommage de ne pas s’y frotter. (NDLR : Matthieu et Fred en parlent dans ce DLV).
Un jeu de Gabriele Bubola, Leo Colovini
Illustré par Michael Menzel, Toshihiko Ishibashi
Edité par HUCH! & friends, Möbius, White Goblin G
Long Story Short

Une situation de départ (en deux lignes) et des cartes avec des mots. Il faudra en choisir un pour avancer, découvrir, obtenir un objet… Ici on doit réunir Carmen et Carlos. Tout ce qu’on sait c’est que Carmen est serveuse. Que fait-elle ? Elle sert ou elle rêvasse, elle rentre chez elle ou va se promener ? Ce choix va nous amener à une autre carte, un nouveau dilemme et un nouveau choix. Le cœur du jeu est de développer l’imaginaire, ai-je lu et de mener le récit à sa guise. Vous faites les mauvais choix, l’aventure se termine, on recommence. Cela peut être long et ennuyeux. À la découverte du paquet, je voyais cela comme un Eila et l’éclat de la montagne de poche, un livre dont vous êtes le héros mini. Que nenni ! Cela manque cruellement d’ambiance pour rentrer dedans. Ici tout est brut, aucun indice. Qui est Carmen : une bosseuse, une fille déprimée d’avoir perdu son copain, une rebelle ? On dira que c’est à nous de choisir, d’extrapoler et si ça ne colle pas, de changer. Certes, mais ici point de narration, d’ébauche de récit, nous sommes face à un jeu purement mécanique, froid, on retourne des cartes et ça marche, ou pas. Le trésor du Capitaine Boyle, seconde boîte suit le même chemin hésitant, simpliste et pauvre en ambiance. Idéal pour le Père noël secret mais vu que ce n’est plus la période…
Un jeu de Quentin Schoemacker
Illustré par Martin Ringot
Edité par Iello
Cake Master

Que contient cette mini boîte rose ? Des bonbons… Pas loin, des parts de gâteaux, ceux que vous allez réaliser pour satisfaire les clients. Le fond de tarte, le nappage, les fruits… tout va se cuisiner via un draft. Prenez trois cartes représentant tout ce qui fait le délice des papilles : un quart de tarte, avec des framboises ou pas, un fond de couleur noire au chocolat ou blanche, rose, de la chantilly ou juste une moitié… Vous en gardez une et donnez les deux autres. On fait cela 4 fois pour finaliser trois tartes et on fait le décompte. Un fond uni, des paires de cassis/framboises, des fleurs de crème chantilly, c’est déjà de la bonne pâtisserie.

Si en plus ce dessert colle au désir du client, c’est parfait. Un petit jeu de draft totalement chaotique où l’on crée son décor en essayant de valider des contrats. On peut dire que ce puzzle est vide, creux et on n’aura pas tort, mais à l’heure du Skyjo, de Lama, ce minuscule traité de pâtisserie ultra familial parvient, durant un moment, à nous prendre par la main. Alors pourquoi pas si on ne cherche rien de particulier.
Un jeu de Daryl Chow
Illustré par Benjamin Gauthier
Edité par Locomuse studio
Wizards Cup

L’auteur de Love Letter est de retour avec un titre deux joueurs qui emprunte à son hit tout en mélangeant la pure baston façon Challengers (auto battler si vous voulez le terme adéquat). Pour gagner la Coupe des Sorciers, il faut constituer la meilleure équipe possible, en anticipant les attaques de son adversaire. Choisissez vos cartes, empilez-les dans l’ordre qui vous plait et retournez la première façon Bataille. On regarde d’abord le pouvoir (ex : la plus faible valeur l’emporte, le forgeron gagne les égalités…), puis le symbole (la lumière écrase l’ombre, l’eau le feu, …) et enfin la force (la valeur). La carte gagnante reste en place et l’adversaire en retourne une nouvelle. Peut-il vaincre ? Manche suivante, on peut se défausser d’une carte et la remplacer. Après la première partie, on se dit que la connaissance des cartes adverses est importante. Certes, mais l’ordre dans lequel on les place reste hypothétique. On sait que X possède tel personnage mais où l’a-t-il placé ? On peut mettre une carte en attente au cas où, encore faudra-t-il pouvoir la sortir au bon moment. Les personnages et leur façon de s’activer sont bien construits, mais après quelques parties et plus d’attention au jeu adverse, le hasard a toujours une place importante. Un jeu faussement tactique, mais qui peut néanmoins faire passer un moment pas désagréable si on veut des parties courtes.
Un jeu de Seiji Kanai
Illustré par yamamori
Edité par Jelly Jelly Games
Suspects Pockets – La disparition du Pr Fairchild

