small is beautiful # 46 : Similo boardgames, Aurum, Les chats de Schrodinger, Karma dice, Exit Sherlock holmes, quickity pickity

Après un peu plus d’un an de pause, cette rubrique consacrée aux jeux petit format est de retour (là, on dit ouiiiii !). Les petites boîtes ne s’arrêtent jamais d’envahir les rayonnages. À qui la faute ? La nouvelle tendance du jeux de plis, la baisse du panier moyen du joueur/consommateur, la suprématie du Skyjo qu’on voudrait égaler, et encore d’autres raisons. Picoré ici et là, voilà un aperçu de ce qui s’est glissé sur nos tables ces derniers temps.

 

 

Similo Board games

 

 

Distribué à Essen 2023, ce Similo axé sur les jeux de société semble une évidence quand on vous en parle. Un jeu sur les jeux ! Pour les fans, c’est le moment de vérifier si leur niveau ludique est au maximum. On se prépare donc à faire deviner Catan, les Châteaux de Bourgogne, à relier Concept et le Verger… avec le principe bien connu maintenant et que l’on retrouve dans une bonne dizaine de boîtes de la gamme. Douze cartes posées sur la table, une à faire découvrir sans parler, simplement en posant d’autres cartes droites ou penchées. Vous pensez vous y connaître ?

 

Ah si, Challengers je connais…

 

Du pinpin ou des jeux ?

Ce Similo est en réalité une pub déguisée pour les produits présentés au salon allemand ou à venir en 2024 : Sunrise lane, Scram, Super kawaii pets, the Fox experiment… (ça vous parle ?) Pas de classique, de Carcassonne, de Six qui prend, de Love Letters. Comme rien n’a été pensé, qu’on a juste jeté des titres agrémentés de leur visuel, réussir est difficile. Il est par exemple quasi impossible de relier des cartes avec le nom d’un auteur, on se basera sur les couleurs, le nom ou le thème, rien de particulier donc. L’exercice se tente néanmoins car il titille notre cerveau de joueur, mais il est déjà évident qu’on ne mélangera pas cet opus avec les autres boites. Si vous vous lamentez car vous ne possédez pas ce goodie, séchez vos larmes, c’est injouable.

 

Un jeu de Hjalmar Hach, Martino Chiacchiera, Pierluca Zizzi

Edité par Horrible Guild

 

Exit – La disparition de Sherlock Holmes

 

 

On ne présente plus Exit, cette gamme de jeu d’énigmes caractérisée par son matériel destructible et sa roue chiffrée. Pas fan des codages à la Exit justement, je me dirige vers celui-ci puisque, me dit-on, il change des autres titres, et parce que son thème me parle plus. On retrouve la roue à décoder, mais cette fois, aucun matériel n’est à détruire, c’est appréciable (une feuille à plier tout au plus). Les fans du concept ne seront pas en reste, la boîte délivre son lot d’énigmes, et il faudra faire tourner son manège chiffré.

 

Et on ne vous montre pas tout…

 

Excitation ou disparition ?

Avec des lieux emblématiques : Le journal (Le London Times), Scotland Yard, le médecin légiste… un plan de la ville, une lettre du Docteur Watson à ouvrir, j’apprécie de suite l’effort pour nous plonger dans l’ambiance de l’univers de Conan Doyle, voire, si on pousse un peu, des livrets du jeu d’enquête Sherlock Holmes Detective Conseil. Un fil conducteur et une narration qui, sans être profonde, parviennent à donner de la teneur à cette aventure en lui conférant un semblant d’enquête à résoudre. Si les codes sont toujours le cœur du jeu et que tourner la roue pour les valider reste la marque de fabrique de la gamme, les façons de les découvrir sont multiples et collent au récit. Sans en dire plus que ce qui saute aux yeux, il faudra calculer des trajectoires avec des baguettes ou ouvrir un meuble à tiroirs préalablement construit par nos soins. Tout sert, la boîte, son intérieur, son extérieur et il faut reprendre certaines cartes faisant écho à l’indice du moment. Loin d’être dans une routine de fabrication d’énigmes à la chaîne, les deux auteurs parviennent à (me) surprendre et émerveiller. Autant l’affiliation Exit/ Seigneur des anneaux était bof, autant ce Sherlock est un régal.

Un jeu de Inka Brand, Markus Brand
Illustré par Franz Vohwinkel, Silvia Christoph
Edité par Kosmos

 

Quickity Pickity

 

Oink, malgré des boîtes de saveur inégale, est toujours un éditeur dont on a plaisir à découvrir les titres. Avec un thème frugal et cartoon, nous voilà dans un jeu d’observation/rapidité et de collecte de fruits (poire, pomme, pastèque…). De bons yeux et une bonne concentration seront donc de mise. Une certaine dynamique aussi. Les 67 jetons fruits sont face cachée, étalés sur la table. Il s’agit en les retournant de composer des familles partageant deux caractéristiques : la couleur, la forme ou le sourire. Et de coller au barème des points qui varient selon la carte de score tirée en début de partie. Quand on retourne le troisième jeton singe, la partie s’arrête. 

 

 

Ouistiti ou riquiqui ?

Comme à son habitude, Oink games propose un matériel soigné avec des fruits mimis, très stylisés. La règle est simple et on peut jouer dans la foulée. La carte de score changeant à chaque manche force le cerveau à s’adapter et éviter ainsi une petite routine (qui vient vite après quelques parties). La tension est générée par cette fin de manche qui peut tomber n’importe quand. On pioche, on remet sur la table ce qu’on ne veut pas, on pioche, on garde. Rappelez-vous, certains fruits sont souriants, d’autres pas. On a vite fait dans la précipitation de passer outre à ce genre de détail et de se tromper. Et puisqu’il est interdit de réorganiser ses colonnes de fruits, une erreur est vite arrivée et coûte cher.

Malgré une tension permanente, ce jeu s’épuise rapidement car au final, il reste très classique et gentillet. À sortir avec des enfants de 6 ans comme écrit sur la boite. Pour les adultes, ce n’est pas la peine d’y penser.

Un jeu de ましう(Mashiu)
Illustré par Jun SasakiRie Komatsuzaki
Edité par Oink Games

Ludochrono

 

Aurum

 

Un matériel classe

 

Aujourd’hui est un grand jour puisque vous avez enfin réussi à transformer le plomb en or. Voilà le thème de ce jeu de plis tordu. Vous êtes un alchimiste qui joue avec les métaux, symbolisés par 5 couleurs. Le jeu est pour trois joueurs ou par équipes si on est quatre. Si la base est un jeu de plis avec atout, on est également proche de l’ascenseur, jeu de paris sur le nombre de plis qu’on pense réaliser. La valeur la plus forte gagne et la plus petite ramasse l’or, un atout qui permet de couper ou de changer son pari (je parie que notre équipe fait 5 plis. Et pis non…6 !) ou de gagner des points ? Le hic, on ne peut pas suivre à la couleur.

 

 

Aurum ou aspirine ?

Belle édition avec ses cartes ésotériques pour ce jeu de plis qui se joue à trois (j’insiste) ou en équipe cela permet par moment de sauver la mise). Le thème est accessoire bien sûr. L’obligation de ne pas suivre la couleur jouée précédemment perturbe les stratégies que l’on peut imaginer. Une couleur en moins, puis une autre… Être dernier peut donc être pénalisant, mais en contrepartie, on hérite un pouvoir de décision important, faut-il encore avoir de quoi fournir. Le dernier peut également gagner les égalités (et modifier le pari). Sinon on coupe, sinon…la manche s’arrête ! Le joueur avec la carte la plus basse peut prendre un or (plus la valeur est élevée, plus elle rapporte de points à la fin si vous ne l’avez pas jouée). L’or est un élément qui va par moment poser un cas de conscience : le jouer ou le conserver ?

Un jeu qui mélange plusieurs mécaniques du jeu de plis, déroutant à la façon d’un Cat in the box, ce qui est un compliment. Un peu étrange, un peu frustrant, un peu difficile de se faire un avis, mais il n’en demeure pas moins intriguant et donne envie de persévérer, c’est déjà un bon point.

Un jeu de Shreesh Bhat
Illustré par Stevo Torres
Edité par Pandasaurus games

 

 

Karma Dice

 

 

Voilà une boîte bien remplie avec sa pelletée de dés colorés, des personnages aide mémoire, une piste de karma (score), et des traits de Caractère (pouvoir) qui vous aident une fois dans la partie (Prudent : relance de dés – Observateur : retourner un dé sur sa face opposée – Volontaire : marquez directement 3 points…). Une bonne façon de vérifier si votre karma penche du bon côté est donc de lancer les dés et de voir si vous progressez sur votre propre piste de score. Cela signifie, afficher une valeur supérieure à la précédente. À vous de choisir : lancer un dé pour débuter, puis un ou plus selon le résultat. S’arrêter à temps ou prendre un risque, être sage ou entêté, bref, stop ou encore ? En plus des dés de départ, chacun récupère à chaque tour un dé spécial. Appelons ça un dice building. Un dé avec un pouvoir (effectuer une relance, doubler son résultat, le tripler, le modifier +1/-1 ou éliminer un autre dé). Plus on a de dés, plus on progresse. Normalement.

 

Zoum zoum zen ou karma to burn ?