Petite opération marketing, la grosse boîte avec trois enquêtes se scinde en trois petites boîtes avec chacune une seule enquête. Retrouvons Claire Harper dans la campagne paumée britannique pour élucider le meurtre du Pr Fairchild, surtout connu pour la qualité de ses potirons. Qui a pu l’assassiner et pourquoi ? Une tripotée de personnages habitent la pension où loge la victime et le village, même petit, abrite quelques suspects supplémentaires. Mais surtout, est-on sûr de la mort du Pr, son corps a disparu ? Rien ne change avec ce format de poche, on retrouve la narration abondante des récits, la possibilité d’explorer les lieux, d’assembler des bulles de dialogues ou des lignes et de réinterroger les… suspects. L’enquête nous promène donc de piste en fausse pistes, nous perd (mort ou pas mort ?) jusqu’à la révélation qui tient la route (quasi). Dans l’ensemble, si vous aimez le style Suspects (écriture soignée, matériel agréable, ambiance pépère), suivez Claire dans la pension de Miss Hobson, vous serez bien accueilli.
Vous pouvez aussi retrouver notre point de vue sur Suspects 1 et sur Suspects 2.
Un jeu de Guillaume Montiage, Paul Halter, Sébastien Duverger Nedellec
Illustré par Emile Denis
Edité par Studio H
Similo Jurassic World

Énième boîte, énième licence, ce Similo n’est pas visuellement très excitant avec ces types de Indominus Rex, Spinosaurus, Shonisaurus. Moins parlant que les Contes, Histoire ou Mythes pour ma part. Le principe reste efficace pour autant, moins amusant ici de par son thème et de ses visuels moins travaillés. Un épisode qui sera utile quand en boutique, les parents cherchant un jeu à offrir vous diront « ma fille adore les dinosaures ! ». Sinon je ne vois pas pourquoi acquérir cette version.
Un jeu de Hjalmar Hach, Martino Chiacchiera, Pierluca Zizzi
Illustré par Naïade
Edité par Gigamic, Horrible Guild
Panda Panda

Proposé par la fan de jeu de plis japonais du quartier, Mlle Flemeth, et trouvable aisément dans certaines boutiques, voici un jeu minimaliste avec des pandas (règle en anglais). Ici, pas de valeurs, mais des lettres et des combinaisons façon poker. Pour gagner, il faut poser une combinaison et surtout se défausser des cartes restantes auparavant. On peut piocher dans la défausse ou chez le voisin. Les cartes A en nombre, forcent à l’échange. Léger, hasardeux évidemment, avec des tours panda-bles, voilà un bon petit jeu apéro qui, avec pas grand-chose, fait son petit effet. À sortir avec tout le monde.
Un jeu de Kaya Miyano
Illustré par Sai Beppu
Edité par Mob+
Duck & Cover

Partant d’un carré de 12 cartes, on va essayer, en bougeant ou en recouvrant ses cartes, d’avoir le moins de points d’éclaboussure à la fin de la manche. Une carte de la pioche sert de valeur du tour. Déplacer ou recouvrir ou, si vous ne pouvez rien faire, passer en disant « coin » (c’est trop stylé quand trois personnes passent !). Le jeu a pour lui d’être dynamique puisqu’on joue en même temps, coloré, et peut s’enorgueillir du thème le plus original de l’année (des canards en plastique qui éclaboussent la baignoire), c’est déjà ça. En poussant un peu, on pourrait même lui prêter une microstratégie, en imaginant qu’on va compter les cartes, puisque chaque valeur est présente deux fois. À contrario, moins on a de valeurs devant soi, plus c’est la chance qui fera la différence et les tours peuvent être longs à dire « coin ». Ça ne vole pas haut mais ce sont des canards en plastique me direz-vous. Comme l’expliquait la famille avec qui j’ai partagé cette partie « mon père joue au Skyjo et pour le gamin c’est bien ». Vu comme ça, c’est compréhensible, même s’il y a d’autres jeux tout aussi accessibles et plus malins qui existent. Bravo donc au marketing et à la com pour avoir poussé ce jeu sur le devant de la scène, énième copie de copie du jeu du golf.
Un jeu de Oussama Khelifati
Illustré par Adrien Journel
Edité par Captain Games
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Salmanazar 08/02/2025
Oh comme c’est bizarre, un Tiny Épic machin qui est moyen !