Ce Karma dice a beaucoup de choses pour lui : une édition soignée, un principe bien vu de construction de sa réserve de dés, et la présence d’effets (peut-être aurait-on pu en gagner durant la partie ?). On va dire que l’idée fonctionne et que la base est bonne. Lancer les dés est toujours un pari. Et vous avez beau faire, la chance/malchance à un rôle important dans ce type de jeu. Cela est amusant quand vous validez votre lancer sur le fil du rasoir, que tout roule sans accrocs et que vous remontez soudainement sur la piste de score. Cela est terriblement frustrant quand vous chutez au deuxième lancer alors que vous aviez 1 à battre et que votre tour est terminé. Si la récupération de dés spéciaux ne contre pas vraiment le hasard, on apprécie leur présence qui amène une réflexion (je le joue, je le conserve encore un peu ?). Une autre bonne idée est ce dé (1 à 3) qu’on offre au dernier pour qu’il puisse mieux démarrer.

Si en théorie tout est là, le jeu manque de dynamique, de retournements de situation. On aurait aimé pouvoir jouer en simultané, car à 4 l’attente est longue, de ce fait on le conseille plutôt pour deux. Un jeu un peu trop sage mais pas dénué d’intérêt si vous êtes assez zen pour ce genre d’exercice en yoyo.

Un jeu de Anaïs RaynaudJulien Sentis
Illustré par Meven Chartier
Edité par Chèvre Edition

Ludochrono

 

Les chats de Schrodinger

 

Décidément ce monsieur S. a la côte en ce moment. Avec le Unlock short adventures et l’excellent Cat in the box (et oui, encore), on retrouve encore ce chat mort/vivant au cœur d’un jeu. Dans cette bataille de physiciens (de physichats en réalité (mais qu’est-ce que la réalité ?)), chacun essaie de déterminer le nombre de chats vivants, morts ou absents du stock de boîtes stockées dans le laboratoire. Chacun fera une estimation qui sera supérieure à la précédente ou contestera le chiffre annoncé. A-t-on vu juste ou pas ?

 

 

Quantique ou qu’on tique ?

Comme pour les autres jeux cités, le thème est illusoire, ce titre se rapprochant plus de Perudo que d’une expérience quantique. Perudo, ah oui. C’est le même principe, celui de jauger une quantité et de parier que cette quantité existe. Plus subtilement, vous pouvez bluffer. S’il reprend le principe du jeu cité, ce titre ajoute quelques variantes bienvenues. À son tour, il faut toujours parier sur le nombre possible de cartes chat vivant, mort, boîte vide, que TOUS les joueurs peuvent avoir en main (et devant eux). Au rayon nouveauté, nous ajoutons les jokers (les cartes Heisenberg) et un plateau. Ce dernier montre clairement les valeurs auxquelles on peut prétendre, les chats avançant plus vite que les boîtes vides (il y en a beaucoup moins). Alors y a-t-il 12 chats vivants autour de la table ? Pour appuyer ses dires, on peut poser une carte, ce qui permet d’en piocher une nouvelle. On peut également s’appuyer sur les Physichats (Miaou Curie, Maria Croquette Mayer, la radiochativité ou les mécaniques de litière quantique…) et leur pouvoir de manipulation de cartes.

Loin du sérieux du sujet, voilà un petit format rigolo qui manie le bluff et la déduction avec brio. Ceux qui ont tâté du Perudo apprécieront d’en retrouver le principe agrémenté de petites trouvailles. Le jeu patine à peu de joueurs, on aura beaucoup de mal à intégrer les boîtes vides dans une partie à trois et on restera sur chat vivant/chat mort. Soyez donc un maximum autour de la table. Un jeu sans prétention scientifique, dont l’unique expérience est d’amuser son public. Un titre qui marque également la fin des boîtiers métal de l’éditeur.

Un jeu de Adriel Lee WilsonChris O’NeillHeather O’Neill
Illustré par James Stowe
Edité par Amigo

 

 

 

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8 Commentaires

  1. Nico L 15/02/2024
    Répondre

    Ah enfin ma rubrique préférée est de retour ! Mais par contre c’est trop court

    • morlockbob 15/02/2024
      Répondre

      Merci, ça me touche. Par contre on ne va peut être pas frôler le volume d’avant. Derrière la chronique, il y a de la mise en page, des corrections, de la création de fiche de jeu etc fait par une équipe qui gère 10 000 autres trucs.

    • atom 16/02/2024
      Répondre

      Vous pourrez retrouver la verve de Morlockbob tous les mois puisque la rubrique redevient mensuelle 🙂

      • Nico L 19/02/2024
        Répondre

        Ok ça me va alors ^^ Merci encore pour ces sélections !

  2. Salmanazar 15/02/2024
    Répondre

    Ouiiiii !

  3. Groule 17/02/2024
    Répondre

    Merci de ce retour en force de la rubrique, pour faire le tri dans les jeux rikiki

    • morlockbob 17/02/2024
      Répondre

      rikiki, je me dis « ça ferait un bon titre de jeu » et en fait ça existe déjà… merci Groule

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